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sur 2297 notes
Dans un Londres méconnu de l'entre deux-guerres, ce roman dévoile une partie de la journée du personnage éponyme, Mrs Dalloway. Ce genre de récits peut en rebuter plus d'un/e (sauf pour celles et ceux qui vouent une sorte de culte à des pages et des pages de description et d'action psychologique). L'action n'est pas vraiment mise en avant, mais dévoile de nombreuses descriptions (parfois très longues) sur l'état des différents personnages. Je trouve que la force du récit réside dans le fait que les points de vue des protagonistes sont décrits alternativement, parfois à divers points d'orgue de la journée. Cela m'a embrouillé quelques fois, car je ne savais plus dans quelle tête Virginia Woolf nous partageait les impressions !
Ainsi, l'autrice arrive à capter les "myriades d'impressions, banales, fantastiques, évanescentes" et c'est un plaisir de la suivre au fil des pages !
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Ils pourraient bien, Peter et elle, rester séparés pendant des siècles (elle n'écrivait jamais et ses lettres à lui étaient si sèches), mais un jour, tout à coup, cette pensée lui viendrait : "s'il était ici, avec moi, que dirait-il ?" Certains jours, certains spectacles l'évoquaient pour elle, doucement, sans rien de l'ancienne amertume, ce qui, peut-être, est la récompense d'avoir aimé les gens. Ils reviennent, au milieu de Saint James Park, par un beau matin ; oui, vraiment.
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Dans mes résolutions de début d'année je me suis fixée de lire des classiques que je n'ai jamais abordés jusqu'à maintenant et aussi de lire les écrits de Virginia Woolf, que j'ai découverts pour la première fois à travers un film "The Hours" puis dans un documentaire sur l'endroit où elle vivait avec son mari Léonard et la lecture d'une Chambre (ou un lieu suivant les traductions) à Soi qui m'avait enthousiasmé.

Pour Mrs Dalloway je suis un peu plus sur la réserve. C'est un récit assez particulier, qui se déroule sur une journée, une journée de la vie de Mrs Dalloway, 52 ans, bourgeoise, qui organise une réception le soir même et qui nous fait partager dès le début ses pensées alors qu'elle déambule dans Londres à la recherche de gants. Mais elle n'est pas la seule narratrice. En effet les personnages principaux de cette journée so british, vont tour à tour prendre la parole, enfin je devrais plutôt dire vont tour à tour nous faire partager le fil de leurs pensées,  leurs réflexions, au fur et à mesure qu'ils se croisent, se voient ou se reçoivent.

Entre Richard, le mari de Clarissa, Peter, un ancien soupirant éconduit mais qui réapparaît après un séjour en Inde justement le jour de la réception, Sally, une ancienne amie de l'hôtesse qui avait même peut-être un sentiment plus profond pour elle, et puis des personnages ne faisant pas partie de la bourgeoisie comme Septimus (j'adore ce prénom) poète, marié à Rezia d'origine italienne, modiste, qui reste traumatisé par ce qu'il a vécu durant la première guerre mondiale et la perte d'un ami, schizophrène, les deux médecins qui le suivent dont un figure parmi les invités de Clarissa etc..... on saute de l'une (ou l'un)  à l'autre au gré de la journée avec seulement Big Ben qui égrène les heures immuablement.

Vraiment sa vie, sa vie à lui était un miracle ; qu'il ne s'y trompe pas ! le voilà au printemps de sa vie, rentrant dans sa maison à Westminster pour dire à Clarissa qu'il l'aime. C'est cela le bonheur pensa-t-il.(p92)

La lecture est un peu déroutante avec tous ces personnages, qui se croisent, qui, à la différence parfois de ce qu'ils disent nous révèlent leurs vrais sentiments, pensées, leurs doutes, leurs questionnements sur la vie, leur vie, le temps qui passe, leurs choix et leur situation.

L'avantage de vieillir (...) ne consiste qu'en ceci : les passions demeurent aussi fortes qu'autrefois, mais on a acquis - enfin ! - la faculté qui ajoute à l'existence la suprême saveur, la faculté de saisir de l'expérience et de la retourner, lentement dans la lumière. (p63)

Vision assez critique de la bourgeoisie anglaise et ses petits arrangements, les faux-semblants sont de mise, l'oeil malicieux de Virginia Woolf traque les attitudes de chacun,  les hypocrisies, les pensées et rêves secrets, les revirements de situation en l'espace d'une petite journée. Les destins de croisent, se mêlent, sont tragiques pour certains, pour d'autres inconstants.

La nature est très présente : les fleurs, les arbres, l'air, l'eau, les oiseaux qui étaient un élément vital dans la vie de l'auteure.

L'écriture est vive, nerveuse, alerte, on a l'impression d'un sentiment d'urgence mais la structure en elle-même du récit m'a un peu gênée.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Etonnant style que celui de Virginia Woolf ! Jamais rien lu de semblable auparavant : sa façon de nous plonger au coeur de la conscience de ses personnages, son habileté à passer de l'un à l'autre, car le monologue de Mrs Dalloway n'est pas le seul qu'on suit au cours du récit. Et tout ceci concentré dans une unité de lieu, Londres, de temps, une journée de juin 1923 ,ponctuée par les coups de Big Ben, et ou Mrs Dalloway descend Bond Street afin d'acheter des fleurs pour sa réception.
Quel monde étrange ou un des personnages entend les oiseaux chanter en grec (!) et glisse dans la folie, tandis que Clarissa Dalloway s'affaire à sa réception. Sous un prétexte simple, évoquer une journée de la vie de Mrs Dalloway, Virginia Woolf réussit un véritable exercice stylistique, en nous plongeant tour à tour dans les pensées de ses personnages, les faisant se rencontrer ou simplement se croiser comme s'ils formaient des points d'un même tableau, en émaillant son récit de petites scènes qui se répètent, comme un effet miroir à des faits apparemment distincts…Etrange récit à la forte puissance évocatrice et à la triste résonnance quand on sait que l'auteur aussi livrait ce combat contre la folie et la tentation du suicide alors qu'elle écrivait ce roman, quelque part dans Londres des années 1920. Une plongée dans un univers particulier tout en détails, en petites touches, fait de monologues croisés qui nous font voir les perceptions des différents personnages au cours de la même journée...Welcome into Mrs Virginia Woolf's world !
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j'avoue que ce livre m'a laissée un peu perplexe. Etant toujours en quête de classiques de la littérature anglaise, j'avais été heureuse de trouver celui-ci, surtout que j'avais lu quelques analyses intéressantes dessus et vu le film the hours qui traite de l'écriture de ce livre et de ce type d'héroïnes dans la réalité, que j'avais beaucoup aimé.
Cependant, j'ai eu du mal à me concentrer et à rester captivée par l'histoire, je décrochais assez souvent sans pouvoir me l'expliquer. Je n'ai ni détesté ni aimé ce livre, juste pas compris et je trouve cela dommage car j'ai senti tout le charme qu'il possède et toute la maîtrise qu'a Virginia Woolf sans pouvoir réellement m'en rendre compte. J'espère donc pouvoir le relire et mieux comprendre ce roman, qui est pour le moins complexe.
Lien : http://livresdecoeur.blogspo..
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je vais essayer de donner un avis bien modeste, non pas une critique, ce serait vraiment prétentieux.. Pourquoi ? parce que cette oeuvre de Virginia Woolf n'est pas un roman dans le sens courant du terme; c'est à dire composé d'une histoire avec début, fin, des personnages, une action, etc...
C'est mon impression. Je dirais plutôt que ce texte est une suite de monoloques vus à la fois de deux côtés : la narratrice et l'auteur (Mrs Dalloway. Elle raconte une journée du mois de juin, en se promenant dans Londres pour acheter des fleurs afin de décorer la réception qu'elle donnera le soir même.
Sur son parcours son regard se pose sur des lieux qu'elle a fréquentés , des personnes connues ou moins connues qu'elle rencontre. Un monologue intérieur s'établit dans sa conscience en même temps qu'elle capte la vie extérieure,tous les petits faits qui se déroulent..
Elle donne voix à ses interlocuteurs et en même temps elle décrit pour elle-même les impressions qu'elle ressent concernant ces personnages ou ces lieux.
C'est facile à lire, très poétique, subtil, intelligent; mais comme la pensée en général suit son propre fil intérieur sans transition en passant d'un lieu à un autre ou d'une rencontre à une autre, j'ai eu un peu de mal à suivre et à faire la différence entre sa pensée intime et celle de la narratrice presque toujours mise entre parenthèses
Je crois que c'est là un procédé d'écriture tout à fait nouveau de par la ponctuation; sa pensée intérieure et le discours direct avec le lecteur.
C'est un texte qui, à mon avis, en dépit de sa fluidité, sa clarté, demande un effort de réflexion. Il en a été ainsi pour moi . Je ne regrette pas cette lecture riche, élégante, mais sans doute un peu au-dessus de mon niveau de lectrice lambda.
Bien sûr, en dehors de la promenade dans Londres on rencontre nombre de personnages de la classe supérieure anglaise, une description des caractères, des attitudes, des habitudes, :; l'amour de jeunesse, l'amitié, la folie, la mort seront évoqués. C'est une oeuvre, à mon avis, à approfondir, à relire tant il y a de sujets de réflexion sur le mode d'écriture, la forme et le travail sur le conscient et l'inconscient.
Enfin, le texte se termine par la grande réception où l'on retrouve les personnages amicaux, célèbres ou non, les relations mondaines qui se croisent reliées entre elles par l'hôtesse qui de nouveau se remémore des instants du passé tout en reliant le présent.
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« Mrs Dalloway dit qu'elle se chargerait d'acheter les fleurs »…ça commence comme ça, légèrement, imperceptiblement.
Avec Clarissa Dalloway, nous ne rencontrerons pas l'exacerbation des sentiments des Hauts de Hurle-Vent d'Emily Brontë : ici, l'introspection n'est pas violente.
Mais derrière les préparatifs anodins d'une réception ressurgit le passé de l'héroïne – chargé de regrets, évidemment – et son inévitable corollaire : le bilan.
Clarissa Dalloway apparaît alors comme l'une des plus attachantes figures féminines de la littérature, « née » d'une « semblable », car qui d'autre qu'une femme pouvait l'écrire et rendre avec une telle grâce l'atmosphère de « calme » mélancolie qui règne dans ce roman ?…C'est un homme qui parle !
Jusque dans le style tout est femme dans cette histoire. Marc Porée, dans son article de l'Encyclopédie Universalis sur Mrs Dalloway, écrit ceci : « Avec Mrs. Dalloway, Virginia Woolf trouve sa voix en déclinant le modernisme au féminin […] (et) aura été l'une des premières à théoriser, puis à mettre en pratique, un système d'écriture en rupture avec la grammaire d'interprétation propre au monde masculin. »
Il y a enfin la présence prophétique de ce personnage à part : Septimus Warren Smith, brisé par son expérience du Front de 14-18. Il se suicidera, ce qui résonne désormais douloureusement puisque Virginia Woolf, elle-même, se donnera la mort en 1941, l'écriture n'étant, au final, pas parvenue à la sauver.

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Quel plaisir de lecture ! Légère mais profonde. Que de sujets abordés miné de rien ! La jeunesse perdue, la naissance du désir d'une femme pour une autre celui de Clarissa pour Sally si bien décrit. L'angoisse de Septimus devant cette folie qui sourdement l'envahit après un traumatisme de guerre et le déclenchement de sa psychose, l.amour de Rezia, les regrets de Pete, l'amour sans chichi de Richard. tout ce petit monde qui se croise, se rencontre, S'aperçoit, se côtoie, se coudoie, se reconnaît sans se connaître.
J'en retiens essentiellement cette éternelle vérité que "les choses les plus cruelles sont l'amour et la religion ou la religion et l'amour" dans l'ordre que l'on veut !
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Ce premier succès de Virginia Woolf, "Mrs Dalloway", écrit dans les années 1920, est digne des grandes oeuvres de Proust ou Joyce. C'est de la grande littérature, un vrai travail d'artiste.

Ma deuxième lecture de "Mrs Dalloway" en moins d'un an a changé ma perception du roman. Non pas radicalement, car j'y ai retrouvé ce tableau original et remarquable de la vie des beaux quartiers londoniens. Mais, entre-temps, "Ulysse" de Joyce est passé par là. Ma sensibilité à la notion du point de vue de la narration s'est donc particulièrement accrue, notamment dans l'utilisation des monologues intérieurs présents dans le roman. Virginia Woolf fait se succéder avec maestria les pensées de divers personnages, rendant sensible alors une sorte de mouvement vital, une pulsation urbaine et sociale, ponctués par les résonances de Big Ben. Virginia Woolf parvient à retranscrire, par l'expression intérieure des individus, leur capacité à se projeter dans ce qui leur est extérieur. C'est-à-dire le sentiment de se sentir vivre à travers ce qui nous entoure.
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Après avoir lu ce magnifique roman, il y a quelques années; et, relu récemment. Je pense, personnellement, que Virginia Woolf fait partie de ces auteurs qu'il est essentiel d'avoir lus (tout comme Jorge Luis Borges ! Mais là n'est pas le propos…)

La romancière possède le don et l'art de parler de soi sans s'épancher dans la logorrhée (la force de son écriture de l'intime vient de ce paradoxe). Et ce roman est l'exemple le plus frappant ! Il met en parallèle deux personnages principaux, Clarissa Dalloway et Septimus, qui sont en perditions dans les méandres de leurs regrets. Ils éprouvent le même désarroi devant la vacuité de leur existence et le vide de leur vie.
La fêlure de l'âme, et l'angoisse du suicide sont les thèmes principaux de ce roman.
Par extension, « Mrs Dalloway » est un autoportrait à double fond dans lequel on peut guetter, par ailleurs, les signes annonciateurs de sa noyade délibérée !).

L'originalité du roman est qu'il s'intéresse davantage aux flux de consciences intérieures, tant psychologiques qu'émotifs de ses personnages, qu'à l'intrigue (la narration est morcelée et la chronologie n'est pas du tout linéaire). Autrement dit, nous vivons les évènements à travers leurs pensées et impressions.
Cette technique d'écriture avant-gardiste, le procédé du monologue intérieur, a suscité une vive admiration de la part de Nathalie Sarraute qui fut la figure de proue du mouvement littéraire, le Nouveau Roman, dans les années 1950.
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