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Critique de ATOS


  L'esprit exécute de folles cabrioles et gambades quand il déborde ainsi de la soucoupe . « 

Oui et c'est un bonheur  !

Que passent les jours et les siècles, que passent les royaumes, les empires, que passent toutes les modes mêmes celles des guerres , et celles des sexes mais que vive la création !

Orlando, c'est un hymne à la vie, à la littérature, à la poésie.

le temps ne passe plus pour Orlando. Pas réellement. Mais il passe vraiment !
« Le temps passa » c'est comme écrire «  il n'arriva rien du tout ».
Alors elle écrit, il écrit, ...écrire !

Et peu importe l'heure à laquelle nous arriverons ! Prenons toutes les routes , seul nous contera la vérité de l'acte !

« Et comme le jour était bref et que le jour était tout... »

L'enfant maladroit et solitaire, heureux et poète, amoureux fou continue de vivre.

Oublie-t-il d'en mourir ? En vérité, il lui faut écrire alors il écrit .

Orlando c'est la nuit qui s'éclaire , c'est les flammes d'un esprit qui illumine un monde.

Orlando c'est la liberté. La joie, l'innocence du génie, la folie.
La beauté, l'intelligence aussi .

Cet extrême sentiment qui nous est donné de vivre.
«  car le philosophe a raison de dire qu'il ne faut rien de plus épais que la lame d'un couteau pour séparer le bonheur de la mélancolie. »
Tellement fort que tout « après » semble déjà vouer à une poussière misérable.
Tellement fort que le temps ne signifie plus, que la raison transperce le coeur et l'âme, tellement fort que l'espace et le temps illuminent tout le Royaume.


L'écriture de Virginia Woolf touche au génie. sa plume se fait tour à tour fleuret, scalpel , caresse, souffle ou vol d'oiseau.
Elle nous conte, elle nous confie, elle nous interroge. Elle nous secoue, nous transporte. Nous chahute.

Trois cent ans passent si vite en son extrême compagnie.

« Le doigt de la mort doit nous toucher pour rendre supportable le chaos de la vie…. »
Et si la mort ne nous atteint pas…. ? Et si nous vivons encore, toujours, si fort, tellement…
Vivre toutes les formes, extrêmement.

Doit on marcher sur les bords de la Serpentine pour garder le reflet d'un visage ?.. Comment oublier la nuit ? Comment rêver ? Comment ne jamais s'éveiller ?
Orlando est liberté. Fragile parfois, invulnérable, parce qu'elle est ce qu'il vit, et elle vit ce qu'il est. Il ne dort pas, elle vit.
« La société est est tout et elle n'est rien . C'est la concoction la plus puissante du monde et la société n'a pas la moindre réalité. Seuls les poètes et les romanciers peuvent traiter avec de tels monstres ».

Et c'est un bonheur que de lire le sort qu'a réservé Virginia Woolf à ces monstres.

Avec art, avec humour, avec lucidité, avec force, avec fantaisie, avec poésie, avec courage , avec génie.

« Pudeur, Pureté et chasteté » pourront toujours tenter de faire taire les trompettes de la vérité...
Elles peuvent toujours s'écrier :
«  Les temps ont changé : les hommes ne veulent plus de nous et les femmes nous détestent. Nous partons, nous partons. ! »
« Moi ( c'est pureté qui parle) pour le perchoir du poulailler, moi ( c'est chasteté) pour les hauteurs encore inviolées du Surey ; moi ( c'est Pudeur) pour n'importe quel recoin aimable, bien pourvu en lierre et en rideaux.
Car c'est là-bas et non pas ici (toutes parlent ensemble, en se prenant la main et en faisant des gestes d'adieu désespérés en direction du lit où gît Orlando endormi) que résident encore, aux fonds des nids et des boudoirs, les bureaux et les tribunaux, ceux qui nous aiment encore, ceux qui nous honorent : vierges et hommes d'affaires, hommes de loi et docteurs, ceux qui interdisent et qui réfutent ; ceux qui vénèrent sans savoir pourquoi et ceux qui approuvent sans comprendre ; la tribu encore nombreuse ( le ciel soit loué) des gens respectables. Qui préfèrent ne pas voir, qui désirent ne pas savoir, qui aiment l'obscurité et nous adorent encore, non sans raison : car c'est nous qui leur
avons donné Richesse, Prospérité, Confort.Vers eux nous allons, et nous vous laissons.Venez mes soeurs, venez ! Ce lieu n'est pas pour nous. »
 
« Elles se retirent en grande hâte, rabattant leurs draperies sur leur tête, comme pour se préserver de quelque chose qu'elles n'osent pas regarder, et elles referment la porte après elles.
Nous restons donc entièrement seuls dans la pièce avec Orlando endormi, et les trompettes.
Celles ci se rangent cote à cote en bon ordre, et d'un seul souffle décuplé, elles exigent :
« La Vérité ! »
Et là dessus Orlando s'éveille
Il s'étire, il se lève.Il apparaît totalement nu à nos yeux et tandis que les trompettes clament «  la Vérité ! » « La Vérité ! » force nous est de l'avouer : il est devenu femme. »

Oui les vieilles rombières Pudeur, pureté et Chasteté pourront toujours s'écrier...
Virginia elle nous écrira toujours.




Astrid Shriqui Garain
Lien : https://dutremblementdesarch..
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