AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782081264250
314 pages
Flammarion (28/03/2012)
3.11/5   14 notes
Résumé :
Un verbe exprime en français l'un des secrets de notre être et
l'une des clés de notre époque maniaco-dépressive : ce verbe,
c'est revivre. Il a deux sens que tout paraît opposer. Revivre,
c'est en effet renaître, retrouver le sentiment d'être vivant et
relié à autrui. Mais c'est aussi se laisser rattraper par "un passé
qui ne passe pas » et se replier sur soi-même. Chacun de nous
fait cette double expérience, souvent ... >Voir plus
Que lire après Revivre : Eprouver nos blessures et nos ressourcesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Première réaction : impossible d'écrire sur ce livre.
Pas les mots, pas le bagage et les études de philosophie, pas la connaissance suffisante de tous les concepts qui y sont évoqués, pas l'habitude de lire, de manier, des phrases aussi sinueuses, des réflexions aussi complexes.
Et pourtant, cet ouvrage m'intriguait. Je me sentais illégitime pour en faire un compte rendu exhaustif, pour me mettre totalement à son niveau mais, en même temps, je ressentais une proximité, il me semblait que ce livre parlait de moi, que ce livre m'était frère.
Alors, quand même, s'autoriser à être en ces lieux. Alors quand même, envie du défi de se confronter à ce texte ou, plus modestement, disons, de s'y frotter. Pour voir la trace qu'il aura laissé sur moi. Pas pour en parler de façon savante et maîtrisée mais juste pour dire tout ce qu'il m'inspire.
Esprit en mouvement perpétuel, abordant une multitude de sujets et thématiques (linguistiques, historiques, philosophiques, politiques, psychologiques…), Frédéric Worms s'inscrit dans l'histoire de la philosophie et des idées et il nous en partage des bribes toujours ciselées et signifiantes, en un plaisir gourmand.
C'est une grande richesse de ce texte, pour moi, cet horizon à dévoiler, tout ce qu'il me reste à découvrir, tous ces penseurs et penseuses magnifiques, promesses de tant de trésors encore à lire : Dante, Jean Amaury (des pages particulièrement touchantes dans leur évocation bouleversante de la lutte désespérée de l'intelligence humaine face à la torture et à la barbarie), Ricoeur, Proust, Bergson, Aragon, Bergman, Kertésy, Camus, Bachelard, Simone Weil
Worms se fait passeur de penseurs, il ouvre un cheminement stimulant parmi ces auteurs et autrices.
Et sa profonde sensibilité à l'être humain me touche.
Il est un regard lucide sur la vie : dans toutes ses dimensions, dans toutes ses forces contraires, dans tous ses équilibres à comprendre puis à préserver ou à retrouver.
L'importance de savoir déceler et combattre la tentation de l'absolu, si humaine et si illusoire.
L'importance que la vie, que l'amour, demeurent une aventure. Soif de toujours rester curieux de l'autre. de la curiosité de l'autre comme une définition de l'amour.
L'idée, majeure, universelle, que l'être humain, fondamentalement, est un être relationnel et que la relation à l'autre est essentielle dans le processus de guérison qui est au coeur du livre.
Tel est aussi ce texte qu'il est un travail des mots, merveilleusement écrit. Oui, c'est cela, on reste souvent émerveillé devant ce texte, sa puissance.
C'est un véritable champ linguistique qu'il explore inlassablement : revivre, renaître, reconnaissance, résilience, relation, lien, ouverture, renouveler, vie nouvelle, altérité, soin, recréer, se découvrir, se parler.
Une réflexion qui avance et se creuse à mesure qu'elle se pose et qu'elle extrait, de proche en proche, du sens, dans la richesse même des mots, par une sorte « d'art linguistique ».
Par le plaisir, aussi, de la parole qui se déroule et qui, soudain, s'éclaire d'elle-même, trouve son sens alors qu'elle chemine, trouve son sens dans son mouvement même et se découvre savante à mesure qu'elle s'écrit.
Enfin, de façon plus personnelle, après un parcours de vie un temps trop loin des livres, avec tout ce temps à rattraper, une fois de plus, la conjonction rassurante d'une extrême intelligence avec une extrême sensibilité. Cette preuve, si souvent désirée, cette démonstration, qui m'est d'un grand secours.
Comme le cours d'eau de ma vie, qui retrouverait son lit. Intelligence étouffée, si longtemps, par le manque d'amour. Sens oubliés, réflexion atrophiée, tout cela allait de pair.
L'esprit. le corps. L'équilibre nécessaire. Ou, comme le dit Frédéric Worms : « le soin du corps et le soin de l'âme (qui) sont indissociables ».
Ce livre-là, aussi ardu soit-il, je suis content finalement qu'il soit dans ma bibliothèque.
Un texte à lire et à relire, je ne sais pas si je l'épuiserai un jour.
Je veux dire : à lire et à relire probablement plusieurs fois sans en épuiser le sens.
Reflet de la vie qui gardera toujours une part de mystère. Et heureusement. Sans cela, quel goût aurait la vie ? Si une lumière divine nous l'éclairait si parfaitement qu'aucune zone d'ombre ne lui subsistait plus, s'il n'était plus rien à en découvrir, plus rien à en conquérir, quelle valeur garderait-elle à nos yeux ?
Un texte à lire et à relire donc, pour que toutes les idées, tous les thèmes qu'il brasse, diffusent en nous, nous agrandissent en quelque sorte, nous portent vers toute notre dimension d'Homme, vers tout ce que nous pouvons être. Quelle aventure !
Commenter  J’apprécie          82
Du nouveau sous le soleil. Les arbres refleurissent, annonçant la perspective d'une renaissance : « Chaque année, sans se lasser, le merveilleux printemps raconte à nouveau l'histoire de cette résurrection », notait Vladimir Jankélévitch dans son Traité des vertus. Loin d'être convenue, fleur bleue, cette éclosion printanière doit être prise au sérieux, elle qui se donne comme « la figure cosmique, annuelle, saisonnière, de notre propre destin ». Nous sommes tour à tour glacés et réchauffés. Pleins de joie ou de mélancolie. Tous maniaco-dépressifs ? Revivre. Eprouver nos blessures et nos ressources, magnifique livre du philosophe Frédéric Worms, tombe à pic en ces premiers jours d'avril. Inaugurant une nouvelle collection des éditions Flammarion, Sens propre — aux côtés d'un autre volume, Chanter. Reprendre la parole, de Vincent Delecroix —, l'essai parvient à saisir avec une certaine majesté l'oscillation constitutive de la vie et de l'époque. le sentiment d'être tantôt assailli par la nostalgie, convaincu que tout est déjà passé, dépassé, et tantôt gonflé d'oxygène, débordant d'énergie, comme si tout était encore à venir.

Un simple mot étrange, ambigu, exprime ces secrets revirements de l'existence : le verbe « revivre », ici érigé en titre. Revivre au sens de la répétition obsédante, du ressassement — revivre un traumatisme, par exemple —, mais aussi au sens de nouveau départ, de la disparition de la souffrance, du sou­lagement — je revis, ouf ! La blessure et la ressource. le passé et l'avenir. L'un et l'autre se télescopent dans notre présent, dont le propre est de nous tirer, toujours en même temps, vers l'avant et vers l'arrière : « Revivre nous apprend ce que vivre signifie », écrit l'auteur sans ambages. « Comme si la vie avait un sens, d'en avoir deux, et, dans sa tension entre les deux, de pouvoir perdre ou retrouver ce sens », résume-t-il.

C'est la mobilité fondamentale de l'existence qui intéresse le philosophe. Spécialiste d'Henri Bergson, Frédéric Worms sait que le temps est invention, et la durée, créatrice. Rien n'est jamais figé pour l'homme, doué d'une capacité de résilience et de transformation exceptionnelle : « Des images mobiles et motrices affluent de nouveau dans l'esprit comme le sang sur le visage qui avait blêmi » ; « la poitrine se libère et le coeur respire [...]. Nous revoyons des amis, nous recommençons à rêver, à jouer, à créer, à contempler, à aimer »... En mouvement lui aussi, comme amoureux de son sujet, à la fois précis et ému, l'auteur papillonne dans la philosophie, la littérature, la poésie, l'histoire et le cinéma. Il recueille ainsi le sucre des Fraises sauvages, de Bergman. Et fait son miel de la Vita nova, de Dante, du phénomène de la reprise chez Kierkegaard, de l'éternel retour de Nietzsche, ou encore de l'image du phénix chez Bachelard, cet oiseau magique qui renaît de ses cen­dres, déployant les ailes d'un mythe du renouvellement de soi.

En définitive, Frédéric Worms en appelle dans Revivre à une philosophie entendue comme une pratique, une manière de vivre, dans la lignée de Pierre Hadot. Directeur du Centre international d'étude de la philosophie française contemporaine à l'Ecole normale supérieure, à Paris, Worms est aussi très sensible à la question du soin, du Care. de même que le sujet, en revivant, entre en relation avec les autres après avoir été isolé, séparé de lui-même, de même la philosophie commence vraiment « quand la vie devient relation à la vie ». Il y a là une profonde exigence sociale, morale, politique. N'oublions donc pas de revivre.

Le 14/04/2012
Juliette Cerf - Telerama n° 3248
Commenter  J’apprécie          20
Que signifie revivre ? C'est ressentir un bien-être salutaire, au point d'avoir l'impression de renaître. Mais cela peut aussi signifier ressasser un évènement douloureux, que l'on ne parvient pas à surmonter. C'est ce paradoxe qu'examine le philosophe Frédéric Worms dans cet ouvrage où il examine ces expériences qui s'imposent malgré nous, puis les mesure à l'épreuve de notre vie, de notre époque, avant de les reprendre « pour servir une tâche de transformation, peut-être un art de vivre ». Les quatre parties du livre, elles-mêmes découpées en bref chapitres, composent un chemin de réflexion lucide et pourtant lumineux.

Un livre qui invite à s'interroger, à réfléchir.
Commenter  J’apprécie          00
Worms, régulier de France Culture et France inter semblait promettre beaucoup avec un livre au sujet difficile. Cet, relativement court, se révèle opaque et verbeux. C'est dommage.
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (1)
Telerama
11 avril 2012
En définitive, Frédéric Worms en appelle dans Revivre à une philosophie entendue comme une pratique, une manière de vivre, dans la lignée de Pierre Hadot. Directeur du Centre international d'étude de la philosophie française contemporaine à l'Ecole normale supérieure, à Paris, Worms est aussi très sensible à la question du soin, du Care.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Nous rejouons incessamment certaines scènes passées, certaines expériences douloureuses, et la mort ou, comme le dira Winnicott, "l'effondrement", n'est pas pour nous quelque chose à venir, mais, étrangement, quelque chose qui a déjà eu lieu. Mais nous répétons aussi quelque chose qui va avoir lieu, et qui, en étant ainsi répété, se crée, et même dont chaque répétition est déjà une création. Voyez notre orchestre intérieur. Vous ne vous contentez pas de le préparer pour le grand soir du grand concert devant le grand public. Mais déjà, entre vous, lorsque vous lui dites de se concentrer sur une mesure difficile, vous inventez quelque chose de définitif que vous reprendrez par la suite. C'est en fait le concert qui sera une répétition, l'intégrale de toutes les répétitions, ou du moins de tous les moments de surprise et de bonheur survenus dans les répétitions, avec encore quelque chose de plus, comme dans chaque répétition, qui est en fait une création.
Ce n'est pas là une métaphore.
Chaque instant de notre vie nous voit réellement répéter sur la scène du monde, avec d'autres acteurs, des drames à la fois partagés et uniques. Mais parce que l'autre répétition (destructrice) guette, ces répétitions (immédiatement créatrices) vont plus loin encore dans nos vies que celles qui sont protégées dans l'écrin des salles de spectacle, de la mise en scène et de l'art. Elles jouent d'emblée pour d evrai. Elles doivent inclure en elles un effort pour s'opposer à ce qui, d'une manière ou d'une autre, les menace.

Dès lors, ce n'est pas tant la vie et la mort qui s'opposent, faut-il même dire Éros et Thanatos, mais une destruction – qui ne vient pas seulement du dehors – et une création – qui n'est pas seulement intérieure, mais qui rayonne aussitôt, depuis nous, entre nous, et au-dehors de nous.
Commenter  J’apprécie          60
Se hisser au-dessus de soi suppose que l'on "assure" chaque palier atteint, comme font les alpinistes chevronnés pour éviter la dégringolade. Image réelle du "progrès" ? Un pas, une prise, un palier, puis tout ce qu'il faut pour ramener le corps et son équipage, toute cette lourdeur, et encore planter les pitons, surveiller l'orage, préparer le bivouac, car le froid et la nuit vont venir, être sûr, enfin, que le pas est fait, celui-ci, pour aujourd'hui. Celui qui a fait aussitôt après le pas de trop, le pas de l'ange, on voit encore la trace de sa chute ; il a dévissé, non sans entraîner avec lui la fragile humanité pleine de courbatures et de vertiges qui le suivait dans sa route, cet émouvant cortège de réfugiés et de pionniers qui traverse l'histoire.
Commenter  J’apprécie          60
C'est le matin que l'on revit, et peut-être n'est-ce pas une image convenue qui associe le sommeil, non pas seulement à la mort, mais à la nuit, à ses ombres et ses fantômes. Le petit matin les dissipe, l'aube fraîche après les frayeurs, la levée d'écrou. Ainsi revivre est simple. Ce n'est pas le "sublime", bien au contraire, c'en est l'antidote. Tout à coup, un verre d'eau, une chanson que l'on fredonne, font s'évanouir les spectres. Avez-vous encore un doute, sortir dehors et marcher suffira, rencontrer les autres qui vont, qui vaquent, une sorte de certitude des mouvements et des fins, communicative. Une tâche attend, doit être reprise, le monde semble prêt à accueillir nos actions.
Commenter  J’apprécie          30
Nous recevons à chaque fois, comme un coup en plein cœur, la coupure même de la relation avec l'autre qui nous constituait.
Car, tout comme "coupure", en français, est dérivé de "coup", tout comme le sens précis de "ce qui divise et sépare" s'est ajouté au sens de "choc" et de "heurt" en général (comme le rappelle le dictionnaire), de même entre les hommes, les coups véritables sont ceux qui ont quelque chose d'une coupure, peut-être irrémédiable, sur les individus et leurs relations, et il faut ajouter aussi que certaines coupures de ces relations, même sans être passées par un choc ou une violence physique, seront des coups, non moins irréversibles et parfois mortels.
Commenter  J’apprécie          10
Ce n’est […] pas un bonheur supposé durable et sans histoire qui s’opposera à l’épreuve toujours différente du malheur dans l’histoire. Ce seront bien plutôt toutes les histoires qui seront tissées et teintées de cette double expérience absolue du malheur et de la joie arrivant à chaque fois de manière individuelle, quoique répondant à une structure universelle, qu’il appartient à la philosophie de penser, comme il appartient à l’art de la décrire ou de la raconter. Les plus grands romans connaissent tous ces pointes extrêmes d’un côté comme de l’autre […].

(p. 280)
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Frédéric Worms (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frédéric Worms
Frédéric Worms vous présente son ouvrage "Le pourquoi du comment : philosophie pour mieux vivre" aux éditions Flammarion. Entretien avec Pierre Coutelle.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2985335/frederic-worms-le-pourquoi-du-comment-philosophie-pour-mieux-vivre
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : philosophieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (60) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..