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Citations sur Revivre : Eprouver nos blessures et nos ressources (9)

Se hisser au-dessus de soi suppose que l'on "assure" chaque palier atteint, comme font les alpinistes chevronnés pour éviter la dégringolade. Image réelle du "progrès" ? Un pas, une prise, un palier, puis tout ce qu'il faut pour ramener le corps et son équipage, toute cette lourdeur, et encore planter les pitons, surveiller l'orage, préparer le bivouac, car le froid et la nuit vont venir, être sûr, enfin, que le pas est fait, celui-ci, pour aujourd'hui. Celui qui a fait aussitôt après le pas de trop, le pas de l'ange, on voit encore la trace de sa chute ; il a dévissé, non sans entraîner avec lui la fragile humanité pleine de courbatures et de vertiges qui le suivait dans sa route, cet émouvant cortège de réfugiés et de pionniers qui traverse l'histoire.
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Nous rejouons incessamment certaines scènes passées, certaines expériences douloureuses, et la mort ou, comme le dira Winnicott, "l'effondrement", n'est pas pour nous quelque chose à venir, mais, étrangement, quelque chose qui a déjà eu lieu. Mais nous répétons aussi quelque chose qui va avoir lieu, et qui, en étant ainsi répété, se crée, et même dont chaque répétition est déjà une création. Voyez notre orchestre intérieur. Vous ne vous contentez pas de le préparer pour le grand soir du grand concert devant le grand public. Mais déjà, entre vous, lorsque vous lui dites de se concentrer sur une mesure difficile, vous inventez quelque chose de définitif que vous reprendrez par la suite. C'est en fait le concert qui sera une répétition, l'intégrale de toutes les répétitions, ou du moins de tous les moments de surprise et de bonheur survenus dans les répétitions, avec encore quelque chose de plus, comme dans chaque répétition, qui est en fait une création.
Ce n'est pas là une métaphore.
Chaque instant de notre vie nous voit réellement répéter sur la scène du monde, avec d'autres acteurs, des drames à la fois partagés et uniques. Mais parce que l'autre répétition (destructrice) guette, ces répétitions (immédiatement créatrices) vont plus loin encore dans nos vies que celles qui sont protégées dans l'écrin des salles de spectacle, de la mise en scène et de l'art. Elles jouent d'emblée pour d evrai. Elles doivent inclure en elles un effort pour s'opposer à ce qui, d'une manière ou d'une autre, les menace.

Dès lors, ce n'est pas tant la vie et la mort qui s'opposent, faut-il même dire Éros et Thanatos, mais une destruction – qui ne vient pas seulement du dehors – et une création – qui n'est pas seulement intérieure, mais qui rayonne aussitôt, depuis nous, entre nous, et au-dehors de nous.
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(...) nous avons besoin pour vivre de ces deux rapports au monde, de ces deux relations à nous-même et aux autres : le travail et le jeu.
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C'est le matin que l'on revit, et peut-être n'est-ce pas une image convenue qui associe le sommeil, non pas seulement à la mort, mais à la nuit, à ses ombres et ses fantômes. Le petit matin les dissipe, l'aube fraîche après les frayeurs, la levée d'écrou. Ainsi revivre est simple. Ce n'est pas le "sublime", bien au contraire, c'en est l'antidote. Tout à coup, un verre d'eau, une chanson que l'on fredonne, font s'évanouir les spectres. Avez-vous encore un doute, sortir dehors et marcher suffira, rencontrer les autres qui vont, qui vaquent, une sorte de certitude des mouvements et des fins, communicative. Une tâche attend, doit être reprise, le monde semble prêt à accueillir nos actions.
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(...) on ne voit réellement le monde qu'en le recréant, comme procède aussi l'art, et (...) en même temps, on ne vit ses émotions qu'en les exprimant par des gestes réel, dans le monde.
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(...) la puissance n'est pas le pouvoir (qui s'exerce sur autrui) mais le déploiement de ses capacités (du soi).
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Nous recevons à chaque fois, comme un coup en plein cœur, la coupure même de la relation avec l'autre qui nous constituait.
Car, tout comme "coupure", en français, est dérivé de "coup", tout comme le sens précis de "ce qui divise et sépare" s'est ajouté au sens de "choc" et de "heurt" en général (comme le rappelle le dictionnaire), de même entre les hommes, les coups véritables sont ceux qui ont quelque chose d'une coupure, peut-être irrémédiable, sur les individus et leurs relations, et il faut ajouter aussi que certaines coupures de ces relations, même sans être passées par un choc ou une violence physique, seront des coups, non moins irréversibles et parfois mortels.
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Il y a en moi l'amour des matins, mais il s'endort ou se fatigue, se cache, et lorsque enfin l'air frais me touche, il ressuscite et je m'extasie comme un nouveau venu. Merveille.
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Ce n’est […] pas un bonheur supposé durable et sans histoire qui s’opposera à l’épreuve toujours différente du malheur dans l’histoire. Ce seront bien plutôt toutes les histoires qui seront tissées et teintées de cette double expérience absolue du malheur et de la joie arrivant à chaque fois de manière individuelle, quoique répondant à une structure universelle, qu’il appartient à la philosophie de penser, comme il appartient à l’art de la décrire ou de la raconter. Les plus grands romans connaissent tous ces pointes extrêmes d’un côté comme de l’autre […].

(p. 280)
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