Faire fructifier en nous ce que nous avons reçu au sein de nos familles, au cours de nos rencontres, et le partager à fonds perdus avec celui qui n'a rien reçu, c'est une manière de perdre en gagnant car on récolte un surcroît d'amour. (p.51)
Les pensées rassemblées ici ne sont donc pas les pensées d'un philosophe, d'un théologien, d'un bibliste, d'un expert des droits de l'homme. Elles sont celles d'un homme, né dans la pauvreté et qui n'a jamais cessé de la fréquenter, de la méditer, de la porter en son cœur tout au long de sa vie, jusqu'à son terme, le 14 février 1988. (p.7 de la présentation de Jean Tonglet)
Les plus pauvres nous le disent souvent : ce n'est pas d'avoir faim, de ne pas savoir lire, ce n'est même pas d'être sans travail qui est le pire malheur de l'homme. Le pire des malheurs est de vous savoir comptés pour nuls, au point ou même vos souffrances sont ignorées. Le pire est le mépris de vos concitoyens. (p.49)
L'homme avec qui nous allons cheminer ne se voyait pas comme un théologien, un penseur, un homme politique. Il se présentait comme un simple prêtre, mais surtout comme un homme qui, dès sa naissance, avait expérimenté les morsures de la pauvreté. (p.5 de la présentation de Jean Tonglet)
Celui qui souffre l'injustice sait le mieux ce qu'est la justice, celui qui souffre de l'oppression sait le mieux ce qu'est la liberté, celui qui souffre de l'exclusion sait le mieux ce qu'est la fraternité. (p.34)
Que peut apporter à la théologie l'écoute des paroles des plus pauvres ? À partir d'échanges de chrétiens du quart-monde réunis par la Fraternité de la Pierre d'Angle pour partager leur foi, Frédéric-Marie le Méhauté cherche à entendre la « mystérieuse sagesse », ainsi que la nomme Evangelii Gaudium, dont témoignent ceux qui luttent contre la misère. La prise au sérieux de ce sens de la foi des plus pauvres invite à revisiter des questions cruciales pour l'intelligence de la foi aujourd'hui.
L'aventure théologique qui se risque ici à l'écoute de ces paroles fragiles ouvre une voie encore peu exploitée pour enrichir la compréhension de l'option préférentielle pour les pauvres. Il s'agit de tracer un chemin nouveau pour concilier justice et charité, pour entendre aujourd'hui dans son actualité libératrice la révélation que Dieu nous offre en Jésus, révélation cachée aux sages et aux savants mais offerte aux tout-petits pour le salut de tous.
Frère mineur de la province de France-Belgique, Frédéric-Marie le Méhauté enseigne la théologie au Centre Sèvres et est engagé auprès de personnes en précarité, dans la tradition initiée par Joseph Wresinski.
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