La petite ville côtière de Desperance, établie sur les rives du golfe de
Carpentarie, tout au nord de l'Australie, fut autrefois un port. Abandonnée par les caprices des fleuves, elle survit comme elle peut entre sécheresse et cyclones. Des Blancs s'y sont installés pour dominer les Aborigènes locaux et exploiter les richesses minières. La population autochtone, à la suite d'une querelle épique pour le contrôle de la décharge, s'est séparée en deux clans, le clan de l'Est et le clan de l'Ouest, encerclant les Blancs vivant au coeur de la ville moderne.
C'est le récit halluciné de cette cohabitation forcée que nous raconte l'auteur à travers toute une série de personnages tous plus fantasques les uns que les autres. Nous suivons ainsi au fil des chapitres Angel Day, mi clocharde mi sorcière qui entend régner sur la décharge, Norm Phantom, embaumeur de poissons et conteur d'histoires, Elis Smith, ses souvenirs perdus dans le Temps du rêve, un maire criminel et un capitaine en permanence à l'affût du dérapage des indigènes.D'autant que ces derniers revendiquent identité, territoire et droit au rêve.
J'ai lu avec plaisir les cent premières pages, accrochée par ces personnages hauts en couleur ne faisant qu'un avec leur environnement et littéralement portée par le style incantatoire de l'auteur, entre narration classique et récit onirique. Puis j'ai totalement décroché, ne pouvant me raccrocher à une intrigue suffisamment forte pour maintenir mon attention en éveil . J'ai eu l'impression désagréable de tourner en rond, d'entrer dans un récit qui pourrait durer indéfiniment sans que rien désormais ne me captive. J'ai lu en diagonale les 400 pages restantes, déçue de ne pas avoir
retrouvé le bonheur de lecture des Plaines de l'espoir. Alors, bien sûr , ce roman a remporté de très nombreux prix littéraires, l'écriture, totalement originale, est par moments pure merveille, épousant la forme de pensée des Aborigènes. Mais il faut , je pense, être totalement emporté soi-même par le « Temps du rêve », et ce sur plus de 500 pages, pour l'apprécier à sa valeur.