AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Erik35


Erik35
31 décembre 2017
À FORCE DE JOUER AVEC LE FEU, ON Y RETOURNERA...

Une fois n'est pas coutume, la critique qui suit n'est pas de votre serviteur. Je profite cependant de l'excellente initiative des éditions Milady - qui date désormais d'une années presque pleine - pour avoir réédité ce titre devenu introuvable en édition poche, jusqu'à cette remise à jour. J'ai d'autant moins de scrupule à parler de cette initiative que ma propre édition est celle de chez Folio SF, aujourd'hui épuisée.

L'année 2017 est presque achevée, à quelques heures près et 2018 se profile, avec son lot de bonnes et de mauvaises surprises, de grandes et de petites joies, de petits et de grands malheurs. Il y a cependant quelques faits qu'en dehors d'un Donald Trump et quelques autres intégristes de l'hyper-productivisme énergétique, chimique, techniciste et consumériste sans contrôle, nous sommes désormais tous obligés d'admettre à défaut de toujours bien l'accepter. Parmi ces faits de grande ampleur, il y a que notre petite planète bleue, si belle lorsque les petits hommes que nous savons envoyer très haut au-dessus de nos têtes et qui nous en rapportent des images absolument magiques de ce qu'ils ont vu, ce petit morceau de roches et de métal en fusion (dès lorsqu'on gratte un peu), se porte mal, bien mal, très mal. Nulle leçon à donner de ma part : je n'en ai ni les compétences, ni l'affront, ni rien, n'étant ni pire ni meilleur que la plupart de ceux au milieu desquels je vis. Et tel effort que j'essaie de faire ici, pour abîmer un peu moins ce magnifique coin de paradis galaxique, je le défais plus loin, bien souvent sans même m'en apercevoir, par aveuglement, par méconnaissance, parfois même par lâcheté ou égoïsme.

Mais je ne peux pas dire que je ne sais pas !

Là est sans doute l'immense différence d'avec les contemporains de ce très grand et étonnant auteur que fut Stefan Wul. Sans par ailleurs résumer ce titre, Niourk, à une simple fable écologique, ni à une prophétie apocalyptique, il faudrait être parfaitement aveugle pour ne pas comprendre que Stefan Wul avait pressenti tout ce que nous sommes, de manière accélérée, en train de vivre depuis une petite vingtaine d'année. Il en avait deviné certains des cheminements, certaines des conséquences possibles : la destruction de notre monde par nos propres soins, nos délires démiurgiques insensés, notre désir d'être dieux à l'égal de dieu (s'il existe), la fuite vers un ailleurs déshumanisé ou une humanité condamnée à la régression... Mais, parce que c'est sans aucun doute inscrit dans les gênes de l'être humain, un espoir, faible et hasardeux que l'on retrouve avec ce jeune garçon, cet "enfant noir" qui se donnera plus tard le nom d'Alf, petite étincelle dans un océan sec de destruction et de fin d'un monde, le notre ?

Ce livre a exactement soixante ans - l'équivalent de trois générations - et, n'était sa composition, son style, il n'a pour ainsi dire pas pris une ride. Alors oui, l'écriture, la mise en mot, la construction du récit et la narration si particulière de Stefan Wul peuvent sans doute dérouter le lecteur d'aujourd'hui. Ce serait aussi nier que ce style sobre, admirable dans son économie de moyens, poétique souvent, emportera sans aucun doute le lecteur qui aura su ouvrir son regard en grand, mettant de côté les habitudes stylistiques d'aujourd'hui, pas toujours aussi intéressantes qu'elles veulent bien le prétendre...

Voici donc une critique plus raisonnée - plus raisonnable ? - de cet ouvrage que l'on peut lire et relire à presque tout âge, sans jamais s'y ennuyer. Celle-ci est tirée du blog "SB&C", n'est évidemment pas exactement ce que j'aurais rédigé, mais donne un résumé assez précis et juste de ce fameux Niourk. Bonne lecture et un beau réveillon à tous :

«Ce roman de science-fiction nous parle d'une époque très lointaine où les hommes sont retombées à l'état primitif. Parmi les ruelles envahies par la nature, les tribus s'organisent pour survivre en communauté. Ils sillonnent alors le monde à la recherche de nourriture. Mais un beau jour, un enfant noir va venir ternir le tableau. Rejeté, mal aimé, le jeune garçon est totalement exclu de la tribu, au point de le donner en sacrifice au dieu. Pour autant, le petit enfant n'est pas près de se laisser avoir, alors que le vieux de la tribu part à la rencontre des dieux, l'enfant noir décide de le suivre. Là commence alors une histoire incroyable, où nous allons faire la rencontre d'un univers ingénieux, bluffant et tout simplement inimaginable.

Stefan Wul nous offre, avec ce livre, une vision très sombre de notre avenir, imaginant un système de religion basé sur des anciens panneaux publicitaires et mettant en avant l'effondrement du climat et de la planète. Ce monde est clairement sombre, pour autant, l'auteur nous expose une nouvelle façon de comprendre le monde à travers la science-fiction. Une situation intéressante, d'autant plus que la thématique écologique est souvent amenée sur le devant de la scène dans ce genre de roman, mais pas aussi bien que dans ce récit. La force ici réside surtout dans l'imagination de son auteur, on ne sait pas d'où Stefan Wul a eu cette idée, mais ici on le trouve brillant.

Un véritable voyage au coeur d'un monde rasé, une trouvaille parmi des centaines de livres de science-fiction, une perle tout simplement. Ce livre est très surprenant, d'abord par son histoire qui met en avant des personnages très singuliers, notamment l'enfant noir qui est mis à l'écart à cause de sa différence et également tous les membres de sa tribu que l'on va suivre dès le début du récit. Il y a une sorte d'ambiance très « fantasy » mais qui s'adapte parfaitement à un genre futuriste où le monde aurait finalement régressé. C'est plausible, c'est malin… Je ne sais plus quoi dire mis à part qu'il faut le lire !

Une construction et une trame particulière

Que dire de ce livre, et surtout de sa construction. Peut-être que cela est un peu « trop » à certains moments. Bien que ce roman ait été une vraie surprise, j'ai trouvé qu'il y a avait quelque passage laborieux vers la fin de l'histoire. Mis à part ça, j'ai trouvé le style de Stefan Wul passionnant ! Il sait manier la science-fiction et ce côté « classique » à la perfection. Il n'y a pas à dire, il est bien l'un des seuls auteurs français à pouvoir se frotter aux plumes anglophones qui nous rendent tous accro.

Mais parlons également du public visé par ce livre. Si cette histoire peut être facilement abordée par les personnes qui aiment la science-fiction, elle est également totalement adaptée à un public jeunesse qui aimerait découvrir un univers d'anticipation, futuriste, qui pourrait donner le gout de la lecture à beaucoup de personnes. de plus, nous avons ici des chapitres très courts, plutôt concis, qui correspondront généralement aux besoins d'une première lecture.

Si vous aimez les romans de science-fiction et que vous ne trouvez pas votre bonheur car vous recherchez un auteur francophone, je vous invite à lire ce livre afin de découvrir la magnifique plume de Stefan Wul ! »
Commenter  J’apprécie          333



Ont apprécié cette critique (26)voir plus




{* *}