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Pierre Chambry (Traducteur)
EAN : 9782080709561
306 pages
Flammarion (02/01/1997)
4.02/5   51 notes
Résumé :
" C'était lors de la course de chevaux des grandes Panathénées. Callias, fils d'Hipponicos, avait conduit à ce spectacle le jeune Autolycos dont il était épris, qui venait de remporter le prix de pancrace. La course terminée, il se rendait à sa maison du Pirée avec Autolycos et le père de ce jeune garçon, en compagnie de Nicératos, quand il aperçut ensemble Socrate, Critobule, Hermogène, Antisthène et Charmide. Il chargea un de ses gens de conduire Autolycos et ceux... >Voir plus
Que lire après L'Anabase - Le banquetVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
L'Anabase et le banquet sont les deux seuls textes de l'auteur disponibles actuellement dans une édition accessible au grand public .
Sa bibliographie n'est pas négligeable , surtout si on veut explorer la vision de l'économie que la Grèce se faisait , la gestion de domaine , l'idée du prince qui aura des conséquences ultérieures retentissantes . le prince , quasiment le futur princeps , et il préfigure de ce point de vue Aristote qui fondera toutes les théories ultérieures et pour des siècles , du prince et de l'idée de justice . Mais aussi l'éducation aristocratique , les civilités et une foule de sujets annexes sur lesquels l'auteur met le doigt , car pour notre plus grand plaisir , il a le gout du détail .
Ses textes sont rédigés de manières agréables et soignées . Il fut aussi comme Platon , le témoin de Socrate ....
Il existe chez le même éditeur , Flammarion , une édition épuisée des oeuvres complètes de Xénophon , en trois tomes et en poche , on doit la trouver d'occasion . Si vous appréciez l'histoire grecque classique , vous devez découvrir Xénophon , ce ne fait pas l'ombre d'un doute .
L'Anabase tisse pour le lecteur contemporain un contact direct et intime avec la Grèce antique . C'est un véritable voyage dans le temps . En lisant l'Anabase vous marcherez avec les fantassins grecs , une longue marche dans l'empire perse et vous ferez une belle balade en Asie antérieure , vous suivrez les éclaireurs à cheval et au-devant des fantassins , vous découvrirez leurs tactiques , leurs stratégies , leurs contingences diverses , leur démarche élaborée de collecte de renseignement et leurs visions du négoces et de la négociation .
Vous découvrirez aussi les préoccupations intimes des hommes , celles de leurs concubines ,celles de leurs esclaves , celles de leurs concubins , leur gout pour les présages et pour les discours éloquents et bien tournés . Vous remarquerez sans doutes que l'officier grec de l'époque classique , doit convaincre ses troupes , car l'armée grecque de cette époque est fondamentalement une ecclésia , une assemblée d'hommes libres et de citoyens . Elle est quasiment une Polis en marche , pour l'homme grecque la citée grecque ( polis ) est moins une ville , que d'abords une communauté hellénique d'hommes libres .
L'Anabase vous baladera des cotes asiatiques de la mer Egée , jusque le golfe persique en Mésopotamie , et en remontant vers le nord , vers l'Assyrie et vers l'Arménie en longeant les deux fleuves et la Médie , jusque le Caucase et la mer noire , où les grecs prendront la mer après avoir jubilé en découvrant cette étendue d'eau , montrant par-là à quel point la mer les rassure instinctivement et à quel point elle fait partie de leur univers familier .
Si je devais résumer l'Anabase en un mot , je dirais : du quotidien , l'Anabase est centrée au premier chef sur le quotidien et de ce fait l'Anabase est un récit qui foisonne de vie et qui ne pose aucunement de la distance avec son lecteur du point de vue du fond ou de la forme ( pas la moindre ) . le poids des siècles ne pèse donc pas sur l'anabase , qui passionnera aussi bien les amateurs de campagnes militaires que les ethnologues en herbe ou du dimanche , ou encore les amateurs d'histoire des civilisations , d'histoire politique ou religieuse . On peut même classer l'Anabase dans la littérature de voyage . Ce texte est très lisible par le grand public . C'est une vraie , une rare et très plaisante occasion d'aller à la rencontre des grecs .
La lecture en est très agréable et cela permet de se frotter directement à une source historique brute , très vivante . C'est donc un document de première main qui révèle , volontairement et involontairement , une foule de détails croustillants ou pas croustillants sur la vie en Grèce antique , un peu comme les exquis prologues aux dialogues de Platon .
Il faut en profiter car beaucoup de textes sont très difficiles d'accès sans formation , du fait de leur aridité ou de leur propos très ardus .
L'Anabase nous laisse entrevoir une foule de thématiques : politiques ... militaires ( art du combat, stratégies et négociations ) ... morales ... religieuses ( culte , mythologie et superstitions ) ... " ethnologiques " avec très fréquemment des rencontres ethniques et la découverte de modes de vie ou bien comportements qui choquent , qui fascinent ou qui laissent les grecs pantois , l'anabase nous parle d'identité sexuelle ( identité de genre ) , de sexualité , de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas.
Bon sinon , Xénophon ne vous le dira pas , mais sachez qu'il a rédigé ce texte , qui préfigure l'épopée militaire d'Alexandre le grand , pour l'aider à rehausser son prestige politique , à un moment où il résidait à sparte , ce qui faisait mauvais genre à Athènes . En effet il eut maille partir avec le parti démocratique . Vous serez de ce point de vue , certainement ahuri de découvrir les analogies très fortes qui existent entre la vie politique en Grèce classique avec la vie politique contemporaine . Socrate ne s'est pas trompé , l'auteur avait beaucoup de qualités . Moi je lui trouve en tout cas , de la rigueur , du pragmatisme , de l'ouverture d'esprit et de de l'éloquence ...
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Un texte vivant , riche et éloquent !
Vous connaissez sans doute le texte de Platon intitulé , le banquet . Xénophon fut l'auteur d'un texte qui porte également sur ce fameux banquet auquel Socrate participa .

Le texte de Xénophon possède un charme fou , il nous entraine dans un véritable banquet grec où les participants sont parfaitement caractérisés malgré leur fonction archétypale .

Le but de ce texte est de contribuer à définir l'amour . le récit permet de mesurer la valeur positive qui entoure l'ivresse dans cette civilisation .

Socrate mène la danse et il interpelle et il questionne les participants sur des thématiques en rapport avec , l'ego , le plaisir , la beauté , l'éducation et l'apprentissage .....

C'est un texte très scénarisé où la vie prend le pas sur la forme , car la forme y est absolument subordonnée à la volonté de l'auteur de porter un regard sur des réalités qui s'enracinent d'abord dans la vie , avant d'être des concepts et des enseignements théoriques .

Le banquet de Xénophon est un texte édifiant plus que un texte philosophique proprement dit.

Il est donc très diffèrent du banquet de Platon , mais il n'est pas moindre et en tout cas , il n'est pas moins riche .
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L'Anabase
Tout d'abord un bref résumé s'impose car le titre par lui-même n'est pas très évocateur.
Wikipedia en propose un très correct : « C'est l'oeuvre la plus célèbre de l'Athénien Xénophon. Elle raconte le périple des Dix Mille, mercenaires grecs engagés par Cyrus le Jeune dans sa lutte contre son frère Artaxerxès II, puis leur retraite vers l'Hellespont. »On pourrait ajouter mais c'est plus ou moins implicite que Cyrus a été vaincu, ce qui a entraîné la défaite des Dix Mille. Et encore, si on est un peu pointilleux, Cyrus a été tué lors du combat alors que ses troupes avaient plutôt le dessus et pensaient même avoir remporté la victoire. Mais faute de chef et surtout de trône à conquérir, il ne reste plus aux mercenaires qu'à rentrer chez eux : on est seulement au premier livre sur un texte en comprenant sept. Et la partie est loin d'être gagnée : une vraie gageure ! En effet, imaginez une armée perdue en territoire ennemie, à des centaines de kilomètre de leur patrie (des environs de Babylone il faut retourner en Grèce), sans victuaille, sans allié (ou pour être plus précis leurs anciens alliés deviennent leur pires ennemis) mais aussi sans chef incontestable, sans carte et guide sans oublier que cette armée n'est composée de que mercenaires qui n'obéissent qu'à celui qui saura leur apporter le plus de gain … Pas facile …
Et Xénophon dans tout cela? Il n'est pas que le simple chantre de cette histoire, il en est aussi partie prenante et pas qu'un peu : il obtient tout de même un des principaux postes de commandement … Ce n'est pas le simple hoplite à qui on demande juste d'être habile de la lance et de l'épée. Et pourtant, rien ne laissait imaginer qu'il allait jouer un tel rôle … Initialement Xénophon s'est joint à cette armée comme une sorte de reporter avant l'heure et on ne le connaissait qu'en tant qu'élève de Socrate. Donc rien d'un foudre de guerre à priori …
Bon je ne vais pas évoquer plus le récit et vous découvrirez par vous-même comment Xénophon se transforme de simple scribouillard en un habile Alexandre et les pérégrinations des Dix-Mille qu'on pourrait qualifier d'Odyssée.
Concernant le style (en tenant compte des aléas liés aux travaux et interprétations d'une traduction), il est direct, précis comme des ordres militaires : pas d'envolée lyrique, par contre une étude stratégique de la situation, un plan de bataille, un bilan des combats … Cela pourrait paraître rébarbatif si en toile de fond on n'entrevoyait d'autres pans de la vie d'une armée du monde antique, des contrées et des peuples qu'elle traverse, les rapports (tension, alliance, haine …) entre les différentes cités grecques au travers des différents groupes de mercenaires, mais aussi les rapports entre soldats et leur supérieur ou même leur mignon … Outre les attraits inhérents à la lecture d'une épopée, la perception du mode de vie et de pensée des Hellènes de l'époque classique a été source de découverte, de questionnement et même d'amusement … et finalement plaisir de lecture, ce qui est tout compte fait le plus important, non ?

Le Banquet
Ayant déjà lu le Banquet de Platon, on m'a vivement recommandé de lire celui de Xénophon.
Et quelle bonne surprise ! J'ai bien plus aimé la version de Xénophon … mais en fait, ce n'est pas le même livre … Là où Platon étale sa maïeutique après avoir sommairement campé le lieu et les protagonistes, Xénophon m'a fait rire des situations et répliques qu'il sait si bien enchaîner … Et Socrate est loin d'être le sage que j'ai connu avec Platon : il n'hésite pas à boire jusqu'à se mettre dans des états pas possibles jusqu'à presque se présenter à l'élection Monsieur Mignon … Et ici la maïeutique a parfois des relents jouissifs de brèves du comptoir …
J'ai donc eu l'impression de découvrir du Feydeau ou du Labiche à la sauce antique : Hellènes et les Garçons ?
Je vous engage donc à prendre part à ce Banquet … Peut-être y trouverez d'autres plats à votre convenance (ou pas), en tout cas je vous assure que le service ne sera pas long si on considère la faible épaisseur de l'opuscule …
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A l'extrême fin du 5ème siècle avant J.C., Cyrus tente de renverser son frère, Artaxerxès, du trône de l'empire achéménide. Pour ce faire, il s'entoure de mercenaires grecs conduits par Cléarque et parmi lesquels figure Xénophon, qui vient d'abord en qualité d'observateur. Les Grecs, d'abord, ne savent rien des desseins de Cyrus : lorsqu'ils découvrent qu'ils marchent contre le Grand Roi, ils ne peuvent rompre leur serment et participent, donc, à la bataille de Counaxa, en Babylonie. Cyrus est vaincu et tué mais les Grecs, eux, n'ont perdu que très peu d'hommes et ont gagné leur combat. Sans soutien politique, à plusieurs centaines de kilomètres de la mer et de la Grèce, entourés de peuples aussi hostiles que divers, les Grecs doivent d'abord traiter avec Artaxerxès et son second, le satrape Tissapherne. Mais la négociation tourne court : Tissapherne fait exécuter les généraux grecs.

Dès lors, complètement perdus et livrés à eux-mêmes dans un empire immense, les Grecs ne pensent plus qu'à retourner chez eux. Xénophon devient l'un des commandants de ce corps que l'Histoire a retenu sous le nom des Dix Milles : hoplites essentiellement, peltastes, archers, cavaliers même.

Véritable épopée antique, l'Anabase a le mérite de la fraîcheur : celui qui l'écrit a vécu les événements et il en a été l'un des protagonistes. Si l'on a accusé Xénophon de faire à peu de frais un récit apologétique, c'est oublier que Xénophon ne s'attribue pas forcément tous les mérites. Pis, il sait se mettre dans des situations parfois peu reluisantes, notamment lorsqu'il est en pourparlers avec les Lacédémoniens ou avec les Thraces.

Le récit impressionne. Mais ce n'est pas pour ses envolées lyriques ni pour la grandeur militaire dont il se fait le reflet. Il y a des combats, c'est vrai, du courage aussi, de l'abnégation quand les conditions sont difficiles. Cependant, l'intérêt réside dans le récit du quotidien : la recherche de vivres, les butins que l'on rapporte : esclaves, bétails, femmes et enfants aussi, les nuits dans les neiges de l'Arménie, les escarmouches, les assemblées des soldats où la démocratie la plus directe s'exprime. C'est dans ces moments que Xénophon brille le plus : orateur pratique, il ne cherche pas la métaphore mais parle le langage simple de ses soldats. Simple, mais non point idiot : faisant preuve d'une vision politique et diplomatique d'une remarquable concision, Xénophon en impose par sa hauteur de vue à tous les généraux des Dix Mille.

Pour les Grecs contemporains de Xénophon, l'intérêt de l'Anabase résidait dans le fait que ce récit prouvait qu'une armée de hoplites pouvait traverser l'empire perse et en sortir, moralement et militairement, vainqueur. Car les dieux sont sans cesse au secours des Grecs et de Xénophon. Dans les entrailles des victimes des sacrifices, ils disent ce qu'il faut faire, et chacune des décisions de Xénophon est couronnée, à plus ou moins long terme, de succès. Nul doute, alors, que le récit de Xénophon servit de motivation à Agésilas, auteur d'une expédition en Asie mineure au début du 4ème siècle, et à Alexandre le Grand.
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L'Anabase, assurément l'une des épopées les plus fascinantes que nous ait léguées l'Antiquité, relève de multiples genres littéraires. Comme l'Odyssée, c'est le récit d'un retour. Mais ses héros, les Dix-Mille dirigés par le général athénien Xénophon, affrontent des peuples bien réels à la surface d'un océan solide qui relie la Mésopotamie à la Thrace. Cet espace recèle mille pièges aussi puissants que les tours de Circé et aussi périlleux que Charybde et Scylla.
Les Dix-Mille sont des mercenaires grecs qui ont affronté le roi Perse Artaxerxès pour tenter de mettre à sa place sur le trône son frère, le prince Cyrus. Peine perdue, le prince meurt au cours de la bataille de Counaxa. Dès lors, le seul enjeu pour les mercenaires est de rentrer sains et saufs en Grèce en échappant aux griffes d'une armée dix fois plus nombreuse qui ne peut se permettre de laisser filer à travers ses provinces une armée obligée pour se nourrir de piller ou de nouer des alliances de circonstance avec les peuples assujettis aux Perses.
Xénophon dirige l'arrière-garde et laisse avec diplomatie le général lacédémonien Chirisophe commander l'avant-garde car Sparte vient de vaincre Athènes au terme de la guerre du Péloponnèse quelques années auparavant. Il doit sans cesse rassurer ses troupes pour gagner leur confiance, jauger le degré de confiance qu'il peut accorder aux roitelets que son armée croise à travers l'Anatolie, se justifier de ses choix.
Sorte de retraite de Russie réussie - 6 000 soldats rentreront en Grèce sur 10 000 au départ -, l'Anabase est à mi-chemin entre les guerres médiques et une autre Anabase, celle d'Alexandre le Grand 70 ans plus tard. Les guerres médiques avaient démontré que les armées athénienne et lacédémonienne pouvaient résister aux Perses. L'Anabase de Xénophon montre une fois de plus la supériorité des phalanges grecques sur une armée perse pléthorique mais peu mobile. L'expédition d'Alexandre verra la victoire des Macédoniens sur les Perses dans une guerre cette fois-ci offensive.
Mais l'intérêt de l'Anabase ne réside pas là. A un moment où la démocratie athénienne a été renversée par le régime des Trente, le récit de Xénophon incarne la permanence de cette démocratie. En effet, après chaque affrontement avec les peuples montagnards, avant chaque décision vitale, le général tient une assemblée, sacrifie aux dieux pour peser et prendre chaque décision. Car sa réussite dépend du consentement sans cesse réaffirmé de ses soldats et de ses officiers à son action. Car les mercenaires réclament leur constamment leur solde, leur butin. Si l'armée se débande, elle sera incapable d'impressionner ses adversaires et ce sera la fin.
Les discours de Xénophon sont ceux d'un orateur athénien, d'un Socrate, d'un Lysias, d'un Démosthène. Xénophon a-t-il embelli son action ? S'est-il adjugé le beau rôle ? A-t-il passé sous silence les actions des autres généraux ?
Sachant qu'il a continué de combattre pour Sparte et qu'il a vécu dans le Péloponnèse, il ne pouvait bâtir une fable aux dépens de ses alliés.


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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Divertissement donné par un Syracusain. — Digression sur les parfums, l'éducation des femmes, la danse et l'ivresse.
Dès qu'on a retiré les tables, fait les libations et chanté le péan, il entre, comme divertissement, un Syracusain, suivi d'une excellente joueuse de flûte, d'une danseuse merveilleuse par ses tours, d'un garçon fort joli, jouant de la cithare et dansant à ravir. L'homme qui faisait voir ces merveilles en tirait de l'argent. Quand la joueuse de flûte eut assez flûté, le cithariste assez joué de la cithare, et que tous deux parurent avoir suffisamment amusé : « Par Jupiter ! dit Socrate, tu nous traites splendidement, Callias ! Ce n'est point assez d'avoir servi un repas magnifique ; tu nous donnes un spectacle et une musique des plus agréables. » Alors Callias : « Mais si l'on nous apportait encore des parfums, nous jouirions de leur senteur. — Pas du tout, reprit Socrate; de même que tel vêtement convient à une femme, tel autre à un homme, ainsi tel parfum convient à un homme, tel autre à une femme ; et jamais homme ne se parfume pour un autre homme. Cependant les femmes, et surtout les jeunes épouses, comme celles de Critobule et de Nicératus, se plaisent aux parfums; [elles aiment à en exhaler l'odeur. Mais celle de l'huile des gymnases paraît aux hommes plus agréable qu'un parfum ne l'est aux femmes, au moment où ils la respirent, et plus désirable quand ils ne la respirent pas. Qu'un esclave et un homme libre se parfument, tous deux à l'instant même exhaleront une égale senteur; mais l'odeur que répandent les exercices libéraux a besoin d'application et de temps pour acquérir cette suavité qui caractérise l'homme libre. » Alors Lycon : « Cela va bien aux jeunes gens ; mais nous qui ne fréquentons plus les gymnases, quelle odeur devons-nous exhaler ? — Par Jupiter! celle de la vertu, dit Socrate. — Et où prend-on ce parfum? — Ce n'est pas, ma foi, chez les parfumeurs. — Où donc enfin? — Théognis nous l'apprend :

L'honnête homme du bien te montre le sentier;
Le méchant te corrompt et te perd tout entier. »

Xénofon . Le banquet , II
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L'anabase :
Marche à travers le pays des Macrons. — Arrivée aux montagnes des Colques. — Combat contre les barbares. — On descend à Trapézonte, où l'on célèbre des jeux. — Grande joie des Grecs.
Des enfants, pour la plupart prisonniers, courent le stade, et plus de soixante Crétois le dolique; d’autres s’exercent à la lutte, au pugilat, au pancrace. Ce fut un beau spectacle. Nombre de lutteurs étaient descendus dans la lice sous les regards de leurs camarades : il y avait une grande émulation. Les chevaux coururent aussi. Il leur fallait descendre par une pente rapide, puis, arrivés au bord de la mer, remonter et revenir à l’autel. Bon nombre roulaient à la descente, et, en remontant, c’était lentement, avec peine, au pas, qu’ils gravissaient la hauteur. De là de grands cris, des rires, des encouragements.

Xénophon l’anabase , VIII
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Ils arrivèrent à la montagne le cinquième jour. Cette montagne s'appelait Théchès. Quand les premiers arrivèrent au sommet, un grand cri s'éleva. En l’entendant, Xénophon et l'arrière-garde crurent que le front aussi était attaqué; car ils étaient suivis en queue par les gens du pays qu'ils venaient de brûler. L'arrière-garde en avait même tué et capturé quelques-uns dans embuscade et avait pris une vingtaine de boucliers couverts de peaux de bœufs brutes et garnies de poils. Comme la clameur grandissait et se rapprochait et qu'au fur et à mesure que les soldats s'avançaient, ils couraient se joindre aux autres qui criaient toujours, la clameur grossissant avec le nombre fit croire à Xénophon qu'il se passait quelque chose d’extraordinaire. Il monte à cheval, prend avec lui Lycios et les cavaliers et il court pour prêter main-forte; mais bientôt il entend des soldats crier: "La mer! La mer!" et ces mots passent de bouche en bouche. Alors tout le monde se met à courir, l'arrière-garde aussi, et l'on talonne les bêtes de somme et les chevaux. Quand tous les soldats sont arrivés au sommet, ils s'embrassent les uns les autres, ainsi que leurs généraux et leurs lochages, avec les larmes aux yeux. Et soudain, sans qu'on sache qui en a donné l'ordre, ils apportent des pierres et en font un monticule sur lequel ils placent, en guise d'offrande, un grand nombre de peaux de bœufs non tannées, des bâtons et des boucliers d'osier pris à l'ennemi. Le guide mettait lui-même ces boucliers en pièces et engageait les autres à faire comme lui. Après cela on renvoie le guide, après lui avoir fait cadeau sur la masse commune d'un cheval, d'une écuelle d'argent, d'un habillement à la perse et de dix dariques; Il demandait surtout des anneaux et il en obtint de beaucoup de soldats. Puis ayant montré un village pour y camper, et la route pour se rendre chez les Macrons, il attendit le soir et s'en retourna de nuit.
L'Anabase, L. IV, ch. VII, 21-27
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Sur quoi Socrate reprit la parole: "Entre beaucoup de preuves, amis, ce qu'exécute la danseuse démontre que la nature de la femme n'est pas inférieure à celle de l'homme, sauf pour l'intelligence et la force physique. Que ceux d'entre vous qui ont une femme lui enseignent donc ce qu'ils veulent qu'elle sache. - Comment ce fait-il donc, Socrate, demanda Antisthène, si tu as cette opinion, que tu n'instruise pas Xanthippe et que tu t’accommodes de la plus acariâtre des créatures qui existent, je dirai même qui ont été ou qui ne seront jamais? - C'est que, répondit Socrate, je vois que ceux qui veulent devenir de bons écuyers se procurent non pas les chevaux les plus dociles, mais chevaux fougueux, persuadés que, s'ils parviennent à dompter de tels chevaux, ils pourront manier facilement les autres. J'ai fait comme eux: voulant vivre dans la société des hommes, j'ai pris cette femme, sûr que, si je la supportais, je m'accommoderais facilement de tous les caractères." On trouva que ce propos ne manquait pas de pertinence. (Le Banquet, II, 9-10)
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[Callias]: "Pendant que je vous entends vous demander ce que c'est que la justice, je rends, moi, les hommes plus justes." Alors Socrate: "Comment donc, mon bon ami? - En leur donnant de l'argent, par Zeus!" Alors Antisthène se redressa et l'interrogea d'un ton péremptoire: "Les hommes, Callias, te paraissent-ils loger la justice dans leurs âmes ou dans leur bourse? - Dans leurs âmes, répondit-il. - Et alors, toi, c'est en mettant de l'argent dans leur bourse que tu rends leurs âmes plus justes? - Certainement. - Comment cela? - Parce que sachant qu'ils ont de quoi acheter les choses nécessaires pour vivre, ils se refusent à courir les risques de la malhonnêteté. - Te rendent-ils ce qu'ils ont reçu de toi? - Non, par Zeus, bien sûr que non. - Eh bien alors, te témoignent-ils de la reconnaissance en échange de ton argent? - Non, par Zeus, pas même, mais quelques-uns me détestent même plus encore qu'auparavant. - L'étrange chose! s'exclama Antisthène, tout en le fixant comme pour le confondre: tu peux rendre ces gens justes envers autrui, mais non envers-toi même! - Qu'y a-t-il là d'étrange? objecta Callias. Ne vois-tu pas aussi beaucoup de charpentiers et d'architectes, qui tout en construisant des maisons pour nombre de gens n'en peuvent construire pour eux-même, mais habitent dans des maisons louées? Oui, beau sophiste, souffre qu'ainsi je te confonde." Socrate intervint alors: "Eh oui, par Zeus, il doit le souffrir. Car on dit, n'est-il pas vrai? que les devins eux aussi, tout en annonçant aux autres l'avenir, ne prévoient pas ce qui les attend eux-mêmes." Ainsi finit la discussion.
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Vidéo de  Xénophon
La carte blanche de Christophe ONO-DIT-BIOT met en évidence les similitudes entre notre actualité et l'épopée antique de Xénophon, « L'Anabase », premier reportage de guerre, à découvrir dans une nouvelle traduction chez Phébus.
« Les 10 000 » disponible dès à présent en librairie.
https://www.editionsphebus.fr/catalogue/les-dix-mille/
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