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Noël Dutrait (Traducteur)Liliane Dutrait (Traducteur)
EAN : 9782876786714
492 pages
L'Aube (25/10/2001)
3.79/5   110 notes
Résumé :
Conçu comme le voyage décousu que mène un homme à travers le temps - de son enfance à l'âge adulte  ainsi qu'à travers l'espace - de la Chine à l'Europe -, ce livre du Prix Nobel de littérature chinois Gao Xingjian a parfois les élans poétiques d'un conte et la violence dénonciatrice d'un combat.

Plus introspectif que dans son premier roman, La Montagne de l'âme, Gao Xingjian dresse le portrait d'un individu en quête de ses racines et dont la mémoire... >Voir plus
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A travers une polyphonie narrative, de prime abord limpide, alternant d'un chapitre à l'autre, finalement de plus en plus trouble par l'entremêlement, dans un même chapitre, d'un "tu" renvoyant au présent, plus ou moins proche, en Occident, et d'un "il", renvoyant au passé chinois des années Mao, jusqu'à sa mort, et ses conséquences, le narrateur de ce roman est en effet un homme seul, comme son titre l'indique. Il est un écrivain, homme de théâtre, avec pas ou peu d'attaches familiales, amicales, amoureuses - même si les rencontres, à ce sujet, sont longuement décrites, dans toute leur crudité, parfois violente, et assez sordide, intrinsèquement liées à ce qui fait de cet homme un homme seul -, mais il possède une pleine liberté qui nous est décrite, expliquée, commentée, donnée à voir grâce à cet entremêlement de voix, entre ce personnage, "il", qui a vécu la Chine la plus terrible, qui y a survécu, qui a choisi de la quitter, et le narrateur, "tu", qui, justement, suite à une rencontre amoureuse marquante à Hong-Kong avec Marguerite, jeune femme juive qui a ses propres démons du passé à exorciser, va écrire sur ce "il" qu'il avait mis, depuis longtemps, à distance.

Assez peu réceptive à ma lecture de la montagne de l'âme, j'ai été davantage convaincue par cette deuxième découverte de Gao Xingjian, tout simplement parce que ce roman est beaucoup plus concret, qu'il correspond beaucoup plus aussi à ce que j'apprécie lire, c'est-à-dire des romans mêlant histoire et Histoire, tout en offrant également une forme narrative originale, et une réflexion très intéressante, sur l'écriture, sur le pouvoir qu'elle a de nous raconter, ou de nous laisser raconter les choses telles que nous avons envie de le faire, afin de brouiller les frontières entre roman et autobiographie, entre fiction et réalité, entre fantasme et évènement réellement vécu.

Je ne regrette pas d'avoir finalement tenté une autre lecture de l'auteur.
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Malgré ses qualités, petite déception que ce roman autobiographique du Nobel de littérature 2000.

C'est le parcours d'un homme en Chine, à travers les bouleversements de l'histoire, l'après-guerre, puis la « révolution culturelle », le « Grand Bond en avant », etc. Mais ce ne sont pas tant les événements, que la vie intérieure de cet homme tourmenté par ses pensées et ses désirs, car rien n'est facile alors dans ce pays. Chaque parole et chaque action peuvent être considérées comme contre-révolutionnaires. La vie familiale, l'amour et la sexualité, tout peut être contrôlé par le Parti ou par les gardes rouges. On en vient même à avoir peur de rêver, car on pourrait parler dans son sommeil…

Et on peut être dénoncé par des rivaux, trahi par ceux qu'on croit ses amis et même, par sa propre épouse. C'est pourquoi il vaut mieux rester seul, sans attaches, car la solitude laisse au moins un espace de liberté.

Devenu écrivain et sorti du pays, l'homme se raconte à une de ses maîtresses et celle-ci lui enjoint de tout dire (et écrire), de témoigner de ce qui s'est passé. Il raconte sa vie, dans le désordre, suivant les associations d'idées du moment, revenant parfois sur les mêmes épisodes, mais ajoutant aussi des réflexions sur la dignité humaine, sur la liberté et l'écriture.

J'avais beaucoup aimé « La montagne de l'âme » et mes attentes étaient donc très élevées. J'y ai trouvé de belles phrases et de belles idées, mais, désolée, j'ai eu une impression de redondance, presque de radotage…
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Ecrit entre 1996 et 1998, le livre d'un homme seul est le récit autobiographique d'un intellectuel chinois ayant vécu sous le régime de la Chine communiste avant la Révolution culturelle (1966-1976) Après son exil à l'étranger, cet homme se consacre à l'écriture et il voyage de pays en pays où sont représentées ses pièces de théâtre. C'est à Hong-Kong qu'il rencontre Marguerite, une allemande d'origine juive, qui tente de le persuader d'écrire son histoire afin d'exorciser la haine et le dégoût inspiré par son pays natal. Ce récit est celui d'un homme qui a perdu tout espoir de réconciliation avec la terre de ses ancêtres. Témoin de lui-même, il constate avec douleur qu'il est plus seul que jamais. Malgré le plaisir volé à ses nombreuses conquêtes féminines, ni sa colère, ni sa tristesse, ni sa souffrance ne cessent lorsqu'il réalise que raconter son histoire lui permettra de renouer avec son passé. Cette histoire est celle d'un dissident qui a choisi de montrer au monde l'envers cruel et parfois absurde du régime politique chinois, que ce soit sous la direction du Guomindang ou pendant la République Populaire de Chine...


Inspiré de la propre expérience de l'auteur, ce récit à mi-chemin entre le roman, le témoignage et le journal intime, constitue un terrible cri de désespoir. Il permet à Gao Xingjian de se libérer du poids de son passé. L'écrivain dénonce l'injustice de cette Chine communiste dont les exactions, les contrôles, les dénonciations et les décisions contradictoires déroutent ses propres citoyens. Faut-il parler ou se taire ? Qui est son ami ou son ennemi ? Dans cette Chine-là, personne ne peut être sûr de rien. L'auteur raconte par exemple : "C'est pourquoi, dès que le Parti décidait de déclencher une nouvelle bataille, aucune unité de travail n'osait s'abstenir de se lancer dans une lutte à mort, chacune craignant d'être épurée à son tour. Un individu était soit un camarade révolutionnaire (classés en vingt-six niveaux différents), soit un génie malfaisant (divisés en cinq catégories) (...) C'est ainsi que le destin de chaque individu était décidé sans que celui-ci n'y comprenne rien, selon un commandement dix mille fois plus rigoureux que les prophéties de la Bible : ceux qui ne se conforment pas à la règle, si ce n'est pas trop grave, commettent une simple faute, mais si c'est plus grave, ils commettent un crime. Tout était alors noté dans le dossier de chaque individu." p. 196 En tant qu'intellectuel, Gao Xingjian n'échappe pas aux camps de rééducation par le travail manuel et il quitte Pékin pour aller travailler comme paysan dans une région montagneuse où il espère fonder une famille en renonçant à son penchant pour l'écriture. Son destin en décidera pourtant autrement : il finira par réussir à quitter le pays.

Le récit alterne des chapitres où l'auteur s'adresse à lui-même en se tutoyant (descriptions des événements présents) avec des passages racontés à la troisième personne "il" pour relater les événements passés. L'auteur cherche à travers l'écriture à guérir de sa souffrance : "Son expérience passée s'accumule dans les replis de ta mémoire. Comment faire pour les dérouler couche après couche, les dissocier pour les explorer un à un, et considérer d'un regard froid les événements qu'il a vécu : toi, c'est toi, lui c'est toi. Et toi, tu as beaucoup de peine à revenir à son état d'esprit d'alors, tu ne dois pas le surcharger de ton contentement actuel, tu dois garder une distance, refouler tes émotions, pour mieux l'examiner. Tu ne dois pas confondre ta fureur avec sa vanité et sa stupidité, tu ne dois pas non plus masquer sa peur et sa lâcheté, tout cela est difficile, cela te plonge dans un cafard noir. Tu ne dois pas non plus glisser graduellement dans son amour de lui-même et son masochisme, tu n'as qu'à observer et écouter attentivement et ne pas être attiré par ce qu'il ressent. Tu dois laisser sortir de ta mémoire ce "il", cet enfant, cet adolescent, cet homme qui n'est pas devenu adulte, ce rescapé qui rêvait en plein jour, ce disciple de l'extravagance, ce type qui devenait chaque jour plus rusé, ce "tu" qui n'avait pas encore perdu sa connaissance intuitive mais gardait encore quelques sentiments. Tu ne dois pas te repentir et te justifier à sa place. (...) Lorsque tu découvriras ce "il" dissimulé sous son masque, pour pouvoir l'observer, tu devras le transformer en fiction, en un personnage sans aucun rapport avec toi, qui attendait d'être découvert, ce n'est que cette narration qui pourra t'apporter le goût d'écrire et ce n'est qu'ainsi que la curiosité et l'envie de rechercher apparaîtront spontanément." p.238

Et son travail d'écriture ressemble à un règlement de compte : "Tu n'écris dans le but de faire de la littérature pure, mais tu n'es pas non plus un combattant, tu n'utilises pas ta plume comme une arme pour réclamer la justice - de toute façon, tu ne sais pas où est la justice -, il est inutile de s'en remettre à qui que ce soit dans ce domaine. Tout ce que tu sais, c'est que tu n'est en rien l'incarnation de la justice. Si tu écris, ce n'est que pour dire que cette vie a existé, plus infecte qu'un bourbier, plus réelle qu'un enfer imaginé, plus effrayante que le jugement dernier, et qu'elle risque de revenir un jour ou l'autre une fois que son souvenir se sera estompé. Les hommes qui n'ont pas perdu l'esprit sombreront dans la folie, ceux qui n'ont pas subi de sévices en feront subir aux autres ou en subiront eux-mêmes, et comme l'homme est né fou, il ne saura quand cela se déclenchera" p.253 et l'on comprend que Gao Xingjian cherche constamment à justifier son travail de crainte ne plus lui trouver de sens d'un moment à l'autre.

Malgré que certains passages m'ont appris beaucoup de choses sur la Chine maoiste et que la démarche d'écriture de l'auteur est très louable, j''ai malheureusement trouvé le roman long et son rythme très irrégulier m'a dérangée. Par ailleurs, les relations entretenues avec les jeunes femmes rencontrées ont à mon sens, manqué d'authenticité et les dialogues avec ces femmes m'ont parfois agacées. En fait, j'ai trouvé ce roman très inégal et j'avoue en avoir parfois forcé la lecture pour en arriver au bout...
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Que dire de ce livre ? Que je suis passée à côté ? Très certainement.
D'abord, je n'ai pas compris cette histoire d'amour, si histoire d'amour il y a, entre ce jeune chinois et cette jeune juive allemande, Marguerite. Je précise parce que cet état de fait paraissait important à leurs yeux. le lien qui les unissait nous est présenté à travers leurs dialogues et leurs questions quant à savoir si leur relation se limitait au sexe ou à des sentiments plus profonds. Leur questionnement répétitif à ce sujet m'a lassée.

Grâce à Marguerite, qui d'ailleurs disparaître très vite du récit pour ne plus revenir, le narrateur finira par faire ce qu'il a toujours souhaité : écrire. Mais il lui faudra d'abord replonger dans ses souvenirs lorsqu'il vivait dans son pays, en Chine. Des souvenirs étouffés volontairement pour effacer de sa mémoire la souffrance vécue sous Mao Zedong. Ce sont ces souvenirs, ici relatés, auxquels je n'ai malheureusement pas accroché.

J'ai été décontenancée, sans m'y habituer, par l'écriture. le narrateur parle de lui en employant le tu ou le il. Cet exercice de style a certainement un but précis, mais il m'a échappé et je ne suis jamais parvenue à sentir de l'empathie pour ce tu. Ou ce il.
Peut-être l'auteur se racontait, tout en voulant se détacher de lui-même et créait donc son double. Bref, pour moi, ça n'a pas fonctionné.

J'aurais bien aimé apprendre comment l'auteur avait quitté son pays. Après la lecture de ce livre,j'aurais voulu aussi être un peu moins ignorante sur cette période de l'histoire chinoise, sous Mao, mais j'ai trouvé tout cela très confus. Et le livre, dans sa globalité, ne m'a pas convaincue.
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Est-il si seul, cet homme ?
Dans ce roman très largement autobiographique, en tout cas, il l'est rarement : il parle beaucoup avec beaucoup de femmes, il rencontre beaucoup de personnes, et quand il est effectivement seul, il se parle à lui-même, ou bien au lecteur.
L'homme seul du titre me paraît plutôt seul de son espèce, incompris au milieu des autres, ou isolé dans des relations trop superficielles.
Il a beaucoup souffert, Gao Xingjian, dans la Chine maoïste. Il a vécu dans une société contrôlée, surveillée dans ses moindres faits et gestes, dans la terreur totalitaire, terreur de la dénonciation, du "dossier" constitué sur chaque citoyen.
Son individualisme a souffert des structures collectives, de l'écrasante bureaucratie.
Sa sensibilité a souffert de l'interdit sur l'art et la culture.
Gao Xingjian a réellement connu les camps, le "laogai" : il a été "rééduqué" dans les travaux agricoles pendant six années.
Il a dû brûler un roman, des poèmes, tout, tout ce qu'il avait écrit jusque là.
On comprend son amertume.
Curieusement, il choisit ici de relater sa vie au travers d'une relation, fin des années 90, avec Marguerite, Allemande, juive, chacun d'eux mettant en parallèle sa propre terreur. (Enfin, lui parle davantage qu'il ne l'écoute.)
Puis Marguerite disparaît de sa vie et de l'histoire.
On a donc une oeuvre assez décousue, tissée d'épisodes amoureux et de souvenirs de Chine, d'un séjour à Hong-Kong peu avant la rétrocession, de rencontres à New-York ou Paris.
Tout du long il établit un parallèle entre dictature et frustration sexuelle, Occident et abondance de relations féminines.
Au bout d'un moment, on se lasse. (Pas loin de 600 pages, tout de même.)
De même, pour vraiment entrer dans le roman, il faut une certaine familiarité avec l'Histoire de la République populaire de Chine, et j'avoue avoir survolé certains chapitres, tant est étouffant ce monde morne et clos, sclérosé par le manque d'ouverture, plombé par les incessantes accusations et luttes de pouvoir.
Conclusion : j'ai apprécié l'écriture minutieuse, dans la belle traduction de Noël et Liliane Dutrait, mais c'est tout de même beaucoup moins envoûtant que "La montagne de l'âme".
Challenge Nobel
LC thématique mars 2023 : "Une biographie romancée ou non"
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
… il est justement un incurable manieur de langage, il ne peut pas ne pas parler, même s’il est seul, il ne cesse de se parler à lui-même, cette voix intérieure est le reconnaissance de sa propre existence, il est habitué à transformer ce qu’il éprouve en langage, sinon il n’est pas totalement satisfait, la jouissance que cela lui apporte est comme la plainte ou même les cris qu’il pousse en faisant l’amour. (L’Aube poche, p. 524)
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Tu vomis les jongleries politiques, mais en même temps, tu es en train de fabriquer une autre sorte de mensonge, littéraire cette fois, car la littérature est réellement mensonge ; elle dissimule la motivation secrète de l’auteur : la recherche du profit ou de la célébrité. (p. 254)
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Les problèmes de son père venaient de ce qu'il avait rédigé au tableau noir un rapport d'une centaine de caractères, en réponse à l'appel du Parti encourageant à "ne rien taire de ce que l'on sait, ne rien garder pour soi de ce que l'on a à dire afin d'aider à améliorer son style de travail en s'exprimant librement." Comment deviner à l'époque que cela s'appelait en fait "attirer le serpent hors de son trou"?
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Tu ne crois ni en Dieu, ni en Bouddha, ni en Salomon, ni en Allah; les gens de ton époque fabriquent toujours plus de nouvelles idoles qu’il érigent partout, plus encore que les sauvages avec leurs totems ou les civilisés avec leurs religions. Les utopies qu’il inventent, on ne les trouverait même pas au ciel, elles sont incroyablement aberrantes […]
(L’Aube poche, p. 417)
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S'il continue à écrire, c'est parce qu'il en éprouve encore le besoin, l'écriture pour lui doit être un acte totalement libre, il ne la considère pas comme une activité pour gagner sa vie. Il ne considère pas non plus que sa plume est une arme lui permettant de lutter contre ceci ou cela, il ne possède pas un quelconque sens de la mission, s'il écrit encore, c'est plutôt parce que c'est une sorte de délectation personnelle, un monologue destiné à s'écouter et à s'examiner soi-même, et en profiter pour goûter aux sensations que lui laisse le peu de vie qui lui reste.
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Vidéo de Gao Xingjian
Premier recueil de poèmes de Gao Xingjian
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