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Sylvie Cohen (Traducteur)
EAN : 9782702136065
282 pages
Calmann-Lévy (01/08/2005)
3.54/5   51 notes
Résumé :
Un attentat suicide sur un marché de Jérusalem. Une femme est tuée, anonyme. Sur la victime, un unique document : sa feuille de paie, qui porte comme seule référence le nom d'une entreprise. À l'hôpital, personne ne vient réclamer son corps.

Un journaliste saute sur l'occasion et tente de déclencher un scandale en dénonçant le "manque d'humanité" de l'entreprise, qui ne s'est même pas inquiétée de l'absence de son employée. Mais qui est donc cette in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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« La grandeur d'un métier est avant tout d'unir les hommes ; il n'est qu'un luxe véritable et c'est celui des relations humaines. » nous a légué Antoine de Saint-Exupéry.

Mais en notre époque d'attentats, de confinements, d'individualisation, de robotisation, de télétravail, d'uberisation, est ce toujours le cas ?

Au lendemain d'un attentat, nul ne se préoccupe d'une anonyme dont une poche contient un débris de feuille de paie qui désigne l'employeur. Un journaliste, « la vipère » dénonce ce scandale et le propriétaire de cette entreprise, « le vieux », charge le Responsable des Ressources Humaines de corriger cette inhumanité, d'identifier cette personne, d'indemniser sa famille « quel qu'en soit le cout » et de l'inhumer dignement. La réputation de sa société en dépend.

Le RRH, « le responsable » de ce scandale, peine à localiser et identifier la salariée inconnue. Son assistante découvre le contremaitre qui a mis fin au CDD de cette « technicienne de surface » sans informer la Direction des Ressources Humaines … qui continue à la payer ad vitam aeternam…

La victime, Julia Ragaïev, est ingénieur, immigrée, divorcée, maman d'un adolescent resté avec son père à l'autre bout du monde. « La mission » confiée au RRH est de rencontrer la famille de Julia (fils, ex époux, mère âgée recluse au fond de sa province) et de les secourir.

« Le voyage » conduit le cercueil et le RRH dans le pays natal de Julia. La vipère et son photographe couvrent le voyage. La Consule se mobilise pour aider le RRH à accomplir « la mission » qui les mêne au bout du monde, dans un territoire ex soviétique, où ils retrouvent la famille de Julia.

Mais est ce le terminus du « voyage » ?
Où est la terre promise ?
Est ce la fin de la mission ?
La société est elle réhabilitée ?
Quel est le sens de tout cela ?
Quelle est la vocation du « responsable » ?

Cette épopée en trois actes « le responsable ; la mission ; le voyage » conduit le lecteur et le « responsable », progressivement, mais inexorablement, à s'interroger sur le regard porté sur le travail, sur son appartenance à l'équipe, sur le sens de l'existence.

Avraham Yehoshua ancre ce roman en Israël, mais la tragédie inhumaine de Julia est universelle et nous interpelle tous.

Un roman percutant, teinté d'humour, avec une dernière partie fabuleuse, qui invite à revoir nos relations de travail … vaste programme assurément !

PS : du même auteur, La fille unique
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Sous-titré: Passion en trois actes.

Oui, , c'est un conte contemporain, et tout y est. D'abord et surtout, le vocabulaire. Car ,que veut dire Responsable des ressources humaines, terme qui a remplacé l'ancien et moins politiquement correct chef du personnel. Responsable de quoi en fait, et jusqu'où?
Et qui dit contemporain dit médias, bien sûr. Car cette femme ( ingénieure venant d'un pays de l'est , femme de ménage dans une boulangerie industrielle en Israël, et dont le cadavre reste non réclamé après un attentat suicide), seul va s'en soucier un journaliste. Voilà un bon sujet! Seul indice d'identification, une fiche de paie. Et personne de l'entreprise ne s'est inquiété de son absence.. Où va-t-on si la direction des ressources humaines manque de la moindre humanité?

Et c'est la peur des médias qui déclenche la réaction initiale , et la progressive prise de conscience au terme d'une épopée qui verra un cercueil beaucoup voyager. Et à un responsable des ressources humaines tenter de trouver un sens à son métier et à sa vie.

Très bon roman. C'est à la fois très simple et très profond, plein d'humour et de réflexion.
J'avais bien aimé aussi l'adaptation qu'Eran Riklis avait fait de ce roman, sous le titre: le voyage du directeur des ressources humaines.




Lien : http://www.allocine.fr/film/..
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Très belle découverte pour moi que ce Responsable des ressources humaines, de Avraham B. Yehoshua, un des plus grands écrivains israéliens, récompensé par le Grand Prix de littérature d'Israël pour l'ensemble de son oeuvre.

Au cours d'un attentat suicide sur le marché de Jérusalem, une femme est tuée, anonyme, sans autre document pour l'identifier qu'une feuille de salaire à l'en-tête d'une entreprise de boulangerie industrielle.
A la morgue, personne ne vient réclamer son corps.
Un journaliste s'empare de ce fait divers, apparemment assez banal dans un pays toujours en état de guerre plus ou moins latent, pour pointer du doigt l'inhumanité de l'entreprise, qui ne se préoccupe pas du tout du sort de ses employés.
Le jeune Responsable des Ressources Humaines, à la vie personnelle encore très perturbée par un récent divorce, est alors chargé de cette affaire par le Vieux, le directeur de l'usine, qui souhaite apaiser sa conscience.
Au fil de l'enquête, l'élève dépasse le maître et le DRH s'implique au-delà du "raisonnable" dans cette affaire qui va toucher à la fois sa tête et son coeur.

Le déroulement du récit m'a beaucoup surprise: en l'entamant, j'ai cru aborder une enquête policière sur fonds historique à Jérusalem.
Cependant, on ne connaît pas la date, les personnages ne sont pas nommés (le Vieux, la Vipère, le Photographe, le Fils, la Consule...), sauf la victime dont l'identité est assez vite découverte, et les lieux restent assez vagues, hormis Jérusalem, point de départ et d'arrivée de cette histoire qui tourne assez vite au road-movie.
L'histoire et le style d'écriture donnent à la fois envie de sourire, notamment quand on visualise le cortège qui accompagne le cercueil presque au bout du monde, et poussent en même temps à la réflexion: la responsabilité individuelle, la culpabilité ressentie, le droit d'intervention que l'on s'accorde sur la vie des autres, les conséquences absurdes d'un entêtement irraisonné...

Derrière un récit fluide que j'ai lu presque d'une traite, je retiens le nom d'un auteur, dont j'ai bien envie de découvrir les autres ouvrages!
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Dans ce livre à la fois mi-roman, mi-fable, mi-récit , un livre au style aussi bizarre qu'étrange, Yehoshua montre avec brio comment les actes les mieux intentionnés se révèlent les moins pragmatiques et nous entraînent dans des situations qui nous dépassent. D'une situation réaliste (retrouver la famille d'une employée morte dans un attentat) on passe à un délire quasi-mystique, (je ne veux pas être excusé, je veux être pardonné dit à un moment le patron de l'entreprise), qui aurait pu très mal tourner, tant il est vrai que la morale et le bon sens ne font pas forcément bon ménage. Ce road-movie délirant d'un cercueil et d'un DRH un peu paumé tourne carrément à l'absurde, et Camus n'aurait certainement pas renié cette histoire loufoque, où nul ne sait pourquoi finalement on agit.
C'est percutant. Comme dans ce dialogue final où le patron reproche à son DRH d'aller trop loin dans la générosité :
-Le droit ? Quel droit ? (Le cri d'angoisse du patron couvrit le fracas des machines.)
De quel droit voulez-vous parler ? ça n'a pas de sens.
-Le sens, monsieur, c'est à nous de le trouver. et comme toujours, je vous aiderai."
Vous avez dit DRH = Directeur Rarement Humain ? Pas ici en tous cas...
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une histoire un peu bizarre de par le sujet mais intéressante pour le style et sa structure. La lecture est assez prenante puisqu'on évolue par de 3 étapes qui nous poussent à poursuivre l'aventure bien que funeste il n'en reste pas moins l'intrigue, et le style qui sont de qualité. La structure du roman est aussi originale. Il y a semé ici et là des passages venus d'ailleurs comme un autre témoin de l'histoire.

C'est quelque peu farfelu. Suite à un attentat suicide, une femme décède mais personne ne semble s'en inquiéter et personne ne réclame le corps. Un journaliste met les pieds dans l'affaire et attaque l'employeur de cette femme. L'entreprise prise au dépourvue et voulant limiter les dégâts pour sauver sa réputation décide de réparer ce manque de compassion. C'est le DRh qui est chargé de mener l'enquête sur cette employée et de fil en aiguille il se voit l'ambassadeur de ce corps qu'il doit rendre à la famille. Malgré le sujet tragique le texte reste agréable voire un brin décalé.
Le comportement de chaque responsable de cette histoire et leur évolution sont intéressant et la fin nous ramène au point de départ.

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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"A propos, la consule, à quoi ressemble-t-elle ?
-A une girafe...
-Une girafe, ah, ah, je l'aurais parié, à sa façon de s'exprimer et à sa voix surexcitée. Un vrai moulin à paroles, celle-là. Je ne me rappelle d'ailleurs pas la moitié de ce qu'elle m'a débité.
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"Cet amour-là, même moi, un paysan, j'en sais quelque chose. Quand je partage une pomme en deux, je pense que les deux moitiés ont envie de se rassembler, ce qui ne m'empêche pas de les découper encore en plusieurs quartiers."
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Il accepta un pain, mais en refusa catégoriquement un second, comme s’il y avait un danger. La secrétaire partie, il emboîta le pas au contremaître qui s’engouffra dans une autre salle, plus vaste que la précédente, où deux mécaniciens l’attendaient pour activer le troisième four, encore plus gigantesque, à l’aide d’une batterie de leviers, de cadrans et d’interrupteurs, à croire que le mécanisme était totalement indépendant du reste. Le contremaître, qui avait l’air si désorienté tout à l’heure, distribuait à présent avec virtuosité des ordres brefs auxquels répondait le sourd grondement du four, telle une énorme bête de cirque tirée de son sommeil. Il ne quittait pas des yeux ses hommes qui travaillaient en bonne entente, dans l’air tiède qui embaumait. Le DRH ressenti un pincement de jalousie. Dans une pareille tourmente, mieux valait avoir affaire à la matière inanimée qu’à une fragile humanité blessée. Ici, on pouvait réparer une erreur en levant ou en poussant une simple manette.

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Contrairement à cette idée qui vous enthousiasme tant, selon laquelle les deux moitiés aspirent à se rejoindre, Platon interdit explicitement l'union, afin que le véritable élan vers la beauté demeure toujours vivace. Et c'est pour cela que l'amour vrai est toujours en équilibre instable, en proie à des déchirements susceptibles d'entraîner l'homme au-delà de toute retenue.
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C'est bien vous qui avez insisté pour changer le chef du personnel en directeur des ressources humaines ? Ce qui veut bien dire que vous avez décidé de privilégier le côté humain. La question est là, mon cher. Cet après-midi, vous avez promis de prendre entièrement en charge cette femme ... Comment s'appelle-t-elle déjà ?
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