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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742762965
150 pages
Actes Sud (10/10/2006)
3.83/5   80 notes
Résumé :
Dans les dédales d'un hôpital, un homme prélève des spécimens osseux sur les cadavres. Enfant, il observait déjà son beau-père qui, après les tremblements de terre, rôdait dans les décombres. La nuit, il sculptait en secret d'inquiétantes miniatures... Un jeune homme en partance pour l'université s'assied sur un banc. Dès lors il ne vivra plus jamais ce à quoi il était destiné. Un autre le rejoint bientôt et peu à peu l'entraîne vers l'univers du renoncement, celui ... >Voir plus
Que lire après Voyage vers les étoiles (précédé de) Un spécimen transparentVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Ce n'est pas ce que j'ai étudié, mais à l'université, afin d'aider une jeune polonaise qui venait de quitter son pays, et qui n'avait pas encore toute la maîtrise de notre langue française, j'ai assisté à certains cours de la faculté de psychologie pour prendre des notes. le professeur y exposait certains cas vécus.
Pourquoi me souvenir de cela ? Parce que dans ce livre aussi, j'ai été ébahi devant certains comportements que peuvent avoir les hommes.

Il comprend deux nouvelles.

La première, Un spécimen transparent, s'attache à Kenshiro qui, dans un établissement hospitalier, prélève des spécimens osseux sur des cadavres, travail méprisé par la plupart de ses collègues et qu'il est obligé de cacher à sa cellule familiale, ses relations amoureuses antérieures ayant pris fin lorsque son métier était révélé. Kenshiro aime son métier et veut atteindre la perfection en réalisant des os parfaits, transparents.
Cette fascination pour les squelettes est extraordinaire pour lui et Akira Yoshimura nous la décrit avec justesse et nous découvrons jusqu'où elle peut aller.

La seconde, Voyage vers les étoiles, nous fait suivre un groupe de jeunes désoeuvrés, sans buts, sans envies qui ont décidé un jour de mourir. L'auteur nous décrit bien leur psychologie et s'attache particulièrement à l'un d'eux, Keichi, relatant ses pensées, ses hésitations. Suivra-t-il les autres dans ce voyage vers la mort et vers les étoiles ?

Vous le constaterez, rien de bien joyeux dans ces thèmes ! Tous deux sont liés à la mort, qu'elle soit effective ( un cadavre), ou qu'elle constitue un but pour sortir de l'ennui.
Est-ce l'image de la mort dans le Japon d'aujourd'hui, je ne suis pas qualifié pour l'affirmer mais je le soupçonne quelque peu. D'autre part, est-ce un portrait d'une partie de sa jeunesse qui aurait perdu toute ambition ?

Rien de bien joyeux donc mais l'écriture est extrêmement belle, Akira Yoshimura parvient à donner à ces nouvelles des accents poétiques tout en évitant tout lyrisme.

J'ai découvert cet auteur grâce à Sacha qui m'avait conseillé son roman Naufrages , un livre qui fut mon grand coup de coeur l'an dernier, et que je vous incite à découvrir, il se situe un cran au-dessus de ces nouvelles.

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Akira Yoshimura est un de mes auteurs japonais préférés. Je l'avais découvert dans « le convoi de l'eau », puis mon penchant s'est confirmé avec le superbe « Naufrages ».
Il fait parti de ces auteurs qui nous surprennent par leur façon si particulière et déconcertante de nous emmener dans leur monde.

« Voyage vers les étoiles » pourrait être une merveilleuse destination de voyage.
Le ciel étoilé pourrait être une magnifique invitation au rêve et à l'évasion, ressemblant à un voyage, à la fois surréaliste et apaisant.

« Il se rappela que dans son enfance sa grand-mère lui racontait que les morts montaient au ciel et se transformaient en constellations. Elle disait que les étoiles dispersées sur la voûte céleste étaient toutes des incarnations de personnes disparues et que leur lumière s'amplifiait à l'infini en suivant l'augmentation du nombre de morts. Elle en voulait pour preuve que si l'on fixait le noir profond entre les astres on se rendait compte que des lumières en jaillissaient continuellement, venant saturer le ciel d'étoiles fourmillantes. »

Mais ce que nous propose l'auteur dans ce petit recueil composé de deux nouvelles est un tout autre voyage : terrifiant, dérangeant, déroutant, il nous emmène, sans possibilité de retour, dans le royaume des morts.

Par la sensibilité du thème, ce recueil de nouvelles d'Akira Yoshimura n'est pas le plus facile à lire. Les deux récits sont sombres, pesants, mais sans jamais tomber dans une ambiance glauque et malsaine.

*
Dans la première nouvelle, intitulée ‘Un spécimen transparent », un homme est chargé de prélever des échantillons osseux sur des cadavres en décomposition.

« Les os de ce cadavre, dès que les échantillons frais auraient été prélevés, seraient plongés dans l'alcool puis livrés aux étudiants pour qu'ils puissent s'entraîner au maniement du scalpel et seraient bientôt incinérés comme de vulgaires déchets. »

Son rêve : préserver les corps au-delà de la mort en rendant les os humains transparents comme du cristal, des spécimens qui ne jauniraient pas avec le temps !

« Même les corps en décomposition gardaient un certain nombre de jours après la mort des os frais d'un blanc étincelant au milieu des chairs comme des perles luisant au creux d'un coquillage. »

Son rêve tourne à l'obsession.

« Les os du bassin transparents comme des plaques de mica blanc, ceux des doigts étincelants comme des stalactites… Il allait laisser au monde le squelette … dans un état magnifique pour l'éternité. »

Il est impossible d'avoir la moindre sympathie pour cet homme froid, égocentrique, calculateur et antisocial.
Ses projets jettent un froid sibérien sur le récit.
L'impensable effleure notre esprit et se change en consternation.

J'ai été fascinée par l'écriture sobre et sans voyeurisme d'Akira Yoshimura.
Le style est distant, impassible, et pourtant très poétique et cette distance est tout juste sublime, à la fois très lointaine et assez proche pour nous faire ressentir les émotions de cet homme.
L'ambivalence des sentiments, entre fascination et dégoût, résonne tout au long du récit.

*
La deuxième nouvelle éponyme, « Voyage vers les étoiles », montre le désarroi de jeunes gens qui ont perdu le goût de vivre et décident d'entreprendre ensemble un long voyage vers les étoiles.
Un voyage onirique.
Quelle étrange atmosphère !

J'ai vécu ma lecture avec une sensation de malaise et un sentiment d'incompréhension.

« … cette promenade dans la mer d'étoiles débordant de lumière éclatante le mettait en joie. »

L'écriture de l'auteur se fait impersonnelle, grave et cette distance est affreusement bouleversante. Akira Yoshimura exprime la psychologie des personnages avec beaucoup de maîtrise, rendant la lecture émouvante et douloureuse. On découvre à travers Keichi, la complexité et la fragilité de leurs émotions et de leurs pensées intimes.

« Keichi s'était également rendu compte que tout ce qu'il percevait désormais prenait un nouvel aspect. Il avait conscience de ce que son entourage aux teintes passées en était revivifié, plein de couleurs et de lumière comme du verre coloré. »

J'ai vécu cette nouvelle avec un sentiment d'incrédulité et d'incompréhension.
Sentiments de tristesse et de révolte.
La fin, magistrale !
Un choc.
J'en suis restée totalement abasourdie.

« … de pâles étoiles se détachaient vaguement çà et là, dont la lumière augmentait progressivement, et bientôt les ténèbres se remplirent de constellations brillant d'une lumière froide. »

*
Ces deux nouvelles se rejoignent par leurs thématiques : la fragilité de la vie, la solitude et surtout la mort. Mais les deux nouvelles se différencient par l'angle de vue choisi par l'auteur.
Dans la première nouvelle, l'auteur aborde le thème de l'obsession, alors que dans la seconde, j'y vois plutôt une critique de la société japonaise, de l'isolement et du désoeuvrement des jeunes.

« Voyage vers les étoiles » est un livre troublant qui me marquera par la capacité de l'auteur à exprimer la force et l'intériorisation des émotions humaines.
« Voyage vers les étoiles » est un livre impressionnant par la maîtrise de l'écriture, d'une rare beauté.
Un livre prenant qui laisse des traces.
Un auteur talentueux. J'adore !
*
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Il y a quelques années, j'avais acheté ce livre sans rien en connaître, juste pour la beauté de sa couverture. C'est bien tout ce que je garderai de cette lecture.

Il s'agit d'un recueil de 2 nouvelles assez longues. La première, « un spécimen transparent » suit un homme dont le métier est de prélever et préparer des spécimens osseux sur des cadavres. Dans le second récit, « voyage vers les étoiles » on suit le dernier périple d'un groupe de jeunes qui, plus par ennui que pour de vraies raisons, décident de se suicider.

Les sujets de départ de ces nouvelles ne sont pas inintéressants et auraient pu donner lieu à des récits psychologiques fouillés. Yoshimura choisit d'adopter un ton assez contemplatif et poétique, ce qui, en soi, est une bonne idée mais qui ne m'a pas touché. J'ai trouvé les deux nouvelles très froides, très cliniques. Je n'ai rien ressenti lors de ma lecture, si ce n'est une petite pointe d'ennui. Cela est sans doute dû au fait que ces histoires manquent de personnages. Les protagonistes qu'on voit évoluer dans les récits sont totalement désincarnés. Peut-être était-ce volontaire de la part de l'auteur de mettre en scène des personnages manquant de vie mais, la plupart du temps, ce n'est pas quelque chose que j'apprécie lors de mes lectures. J'ai besoin de m'accrocher à un personnage, qu'il soit positif ou négatif, que je l'aime ou que je le déteste, ici je n'ai ressenti que de l'indifférence envers les personnages.

Je vais très vite oublier cette lecture. le flacon était splendide mais l'ivresse n'a pas été au rendez-vous.

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Yoshimura Akira est le poète des zones d'ombre. Il le prouve à nouveau avec ces deux nouvelles publiées (sous une belle couverture) par les éditions Acte Sud/Babel.

"Le spécimen transparent", de par son ambiance singulière, froide et détachée - sans compter certaines descriptions à éviter en mangeant -, m'a fait penser à "La jeune fille suppliciée sur une étagère". Même cadre d'hôpital universitaire avec cadavres en toile de fond. Ici nous rencontrons un sexagénaire qui a voué sa vie à la constitution de spécimens de squelette à destination des facultés de médecine. Consciencieux et perfectionniste au-delà de l'imaginable, il rêve d'obtenir un spécimen transparent, une sorte de graal pour sa vocation qui ne rencontre que mépris ou dégoût chez autrui. le texte ne prête certes pas à la réjouissance ni aux sourires. Pourtant Yoshimura Akira sait donner le juste ton à son histoire, sans jamais tomber dans le morbide ostentatoire. Son personnage exerce même une certaine fascination dans sa quête de la pureté osseuse par-delà la mort physique.

"Voyage vers les étoiles" est un bien joli titre pour un thème sombre, celui du désespoir par ennui d'une partie de la jeunesse japonaise. Faute d'envie, une sournoise lassitude s'empare de Keichi et du groupe qu'il côtoie. Issu d'une société de surabondance et de consommation effrénée, on le sent s'anéantir dans un vide intérieur terriblement angoissant et prégnant. Tout est néant et vacuité, triste constat anxiogène et étouffant pour de si jeunes personnes.
Comme pour la première nouvelle, le pinceau de l'auteur reste sobre et presque clinique, comme détaché de son sujet. Cette froideur dans l'écriture renforce le malaise inhérent au récit. C'est un texte assez difficile à lire même si je reste subjuguée par le talent de Yoshimura Akira d'aborder des thèmes aussi douloureux et hors des sentiers battus. Je e suis néanmoins pas certaine que j'offrirais ce livre. le prêter oui; en assurer toutes ses qualités également.

Le Convoi de l'eau et La guerre des jours lointains m'attendent dans mes étagères. Je le retrouverai très vite avec plaisir.
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Dans "Un spécimen transparent", Kenshiro, la soixantaine, travaille depuis des années dans un laboratoire d'hôpital, à prélever des "spécimens" osseux sur des cadavres, ce qui nécessite des opérations de préparation fastidieuses et minutieuses. Dans ce métier sordide, il s'est donné à l'approche de la retraite un but ultime, un graal : façonner, polir un spécimen transparent...Kenshiro est un homme froid, perfectionniste et obsédé par son travail, solitaire. Il est hanté par le souvenir d'enfance où son beau-père sculptait des miniatures inquiétantes dans les décombres des fréquents tremblements de terre...Pour ne pas faire fuir sa compagne, Tokiko, et sa belle-fille, Yuriko, il ne leur a pas révélé son activité exacte à l'hôpital. Un jour, il comprend que Kamo, qu'il forme depuis quelques mois au métier, et qui s'avère vite un excellent élève, qu'il perçoit un peu comme un rival, a une liaison avec Yuriko. Il le laisse la fréquenter à condition que Kamo n'avoue rien du métier qu'ils exercent.
Mais un jour, Yuriko tombe brutalement et très gravement malade...Kenshiro révèlera alors jusqu'à l'extrême un esprit insensible, pervers et calculateur...

Dans "Voyage vers les étoiles", cinq adolescents, dont une fille, s'ennuient dans leur milieu urbain fait d'abondance, de surconsommation. Blasés, ils n'ont déjà plus de but dans la vie, alors...si on mourait ? Ils engagent une courte équipée vers la campagne et la mer, à la recherche du lieu idéal pour un suicide collectif. L'auteur nous donne à lire en chemin dans l'esprit d'un de ces jeunes, Keichi, qui révèle ses doutes, ses tiraillements, ses peurs grandissantes à l'approche de l'acte irréparable. Auront-ils le courage, ou la folie, d'aller au bout ?

Dans ces deux récits aux thèmes très différents, la beauté et la précision de l'écriture sont exceptionnels, et la psychologie des personnages finement étudiée. On y retrouve des symboliques de l'âme japonaise : le sens de l'honneur qui interdit de perdre la face, le perfectionnisme, l'intériorisation des sentiments, et aussi une nouvelle fois une évocation du désespoir de la jeunesse nippone en perte de repères.
Et les dénouements sont vertigineux !

Encore une belle découverte grâce à Acte Sud, qui publie en France l'oeuvre d'une densité et d'une qualité remarquable d'Akira Yoshimura, écrivain majeur de la littérature japonaise d'après-guerre et disparu en 2006.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Il se rappela que dans son enfance sa grand-mère lui racontait que les morts montaient au ciel et se transformaient en constellations. Elle disait que les étoiles dispersées sur la voûte céleste étaient toutes des incarnations de personnes disparues et que leur lumière s'amplifiait à l'infini en suivant l'augmentation du nombre de morts. Elle en voulait pour preuve que si l'on fixait le noir profond entre les astres on se rendait compte que des lumières en jaillissaient continuellement, venant saturer le ciel d'étoiles fourmillantes.

(Extrait de "Voyage vers les étoiles")
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C'était son habitude matinale de se rapprocher des femmes dans l'autobus qui le conduisait à son travail. Il choisissait tout naturellement celles qui avaient un corps maigre. La beauté ou la laideur de leur visage n'entrait pas en considération. Son seul but était la forme des os qu'il sentait pointer à travers les vêtements. Bien sûr, il était le plus souvent déçu. Mais le bassin de la femme qu'il effleura ce jour-là offrit une entière satisfaction à ses sens. il ressentit même comme un magnifique récipient osseux abritant un intérieur fécond.
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Voyage vers les étoiles

Ce jour-là, en rentrant de son école, il s’immobilisa, les yeux levés vers les néons qui commençaient à clignoter dans le ciel crépusculaire. Son souvenir était encore très vif de la curieuse sensation qui s’était emparée de son corps à cet instant. C’était une impression de vide, comme si ce corps réduit à l’état de squelette après l’évaporation instantanée de son contenu, s’élevait vers le ciel dans le couchant de ce printemps tardif.
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A partir de cet instant, sa perception du monde avait changé du tout au tout. Les gens et la ville, tout s'était transformé en choses inorganiques aux couleurs passées, tandis que s'incrustait en lui un sentiment d'impuissance insurmontable, comme s'il n'avait rien à faire dans ce paysage, et bientôt il lui devint pénible de remuer ne serait-ce que les bras ou les jambes et d'éprouver des émotions qui ne le concernaient plus.

Voyage vers les étoiles
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(...) ; il collectionnait les yeux à facettes des libellules qu'il rangeait comme des joyaux dans une petite boîte, enfilait des coccinelles pour faire des colliers, élevait des araignées en déposant des petits insectes sur leur toile, car il aimait observer comment elles les entouraient aussitôt avec leurs pattes d'une sorte de cocon.
(Voyage vers les étoiles)
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