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EAN : 9782207117552
336 pages
Denoël (11/09/2014)
3.64/5   61 notes
Résumé :
Nageuse depuis sa plus tendre enfance et espoir pour les Jeux olympiques, Lidia cherche à tout prix à échapper à un univers familial malsain et oppressant, entre un père alcoolique et une mère dépressive.

Elle accepte une bourse sportive pour entrer dans une université au Texas, mais est renvoyée aussi sec pour consommation de drogues et d’alcool.

Lidia décide alors de participer au projet d’écriture de Ken Kesey, auteur culte de Vol ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Longtemps j'ai hésité à me plonger dans la mécanique des fluides de Lidia Yuknavitch, et puis je me suis immergée dans cette lecture.

L'auteur nous partage son enfance, son quotidien de nageuse qui lui permet d'entrevoir une lumière dans les eaux troubles de sa vie.

La natation est sa première planche de salut, face à un père incestueux et violent et une mère dépressive, handicapée incapable de l'aimer et de la protéger.

Elle obtient une bourse d'étude sportive pour devenir nageuse professionnelle au Texas. Cela lui permet de s'éloigner de ses parents toxiques et envisager de se construire un avenir, mais voilà ses mauvais penchants ne la quittent pas, elle est renvoyée.

Le lecteur se heurte aux excès de Lidia, l'alcool, le sexe (SM) avec toutes ses dérives et la drogue. Alors on nage et on rage de la voir ainsi couler et partir en lambeaux.

Elle nous entraine dans ses excès, sans détours, sans pudeur et on se questionne : comment va-t-elle s'en sortir avec ce comportement destructeur.

Son corps et son coeur sont en souffrance. Elle ne se plaint pas et reste vraie, sans complaisance.

Elle touche le fond et on s'interroge encore : comment va-t-elle pouvoir revenir à la surface. Elle est entourée de ses ami(e)s qui ne la lâcheront pas et la pousseront à écrire ses maux. Il y a aussi sa soeur fidèle qui lui tendra la main bien des fois.

C'est ce qu'elle nous partage dans la mécanique des fluides, le pouvoir de ses mots et de l'écriture, sans détour avec sincérité. Un livre choc qui fait réfléchir, sur la vie, la mort, l'amour, le rôle de la femme, la sexualité, les rencontres qui nous poussent vers une autre autoroute et changent notre trajectoire de vie.

Je ne regrette pas cette lecture autobiographique, magnifiée par des mots justes, percutants, simples résilients de confessions, de difficultés surmontées.
Une véritable renaissance.
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J'aurai eu toutes les raisons de détester ce livre : son côté « sex, drugs and rock and roll », ces nombreux passages de beuverie stérile, de scènes SM, cette application méthodique de l'auteure à se (tout) foutre en l'air et j'en passe. Mais, voilà. Je l'ai adoré !
Je l'ai adoré parce qu'il m'a touché.
Je l'ai adoré car il transpire la sincérité et résonne à mes oreilles comme un chant d'espérance.
Oui, vous avez bien lu, Espérance...
Pourtant rien ne prédestine à cela cette autofiction d'une auteure qui se raconte, avec ses mots de femme écorchée vive, amputée du sentiment de l'estime de soi par un père violent et incestueux, une mère non-aimante et alcoolique.
Lidia Yuknavitch nous raconte son enfance où sa seule lumière est son entraînement quotidien à la piscine, son seul espoir de fuite, une bourse pour étudier ailleurs, n'importe où, mais quitter ces parents toxiques qui n'ont de famille que le nom.
Elle devient une nageuse promise à un bel avenir professionnel. Mais voilà, la sirène, pour qui l'eau protège et isole du bruissement de la vie (comme un enfant qui se réfugie sous la couette) ne va pas savoir comment faire avec cette réalité pleine de promesses qui s'offre à elle. Comment accueillir cet avenir positif, se battre pour gagner, obtenir, mériter... quand on a en soi un degré zéro d'estime de soi...
Quand on nous a transmis que soumission et dégradation.
Quand on nous a appris qu'être femme c'est se taire, souffrir et écarter les cuisses...

La naissance de sa petite fille morte-née, (ne pas avoir su être une mère protectrice quand on n'a pas été une petite fille protégée) va décupler cette autodestruction.
Souffrir dans son corps autant que dans son coeur...

Se laisser descendre au plus profond, à la limite de la noyade, jusqu'à sentir le fond sous les pieds et donner une grande impulsion pour enfin entamer la remontée.
Ce fond salvateur se sera les mots, ceux de l'écriture et de la lecture, de la création et du partage, soutenu par une soeur aimante et une poignée d'amis fidèles, dont la bienveillance a accompagné toutes ses errances.

Lidia boit, rit, pleure, jouit, hurle, sans pudeur ni retenue... Est-ce plus vulgaire, choquant, dans les mots (le corps) d'une femme que dans ceux d'un homme ? Je ne sais... mais c'est la parole d'une femme qui écrit de cette singularité qu'est un corps de femme, des mots qui sortent de ses tripes et de son coeur...
« Ecrire face à la « culture » », nous dit Lidia Yuknavitch dans ses remerciements.

Sincérité car il en faut, pour donner de soi un tel portrait quand le but n'est pas d'effrayer ou choquer, encore moins de glorifier ou juger, mais livrer ainsi la réalité « à nue » à travers ses mots.
Ces descriptions crues et explicites sont sa réalité avant que l'écriture « la sorte de l'eau » comme une noyée qu'on récupère à bout de souffle et qu'on réanime : comme une seconde naissance et un second souffle... Les mots qui (re)donnent vie. Et quels mots ! Cinglants comme une paire de claques et beaux... Vraiment. Beaux.

Espérance car l'écriture en particulier, l'art en général, sont des bouées jetées aux bras des naufragés, des filets qui ramènent les rescapés sur le rivage.
Combien coulent encore ?

« C'est difficile de penser Oui. Vers le haut. Quand ce qu'on ressent n'est que combat ou fuite.
Si je pouvais revenir en arrière, je me donnerais des cours particuliers à moi-même. Je serais la femme qui m'a appris à me tenir debout, à vouloir des choses, à les demander. Je serais la femme qui dit, Ton esprit, ton imagination, ils sont plus importants que tout. Regarde comme c'est beau. Tu mérites de t'asseoir à la table. L'éclat tombe sur chacun d'entre nous. »

L'éclat tombe sur chacun d'entre nous...
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Son père avait les mains baladeuses. Un impulsif, un castrateur, un alcoolique. Sa mère était dépressive, alcoolique et suicidaire, complètement démissionnaire.
Lidia Yuknavitch, Portland, Oregon, raconte sa vie. de ses rêves de nageuses olympiques à celui de devenir écrivain. Mais quelle vie ! Et quelle intelligente manière de procéder.
Ses souvenirs apparaissent dans le désordre. Elle se souvient de son enfance chaotique, de sa vie d'athlète et d'universitaire, ses échecs, ses tendances amoureuses, l'alcool, la drogue, les avortements, la vie d'épouse, de mère, le sexe, le sadomasochisme, et par la force des choses celle d'écrivain et de professeur de littérature.
Une rage folle habitait cette femme. Elle exprimait sa souffrance à travers le corps, l'eau, les métaphores, les rencontres comme celle avec Ken Kesey, les liquides de toute sorte. La mécanique des fluides est la pression sanguine variable, explosive, tranquille ; elle est les mouvements de l'eau, ses qualités apaisantes, sa force ; elle est l'alcool rideau sur la scène de cauchemar ; elle est l'accélération et le calme ; elle est tout ce qui enveloppe la vie de cette auteure courageuse et surprenante. le style est non conventionnel comme Lidia Y. l'a décrit :
« Cette fois l'histoire avec laquelle je venais ne parlait pas de personnages de femmes sans voies issues de l'histoire littéraire. Cette fois ça parlait de ma vie. Des pères, de la natation, de la baise, de bébés morts, de la noyade. Entièrement écrite en fragments aléatoires – comme j'ai compris ma vie tout entière. Dans la langue – image, fragment et passages lyriques non linéaires – qui semblait la plus précise. L'histoire que j'apportais s'appelait « La Mécanique des fluides ». (P153)
Elle use de toute sorte de procédés pour rendre un récit dynamique et claire : périodes, phrases courtes, crues, tranchées ; plus longues et concises ; plus douces et amoureuses ; pleine de réflexion sur la condition de la femme, de la mère ; à propos du sexe, du souvenir, du temps, de l'amour des mots…
Très proche de « Féroces » de Robert Goolrick. Un excellent livre, abouti et d'une grande maîtrise. Madame Yuknavitch me rappelle aussi - en plus d'une influence Undeground et d'une influence joyeux lurons de la Beat Generation - un soupçon de « le dernier stade la soif » de Frederick Exley. Réaliste et frappant. Vous voyez un peu ? Les histoires de ceux qui s'élèvent, de ceux qui passent de maux en mots. Étourdissant.
« Je suis pour le restant de ma vie une fille qui brûle.
Cette image de Jeanne d'Arc brûlant dans un feu à brûlé en moi comme une nouvelle religion. Son visage tourné vers le ciel. Sa foi bandée comme pour une guerre sainte. Et toujours la voie d'un père dans sa tête. Comme moi. Jésus. Qu'est-ce qu'un homme maigre cloué sur du bois face à l'image d'une femme soldat en flammes ? J'ai pris l'image d'une femme qui brûle dans ma tête et abandonné à jamais la croyance en la maison d'un père. » (P140)
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"La mécanique des fluides" est l'oeuvre d'une certaine Lidia Yukanavitch dont je n'avais jamais entendu parler avant la publication de ce roman en cette rentrée littéraire fait partie de ce genre littéraire souvent périlleux qu'est l''autofiction, qui peut donner lieu à des romans souvent un peu pénibles à lire, qui nous donnent parfois l'impression de se sentir un peu voyeuriste devant les confessions les plus intimes qui soient.

Ca pourrait être largement le cas dans ce Mécanique des Fluides, mais heureusement il n'en est rien, comme quoi tout est question de style. Il faut dire que la vie que nous décrit Lidia Yukanavitch , et notamment son enfance auprès d'une mère alcoolique et dépressive et d'un père brutal n'est pas celle dont on peut rever. Et ses errances dans des excès de drogue, d'alcool et de sexe , ainsi que deux mariages malheureux avec des partenaires eux meme perdus, conséquences plus ou moins directe de cette enfance traumatique et traumatisante ne font rien pour rendre la lecture plus légère.

Mais si le livre arrive à toucher autant au coeur et rendre la lecture finalement plus optimiste que glauque et plombante, c'est tout d'abord lorsqu'on apprend que l'auteur a rencontré au fil de son chemin, deux lumières dans ce ciel sombre, ses deux passions, la natation d'abord, puis ensuite l'écriture, deux passions qui la sauvent et qui lui permettront d' atteindre enfin son équilibre et une apparence de bonheur.

Et puis et surtout le livre doit tout à la qualité de la plume de l'auteur, une écriture viscérale et imagée en même temps, singulière et sans fioritures. Bref un roman très réussi sur la résilience, d'une profonde humanité, et qui prouve que l'on peut s'en sortir grâce aux balises que sont l'art et le sport, bref un roman à vous conseiller sans hésiter malgré la dureté de certains passages.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Lidia est une jeune femme promise à un avenir plus souriant que son enfance et son adolescence. Née dans une famille bancale, une mère alcoolique et dépressive, un père colérique et incestueux, elle s'entraîne tous les jours a la natation. Pressentie pour les meilleurs places, elle va anéantir tous les projets de réussite en buvant, en se droguant et en couchant avec des filles et des garçons...
Un roman percutant, qui ne peut pas laisser indifférent. Une écriture coup de poing, parfois très crue, sur une vie brisée par un langue d'amour et un sentiment de rabaissement perpétuel. Un corps meurtri qui se va se relever grâce à l'écriture...
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critiques presse (1)
Chro
30 septembre 2014
Lidia Yuknavitch réussit, à partir d’un récit intime, à créer quelque chose d’accueillant, d’enveloppant. Un livre lumineux.
Lire la critique sur le site : Chro
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Vous voyez, c'est important de comprendre à quel point les gens esquintés ne savent pas toujours dire oui, ou sauter sur l'occasion de leur vie, même si elle est là, sous leurs yeux. C'est de la honte qu'on porte. La honte de vouloir quelque chose de bien. La honte de ressentir quelque chose de bien. La honte de ne pas croire qu'on mérite d'être dans la même pièce au même titre que tous ceux qu'on admire.
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"Vous voyez, c'est important de comprendre à quel point les gens esquintés ne savent pas toujours dire oui, ou sauter sur l'occasion de leur vie, même si elle est là, sous leur yeux. C'est de la honte qu'on porte. La honte de vouloir quelque chose de bien. La honte de ressentir quelque chose de bien. La honte de ne pas croire qu'on mérite d'être dans la même pièce au même titre que tous ceux qu'on admire. Un A rouge géant sur la poitrine.
Je me suis jamais dit en grandissant, Deviens avocate. Astronaute. Présidente. Scientifique. Medecin. Architecte.
Je ne me disais même pas, Deviens écrivain.
L'aspiration reste coincée chez certains. C'est difficile de penser Oui. Vers le haut. Quand ce qu'on ressent n'est que le combat ou fuite."
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Ce n’est pas facile d’abandonner un soi et d’en embrasser un autre. Vos libertés vous balafreront. Voire vous tueront. Vous ou l’un de vos vous. Mais ce n’est pas grave, pourtant. Il y a autre chose.
Combien de fois mourons-nous ?
Les mots, comme les pages de soi, en valent la peine.
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Un matin ma sœur m’entendit sangloter sous la douche. Elle tira le rideau, me regarda tenir mon ventre vide étripé et entra pour me prendre dans ses bras. Tout habillée. On est bien restées vingt minutes, je crois.
Sans doute la chose la plus tendre que quiconque ait faite pour moi dans ma vie.
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On buvait à ne plus rien voir.
À en perdre la tête. À en perdre la vie.
Entre deux cuites il a dit : Je veux être peintre. J’ai dit : Je veux être écrivain. Alors on a bu à ça. Et peint. Et écrit. Et fêté chaque heure à coups de gnôle. (...) On a rêvé en boisson.
(...)
Pendant qu’on buvait le chaos de l’art est sorti de nous. Impossible de maîtriser quoi que ce soit nous concernant.
Toujours on faisait. Faisait l’amour, faisait des conneries, faisait de l’art. On faisait des performances ensemble. Il faisait les peintures et moi je faisais les histoires. Il faisait le dîner et je faisais de l’argent. Apparemment tout ce faire avait plus d’importance que nos vies idiotes. Faire et faire.
L’art. L’expression de l’imagination humaine. Ou des émotions, qui ont été enfermées dans un corps, déversées partout.
Toujours il m’a fait rire. Je n’avais pas ri depuis l’âge de dix ans. C’était dangereux de rire, enfant, et plus tard dans la vie quand j’ai perdu ma fille, le rire faisait trop mal. (...)
J’aurais fait n’importe quoi pour lui. L’amour jusqu’à la mort. Et…
Nom de Dieu.
Je mens déjà. Je rends ça très littéraire.
C’était plus compliqué que ça. Bien plus.
Comme cette image de lui assis, voûté d’avoir bu, contre le mur d’un aéroport, pendant que j’achetais nos billets pour rentrer à Reno, Nevada. Moi qui étais déjà émoussée par l’alcool. Moi qui l’ai regardé une longue minute. Moi qui ai fourré le billet dans sa poche, qui ai laissé tous nos bagages autour de lui et qui ai pris un avion sans lui.
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Videos de Lidia Yuknavitch (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lidia Yuknavitch
Béatrice Duval - Éditions Denoël .Béatrice Duval vous présente la rentrée littéraire 2014 aux éditions Édition Denoël : "La mécanique des fluides" de Lidia Yuknavitch http://www.mollat.com/livres/yuknavitch-lidia-mecanique-des-fluides-9782207117552.html "La mort d'un père Volume 2 : Un homme amoureux de Karl Ove Knausgaard" http://www.mollat.com/livres/knausgaard-karl-ove-mort-pere-homme-amoureux-9782207110010.html "Le clan suspendu" d'Étienne Guéreau http://www.mollat.com/livres/guereau-etienne-clan-suspendu-9782207118108.html "Gueule de bois" d'Olivier Maulin http://www.mollat.com/livres/maulin-olivier-gueule-bois-9782207118290.html Notes de Musique : ?Mieux Vaut en Rire? (by 2methylBulbe1ol). Free Music Archive
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