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Citations sur Nous autres (298)

Traitons à l'acide l'idée de " droit ". Les plus sages des anciens savaient déjà que la force est la source du droit et que celui-ci n'est qu'une fonction de la force. Supposons deux plateaux de balance ; sur l'un se trouve un gramme et sur l'autre une tonne, je suis sur l'un, et les autres, c'est-à-dire " Nous ", l'État Unique, sont sur l'autre. N'est-il pas évident qu'il revient au même d'admettre que je puis avoir certains " droits " sur l'État Unique que de croire que le gramme peut contrebalancer la tonne ? De là une distinction naturelle : la tonne est le droit, le gramme le devoir. La seule façon de passer de la nullité à la grandeur, c'est d'oublier que l'on est un gramme et de se sentir le millionième partie d'une tonne...

Note 20.
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Après avoir vaincu la Faim (ce qui algébriquement, nous assure la totalité des biens physiques), l'État Unique mena une campagne contre l'autre souverain du monde, contre l'Amour. Cet élément fut enfin vaincu, c'est-à-dire qu'il fut organisé, mathématisé, et, il y a environ neuf cents ans, notre " Lex Sexualis " fut proclamée : " N'importe quel numéro a le droit d'utiliser n'importe quel autre numéro à des fins sexuelles. "
Le reste n'est qu'une question de technique. Chacun est soigneusement examiné dans les laboratoires du Bureau Sexuel. On détermine avec précision le nombre des hormones de votre sang et on établit pour vous un tableau de jours sexuels. Vous faites ensuite une demande, dans laquelle vous déclarez vouloir utiliser tel numéro, ou tels numéros. On vous délivre un petit carnet rose à souche et c'est tout.

Note 5.
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J'avais conscience de moi. Or, seuls ont conscience d'eux-mêmes, seuls reconnaissent leur individualité, l'œil dans lequel vient de tomber une poussière, le doigt écorché, la dent malade. L'œil, le doigt et la dent n'existent pas lorsqu'ils sont saints. N'est-il pas clair, dans ce cas, que la conscience personnelle est une maladie ?

Note 22.
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Comment dire… la vitesse de sa langue est mal réglée ; cette vitesse doit être toujours en retard d'un peu moins d'une seconde sur la vitesse de la pensée et ne doit, en aucun cas, la devancer.

Note 2.
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Je me rendis compte alors, par expérience personnelle, que le rire est la plus terrible des armes, on peut tout tuer par le rire, même le meurtre.

Note 35.
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On dit que les anciens pratiquaient le vote secret, en se cachant comme des voleurs. […] Pourquoi tout ce mystère ? nous n'en savons rien aujourd'hui. […] Nous n'avons rien à cacher, nous n'avons honte de rien, c'est pourquoi nous fêtons les élections loyalement et en plein jour. Je vois les autres voter pour le Bienfaiteur et ceux-ci me voient également. Pourrait-il en être autrement puisque " tous " et " moi " formons un seul " Nous " ? Cette procédure est beaucoup plus ennoblissante et plus sincère que celle en honneur chez les anciens, " secrète " et d'une couardise de bandits. De plus, elle est beaucoup plus conforme à son but, car, en supposant l'impossible, si une dissonance se produisait dans l'homophonie habituelle, nous avons les Gardiens, invisibles parmi nous, qui peuvent arrêter les numéros tombés dans l'erreur, les préserver de faux pas futurs et sauver l'État Unique.

Note 24.
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Demain, je reverrai le spectacle qui se répète d’année en année, générant chaque fois autant d’émotion : cette grande coupe d’unanimité – les mains levées en signe de vénération. Demain est le jour de l’Élection annuelle du Bienfaiteur. Demain, nous confierons de nouveau au Bienfaiteur les clés de la forteresse inexpugnable de notre bonheur.

Bien entendu, cela n’a rien à voir avec les élections désordonnées et désorganisées des anciens, lorsque – il y a de quoi rire ! – on ne connaissait même pas à l’avance le résultat des élections. Construire un État sur des hasards absolument impondérables, à l’aveuglette – quelle ineptie ! Et pourtant, il a fallu des siècles pour qu’on le comprenne.
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Chaque matin, avec une précision sextuplée, à la même heure et à la même minute, par millions, nous nous levons comme si nous ne faisions qu’un. À la même heure, par millions, nous nous mettons Unitairement au travail, et le soir, Unitairement, nous terminons notre journée. Fondus en un corps unique aux millions de bras, à la même seconde fixée par les Tables, nous portons notre cuiller à la bouche, à la même seconde nous sortons pour la promenade – nous nous rendons à l’amphithéâtre, dans les salles d’exercices de taylorisme, nous nous endormons…
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« Un de nous, au moment de sortir, découvrit un homme sans numéro. Je ne vois pas comment il a pu entrer. On l'a mené à l'Opératoire. On lui fera dire comment et pourquoi il est venu ici… »
Il avait un sourire charmant… Ce sont nos meilleurs médecins, parmi les plus expérimentés, qui travaillent à l'Opératoire, sous la direction du Bienfaiteur en personne. Il se servent d'instruments divers et en particulier de la fameuse cloche Pneumatique. En réalité, c'est l'application d'une vieille expérience d'école. On place une souris sous une cloche en verre et on raréfie l'air de la cloche à l'aide d'une pompe… Vous savez le reste. Seulement, notre Cloche Pneumatique est évidemment beaucoup plus perfectionnée ; on y emploie différents gaz. Ce n'est plus une amusette avec un petit animal sans défense ; notre but est plus noble : il s'agit de la protection de l'État Unique, autrement dit, du bonheur de millions d'êtres. Il y a cinq siècles, lorsque le travail dans l'Opératoire ne faisait que commencer, il se trouva des imbéciles pour le comparer à l'ancienne Inquisition ; mais c'est aussi absurde que de mettre sur le même plan le chirurgien faisant l'opération de la trachéotomie et le bandit de grand chemin. Tous les deux ont peut-être le même couteau, avec lequel ils font l'opération : ils ouvrent une gorge ; cependant l'un est un bienfaiteur, l'autre un criminel, l'un est marqué du signe plus, l'autre du signe moins… Tout cela est très clair, se comprend en une seconde, d'un seul tour de notre machine logique…

Note 15.
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" D'après des renseignements dignes de foi, on vient de découvrir les traces d'une organisation ayant jusqu'ici échappé aux recherches. Cette organisation se proposait de délivrer l'humanité du joug bienfaisant de l'État. "
Délivrer l'humanité ! C'est extraordinaire à quel point les instincts criminels sont vivaces chez l'homme. Je le dis sciemment : CRIMINELS. La liberté et le crime sont aussi intimement liés que, si vous voulez, le mouvement d'un avion et sa vitesse. Si la vitesse de l'avion est nulle, il reste immobile, et si la liberté de l'homme est nulle, il ne commet pas de crime. C'est clair. Le seul moyen de délivrer l'homme du crime, c'est de le délivrer de la liberté.

Note 7.
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