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EAN : 9782330023034
288 pages
Actes Sud (04/09/2013)
3.48/5   99 notes
Résumé :
Au mois de novembre sur l’île de Lanzarote : un séjour de plongée sousmarine se transforme en un jeu perfide de désir et de haine. L’instructeur, l’indolent Sven, est attiré dans un piège qui lui en apprendra autant sur lui-même que sur les autres. Aucun des protagonistes n’est celui qu’on imagine.
Et la vengeance est un plat qui peut parfaitement se consommer sous l’eau.

Décompression est un thriller intelligent et jubilatoire qui brocarde no... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
3,48

sur 99 notes
Jola et Théo viennent faire un stage de plongée sur l'île de Lanzarote. Actrice, la jeune femme prépare ainsi un futur premier rôle au cinéma. Ses relations avec Théo, un écrivain plus âgé, en manque d'inspiration, sont conflictuelles.
Sur l'île, ils sont hébergés par Sven, le moniteur de plongée, et sa compagne Antje. Très vite, Sven se sent attiré par Jola, qui ne fait rien pour le décourager, bien au contraire...
Mais qui manipule qui dans cette histoire ?

Juli Zeh cache bien son jeu ; il faut en effet attendre les toutes dernières pages pour comprendre qu'on s'est fait balader dans les plus de 250 qui précèdent.
Les personnages sont crédibles : le pas si vieil écrivain, cynique et désespéré par son manque d'inspiration ; la jeune actrice prête à tout pour réussir ; le moniteur séducteur séduit ; la compagne pas si consentante que ça...
Le milieu de la plongée est décrit de façon réaliste (non pratiquant, je ne saurais dire s'il l'est de façon crédible). le décor, l'île Lanzarote, est décrit avec juste la précision qu'il faut pour faire rêver, donc sans luxe de détails.
Le huis-clos, car il s'agit bien de cela entre les quatre personnages principaux, est clairement posé et astucieusement utilisé.
Ajoutons les qualités de conteuse de l'auteure, son écriture fine et millimétrée (bravo au traducteur, Matthieu Dumont), et l'on obtient un excellent bouquin, un thriller psychologique, dans une ambiance étouffante, bien caché derrière un roman basé sur le trio "conjoint-conjointe-amant" !
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Intrigant, troublant et dérangeant (dans le bon sens, si c'est possible), palpitant, mystérieux. C'est ainsi que je décris Décompression, ce thriller de Juli Zeh. Tout commence de façon anodine. Sven est un Allemand qui a tourné le dos à ses études en droit et a tout abandonné pour ce coin de paradis, l'île de Lanzarote, quelque part dans l'Atlantique. Il approche la quarantaine et se la coule douce à s'occuper des touristes et à faire de la plongée. Avec sa compagne Antje, ils forment un couple « down to earth » assez sympathique, nonchalent, qui jouissent d'un mode de vie que certains qualifieraient de quasi-idyllique. Puis arrivent Jola et Théo. « Ils n'avaient pas l'air de vacanciers » (p. 13) Déjà on sait que rien ne sera ordinaire.

D'autres diront que le début est plutôt lent, j'en conviens. Les descriptions du paysages, mêmes si elles occupent plusieus pages, servent surtout à mieux (essayer de) cerner les quatre personnages, qui formeront un genre de huis-clos dans l'immensité de ce coin de paradis. J'aime l'attention portée aux détails par Juli Zeh, toujours juste assez pour titiller le cerveau.

Parfois, la narration passe à Jola. Ou plutôt à son journal intime (des entrées qui dépassent rarement dix pages, mais qui permettent d'en apprendre beaucoup). Toutefois, plus on avance dans le temps, plus il est nécessaire de se demander si ce qu'elle y consigne est la vérité. Dans tous les cas, ça permet d'entrer un peu mieux dans le psychée de cette femme complexe. Parlant d'elle… Jolante von der Pahlen est une femme dans la trentaine. Fille d'un producteur de cinéma célèbre, riche, mariée à Théodore Hast, un écrivain obscur, désabusé et plus âgé qu'elle. Ce qu'elle veut, elle l'obtient. Presque toujours… Là, ce qu'elle veut, c'est une vraie carrière. Depuis trop longtemps elle interprète un rôle dans un téléfeuilleton et elle souhaite faire le saut au grand écran dans un rôle mémorable. Ce rôle, c'est celui de Lotte Hass, une plongeuse des années 1950. D'ailleurs, c'est la raison de sa venue à Lanzarote : effectuer un nombre illimité de plongées pour faire l'acquisition d'un certificat et d'un brevet.

Certains diront que le thème de la plongée est omniprésent. Moi, au contraire, je le trouve à sa place. D'abord, c'est la passion de Sven et la raison de venue de Jola sur l'île. C'est un point de rencontre, un élément de mystère et d'intrigue (ce qu'il peut s'en passer, des choses, sous l'eau !). Aussi, ça rend l'intrigue beaucoup plus réaliste. Ce n'est pas une histoire qui aurait pu se passer n'importe où et qu'on a transplanté à Lanzarote pour que ça fasse pittoresque, non. Tout est essentiel au déroulement.

Ce que j'ai aimé de ce roman, c'est cette ambiance, ce sentiment que quelque chose peut se produire à tout moment. D'où le fait que je classe parmi les thrillers, n'en déplaise à certains. Un accident en pleine mer, lors d'un plongée, un accident de voiture. Tout devient propice à une catastrophe qui semble éminente, à un mystère. « Les essuie-glaces luttaient fébrilement contre les paquets d'eau. La lumière des phares ne portait pas à cinquante mètres. Un renard dégoulinant se tapit au bord de la route. Il avait l'air misérable. Pour autant que je sache, il n'y a pas de renards sur l'île. » (p. 70). Par de simples courts paragraphes, parfois inutiles à l'intrigue, Juli Zeh réussit à nous faire entrer dans son univers étrange, malaisant, mystérieux. Plus on avance, plus le couple Jola-Théo semble fragile, on dirait plutôt deux êtres vivant côte à côte que des amoureux. D'ailleurs, les liaisons extraconjugales ne semblent pas un problème pour aucun des deux. L'important, c'est les projets professionnels de la femme mais, lorsqu'ils semblent compromis, tout se désintègre. Et le malaise qu'on a ressenti tout le long, il se transforme en angoisse.

Toutefois, ce que j'ai aimé de Décompression, c'est que Juli Zeh réussit à me surprendre comme lecteur. Elle me tient tout le temps sur mes gardes, un rebondissement apparaît là où je ne m'en doutais guère et, celui que j'attendais, il ne survient pas. Ou pas au moment que j'imaginais. Et que dire de cette finale ! Un autre auteur aurait terminé son roman sur une note dramatique, avec un coup d'éclat. Zeh, non. On croit que tout finit par se dissiper, même si plus rien n'est pareil (en tout cas pour Sven), et en même temps on en doute. C'est troublant et, en même temps, très intelligent. Vraiment le genre de livre que, si on s'en rend jusqu'au bout, on en reste imprégné. Wow !
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Lorsque l'on est en plongée, sous l'eau, on a l'impression que le temps s'arrête. D'être dans un autre espace-temps. L'univers sous-marin appelle à la régression, le retour au liquide amniotique, et même à une remontée dans l'évolution des espèces. Je m'y suis toujours senti en sécurité, comme protégé des turpitudes des contingences terrestres. Loin du vacarme qui nous envahit habituellement. La beauté des fonds sous-marins, que j'ai parfois comparé à un jardin, m'a toujours fait pensé à de la poésie. Je m'y sentais dans un état second. C'est tout à fait ce que ressent Sven, ce moniteur de plongée, qui a laissé son Allemagne natale pour fonder avec son amie un club de plongée aux Canaries. Suite à une déception professionnelle, il a décidé de tout quitter, de s'affranchir de la réalité économique, politique, sociale, bref, de la vie européenne. Son club fonctionne très bien, il est à peu près heureux, bien que la relation avec sa compagne devienne de plus en plus routinière. Mais, en somme, tout va bien.
Jusqu'à l'arrivée sur l'île, d'un couple fortuné, de la jet-set berlinoise, Jola von Pahlen, actrice qui doit obtenir son brevet de pongée pour l'obtention d'un rôle important et son compagnon, Théo écrivain assez connu. Ils ont payé très cher pour réserver l'exclusivité d'un stage de plongée pour 2 semaines. Mais très vite, les relations entre les 4 protagonistes vont tourner au cauchemar. Et peu à peu, sans que l'on sache vraiment à quel moment, le roman plutôt psychologique, va glisser vers le polar sociologique. Car, le monde que Sven voulait fuir, va lui revenir comme un boomerang. Les requins ne se trouvent pas uniquement sous l'eau. Je dis polar sociologique, mais je pourrais même parler de luttes de classes. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, aussi. Sven, avec son honnêteté assez naïve, va se faire méchamment manipuler par Jola et Theo, jusqu'au meurtre. "L'île entière était un champ de bataille. Je ne pouvais plus rester à l'écart de la mêlée. Mon espace vital venait d'être anéanti comme celui d'une espèce en voie de disparition. Mon existence n'était plus possible que sous la surface. Là où tout était ordre et beauté". Je n'en dis pas plus. Si vous aimez ce genre, lisez ce livre, vous ne le regrettez pas.
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Sven, la quarantaine, allemand et, après ses études de droit, s'est installé il y a une quinzaine années à Lanzarote pour y vivre de sa passion et devenir moniteur de plongée. Il vit avec Antje, qu'il a connu quand elle n'était encore qu'adolescente, et qui gère l'administratif de l'école de plongée et de la location de la petite maison de vacances qu'ils louent aux stagiaires. Quand un couple réserve les services de Sven pour deux semaines, celui accepte sans hésiter pour les rentrées financières particulièrement élevées, sachant qu'il devra être disponible à la fois pour les cours, le nombre illimité de sessions de plongée mais également pour les visites touristiques et sa connaissance de la vie nocturne de l'île. Quand Jola et Théo arrivent, Sven, troublé par la jeune femme va perdre assez rapidement ses repères...Jola trentenaire, fille à papa, vénéneuse, joue dans une série télévisée et se prépare pour un rôle important - tourner le biopic d'une plongeuse réputée, Théo, lui la cinquantaine, a publié il y a bien longtemps un roman qui a eu son petit succès, mais souffre depuis de l'angoisse de la page blanche...
La double narration, celle de Sven et celle de Lola - qui tient son journal, permet de créer la tension et le drame qui se font plus palpables au fur et à mesure des jours qui s'écoulent, et des relations toxiques dans le couple qui s'avèrent tantôt perverses, tantôt violentes; Jola se plaint de l'attitude de Théo dont elle dénonce la violence et cherche à se consoler auprès de Sven; quant à Théo, il noie ses problèmes dans l'alcool et dans des accès de violence qu'il semble oublier le lendemain. Sven tente de rester en dehors du couple mais est sans cesse attiré, provoqué et pris à témoin par l'un ou l'autre dans leur relation de couple toxique.

Avec Décompression, Julie Zeh arrive, par petites touches et grâce aux deux versions divergentes de l'histoire, à créer un huis clos où chacun des personnages énoncent une vérité qui n'est pas celle de l'autre. Entre scènes de ménages feutrées souvent cruelles et plongées où les incidents se succèdent, Julie Zeh balade le lecteur et l'emmène dans les profondeurs de l'âme humaine se jouant de ses héros malheureux pour certains, manipulateurs pour d'autres...Décompression est une première rencontre avec cette auteure et un thriller psychologique réussi, qui m'a séduit et m'a donné l'envie de connaître un peu plus le travail de Julie Zeh.
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Un couple de vacanciers, une île de rêve, un moniteur de plongée et sa compagne : tels sont les ingrédients de ce cocktail détonnant, et nous voila partis pour presque 300 pages de chassé-croisé entre ces personnages ayant tous des zones d'ombre dans un univers où le soleil tape du matin au soir.
L'univers de la plongée est omniprésent mais pas déplaisant du tout, même pour la novice que je suis. En revanche l'atmosphère est loin d'être celle à laquelle on s'attend sur cette petite île paradisiaque. Ici, les vacanciers comme les habitants vivent au rythme des marées, à la vitesse d'un plongeur qui découvre et s'émerveille de son environnement.
Mais il y a une énorme différence entre ce que l'on voit, ce que l'on croit et ce qui se passe réellement. Les personnages de ce roman nous entraînent donc dans un ballet aquatique hypnotique et malsain.
Le roman se lit facilement mais j'ai eu l'impression que chaque scène était un prélude à quelque chose d'horrible, de pervers ou d'angoissant.
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critiques presse (1)
Lexpress
01 octobre 2013
Un de ces contes cruels dont Juli Zeh a le secret.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
La quiétude nous enveloppa instantanément. Le silence particulier de la mer. Les mouvements ralentirent, la communication se transforma en une chorégraphie de signes et de gestes. Sous l'eau, les relations étaient simples, les besoins évidents et les réactions radicales. Plonger a dix mètres de profondeur, c’était entreprendre un voyage dans le passé, remonter de dix mille ans le fil de l’évolution naturelle - ou retourner au commencement de sa propre histoire. La ou la vie avait germé, en suspension et en silence. Sans langage, pas de concepts. Sans concepts, pas de justification. Sans justification, pas de guerre. Pas de guerre, pas de peur. Meme les poissons ne nous craignaient pas. Quelques-uns s’approchèrent par curiosité et nous accompagnèrent un moment. Lorsque nous agissions tranquillement, ils lançaient des regards soutenus en direction de nos masques. A l’intérieur des mondes exotique, le touriste était en même temps une attraction. J’étais fasciné par la paix qui régnait sous l'eau, ou proies et prédateurs cohabitaient en maintenant entre eux une certaine distance respectueuse ponctuellement abolie par les brèves résurgences de la faim, ce qui constituait moins une trahison qu'un processus sélectif universellement admis.
Malgré la houle, la visibilité était étonnamment bonne. Un des plus beaux sites de plongée de l’île se déployait devant nos yeux. L’étrange paysage volcanique se prolongeait sous l'eau, une ville pétrifiée faite de tours et de colonnes, de voûtes et de créneaux. Quand, la-haut, le soleil perça entre les nuages, nous nous retrouvâmes au milieu d'une cathédrale de bulles d'air ascendantes et de lumière. Je ressentis le bonheur comme un coup de poing.
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L'amour était selon moi un mélange d'arrangement social et de réaction psychosomatique. Je pensais que les gens comme Antje ressentaient de l'amour parce qu'on leur racontait partout qu'il devait en être ainsi. Depuis que nous avions couché ensemble la première fois, Antje me disait "Je t'aime". J'étais enfin capable de répondre "Moi aussi je t'aime". J'avais donc décidé d'appeler "amour" le fonctionnement pérenne d'une camaraderie. Et c'était d'ailleurs à peu près certain qu'Ante et moi avions au fond la même chose en tête.
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J'avais d'abord pris cela pour un hasard, puis pour une vue de l'esprit. Mais au dixième jour de ma rencontre avec Jola et Théo, cela devint une certitude. Les gens changeaient de trottoir quand ils m'apercevaient. Cela arriva trois fois de suite alors que nous dégustions une glace sur l'avenue touristique de Puerto del Carmen entre deux sessions de plongée. D'abord un groupe d'Espagnoles qui faisaient possiblement partie de la clique d'Antje. Puis un couple qui possédait peut-être une des maisons de vacances dont s'occupait Antje. Et enfin deux hommes âgés qui ne me semblaient pas avoir de rapport avec Antje ou moi. Tous se dirigeaient dans notre direction et, au moment où ils m'apercevaient, traversaient la chaussée pour poursuivre leur chemin de l'autre côté.
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Je compris peu à peu pourquoi je n'aimais pas la littérature. C'était, tout comme le droit, un art du jugement. L'auteur se conduisait comme un juge suprême, établissait des faits, citait des témoins à la barre et prononçait à la fin son verdict. Condamnation ou acquittement. Contrairement à la procédure judiciaire, il n'y avait cependant aucune possibilité de faire appel.
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Je compris peu à peu, pourquoi je n'aimais pas la littérature. C'était tout comme le droit, un art du jugement. L'auteur se conduisait comme un juge suprême, établissait des faits, citait des témoins à la barre et prononçait à la fin son verdict. Condamnation ou acquittement. Contrairement à la procédure judiciaire, il n'y avait cependant aucune possibilité de faire appel.
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L E S I T E ?? http://www.actes-sud.fr/brandebourg/
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