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EAN : 9782715231184
101 pages
Le Mercure de France (02/09/2010)
3.19/5   26 notes
Résumé :
On m’a attribué un rôle que je prends très au sérieux, n’en connaissant pas d’autre… Chien savant… Je dirais même caniche savant… Les rares fois où je suis en compagnie de mes parents, ce n’est jamais dans une situation d’enfant, mais toujours entourée d’adultes, et jouant moi-même le rôle d’une adulte miniature. C’est là que je désapprends à être ce que je suis : une enfant. J’apprends à dissimuler ce que je pense et à endosser mon costume de caniche : souriante, a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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🐶 « Pourquoi raconter cette étrange enfance d'animal de compagnie ? »
(P.58)

🐶 Un petit caniche. Pas une petite fille, pas une enfant. Un petit caniche. Alors qu'elle raconte son enfance, l'auteure définit ainsi ce qu'elle a été avec ses parents et les gens qui les entouraient. Entre la Tunisie, la France et l'Italie, ballottée de pays en pays, d'histoires simples en histoires compliquées, Dominique Zehrfuss lève le voile sur une jeunesse entièrement dénuée d'innocence, entre une mère capricieuse et caractérielle, révoltée et avant-gardiste (elle divorce deux fois avant de se marier avec le père de l'auteure) et un père aux petits soins, entièrement dévoué à celle qu'il aime plus que tout et de quelques années son aînée.

🐶 Dès son plus jeune âge, elle est mêlée aux discussions d'adultes, confrontée à leurs problèmes, leurs tourments, elle participe aux dîners étoilés qui tirent en longueur, aux soirées arrosées, elle entends les bruits, les éclats de voix et les reproches, elle subit les caprices et les exigences d'une mère qui n'en a aucun trait, et qui forcera la petite fille qu'elle était à chercher l'amour maternel chez toutes les femmes qui croiseront son chemin. Oui, face à une mère qui prend tant de place, lentement elle s'efface, jusqu'à prendre ce rôle d'objet, de personnage secondaire, de toutou docile qu'on emporte partout, de petit caniche si obéissant et tant dévoué à sa maîtresse.

🐶 Alors qu'elle se remémore tous ses souvenirs, l'heure est au bilan, à l'introspection et « comprendre pourquoi tout cela s'est passé ». « Adulte miniature », face aux situations les plus cocasses, comment devenir une adulte quand on n'a jamais été une enfant ? Comment devenir une femme quand on n'a jamais été fille ? Peut-être en trouvant chez l'autre, le compagnon, le confident, la même blessure, la même incompréhension, la même faille. Et se bâtir, ensemble. Pour grandir à deux et à défaut d'effacer, lisser les traits les plus obscurs de sa vie.
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Roman de Dominique Zehrfuss. Lettre Z de mon Challenge ABC critique de Babelio.

"Moi aussi, je fus un chien, dans une autre vie, un caniche. Les souvenirs remontent peu à peu à la surface. Quels étranges souvenirs, et comme ils me semblent irréels aujourd'hui... Je voudrais les écrire par bribes, un peu comme on se pince pour se prouver que l'on ne rêve pas. Et comprendre pourquoi tout cela s'est passé, pourquoi j'ai endossé la peau d'un caniche, un caniche d'une époque disparue. Mais si le monde change, les caniches, eux, restent toujours les mêmes." (p. 10)

La narratrice revient sur ses années d'enfance, sur son rôle de "caniche-cupidon" (p. 69) entre ses parents. Elle assiste à la comédie d'amour que jouent et rejouent ses parents. Adulte, elle cherche "comment raconter cette étrange enfance d'animal de compagnie." (p. 58) Elle a été l'enfant de l'amour mais aussi l'enfant-cocarde, celui porté haut pour prouver la réussite d'un couple au-delà des scandales. Issue du troisième mariage de sa mère, la narratrice a la tâche de justifier une union aux senteurs de souffre. "À moi, on m'a attribué un rôle que je prends très au sérieux, n'en connaissant pas d'autre... Chien savant... Je dirais même caniche savant... (Non pas chien sachant beaucoup de choses, mais chien dressé à jouer un rôle bien déterminé.) Les rares fois où je suis en compagnie de mes parents, ce n'est jamais dans une situation d'enfant, mais toujours entourée d'adultes, et jouant moi-même le rôle d'une adulte miniature. C'est là que je désapprends à être ce que je suis: une enfant. [...] J'apprends à dissimuler ce que je pense et à endosser mon costume de caniche: souriante, aux aguets, silencieuse, mais prête à répondre à toutes les questions que l'on me pose... [...] J'ai été le Robert Benzi, le Yehudi Menuhin, le Mozart des caniches." (p. 29)

Entre une mère orgueilleuse et impériale et un père soumis et zélé, l'enfant échappe parfois à la touffeur de cette parodie d'amour grandiose. Confiée à une famille italienne pour quelques vacances ou en compagnie de sa demie-soeur Danielle, elle goûte quelques instants d'enfance, avant de retrouver son enfer personnel. "Dans notre trio infernal, les rôles sont curieusement distribués. À ma mère, le rôle de la divinité. Mon père et moi sommes ses adorateurs. Elle n'a pas d'autres tâches dans la vie que de se faire vénérer. Nous avons peur de réveiller son courroux dont nous connaissons les conséquences désastreuses." (p. 83)

La narratrice rassemble des souvenirs faits de lettres, de textes, de photos et de récits entendus. Son témoignage est touchant, mais manque, à mon sens, totalement de crédibilité. le récit est autobiographique, se nourrit et se libère des traumatismes de l'auteure. Mais cette enfance de caniche est trop bizarre, trop incongrue et trop bouffonne pour être vraiment émouvante. C'est un récit familial trop amputé, si soumis aux ellipses et à l'indicible qu'il en devient inaccessible. Aussi troublant que soit le spectacle de cette enfant qui se noit dans la religion et le whisky pour sauver la paix familiale, aussi irritante que soit la parade éhontée de cette mère indigne et de cette femme orgueilleuse, aussi pitoyable que soit la soumission béâte de ce père fantoche, il manque à ce texte une émotion réaliste pour prendre corps dans l'esprit du lecteur.
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livre inclassable , très bien écrit. Toutefois on ne comprend pas bien ce que l'auteur veut nous raconter :

- une absence d'enfance : ayant été traitée comme un personnage adulte par ses parents?

- l' enfance malheureuse d'une petite fille riche?

- une enfant mal aimée par sa mère et sans doute aimée par un père un peu lâche....?_

- que seuls sont vrais les gens modestes "le petit personnel de maison" (nounous de toutes origines et tout particulièrement d'origine paysanne italienne.....)

quelque soit le projet de Dominique Zehrfuss on est pris par son récit et 99 pages se lisent en un après-midi.

Le personnage du père est celui que je trouve le plus surprenant ; connaissant un peu la vie professionnelle de cet homme : agence importante d'architecture, carrière professionnelle importante à la "grande époque" de l'architecture ,ou pour réussir ,outre du talent, il a du avoir une personnalité, du caractère, de l'autorité...comment l'imaginer à domicile , semblable à sa fille, sorte de caniche obéissant, faisant le beau, etc auprès d'une femme difficile, "hystérique ", invivable, c'est pratiquement inconcevable.

il n'est pas le sujet du livre, c'est Dominique l'héroïne ; le plus difficile pour elle, on l'imagine dans ce monde cultivé où elle côtoyait malgré son jeune âge " le grand monde" culturel de la IVe me république ainsi que celui du début de la Veme avec De Gaulle, a du d'être mal aimée par une mère égoïste.
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Du sud de la Tunisie, pays d'origine de sa mère et lieu de rencontre de ses parents, à Paris, où la narratrice est née et grandira, se déroule le fil des souvenirs et des témoignages du passé. La narration, légère, se teinte de la nostalgie des moments de bonheur, entre les bras d'une nurse pleine de tendresse, ou plus tard en Italie dans la famille de Maria, la bonne engagée par cette famille bourgeoise du Paris germanopratin. Pour le reste, il faut se débrouiller, apprendre à devenir le "caniche bien élevé" pour combler le manque d'amour et l'ennui d'une enfance ratée. le récit aurait pu tourner à la lamentation et à l'étalage des ressentiments. Mais non, il n'en est rien. Il s'agit d'un témoignage touchant, révélant toute la complexité des rapports humains. Il n'y a pas de bons et de méchants, il n'y a que des hommes et des femmes, qui s'aiment, se déprennent, font des erreurs tout en croyant bien faire. La vie, quoi…
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Je viens de terminer la lecture de « peau de caniche « le récit de Dominique Zehrfuss. J'avoue, je suis arrivée à ce livre par l'intermédiaire de Patrick Modiano… je lis ce grand écrivain. J'aime ce qu'il écrit. Et me voilà curieuse bien sûr de lui , sa vie … dites-moi qui vous aimez, dites-moi comment vous vivez , dites moi avec qui vous vivez, je vous dirai qui vous êtes … et me voilà donc tombée sur le récit de son épouse depuis de longues années…
… mais… pour écrire ce commentaire , peu importe que l'auteur soit l'épouse de Patrick Modiano. Ce récit a ses qualités propres. Dominique Zehrfuss écrit des livres pour enfants. On comprend pourquoi. Elle a vécu son enfance dans un conte pour enfants justement un conte douloureux , avec ses dangers , ses épreuves , un voyage initiatique extrêmement dur…. Un conte , en général , finit bien…
Le récit s'arrête lorsque l'auteur sort de l'enfance et lorsque la rencontre avec son futur compagnon de vie , qui sans doute lui a apporté de l'aide, parmi d'autres aides , bien sûr, de sa vie, est probablement imminente.

Je suis venue à ce récit par l'intermédiaire de Monsieur Patrick Modiano mais je parle bien ici du récit lui-même. C'est un récit tel que je les aime , un récit simple honnête , posé , passionnant … la vie de ses parents …. une femme qui va très très mal …. qui fait un mal fou autour d'elle…. Un père qui ne peut vivre autrement que sous le joug de sa femme … et l'enfant qui tente de survivre …
Voilà l'histoire . le récit est concret, nourri de la souffrance d'une enfant. Je l'ai adoré. Et j'aurais aimé lire d'autres livres de cette femme…
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critiques presse (1)
Liberation
16 juillet 2012
Rédigé dans un style sobre, empreint de détresse et d’humour, baigné d’odeurs et de couleurs - celles de la Tunisie, pays d’origine de la mère -, ce texte n’a qu’un défaut : il est l’unique témoignage de celle qui, un jour, a fini par rencontrer «un autre chien perdu sans collier», grâce à qui elle a quitté ses «oripeaux de caniche» pour devenir «peu à peu un être humain».
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"À moi, on m'a attribué un rôle que je prends très au sérieux, n'en connaissant pas d'autre... Chien savant... Je dirais même caniche savant... (Non pas chien sachant beaucoup de choses, mais chien dressé à jouer un rôle bien déterminé.) Les rares fois où je suis en compagnie de mes parents, ce n'est jamais dans une situation d'enfant, mais toujours entourée d'adultes, et jouant moi-même le rôle d'une adulte miniature. C'est là que je désapprends à être ce que je suis: une enfant. [...] J'apprends à dissimuler ce que je pense et à endosser mon costume de caniche: souriante, aux aguets, silencieuse, mais prête à répondre à toutes les questions que l'on me pose... [...] J'ai été le Robert Benzi, le Yehudi Menuhin, le Mozart des caniches." (p. 29)
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"Mon père et moi sommes unis par la peur. Comme deux soldats dans la même tranchée, nous attendons, le souffle court, la déflagration qui ne manquera pas de se produire. Nous savons déjà qu'après rien ne pourra plus arrêter le déluge de violence et de colère .. Et même, ce déluge, nous l'attendons avec un léger vertige, comme des boxeurs avant un combat. La différence est que nous ne rendons pas les coups. Nous savons que quoiqu'il arrive, le pire sera au rendez-vous."
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"Moi aussi, je fus un chien, dans une autre vie, un caniche. Les souvenirs remontent peu à peu à la surface. Quels étranges souvenirs, et comme ils me semblent irréels aujourd'hui... Je voudrais les écrire par bribes, un peu comme on se pince pour se prouver que l'on ne rêve pas. Et comprendre pourquoi tout cela s'est passé, pourquoi j'ai endossé la peau d'un caniche, un caniche d'une époque disparue. Mais si le monde change, les caniches, eux, restent toujours les mêmes." (p. 10)
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"Dans notre trio infernal, les rôles sont curieusement distribués. À ma mère, le rôle de la divinité. Mon père et moi sommes ses adorateurs. Elle n'a pas d'autres tâches dans la vie que de se faire vénérer. Nous avons peur de réveiller son courroux dont nous connaissons les conséquences désastreuses." (p. 83)
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Pour mon anniversaire non plus pas de chichis. Mon père m'emmène dans un grand magasin choisir un cadeau, et on n'en parle plus; Je découvrirai plus tard chez les autres le rituel des fêtes de famille, et j'aurai vraiment l'impression d'avoir raté quelque chose....
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Vidéo de Dominique Zehrfuss
Dominique Zehrfuss, "Peau de caniche" ."On m?a attribué un rôle que je prends très au sérieux, n?en connaissant pas d?autre? Chien savant? Je dirais même caniche savant? Les rares fois où je suis en compagnie de mes parents, ce n?est jamais dans une situation d?enfant, mais toujours entourée d?adultes, et jouant moi-même le rôle d?une adulte miniature. C?est là que je désapprends à être ce que je suis : une enfant. J?apprends à dissimuler ce que je pense et à endosser mon costume de caniche : souriante, aux aguets, silencieuse, mais prête à répondre à toutes les questions que l?on me pose? Sachant aussi simuler une attention aiguë, pour faire oublier que ma place n?est pas là où je me trouve."
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