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Alain Dorémieux (Traducteur)
EAN : 9782070306978
256 pages
Gallimard (09/03/2006)
3.19/5   67 notes
Résumé :
Branché directement sur le cerveau de ses patients, Charles Render y injecte des songes de sa composition.
Maître dans son domaine, il est l'auteur des mondes imaginaires les plus achevés. Eileen Shallot, belle à se damner, aveugle de naissance, se présente un jour à sa porte. Elle veut voir le monde par les yeux de Render, à travers ses rêves. Ensemble, ils vont arpenter les univers qu'il a créés pour elle. Mais un jour Eileen refuse de s'arracher aux rêves ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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"Les dieux aveuglent ceux qu'ils veulent perdre." (proverbe grec)

Le maître des rêves est le premier roman de Roger Zelazny (il est paru en 1965 en magazine sous le titre « He who shapes », « Le Façonneur ») et il a reçu le Prix Nebula du meilleur court roman.
Charles Render est un « Façonneur », autrement dit un psychiatre « neuroparticipant » qui crée des rêves permettant à ses patients endormis de découvrir leurs désirs cachés. Cette pratique nécessite une maîtrise, un art, qui est aussi évidemment une métaphore de la création littéraire.
Render rencontre une autre psychiatre, Eileen Shallott. Celle-ci est aveugle et demande à Render de lui faire voir le monde, de façon à ce qu'elle aussi puisse devenir une « façonneuse ». Mais cette demande est risquée, car Eileen pourrait perdre totalement le contrôle de ses émotions en découvrant tout ce dont elle a été privée, basculer dans la folie et y entraîner Render. Mais Render a confiance en ses capacités et veut réaliser ce qui n'a jamais été tenté auparavant…
Render et Eileen sont deux personnages tragiques. Render est victime de son « hubris », il est trop sûr de lui, alors qu'en fait il a été meurtri par la mort de sa femme et de sa fille quelques années auparavant, ce que montre d'ailleurs son comportement vis-à-vis de son fils qu'il surprotège ; il néglige toute une série d'expériences de ses confrères qui ont mal tourné ainsi que les avertissements de celui qui l'a formé. Quant à Eileen, elle aussi refuse de prendre en considération toute une série de signes inquiétants.
Dès lors, la catastrophe semble inéluctable…
Le roman comporte de nombreuses références qui auraient gagné à être explicitées par quelques notes de l'éditeur. le début se réfère à la mort de Jules César (voir le récit de l'historien Suétone, repris par Shakespeare dans sa pièce Jules César), mais pour sa démonstration, Render fait mourir le lieutenant de César, Marc-Antoine, au lieu de César ! de même les pages qui concernent Tristan : pensant qu'Yseult ne viendra pas le retrouver parce qu'on lui annonce que son bateau porte une voile noire, il en meurt de désespoir…
Une oeuvre tout à fait fascinante.
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Charles Render est un Façonneur, un psychiatre de la nouvelle génération. A l'aide d'une machine, il invite ses patients dans un monde imaginaire, qu'il crée pour eux, par la force de son psychisme, pour les confronter à leurs peurs, à leurs angoisses, à leur inconscient. Technique incroyablement efficace pour les patients, elle en est d'autant plus dangereuse que, offrant la possibilité de matérialiser les effets de transfert et de contre-transfert, elle implique de la part du professionnel un contrôle sans faille de sa psyché, sous peine de finir perdu dans ce monde irréel.
Si la vie personnelle de Render laisse à désirer (sa femme et sa fille sont mortes dans un accident, il n'est pas très proche de son fils, ni sur la même longueur que sa compagne), il est en revanche le meilleur des Façonneurs. C'est pourquoi Eillen Shallot le contacte. Psychiatre également, elle veut être formée à la pratique de l'unité de transmission-réception neurale (la "matrice" permettant la création des mondes) pour devenir Façonneur à son tour. Mais Eillen est aveugle de naissance. Render hésite entre le danger d'accompagner cette jeune femme séduisante dans un monde dont elle verra les formes et les couleurs et les honneurs et la renommée qui retomberont sur le premier Façonneur à avoir travaillé avec une aveugle.

Roger Zelazny est un auteur de science-fiction qui a entre autres reçu 6 fois le prix Hugo. "Le maitre des rêves", publié en 1966, est son deuxième roman et est la version longue de la nouvelle intitulée "Le façonneur" (« He who shapes ») récompensé par le prix Nebula en 1965.

Dans ce court roman, on retrouve déjà un certain nombre des thèmes qui seront repris dans l'ensemble de l'oeuvre de Zelazny : le héros un peu désabusé avec des capacités hors du commun, assumant une responsabilité vis-à-vis des autres (tout comme le Sam du "Seigneur de lumière" par exemple), l'idée de l'homme au coeur de la création de mondes et/ou de mondes parallèles (thème central du cycle des Princes d'Ambres par exemple), une exploitation importante des ressources de la psyché (je pourrai citer « L'oeil de chat »), des références à la mythologie (qui parsèment toute la bibliographie de l'auteur), une intimité forte entre rêve et réalité, etc...

Comme souvent dans ces oeuvres, le récit est constitué d'une trame principale et d'éléments étranges et digressifs, pièces annexes d'un puzzle qui ne trouveront leur place que plus tard. Cette structure narrative caractéristique mais peu conventionnelle est maintenue par une écriture parfois âpre, souvent évocatrice, voire même poétique, laissant la part belle à l'imagination et à l'interprétation du lecteur.
"Qui suis-je ?" interrogea-t-il.
Elle garda le silence, mais quelque chose lui répondit, dans un éclaboussement d'eau à la surface du lac : "Vous êtes Render, le Façonneur."
"Oui, je me souviens" fit-il ; et, concentrant sa pensée sur le seul et unique mensonge qui pourrait rompre l'illusion, il se força à prononcer : "Eillen Shallot, je vous hais."
Le monde frissonna et tournoya, secoué par un gigantesque sanglot.

Que dire d'autre du "Maitre des rêves" ? J'ai beaucoup aimé plonger dans cet univers à peine SF (en dehors de la matrice et des voitures autoguidées, on se croirait en 2013) qui bouscule le lecteur dans ses habitudes et ses convictions. Homme ou démiurge, rêve ou réalité, normalité ou folie, les frontières sont minces, et comme dans le symbole chinois du Yin et du Yang, tout est dans tout.
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Le livre est court, la lecture est donc vite pliée. Et globalement, ce n'est pas plus mal.
Je n'ai pas détesté cette lecture, mais arrivée au terme de celle-ci, je suis franchement sceptique.

L'histoire ne repose sur aucune trame, il n'y a aucun fil conducteur. D'un chapitre à l'autre, d'un paragraphe à l'autre, on passe de personnage en personnage, de situation en situation de manière totalement aléatoire et sans qu'il y ait vraiment de sens ou de rapport avec l'histoire de base.
Je m'attendais vraiment à suivre Render au plus proche de son métier, mais en réalité, cela ne concerne que quelques passages du livre. Bien sûr, ça reste l'histoire principale, donc elle est toujours en arrière plan, néanmoins, on voit apparaître certaines scènes (comme les récits des deux fêtes de fin d'années) qui n'ont aucun rapport avec le reste. de même pour certains personnages : quel est vraiment le but de la présence de Jill, de Peter, voire de Sigmund ? Il doit bien y avoir quelque chose de plus, mais quoi ?

Du coup, on a vraiment l'impression que l'auteur nous a donné un puzzle avec les pièces en vrac en nous disant de nous débrouiller pour reconstruire le tout.
Il faut aussi noté que certains passages avec du vocabulaire très spécifique et très ciblé scientifique sont un peu pénibles à lire.

Après, il y a quand même une idée de fond que j'ai trouvé très intéressante. Il est d'ailleurs dommage que ça ne soit pas plus approfondis et de manière plus accessible. Car s'il est compliqué de suivre Render dans tout son étalage scientifique, la partie application de son métier est par contre fascinante. J'ai adoré les récits de ses séances avec Eileen.
De la même façon, les réflexions du personnages ne manque pas d'intérêt... si seulement on voyait où il veut en venir !

Je suis donc vraiment mitigée.
Le livre m'a semblé trop décousu, il manque vraiment un fil conducteur à suivre pour rentrer pleinement dans l'histoire. Et la fin, bien que très prévisible, manque de clarté. le roman s'achève sur énormément d'interrogations et s'il est possible d'émettre des hypothèses pour certaines, d'autres restent définitivement incompréhensibles.
En matière de délires sur le réel et l'irréel, je préfère me tourner vers K. Dick, c'est beaucoup plus limpide.
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Finalement, ce livre a eu pour moi deux facettes ; d'un côté, un thème captivant articulé autour d'idées ingénieuses, truffé de références et de symboles d'origines diverses, qui se lit facilement et donne l'impression d'être d'un abord assez simple, et contenant une part indéniable de poésie et d'onirisme.
De l'autre, un récit qui s'est avéré en fait beaucoup plus complexe que prévu, qui semble n'avoir pas livré tout son potentiel, et dont on continue de chercher à comprendre le sens profond après l'avoir refermé.
Malheureusement je n'ai pas réussi à réellement m'attacher aux personnages… J'ai trouvé leur personnalité et leur psychologie trop peu fouillées, trop abstraites, et j'ai été fréquemment déstabilisée par toutes les transgressions et les passages énigmatiques, comme si chacun d'entre eux détenait un profond sens symbolique m'échappant trop souvent.
J'ai trouvé un peu dommage que l'auteur ne se donne pas la peine de décrypter les messages subliminaux qu'il a insérés tout au long de l'histoire.
Du coup, subsiste en moi cette impression mi-figue mi-raisin...
Je n'ai pas tout compris et je quitte ce roman avec un sentiment que je n'aime pas ressentir à la fin d'un livre ; celui d'avoir l'impression d'être passée à côté de quelque chose de fort pour apprécier l'histoire à sa juste valeur…
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Le Maître des rêves m'a laissée un peu perplexe, à tel point que je n'ai compris la fin seulement grâce à ma lecture préalable du résumé…
L'histoire en elle-même est intéressante, l'univers proposé est peut-être à peine assez développé et j'ai eu du mal à accrocher aux personnages. Par contre, j'ai bien aimé l'écriture et la certaine poésie qui se dégage du texte.
Je suis restée spectatrice de l'histoire, comme devant un tableau abstrait ou de la danse contemporaine : c'est joli, ça a l'air intéressant, mais on ne comprend pas forcément.
Il y a aussi des morceaux de textes qui n'ont rien à voir avec l'histoire. En soi, cela ne me dérange absolument pas, on pense qu'à la fin, tout va se recouper… Et non, la dernière page est arrivée et j'ai fini le livre avec l'impression d'être un peu passée à côté du message de l'auteur. C'est dommage, parce que j'aime bien quand les choses sont expliquées ou au moins suggérées, mais là… rien, où alors c'est moi qui n'ai pas du tout été attentive !
Je relirai sans doute ce livre un jour, pour me refaire un avis.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La puissance d’une névrose est inimaginable pour la majorité des gens (…) C’est pourquoi aucun neuroparticipant n’acceptera de soigner un névrotique. Les rares pionniers qui se sont aventurés dans ce domaine sont eux-mêmes aujourd’hui sous thérapie. Ca revient à plonger dans un maelstrom. Si le thérapeute perd pied au cours d’une séance, il n’est plus le Façonneur, mais le Façonné.
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"Quel est le plus beau spectacle auquel vous ayez assisté ?
- La submersion de l'Atlantide.
- Je parlais sérieusement.
- Moi aussi.
- Il va falloir que vous m'expliquiez ça !
- J'ai personnellement englouti l'Atlantide, déclara-t-il. Il y a trois ans. Et bon Dieu c'était superbe ! La ville n'était que tours d'ivoire, minarets d'or et balcons d'argent. Des ponts d'opale décorés de banderoles pourpres y enjambaient un fleuve laiteux bordé de rives couleur citron. Des clochers de jade et des arbres vieux comme le monde chatouillant la panse des nuages. Des navires aussi délicatement construits que des instruments de musique et bercés par le flux et le reflux mouillant dans le port maritime de Xanadu. Et les douze princes du royaume tenaient leur cour au centre des douze piliers du Coliseum du Zodiaque, écoutant un Grec jouer du saxo ténor sous les flammes du crépuscule.
"le Grec en question, bien entendu, était un de mes patients : un paranoïaque."
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Qui suis-je ?" interrogea-t-il.
Elle garda le silence, mais quelque chose lui répondit, dans un éclaboussement d'eau à la surface du lac : "Vous êtes Render, le Façonneur."
"Oui, je me souviens" fit-il ; et, concentrant sa pensée sur le seul et unique mensonge qui pourrait rompre l'illusion, il se força à prononcer : "Eillen Shallot, je vous hais."
Le monde frissonna et tournoya, secoué par un gigantesque sanglot.
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Il se promenait à nouveau avec elle.

Là où la panthère va et vient sur les branches des arbres…

Ils se promenaient ensemble.

Là où le cerf se retourne avec furie contre le chasseur…

Elle avait posé les mains de chaque côté de ses tempes, les doigts écartés, et avait regardé Render en l’interrogeant muettement.
« Ce sont les andouillers, » avait-il confirmé.
Le cerf s’était approché.
Elle avait touché les andouillers, palpé le museau, examiné les sabots de la bête.
« Oui, » avait-elle opiné. Le cerf était parti et la panthère lui avait sauté sur le dos pour le saisir à la gorge.
Elle avait regardé le cervidé tenter de pourfendre le félin avant de mourir. Puis avait détourné les yeux quand la panthère avait commencé à lacérer la carcasse.

Là où le serpent à sonnette s’enroule au soleil sur un rocher…

Le serpent jaillissait en avant pour mordre, tout en crépitant.
« Pourquoi de tels animaux ? » demanda-t-elle à Render.
« Il ne faut pas connaître que les choses idylliques, » répondit-il en lui montrant autre chose.

Là où l’alligator au corps pustuleux dort au bord du bayou…
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Chère Image du Père,
Oui, le collège est bien, ma cheville s'arrange et mes camarades sont sympathiques. Non, je ne manque pas d'argent de poche, je ne suis pas mal nourri et je n’ai pas de difficultés à m'adapter. Ça te va ?
Je ne décrirai pas le bâtiment, puisque tu as déjà vu le macabre objet. Et je ne peux décrire les terrains, car ils sont enfouis sous des draps blancs. Brrr ! Quand je pense à ton goût des sports d’hiver ! Je ne partage pas ton enthousiasme pour l'opposé de l'été, sinon comme sujet de carte postale ou comme emblème sur les emballages des cornets de glace.
Ma cheville inhibe ma mobilité et mon compagnon de chambre est parti chez lui pour le week-end — deux choses qui sont de vraies bénédictions (comme aurait dit Pangloss), puisqu'elles me donnent l’occasion de me consacrer à la lecture. Ce que je vais faire tout de suite.
Ton fils prodigue,
Peter
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