Quand je me suis lancée dans la relecture de cette saga, je pensais m'en souvenir assez bien. Après la lecture de ce tome, je me rends compte que finalement, une dizaine, voire une quinzaine d'années efface plutôt bien la mémoire, parce que j'ai redécouvert ce livre presque comme si je ne l'avais jamais lu.
L'histoire se déroule environ 1000 ans après le premier tome. Une civilisation aux tendances médiévales a prospéré sur Ténébreuse, et les humains ont développé des pouvoirs psi, appelés laran. Les grandes familles cultivent ces dons grâce à un programme de sélection génétique conduisant à des mariages arrangés, et souvent consanguins, pour produire des enfants doués d'une grande puissance. Mais ils ne survivent souvent pas à la naissance, ou meurent à l'adolescence quand leur laran se développe.
Nous suivons ici Dorilys, âgée de onze ans et unique héritière du seigneur Mikhail d'Aldaran. Elle possède le pouvoir de contrôler les orages, mais son caractère capricieux et son absence de maîtrise de ce pouvoir la rendent de plus en plus dangereuse. Son père décide alors de demander de l'aide, et Renata Leynier, accompagnée par Allart Hastur d'Elhalyn, est envoyée pour apprendre à la fillette à contrôler son talent.
Dès les premières lignes, je me suis retrouvée emportée dans ce roman. Les personnages sont immédiatement attachants, et la lutte permanente qu'ils doivent mener entre leur devoir envers leur famille et leurs désirs personnels renforce le côté tragique et prenant du récit.
J'ai été particulièrement touchée par Allart, dont je n'avais pourtant pas le moindre souvenir. Peut-être que j'étais trop jeune à l'époque pour vraiment comprendre la profondeur de ce personnage et la souffrance morale que lui infligent ses actions, mais cette fois-ci il m'a vraiment marqué. Et puis un livre de fantasy dont l'un des personnages principaux est un homme que l'on pourrait qualifier de féministe, c'est suffisamment rare pour être souligné (même si c'est assez récurrent chez
Marion Zimmer Bradley).
En effet, bien que l'histoire tourne autour de Dorilys, on ne peut pas vraiment dire que la fillette soit le personnage principal de l'histoire. Nous sommes davantage face à un roman choral, où les vies de tous les personnages s'entremêlent à ce moment précis, mais ils sont suffisamment bien travaillés pour que l'on sente qu'ils possèdent une existence en dehors du récit raconté ici.
Enfin, parlons de l'univers, qui est vraiment ce qui fait le charme de cette saga. Si le premier tome en avait posé certaines bases, nous y sommes ici complètement immergés. Nous sommes face à un monde résolument féodal, avec un roi et des seigneurs, dont les titres de noblesse dépendent en grande partie de la puissance du laran, et où les intrigues politiques et les guerres vont bon train. En même temps, certaines notions technologiques ont survécu, ce qui donne un mélange des genres absolument fascinant tout en restant très crédible.
En conclusion, j'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman extrêmement riche et bien construit. Je suis absolument ravie de l'avoir relu avec une nouvelle "maturité", et j'ai encore plus hâte de lire les autres tomes pour voir à quel point mon regard a pu changer au fil des ans.