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Natalie Zimmermann (Traducteur)
EAN : 9782266161305
416 pages
Pocket (15/11/2005)
3.75/5   371 notes
Résumé :
Baie de Naples, an 79.
La chaleur se fait de plus en plus étouffante pour les Romains en cette dernière semaine d'août. Une fin d'été ordinaire en Campanie si ce n'est la disparition mystérieuse de l'aquarius chargé de contrôler l'alimentation des environs en eau potable, une anomalie détectée sur l'Aqua Augusta et une étrange odeur de soufre qui flotte dans l'air. Etrangement, personne ne semble prêter attention à ces événements inhabituels.
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Pompéi retrace les événements qui se sont passés en Campanie lors de l'éruption du Vésuve, en l'an 79. Tout commence avec l'eau qui se tarit, ce qui oblige Attilius, l'ingénieur des eaux ou aquarius, et accessoirement le personnage principal de ce roman, à remonter l'aqueduc avec son équipe pour chercher des sources d'eau douce ou réparer les canalisations

D'autres événements étranges se produisent ensuite : les poissons meurent, le sol tremble, la mer se trouble alors qu'il n'y a pas de vent, les fontaines de Pompéi débordent... Attilius se retrouve alors entrainé aux côtés de la belle Corelia dans la vie hydraulique, mais aussi économique, politique, militaire et philosophique de Pompéi.

Si son histoire d'amour et d'aventure m'a semblé anecdotique, j'ai été passionnée par les anecdotes sur le quotidien de cette cité prospère de la Rome antique : rôle de l'aquarius, place des femmes, organisation de la vie publique, architecture, personnage de Pline l'Ancien...

De la même façon, les indices sur l'éruption qui se prépare, et que nous lisons bien mieux que les protagonistes, car nous connaissons le dénouement et disposons des textes de vulgarisation volcanologique que l'auteur place en introduction de chaque chapitre, m'ont tenue en haleine.

Je n'ai qu'une seule envie en terminant ce roman : visiter Pompéi et le Vésuve, et en savoir plus sur ces 4 fours fatals de l'an 79. Moi j'appelle ça une lecture qui tient ses promesses !
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Issu d'une longue lignée d'ingénieurs des eaux, Marcus Attilius Primus n'est pas peu fier d'avoir été nommé, malgré son jeune âge, aquarius de l'Aqua Augusta qui alimente en eau toutes les villes de la baie de Naples. Pourtant, sa prise de fonction se fait dans la douleur. Son prédécesseur a disparu, l'équipe lui est hostile et les problèmes sur l'aqueduc s'accumulent. Certes ce mois d'août de l'an 79 est particulièrement étouffant et sec mais cela explique-t-il que les réserves soient presque à sec et que l'eau restante sente le soufre ? Soutenu par l'amiral Caius Plinius -Pline- Attilius ferme les vannes et se rend à Pompéi pour trouver la faille sur l'aqueduc. Là-bas, l'eau et l'argent coule à flots. La ville marchande semble florissante, frivole et vénale aux yeux d'Attilius qui accepte de mauvaise grâce l'aide d'Ampliatus, un esclave affranchi qui dirige Pompéi en sous-mains. L'homme est détestable et autoritaire, il n'a de bon que Corelia, sa fille si belle qu'elle ébranle l'aquarius, jeune veuf qui ne pensait plus à l'amour depuis le décès de son épouse. Mais l'heure n'est pas aux sentiments, Attilius a une tâche à mener à bien et les éléments se liguent contre lui. La terre tremble et le Vésuve, montagne paisible en apparence, pourrait être aussi dangereux que l'Etna sicilien. Personne ne le sait encore à Pompéi mais les heures de la ville sont comptées...

Roman historique ou docu-fiction, Pompéi raconte les deux derniers jours de la ville de Pompéi, avant le fatal réveil du Vésuve. Point de suspense donc, puisqu'on connaît déjà l'issue dramatique pour la ville et ses habitants. Robert Harris choisit de raconter la catastrophe du point de vue d'un jeune ingénieur des eaux venu de Rome qui découvre la région et surtout Pompéi, la ville de tous les excès où les jeux de pouvoir sont menés de main de maître par l'odieux Ampliatus, un ancien esclave qui a une revanche à prendre sur la vie.
Le roman vaut surtout pour les descriptions techniques de l'acheminement de l'eau par les aqueducs et le souci apporté pour rendre compte très précisément de l'éruption du Vésuve. Sinon, Harris ne donne pas dans la finesse : des affrontements entre les bons et les méchants, un soupçon de romance et une fin trop vite expédiée.
Une lecture très instructive mais qui manque de souffle romanesque.
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Les derniers jours de Pompéi avec comme personnage central Attilius, aquarius (ingénieur des aqueducs) de l'Aqua Augusta, arrivé il y a quelques jours, son prédécesseur ayant disparu.

Jeune, il doit se faire une place, respecter par les employés de l'aqueducs et être pris au sérieux par les édiles. L'eau n'arrive plus à Misène, fin de l'aqueduc, seul Pompei est encore desservi. Attilius et des ouvriers partent à Pompéi afin de remonter l'aqueduc jusqu'au bouchon et réparer. Des vibrations se font se sentir depuis plusieurs jours et des vapeurs s'élèvent sur les flancs du volcan.

Entre les conflits de pouvoir, la prévarication et la haine manifeste entre les puissants, Attilius va être un guide de haut niveau qui me rappelle que notre société moderne n'a rien inventé tant au niveau adduction d'eau qu'avec la soif de pouvoir. Petit à petit on a vu se construire la disparition de Pompéi et d'Herculanum.

J'ai moins apprécié la description qu'il a donné de Pline l'Ancien car même s'il parle de ses études et de ses écrits, il semble le trouver un peu gros, dolent et limite irresponsable ! Je trouve qu'il méritait mieux que ça surtout sur cette période. Quant à la romance, elle était totalement dispensable !

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Plutôt agréablement surprise par ce roman, qui loin d'être un coup de coeur, reste distrayant et original de par son thème et sa narration.

Robert Harris nous invite à revivre les deux derniers jours de la tristement célèbre ville de Pompéi à travers les yeux d'un seul personnage. Il s'agit d'Attilius, jeune ingénieur chargé de veiller sur l'approvisionnement en eau et sur l'aqueduc. Il a hérité du statut d'aquarius par sa famille -plus particulièrement du grand Agrippa - et c'est un rang qui sied parfaitement à son esprit intègre et avisé. Mais voilà qu'une succession de signes annonciateurs et de problèmes s'amoncellent et compliquent sa tâche. Plusieurs villes sont privées d'eau, et à certains endroits elle est même empoisonnée par le souffre. Commence alors pour le jeune homme une investigation au cours de laquelle, il va s'employer à trouver l'origine du problème. Parallèlement, il tentera de percer à jour la disparition d'Exomnius, son prédécesseur, mystérieusement volatilisé dans la nature. Attilius va à la fois, tenter de gagner le respect de dignitaires romains hauts placés et pas toujours conciliants, et régulariser au plus vite cette pénurie d'eau qui commence déjà à créer de fortes tensions. Nous voilà donc d'entrée de jeu, propulsés au coeur même de la Rome antique, dans un décor criant de réalisme et un climat empli de troubles. Si j'avais une vague idée des moeurs de l'époque, Robert Harris me conforte dans l'idée que ce n'est définitivement pas une époque à laquelle j'aurais aimé vivre. Pourtant, et comme beaucoup je pense, c'est la curiosité qui m'a poussée vers cet ouvrage, dans l'espoir d'en savoir un peu plus sur cette fameuse tragédie, qui angoisse, impressionne et surtout fascine.

Tout l'intérêt du récit, réside non pas dans sa finalité, que tout le monde connaît déjà, mais dans l'exploration et la chasse aux indices d'Attilius. C'est intéressant et captivant de voir comment il va se débrouiller pour gagner à la fois le respect des hommes qu'il dirige mais aussi et surtout de savoir si sa réparation aura gain de cause. Et bien sûr s'il parviendra à s'enfuir avant que l'inévitable se produise...

Même si l'aspect très théorique et cartésien est assez développé -notamment sur les techniques de gestion de l'eau- à ma grande surprise, les pages avaient plutôt tendance à défiler toutes seules.
C'est donc une histoire relativement prenante, qui n'a rien d'exceptionnel, avouons-le, mais Robert Harris a un certain talent pour intéresser et intriguer son lecteur. Il a fait le choix très judicieux de découper son récit en quatre grandes parties, qui coïncident respectivement avec l'avant-veille, la veille et le jour même de l'éruption. La tension monte progressivement, avec le palpitant décompte des heures chapitre par chapitre, et le franchissement graduel des paliers de l'éruption. Je ne parlerai pas de la véracité historique dans les dates, ou dans les évènements relatés, mais il est clair, que l'auteur a fait de sérieuses recherches. le récit est très détaillé que ce soit en matière de techniques de gestion de l'eau, de secousses sismiques ou encore sur les rudiments de la navigation. Chaque début de chapitre renvoie à un extrait de texte scientifique, qui interpellera moyennement les plus littéraires d'entre nous, mais qui prouve que l'auteur s'est honnêtement documenté sur le sujet. On ne peut que saluer sa volonté de faire corréler signes avants-coureurs et preuves scientifiques. Il intègre harmonieusement véracité historique et éléments imaginaires, le tout dans un aspect romancé qui fait de ce livre une bonne entrée en la matière. de même que les personnages inventés côtoient des figures historiques très connues, il n'est pas nécessaire d'être un fin connaisseur de l'antiquité pour reconnaître certains noms qui ont marqué L Histoire. Ce roman m'a vraiment donné envie de renouer avec l'antiquité, que j'avais très brièvement étudiée en cours de latin. Suite à cette lecture, j'ai envie de continuer sur ma lancée et de chercher des ouvrages pour approfondir ce sujet passionnant.

La grande part de réussite de ce roman, tient sans conteste, dans le choix des personnages. L'auteur nous propose une figure principale qui a le net avantage de s'apparenter au commun des mortels. Attilius est un homme profondément marqué par un drame familial, c'est un des seuls à rester honnête dans ce milieu largement corrompu et cerise sur le gâteau, il ne croit ni en la religion ni à la philosophie. En effet, il se gausse assez facilement des coutumes de ses contemporains, qu'il juge grotesques et parfois trop cruelles. Ce qui fait de lui un personnage atemporel auquel tout lecteur peut s'apparenter facilement. Il suscite donc d'emblée la sympathie à la fois par son caractère authentique, sa façon de penser, mais aussi sa manière de s'opposer aux dirigeants. Ces derniers, nombreux au tableau sont tous dépeint comme cupides, corrompus, malveillants, mais plus ils sont décriés, plus Atillius apparaît donc comme un modèle de bonté. Mais il n'est pas le seul, puisque, étonnamment, le charismatique Pline, est dépeint en véritable héros courageux, qui n'hésite pas à aller au devant de sa propre mort. Une fois encore, si comme tout le monde, je connaissais la réputation de cet homme, désormais j'ai envie de m'intéresser de plus près à ses écrits. Après tout, si ce qui est dit dans le roman a un soupçon de vérité, c'est un homme qui semblait apprécier la nature et la respecter, et il est possible que je me découvre des atomes crochus avec sa pensée.

Pour accentuer le côté larmoyant de l'instant, l'écrivain inclut inévitablement de l'amour dans son récit. Attilius, déjà fort occupé, aura donc la chance de tomber sur la séduisante Corelia, tout aussi affable que lui, qui se trouve aussi être la fille de son pire ennemi, Antilius. Cela rajoute sans conteste une grosse part de suspens mais pas d'inquiétude, le tout reste très vertueux et apporte même une fin ouverte que j'ai vraiment appréciée. Je remercie donc l'auteur pour ce côté un peu fantaisiste, qui permet sans doute de toucher un public plus large, sans toutefois tomber dans l'exagération. A travers son héros, et ses choix narratifs, Robert Harris frôle de très près la légende, et clôt son ouvrage sur une note très poétique, voire épique.
Pompéi est donc un cocktail détonnant qui mêle histoire, stupéfaction, enquête et amour, le tout dans une course contre la montre qui ne cesse d'aller crescendo.

En conclusion, je dirais que c'est une lecture plaisante, très palpitante, qui permet de passer un bon moment. S'ajoute à la distraction, le côté instructif puisque les rappels sur la civilisation romaine agrémentent de façon ludique notre culture générale. A mon sens, Robert Harris a pleinement réussi son objectif en faisant de nous les spectateurs impuissants d'un des plus grands drames de l'Histoire.


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Pompéi… tragédie historique, témoignage bouleversant, cataclysme malheureux. A dire vrai, les expressions ne manquent pas pour décrire le choc, historique et géographique, que provoqua l'éruption grandiose du géant Vésuve. Un drame monumental destiné à prendre scène dans des mélodrames dignes de Sophocle ou d'Eschyle et que la littérature a pourtant boudé. Invraisemblablement, l'Antiquité peine à prendre possession du milieu littéraire alors que de nouveaux romans sortent quotidiennement. Aussi c'est avec un certain mal-être que l'on entame la lecture de l'ouvrage « Pompéi », plongeant dans un monde peu décrit et surtout peu mis en scène auparavant. Qu'importe ! Robert Harris est là pour rectifier le tir et saluons cet auteur de nous offrir une si belle épopée et course effrénée contre la mort d'un épisode marquant et pourtant injustement inexploité de l'Histoire mondiale.

Avant toute chose, il faut bien l'avouer, lorsque l'on décide d'entamer la lecture de ce roman c'est que l'on s'attend indéniablement à frissonner et haleter sous la plume effrénée de l'auteur, revivant avec passion et appréhension le tragique ensevelissement de la colonie romaine. On n'escompte donc pas plonger dans une histoire poussée, brodée sur le quotidien rude des Romains et plus particulièrement d'un ingénieur des eaux, sur un fond de menace vésuvienne. Et c'est néanmoins sur ce fil conducteur que s'entame l'histoire de Pompéi. En tant que lecteur, on immerge immédiatement dans les tracas du nouvel aquilus – Attilius – l'ingénieur en question, tout fraîchement arrivé de Rome et qui doit s'imposer aux yeux de sa nouvelle équipe. En cette antique époque, les temps sont sévères et les moeurs dépravées, pour le plus grand bonheur de chacun. C'est donc avec de manifestes difficultés que le citadin Attilius prouve son mérite et ses valeurs aux yeux hostiles des provinciaux. Envoyé par l'Empereur en personne, Attilius honore une longue lignée d'aquilus sur l'Aqua Augusta – l'aqueduc immense desservant la baie de Naples – dont il doit assurer le bon fonctionnement et parer au moindre dysfonctionnement. Avec une ardeur visible, l'auteur s'empresse de décrire toute une série de manoeuvres techniques destinées à retrouver le problème de l'aqueduc et réparer celui-ci. Heureusement, et alors qu'en tant que lecteur on pressent les temps morts et fastidieux de descriptions lassantes, Robert Harris rompt la monotonie de ces passages par l'intervention de personnages au caractère bien trempé. En parallèle, l'action se met en place avec la famille d'Ampliatus, ancien esclave affranchi et désormais personnage incontournable de la scène politique romaine. Puissant, cet homme l'est tout autant par son physique d'ancien travailleur que son tempérament d'acier et sa fortune grandissante. Il est l'archétype de la réussite sociale basée sur l'opportunisme et l'infamie. Un personnage abject dès sa première apparition, empreint de vengeance de son passé servile et encore marqué par l'abus de sa personne à cette époque. Au final, il représente idéalement les personnages vils et méprisables que l'Empire romain a pu couver, cupides jusqu'à la moelle et étrangers à toute forme de compassion. Tandis que des protagonistes viennent briller par leur jalousie, leur avidité et leur cruauté, d'autres rafraîchissent l'ambiance sombre et lourde par un caractère juvénile et bon. C'est le cas d'Attilius mais aussi de Corelia, la jeune fille d'Ampliatus que l'on destine immédiatement à combler la solitude de notre jeune ingénieur. En peignant, à la limite de la caricature, des personnages odieux et arrogants, Robert Harris renforce la bienveillance et la noblesse de coeur des autres. Enfin, une troisième gamme de personnages anime ce roman : celles des figures historiques qui sont ici mises en scène avec une assurance qui frôle à plusieurs reprises la véracité historique. Ainsi en est-il de Pline, surnommé a posteriori l'Ancien, qui s'inscrivit à jamais dans l'Histoire non pas tant par ses écrits que sa mort héroïque. Au nom de la science, de la curiosité et du devoir de tout Romain, il s'est élancé vers une mort certaine avec une bravoure à toute épreuve honorée par l'auteur.

Ainsi ce « Pompéi » pourrait n'être qu'une duperie destinée à produire des bénéfices en surfant sur la vague de cet épisode funeste. Il n'en est rien à vrai dire car Robert Harris manifeste d'un réel travail de recherches approfondies. Même sans ses remerciements, et dieu sait qu'ils sont nombreux, la qualité du savoir est indéniable pour quiconque connaît un minimum de l'Histoire de l'Empire. On pourra néanmoins, à ce jour, reprocher à l'auteur de s'être laissé influencé par les recherches affirmant que l'éruption eu lieu le 24 Août. En réalité, les historiens et archéologues tentent finalement à replacer l'évènement en octobre en raison de nombreuses preuves témoignant d'une date postérieure. On pardonnera cependant à l'auteur son erreur qui aurait de quoi effrayer les honorables défenseurs de la date du 24 octobre. Quoiqu'il en soit, pour le reste de l'ouvrage, les valeurs sont plus sûres et historiques. Ainsi, les moeurs sont soigneusement travaillées et décrites avec une précision remarquable. du quotidien cruel des esclaves et des activités sordides des citoyens, de l'opulence abusée de certains, des techniques artisanales et du fonctionnement des aqueducs et de leurs dépendances, rien n'est épargné en détails qui enrichissent inévitablement la culture de qui n'y est pas familier. Mais c'est surtout la description impressionnante de l'éruption du Vésuve qui force le respect. On se prend dans l'action en dévorant des périphrases et autres métaphores. Telles les nuées ardentes, le style s'emballe et s'enflamme pour un réalisme encore plus poussé. Grâce à des études approfondies de la géologie de la part de l'auteur, les mystères de l'explosion sont décrits avec une justesse incroyable ; Robert Harris se substituant à ses personnages pour rendre compte de leurs émotions, de leur effroi et de leur curiosité naïve. Puisqu'encore inconscients des effets terribles d'un volcan, les citoyens posent un regard candide sur cette montagne terrifiante, avec néanmoins une précision savante dans les descriptions. C'est notamment grâce au personnage de Pline que l'on prend conscience de l'éclatement dévastateur du Vésuve.

Grâce au compte à rebours fournit par les chapitres (qui prennent le nom des horaires latins), Robert Harris tient en suspens son lecteur, ce-dernier connaissant déjà le destin inévitable des personnages mais curieux de voir quelle tournure va prendre l'histoire. Néanmoins, si l'on rend justice à l'auteur pour la qualité historique de son oeuvre, celle-ci se concentre trop finalement sur les problèmes techniques rencontrés par Attilius sur l'aqueduc. Certes, c'est avec plaisir que l'histoire se fracture entre les différents personnages, à l'image d'un film, mais au final le côté thriller prend le dessus sur l'éruption volcanique qui ne semble être qu'un prétexte dans les deux premiers tiers du livre. En effet, en plus de son statut d'ingénieur en chef, Attilius prend des airs de héros en tentant de secourir un esclave pour les beaux yeux doux de Corelia et se lance dans une enquête afin de découvrir les raisons mystérieuses de la disparition impromptue de l'aquilus précédant. Mais tandis qu'Attilius agit comme une sorte de détective à ses heures perdues, en tant que lecteur on ne peut s'empêcher de remarquer le manque cruel de prise de conscience des personnages de la catastrophe à venir, comme ce fut hélas le cas. C'est donc dans un monde cruellement insouciant que l'histoire prend place. On remerciera néanmoins l'auteur de ne pas avoir cristallisé les actions sur une seule scène mais d'avoir fait interagir divers personnages issus de plusieurs villes voisines. En démarrant à Misène, en passant par Naples et Herculanum, puis en mentionnant Stabies et en achevant par Pompéi, l'auteur propose un point de vue éclaté de la catastrophe. Un choix judicieux qui permet de mieux constater l'impact de l'éruption. Les va-et-vient incessants entre ces villes offrent d'ailleurs une cadence soutenue à l'ouvrage.

Finalement, le moment le plus intense est définitivement celui de l'éruption, une catastrophe que l'auteur a fait sienne en la dirigeant avec une dextérité époustouflante. Mais plus encore que les descriptions fantastiques des lourdes fumées entêtantes, des pluies meurtrières et des corps moulés, c'est le changement brutal de points de vue qui retient l'attention. Avec une mise en scène cinématographique de l'action, le lecteur est emporté dans le feu de l'action, assistant à la catastrophe avec un regard à hauteur d'homme. Ce n'est donc pas avec une vision panoramique que le carnage est décrit, mais bien avec une vue à échelle humaine, un regard de pauvre pompéien terrifié et anéanti par l'impuissance. Et alors que tout le restant du livre était écrit par-rapport au point de vue d'Attilius ou d'un autre personnage, désormais c'est avec une narration purement externe que se clôture le roman, un recul de la part de l'auteur qui accentue le tragique de la situation et le mystère. Car si Attilius et Corelia prennent les traits de héros au fil de l'ouvrage, on ne sait quel sort leur réserve l'auteur. On s'attend donc à assister tristement à leur fin tragique tout en espérant que Robert Harris trouvera une parade, une échappatoire. Ce recul brutal de point de vue, une fois la dernière nuée passée, soutient le doute : de simples personnages, Attilius et Corelia deviennent des êtres légendaires. Alors que Pompéi et ses habitants se figent dans un sommeil éternel, un moment de l'Histoire se pétrifie. Des doutes planent et des légendes naissent grâce aux témoignages, notamment de Pline le Jeune, affirmant l'impossible : certains, par une incroyable chance ou un hasard mystique, auraient survécus, renaissant de leur enveloppe tellurique. A l'image de ces fables, le roman se clôture sur un point d'interrogation sur le sort réservé à nos deux héros.

Indéniablement, un ouvrage écrit par un auteur sachant ce qu'il dit, s'inspirant de faits réels pour broder une romance tragique. Un roman exotique nous plongeant dans un épisode grandiose et dévastateur avec des allures d'épopée. On applaudit donc l'utilisation de personnages et de faits historiques dans un cadre romancé, la véracité des dires agréable à la lecture, le contournement de la facile héroïsation des faits et l'admirable description de l'éruption et de la fin tragique de Pompéi. La colonie retrouve toute sa vitalité d'antan sous la plume instruite de Robert Harris, et le lecteur se promène allègrement dans une cité retrouvant tout de sa superbe. L'auteur use avec subtilité des vestiges retrouvés (comme la villa Calpurnia) et du témoignage poignant de Pline. Pour autant, le manque de rappels plus récurrents du Vésuve dans la première partie de l'ouvrage et l'éloignement entre le lecteur et les personnages empêchent de s'immerger complètement dans l'histoire. C'est seulement dans les trente dernières pages que l'on savoure pleinement l'action et les descriptions. Mais pour l'exotisme d'un monde antique encore peu décrit dans la littérature et un final épique, on encouragera donc la lecture de « Pompéi » de Robert Harris qui constitue, indubitablement, un bon ouvrage historique romancé.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
«Dans le monde entier et sous la vaste étendue de la voüte céleste, il n'est pas de contrée plus belle, et qui pour toute chose mérite mieux le premier rang dans la nature, que l'Italie, reine et seconde mère du monde ; l'Italie, que ses hommes, ses femmes, ses généraux, ses soldats, ses esclaves, sa supériorité dans les arts, et les génies éclatants qu'elle a produits.»
Pline l'Ancien, Histoire naturelle ( Toutes les citations de Pline L'Ancien sont extraites de la traduction d'Émile Lettré, Paris, Dubochet, 1848 )
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Les hommes confondaient l'observation et l'entendement. Et il fallait toujours qu'ils se mettent au centre de tout. C'était leur plus grande vanité. La terre se réchauffe... ce doit être de notre faute ! La montagne nous détruit... nous n'avons pas su nous concilier les dieux ! Il pleut trop, ou trop peu... il est rassurant de penser que ces phénomènes sont, d'une certaine façon, liés à notre comportement et que si seulement nous faisions un petit effort pour vivre mieux, plus simplement, nos vertus ne manqueraient pas d'être récompensées. Mais voilà la Nature, qui se précipitait sur lui - inconnaissable, conquérante, indifférente - et il lut dans Ses flammes toute la vanité des prétentions humaines.
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L'un des axiomes de l'amiral (Pline l'Ancien), un de ceux qu'il se plaisait à répéter à l'envi, voulait que plus il observait la Nature, moins il était enclin à juger impossible tout ce que l'on pouvait dire à son sujet. Mais cela, sûrement, était impossible. Rien de ce qu'il avait lu - et il avait tout lu - ne parviendrait à égaler ce spectacle. peut-être la Nature lui accordait-elle le privilège d'assister à un phénonème jamais enregistré auparavant ? Ces longues années passées à accumuler des faits, la prière sur laquelle il avait achevé son Histoire Naturelle - "Ave Nature, mère de toute création, et attentive au fait que moi seul entre tous les hommes de Rome t'ait loué dans toutes tes manifestations, sois bonne avec moi...". Recevait-il enfin sa récompense ? S'il n'avait pas été si gros, il serait tombé à genoux.
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« Comment pourrions-nous taire notre respect pour un système d'adduction d'eau qui, au premier siècle, fournissait à la ville de Rome nettement plus d'eau que n'en disposait la ville de New York en 1985 ? »
A. Trevor Hodge, auteur de Roman Aqueducts & Water Supply
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D'ailleurs, si l'on appelait ces endroits des lupanars, c'était en référence au cri de la lupa, la louve en chaleur. Lupa, c'est aussi ainsi que l'on appelait une prostituée-une meretrix.
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