AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072713781
112 pages
Gallimard (02/11/2017)
4.22/5   122 notes
Résumé :
C’est en 1898, dans une lettre ouverte au président de la République Félix Faure, qu’Émile Zola assène cette magnifique formule. Rappelons le contexte : le capitaine Dreyfus a été accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne, contre toute raison. Condamné, il est la preuve vivante d’un climat d’antisémitisme nauséabond. Il apparaît rapidement que le vrai coupable est le commandant Esterhazy. Mais l’armée ne veut pas se déjuger. Zola prend la plume, défend l’innocent... >Voir plus
Que lire après J'accuse... !Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
4,22

sur 122 notes
5
8 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Tout le monde, à défaut d'en avoir lu toutes les oeuvres, a une idée de l'immensité de l'oeuvre littéraire d'Emile Zola, qui lui permet de figurer en bonne place parmi les plus grands écrivains que la France ait enfantés. On connaît moins bien le citoyen exemplaire qu'il a été, quoique le "J'accuse !..." qui a paru dans l'Aurore sous sa plume en 1898 dans le cadre de l'affaire Dreyfus ait eu à l'époque une portée mondiale et qu'il continue à être pour la postérité un exemple clé de ce que peut être l'engagement civique pour une grande cause.

La Vérité en marche est une oeuvre voulue par Zola qui parut en 1901, à la veille de sa mort. Elle rassemble des textes précédemment parus dans la presse et dans lesquels l'écrivain défendait la cause d'Alfred Dreyfus. Zola souhaitait en faire un recueil afin de continuer l'oeuvre des dreyfusards car, en 1901, rappelons-le, si le capitaine avait été gracié par le président de la République, il n'avait pas été réhabilité. le but ultime de Zola n'était donc pas atteint, à savoir obtenir la justice en faisant reconnaître officiellement la vérité. En réalité, il n'assistera pas au triomphe de son combat car le jugement ayant condamné Dreyfus ne sera pas cassé avant 1906.

La Vérité en marche est donc une oeuvre d'un intérêt très riche.
Littérairement : c'est une plongée dans le style d'une époque - qui plus est le style de Zola ! - , une écriture beaucoup plus puissante que celle d'aujourd'hui, pleine d'emphase et de force, quelquefois même grandiloquente et outrancière, mais désireuse de toute évidence d'interpeller et de convaincre, ce qui fut après tout le mode d'expression de l'écrivain dans toutes ses oeuvres.
Historiquement et politiquement ensuite : elle est révélatrice d'une époque (une si Belle Epoque !) et d'un contexte dont par certains côtés nous sommes éloignés et par d'autres étonnamment proches. La puissance de l'armée et de l'Eglise n'est plus la même mais qui doutera que le pouvoir de nos jours ne soit encore capable de mensonges et de lâchetés pour protéger des intérêts particuliers affublés des oripeaux de la fameuse "raison d'Etat" ? Oui, les groupes de pression, ceux qui influent ou tentent d'influer sur la gouvernance de notre pays, ont évolué mais ils existent toujours et cette oeuvre en fait prendre conscience régulièrement.
Moralement, enfin. C'est le combat entre un certain pragmatisme, qui s'accommode d'une réalité injuste parce qu'il croit cela nécessaire ou seulement parce que cela le sert ; et une volonté de vérité et de justice absolues, qui ne tolère, elle, aucun ajustement. Zola, l'homme et le citoyen, s'y révèle tout entier, en apothéose d'une carrière littéraire dans laquelle il avait déjà égrené ses convictions profondément humanistes. "Parce qu'il s'était dit : (...) je dois faire (...) la preuve (...) que la vérité que nous voulions mettre dans notre oeuvre, nous voulons la mettre dans notre vie." (Jean Jaurès).

C'est d'ailleurs, nous apprend le livre, davantage le citoyen Zola que l'écrivain Zola dont les cendres furent déposées au Panthéon. Et, honteusement, cet événement a été mal assumé par tous les pouvoirs qui se sont succédé en France depuis. Sait-on que François Mitterrand, en 1981, ne se recueillit pas devant le tombeau de Zola, alors qu'il le fit devant celui de Jean Jaurès, de Jean Moulin et de Victor Schoelcher ? Preuve, s'il en était besoin, qu'il est toujours difficile, voire impossible pour ceux qui nous gouvernent de sortir du clivage entre politique et humanisme. Zola, en ce siècle qui nous sépare de sa mort, aurait eu encore bien des pages à noircir.
Commenter  J’apprécie          92
Cette lettre ouverte publiée dans le journal L'aurore est adressée au Président de la République dans le but de défendre Dreyfus accusé à tort et plus précisément dans le but de l'innocenter.
Zola y est engagé, éloquent et profite de sa notoriété afin de servir une cause juste.
Je vous recommande de vous documenter sur l'affaire Dreyfus avant de lire cette lettre (si ce n'est déjà fait) pour en savourer la teneur et en mesurer la portée.
Commenter  J’apprécie          142
Si J'accuse est le point d'orgue de l'engagement dreyfusard de Zola, on en ignore souvent l'ensemble des textes qu'il a consacré à l'Affaire. Par voie de presse ou courrier adressé aux plus importants hommes politiques, Zola est impliqué dans chacun de ses mots au service de sa grande idée de justice. A la lecture de ces textes, on en vient à croire qu'aujourd'hui les mots ont perdu leur sens. Zola enchaîne les morceaux de bravoure, les envolées au nom de la Justice, les attaques impitoyables contre tous ceux qui sont complices par leur faiblesse ou lâcheté.
Que nous disent ces textes aujourd'hui? Que les mots semblent vidés de leur sens, que leur usage abusif a fini par les user, que les mots ne sont plus au service des grandes idées et des nobles causes, que ceux qui devraient s'en emparer sont devenus muets.
Commenter  J’apprécie          110
Si vous me connaissez et me suivez depuis le début, vous savez que Zola est mon auteur classique préféré. J'ai toujours été fan de cet auteur. Je suis tombée amoureuse de sa plume au lycée lorsque j'ai découvert sa saga "Les Rougon-Macquart" où il nous parle de l'humain mais aussi de son amour pour Paris, c'est un point commun que nous avons, la capitale comme amie.



Si je connais l'auteur, ses oeuvres, il faut dire que je connais moins bien cette partie de sa vie, ses lettres, ses textes écrits. Bien entendu, j'ai entendu parler de l'affaire Dreyfus, de son combat qu'il a mené pour la justice, pour la vérité. Je ne sais pas si à l'époque il mesurait la portée mondiale de la puissance de ses mots mais ils sont grandioses, comme toujours.



Cette oeuvre parue la veille de sa mort est une grande claque, pour moi. Tous les textes parus dans la presse et dans lesquels Zola défendait bec et ongles la cause de Dreyfus sont incroyables, on a l'impression qu'il n'y avait que lui, au devant de la scène. Zola voulait faire un recueil et je l'en remercie d'avoir eu cette merveilleuse idée, ainsi ses mots, ses pensées, ses textes ne sont pas tombés dans l'oubli et cela a permis de perpétuer l'oeuvre des dreyfusards car si le capitaine a été gracié par le président de la République, il n'a pas été réhabilité et c'est là que l'oeuvre d'Emile Zola entre en ligne. Zola n'a malheureusement pas réussi à faire éclater la vérité, en tout cas de son vivant car le jugement sera cassé plus tard.



Comme toujours, je me suis laissée transporter par les mots de Zola qui n'a pas son égal pour nous offrir un récit fort et percutant. Il aurait pu écrire la chronique mortuaire d'un journal que j'aurai été fan, c'est pour dire ! Ce recueil d'anthologie est une pure merveille qui reste malgré tout d'actualité car les mensonges d'état, les coups d'état, les vérités, les contre-vérités, toussa, toussa, restent encore et toujours d'actualité.



Tout ça pour vous dire que la vérité en marche est une oeuvre riche que je vous encourage vivement à découvrir que vous soyez fan ou non de Zola.


Lien : https://leslecturesdeladiabl..
Commenter  J’apprécie          44
J'ai très peu de souvenirs de ce qu'on m'a expliqué de l'affaire Dreyfus en cours, j'ai retenu la trahison, l'erreur judiciaire, le fait qu'il était juif, ... c'est à peu près tout... pour preuve je pensais qu'il avait été exécuté immédiatement et que l'affaire se passait plutôt dans les années 1930.
La prise de position de Zola dans cette lettre est forte bien sûr à l'époque, sa plume est sa meilleure arme mais il n'utilise pas uniquement la forme, il déroule un argumentaire complet, il démontre un vrai complot, le premier soutenu par ses pairs, l'esprit de corps de l'armée avant tout, même face aux preuves. A présent, j'ai envie d'en connaître plus sur les contours de l'affaire.
Merci
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.

J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus grandes iniquités du siècle.

J’accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver l’état-major compromis.

J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus complices du même crime, l’un sans doute par passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l’arche sainte, inattaquable.

J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace.

J’accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d’avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du jugement.

J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans L’Éclair et dans L’Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.

J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.

En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose.

Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.

Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour !

J’attends.

Veuillez agréer, monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect.
Commenter  J’apprécie          254
Jeunesse, jeunesse ! souviens-toi des souffrances que tes pères ont endurées, des terribles batailles où ils ont dû vaincre, pour conquérir la liberté dont tu jouis à cette heure. Si tu te sens indépendante, si tu peux aller et venir à ton gré, dire dans la presse ce que tu penses, avoir une opinion et l'exprimer publiquement, c'est que tes pères ont donné de leur intelligence et de leur sang. Tu n'es pas née sous la tyrannie, tu ignores ce que c'est que de se réveiller chaque matin avec la botte d'un maître sur la poitrine, tu ne t'es pas battue pour échapper au sabre du dictateur, au poids faux du mauvais juge. Remercie tes pères et ne commets pas le crime d'acclamer le mensonge, de faire campagne avec la force brutale, l'intolérance des fanatiques et la voracité des ambitieux. La dictature est au bout.
Commenter  J’apprécie          20
Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis.
Commenter  J’apprécie          50
Nous croyons que le salut de la France est dans la victoire des forces de demain contre les forces d'hier, des hommes de vérité contre les hommes d'autorité. Et c'est pourquoi nous ne pouvons admettre que l'affaire Dreyfus n'ait pas comme conclusion la justice pour tous et qu'on en tire pas les leçons qui aideraient à fonder demain définitivement la République, si on réalisait toutes les réformes dont elles ont montré la nécessité impérieuse.
p220
Commenter  J’apprécie          20
Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour !
J’attends.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Émile Zola (122) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Émile Zola
Début écrivain
autres livres classés : Dreyfus , Affaire (1894-1906)Voir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (353) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages des Rougon Macquart

Dans l'assommoir, quelle est l'infirmité qui touche Gervaise dès la naissance

Elle est alcoolique
Elle boîte
Elle est myope
Elle est dépensière

7 questions
591 lecteurs ont répondu
Thème : Émile ZolaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..