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Critique de Aline1102


Paris est en ébullition: La Blonde Vénus, la nouvelle pièce de Bordenave au Théâtre des Variétés met en scène une nouvelle venue, une certaine Nana. Personne ne sait encore quoi que ce soit sur cette jeune femme, aussi la curiosité est-elle à son comble le soir de la première.

Pourtant, lorsque Nana entre enfin en scène, c'est la stupéfaction qui l'emporte: cette nouvelle actrice n'a aucun talent particulier et, en plus, elle chante faux. Mais au fur et à mesure que se déroule l'histoire, l'opinion du public commence à changer. La féminité flamboyante et librement affichée de Nana, blonde et pulpeuse, gagne peu à peu la majeure partie du public. Les hommes, en particulier, sont conquis.

Cela arrange tout particulièrement Nana quand elle l'apprend, puisqu'elle compte profiter de sa nouvelle célébrité pour trouver quelques riches protecteurs qui pourront l'aider à payer ses factures. Car celles-ci commencent à s'accumuler et les marchands font le siège de l'antichambre de Nana.


Malgré une issue tragique, j'ai trouvé que Nana ressemblait assez Au Bonheur des Dames. On reconnaît, dans les deux ouvrages, la "patte" de Zola.

L'une des caractéristiques que j'apprécie le plus chez Zola, c'est son réalisme. Il ne fait pas qu'écrire une histoire, il nous la fait vivre. Nous nous trouvons ainsi plongés en pleine préparation de l'Exposition Universelle de Paris, avec toutes les inquiétudes que ce grand événement fait naître dans la vie des nantis qui veulent y briller de mille feux et des filles qui souhaitent y repérer de riches messieurs.

Mais loin de nous plonger uniquement dans le bon côté des choses, Zola, fidèle à son type d'écriture habituel, dépeint également le désespoir, la dégradation et la pauvreté de ses personnages et, plus largement, de la société française de l'époque.

Nana, c'est tout d'abord l'histoire d'une femme qui, entraînée par le tourbillon des hommes qui gravitent autour d'elle, finit par perdre l'équilibre. Élevée dans la pauvreté, elle devient la star de Paris grâce à plusieurs amants fortunés, qu'elle n'hésite pas à ruiner.

Mais, Nana, c'est aussi l'histoire de nombreuses autres femmes, issues de toutes les classes de la société, de la plus humble à la plus fortunée. Et ce qui frappe le lecteur, c'est que les plus riches de ces femmes ne se conduisent pas mieux que Nana elle-même. Zola dénonce donc, avec ce récit, une certaine hypocrisie ayant court dans le Paris du XIXe siècle: les femmes de la haute société, éduquées de manière irréprochable et possédant une certaine fortune, ne se conduisent pas mieux que Nana, cette enfant d'alcoolique qui a travaillé un temps comme fleuriste avant de devenir la coqueluche de Paris. Et pourtant, Nana ne sera jamais vraiment acceptée par cette bonne société qui se conduit si mal...

Une autre dimension du style de Zola est également présente dans ce roman: la complexité des personnages. Car loin d'être une simple courtisane et une dévoreuse d'hommes (de leur fortune, surtout), Nana est pleine de contradictions: ainsi est-elle parfois émue aux larmes par la pauvreté et la dureté de l'existence, malgré ses envies de luxe et de confort. Ses crises de sentimentalisme se manifestent surtout lorsqu'elle se souvient de sa vie avec ses parents. Nana est aussi parfois honnête mais ment souvent; Nana recherche une vie simple avec Fontan mais revient vite à ses anciens penchants lorsque leur histoire se termine. Elle ne peut donc pas être réduite au simple rôle de parvenue: c'est un être humain avec toutes les qualités et tous les défauts que ce statut implique.

Nana est donc du grand Zola, tout en restant accessible à tous les lecteurs. N'hésitez donc pas à (re)découvrir ce roman qui n'a que des qualités!
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