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Critique de Nastasia-B


Cette neuvième livraison des Rougon-Macquart ne m'est pas apparue aussi savoureuse que je l'espérais, faisant naturellement suite, par son héroïne, au fulgurant Assommoir.
Émile Zola réemploie la même formule que dans "Son Excellence Eugène Rougon" au début du roman, à savoir, nous plonger directement dans le coeur d'activité du protagoniste principal. C'était une session à l'Assemblée Nationale pour Eugène Rougon, ici, c'est la première représentation d'une opérette sulfureuse, La Blonde Vénus, où Nana met le feu à la scène avec ses formes et ses tenues très peu couvrantes. (Au passage ceci m'inspire un petit parallèle et une menue réflexion sur la beauté et la blondeur car je viens de me faire une petite série de huit ou neuf films de Billy Wilder, avec outre le célébrissime et succulent Certains L'Aiment Chaud, qui, bien qu'excellent, fait beaucoup commerce des formes généreuses de l'actrice, un autre film, soi-disant culte, Sept Ans de Réflexion avec la fameuse scène de la robe Marilyn Monroe qui se soulève en passant au-dessus des bouches d'aération du métro, qui lui est un vrai navet, avec pour seul mérite d'avoir à son affiche une blonde Vénus... Nana/Marilyn, mort prématurée, des liens avec le pouvoir et l'argent, tiens, tiens, tiens...)
Ce sont bien évidemment les opérettes de Jacques Offenbach que l'auteur cherche à écorner, en particulier celle intitulée " La Belle Hélène ", (pastichée en " La Blonde Vénus ") qui met en scène la dépravation des dieux de l'Olympe.
Pour être totalement dans l'esprit « naturaliste », avec un réel souci documentaire, on n'en est pas pour autant transcendé et l'on a du mal à prétexter que cette entrée en scène de Zola dans Nana soit particulièrement réussie ou tonitruante. On l'a connu plus percutant et la feuille de route de son programme de construction apparaît, à mon goût, un peu trop fortement tout au long du roman.
Ce n'est qu'à partir de la moitié du livre, au chapitre VIII, que la narration retrouve quelques couleurs et Zola sa verve perdue de L'Assommoir. En effet, jusque-là, l'auteur nous endort avec de lourdes et longues descriptions de luxe et de débauches dans les hautes sphères qui font d'ailleurs double emploi avec celles déjà pesantes qui concernaient Renée dans La Curée.
Quels sont les apports vraiment significatifs de cet opus dans l'édifice de son cycle littéraire ?
1) Les rapports étroits de connivence entre le monde du spectacle et le journalisme visant à faire ou à défaire le succès d'un spectacle moyennant avantages divers en retour (déjà évoqués en détail et probablement avec plus de brio dans la deuxième partie des Illusions Perdues de Balzac).
2) La mise en plein jour de la prostitution (la classique et celle de luxe).
3) L'évocation de l'homosexualité féminine, sujet absolument tabou à l'époque de Zola et ce sur quoi il faut saluer le courage littéraire de l'auteur.
4) le poids du monde hippique dans la haute société (La situation a-t-elle changé de nos jours ? Les Rothschild ne font-il pas toujours régner la pluie et le beau temps sur le monde des courses [casaque bleue, toque jaune] ?)
En guise de conclusion : très documenté mais pas très captivant, ce qui en fait, selon moi, un roman moyen du cycle des Rougon-Macquart, mais ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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