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EAN : 9782246435037
290 pages
Grasset (13/11/2003)
3.92/5   79 notes
Résumé :
C'est en 1880 que Zola et cinq de ses jeunes amis, Guy de Maupassant, Paul Alexis, Henry Céard, Léon Hennique eJ. K. Huysmans, décidèrent d'écrire chacun une nouvelle et de les publier en un volume sous le titre les Soirées de Médan. Le propos de ces textes était certes de faire une œuvre qui soit exemplaire du naturalisme. Et pourtant, de Boule de suif de Maupassant à l'Attaque du moulin de Zola, en passant par Sac au dos de Huysmans, ce livre demeure un joyau de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

Six nouvelles rédigées par les amis qui se réunissaient à Médan autour de Zola qu'ils admirent. Toutes tournent autour de la guerre de 1870.
A tout seigneur tout honneur c'est Zola qui ouvre le bal avec L'attaque du moulin où les batailles franco-prussiennes mettent à mal définitivement un mariage qui s'annonçait tout à fait heureux et détruisent le moulin sans réel bénéfice militaire.
Vient ensuite la plus connue de toutes, Boule de Suif, du talentueux Maupassant dont pourtant Tourgueniev disait qu'il n'était pas un fameux écrivain. Inutile de s'appesantir sur cette histoire cruelle connue de tous.
Puis c'est K.J. Huysman avec Sac au dos. C'est mon premier texte de cet auteur et je ne suis pas impatiente d'en lire d'autre. Un récit de vagabondage d'un hospice à un hôpital d'un soldat et un ami trop malades pour faire la guerre mais pas pour se promener et se goinfrer. Sans doute suis-je passée totalement à côté de l'intérêt et la valeur de ce texte.
Henri Céard avec La saignée offre une histoire assez tragi-comique de femme entretenue qui tout d'abord s'amuse de la guerre puis s'imagine pouvoir s'y donner un rôle héroïque et enjoint à son amant général de faire une sortie qui s'achèvera sur des milliers de morts.
Léon Hennique dans L'affaire du grand 7 met en scène une mésaventure que j'ai trouvée assez confuse de soldats qui mettent à sac un bordel pour venger la mort d'un camarade.
Paul Alexis ferme la marche avec Après la bataille, qui raconte la rencontre improbable entre un soldat, prêtre engagé et une baronne venue récupérer la dépouille de son mari.

Le point commun de ces récits est leur absence de glorification de la guerre et je comprend qu'à l'époque il ait choqué.
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C'est par facilité de classement que j'attribue Les Soirées de Médan à Emile Zola puisqu'en fait il s'agit un recueil collectif de nouvelles, publié en 1880. Six textes rédigés par six auteurs différents. Trois écrivains très célèbres aujourd'hui et trois autres dont j'avoue ne pas connaitre l'existence : Emile Zola (L'Attaque du moulin), Guy de Maupassant (Boule de suif), J.K. Huysmans (Sac au dos), Henry Céard (La Saignée), Léon Hennique (L'Affaire du Grand 7) et Paul Alexis (Après la bataille).
Vous avez tous lu du Zola et du Maupassant, particulièrement ce Boule de suif, texte paru ici initialement et qui lancera la carrière de l'écrivain. J'espère que Huysmans ne vous est pas étranger – mais j'en suis moins certain – ce qui serait dommage car il ne faut pas passer à côté de romans comme Là-Bas, En route et A rebours avec son héros emblématique, dandy décadent et esthète, des Esseintes. Les lecteurs plus avertis se risqueront peut-être dans La Cathédrale, un roman plus complexe par son érudition et son aspect mystique. Des trois autres je ne savais rien et n'avais rien lu. Ils sont tous romanciers, poètes, auteurs dramatiques et critiques littéraires et leurs oeuvres plutôt minces.
L'origine de ce recueil n'est pas clairement établie. Les six écrivains avaient l'habitude de se réunir chez Emile Zola – d'abord dans son appartement parisien puis à Médan dans les Yvelines - pour dîner et discuter littérature dès 1876 et compta même pendant un certain temps un septième membre, Octave Mirbeau, que son éloignement de Paris, en 1877, après sa nomination comme sous-préfet de Saint-Girons (Ariège), freina dans de probables collaborations futures. C'est au cours d'une de ces soirées que naquit l'idée de ce recueil, pour certains elle reviendrait à Emile Zola pour d'autres à Léon Hennique et le titre du bouquin à Henry Céard, toujours est-il qu'il fût publié sous le patronage d'Emile Zola qui avait une plus grande notoriété que les autres.
En exergue au recueil, Zola écrit que ces nouvelles « nous ont paru procéder d'une idée unique, avoir une même philosophie : nous les réunissons. » Il est bien vrai que les six nouvelles ont un point commun, elles se déroulent toutes durant la Guerre de 1870 contre les Prussiens et en dénoncent, par des faits vus par le petit bout de la lorgnette, les bassesses et l'ignominie, ces travers communs à toutes les guerre. Boule de suif, la prostituée mais vraie patriote qui se donnera à un officier prussien pour sauver les petits bourgeois qui la méprisent et voyagent avec elle dans une diligence (Maupassant) ; La maîtresse du général d'Etat-major de Paris assiégé, courtisane écervelée qui découvrira suite à sa déchéance, la réalité tragique de la guerre d'occupation (Henry Céard) ; La médiocrité soldatesque qui tuera et ravagera le bordel du village où ils sont cantonnés pour venger l'un des leurs, tué sans qu'on sache très bien pourquoi et par qui (Léon Hennique)…
Si Boule de suif est évidemment le plus beau texte de ce recueil, j'avoue avoir été séduit par La Saignée d'Henry Céard, son écriture somptueuse où la virgule triomphe, créant des points de scansion rythmant superbement les phrases en bouche. Pour les jeunes générations, une bonne approche de la littérature du XIXème siècle et pour les autres une bonne occasion pour s'y ressourcer.
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Le mouvement naturaliste a son chef de file naturel, Emile Zola, ce n'est un secret pour personne. Mais sauriez-vous nommer les officiers et les soldats marchant derrière ce général ? Les plus lettrés d'entre vous citeront sans doute Guy de Maupassant, Joris-Karl Huysmans, Alphonse Daudet, Octave Mirbeau ou les Frères Goncourt (encore que certains de ces auteurs ne soient qu'apparentés au mouvement). Ils mentionneront également Henri Becque, qui représente le naturalisme au théâtre. Mais qui se souvient encore de Lucien Descaves, Henry Céard, Léon Hennique, Paul Alexis ou Jean Richepin ?
Pourtant plusieurs de ces auteurs ont participé avec Zola à la naissance du mouvement et l'ont accompagné au cours de ses combats. En 1878, l'auteur des Rougon-Macquart (c'est l'année de L'Assommoir) achète une maison à Médan (actuellement dans les Yvelines) et y rassemble un certain nombre d'écrivains de son entourage. Très vite leur vient l'idée de composer un recueil collectif de nouvelles. le thème vient un peu plus tard : ce sera la guerre de 1870, qui a eu lieu dix ans plus tôt. Elle est encore dans toutes les mémoires et vit encore à travers les souvenirs de combattants, ou les fictions qui déjà prônent une revanche contre l'ennemi prussien.
Six auteurs, six nouvelles, six regards sur des épisodes douloureux de la guerre de 1870.
L'Attaque du Moulin (Emile Zola) : Un moulin est convoité à la fois par les Prussiens et les Français. le meunier , sa fille et son gendre (c'est justement le jour du mariage) sont pris en otage dans cette tragique histoire d'amour et de mort.
Boule-de-Suif (Guy de Maupassant) : une diligence emportant une dizaine de personnes fuyant la guerre, est bloquée par l'armée prussienne. le commandant promet de les laisser partir si Elisabeth Rousset (surnommée Boule-de-Suif à cause de son embonpoint) accepte de céder à ses avances. Patriote, la jeune femme refuse, mais, sous les hypocrites instances de ses compagnons de voyage, elle finit par accepter. Loin de la remercier, ceux-ci ne lui montrent que du dédain.
Sac au dos (Joris-Karl Huysmans) : le quotidien des soldats français pendant la guerre de 1870 vu par un jeune conscrit.
La Saignée (Henry Céard) : un général commandant la place de Paris est ridiculisé par sa maîtresse. Poussé à bout sur ses hésitations personnelles et militaires, il décide une "saignée" dont l'insuccès n'aura d'égal que l'atroce bilan meurtrier.
L'Affaire du Grand 7 (Léon Hennique) : l'expédition punitive absurde d'une bande de soldats contre le bordel du village où ils sont cantonnés.
Après la bataille (Paul Alexis) : la rencontre sans lendemain entre une dame et un soldat.

Le point commun à ces six nouvelles est le regard porté sur la guerre : souvent compatissant pour les victimes, accusant avec causticité les gradés et les profiteurs, dénonçant avec virulence la bassesse et l'hypocrisie d'une société bourgeoise que les scrupules n'étouffent pas, tout comme la bêtise et l'absurdité des militaires...
Les Soirées de Médan ne constituent pas un manifeste du Naturalisme (pour cela voyez plutôt le Roman expérimental, un ouvrage d'Emile Zola, paru aussi en 1880). On ne peut pas dire non plus que c'est du naturalisme pur, dans la mesure où aucun lien n'est fait de façon formelle avec la physiologie des personnages, leur hérédité, ou leur interaction avec le milieu ambiant. Mais il s'agit bien ici d'un ouvrage réaliste, qui décrit sans ambiguïté (ni sans langue de bois) une réalité tragique, celle de la guerre.
Et qui la condamne.
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Je connaissais "Boule de Suif" et "l'Attaque du Moulin", mais sans savoir que ces deux nouvelles faisaient partie du même recueil. Si, grâce aux talents de leurs auteurs respectifs, celles-ci sont à juste titre les plus connues car les mieux écrites, je trouve ça intéressant de savoir pourquoi elles sont réunies aux autres.
Et plus que les circonstances matérielles - les amis de Zola qui souhaitent se souvenir des soirées ensemble, c'est l'unité thématique que j'ai trouvée intéressante. Toutes ces nouvelles évoquent la guerre de 70 contre la Prusse. Mais il n'y a pas d'épopée ou de tragédie héroïque racontant les malheurs de la France et la souffrance de la défaite. Car même chez Zola qui évoque le plus directement un combat, ce n'est pas un combat entre les armées mais entre partisans et civils. La guerre est donc montrée sans héroïsme - et donc sans héros - et sans politique. Ces récits sont à hauteur d'homme, à hauteur des soldats, c'est de l'histoire-bataille en quelque sorte, comme Fabrice à Waterloo, les personnages ne distinguent pas grand-chose et comprennent encore moins.
Mais toutes ces nouvelles se rapprochent aussi par un autre thème, l'amour - ou plutôt le désir et la sensualité, car plus que de véritables sentiments, c'est plutôt une union des corps que souhaitent les personnages - sauf chez Zola. D'ailleurs, ces récits sont presque tous des récits d'hommes, avec un point de vue masculin. Les femmes sont donc des prostituées, des demi-mondaines, des infirmières, des veuves. Elles sont souvent dans l'ombre, effacées ; même Boule de Suif n'est pas l'héroïne de la nouvelle qui porte son nom.
Un regard d'hommes et de soldats sur la guerre et ses conséquences sur le désir donc, mais avec des réussites inégales selon le talent des auteurs.
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Zola (L'attaque du moulin), Maupassant (Boule de suif), Huysmans, Céard, Hennique et Alexis sont les 6 personnages qui publient chacun une nouvelle autour du thème de la guerre de 1870. Les deux premiers sont clairement au dessus du lot, et notamment Boule de suif, qui est un vrai chef d'oeuvre à proposer dans toutes les écoles pour évoquer la tolérance, le respect de l'autre et le poids des positions sociales. C'est de la vraie littérature, mais abordable par tout le monde car les histoires sont intéressantes et si bien contées. du grand art !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le dimanche, donc, Jules Vallès, Alphonse Daudet, Edmond de Goncourt, Maupassant, J.-K. Huysmans, Henry Céard, l'éditeur Charpentier, Cézanne quand il se trouvait à Paris, débarquaient en bas du jardin, " grand comme le champ d'un pauvre homme ", et découvraient l'architecture hétéroclite de la maison de l'auteur des Rougon. Contre la demeure primitive, chalet de banlieue non sans élégance, Zola, animé comme son père l'ingénieur du goût de la bâtisse, avait fait édifier, en brique et ciment, une énorme tour carrée qui écrasait complètement la maison première et que Maupassant comparait à un géant tenant un nain par la main. Nouveau bâtiment qui abritait la salle à manger au rez-de-chaussée, la chambre des Zola au premier et, au-dessus, un immense cabinet de travail pour le maître. " Construction à la tournure féodale, écrit Edmond de Goncourt, qui semble bâtie dans un carré de choux. "
D'ailleurs, les invités débarquaient chaque fois dans un chantier perpétuel. Dès l'acquisition, Zola avait fait venir à Médan une équipe d'ouvriers, qui n'en sortirent de quinze ans. Il faisait décorer ses pièces, méditait de nouvelles constructions et, lopin après lopin, agrandissait son terrain. Mme Zola dirigeait tout ce monde, ouvriers et domestiques, d'une main ferme, et assurait la paie du samedi.
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Là, dans sa chambre d'hôtel, elle rechampissait ses charmes et consolidait sa beauté. C'était son unique satisfaction, s'habiller.
Longuement elle se tenait devant sa glace étroite, haussée sur la pointe de ses pieds nus, afin de se voir. Par une recherche de coiffure, par un nœud de rubans, elle essayait de revivre cette existence d'autrefois et de ressusciter ce passé de luxe dont le souvenir la hantait.
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La nuit tombait, l'obscurité devint profonde, et le froid, faisait frissonner Boule de suif, malgré sa graisse. Alors Mme de Bréville lui proposa sa chaufferette, et l'autre accepta tout de suite, car elle se sentait les orteils gelés. Le cocher avait allumé les lanternes.
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Françoise, bravement, enjamba la balustrade de sa fenêtre, saisit une des barres de fer et se trouva dans le vide. Elle commença à descendre. Ses jupons l'embarrassaient beaucoup. Elle descendit plus hardiment, tâtant le lierre de ses orteils, s'assurant des échelons. Puis elle s'arrêta.
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