Paru en 1865, ce livre est le deuxième livre de
Zola, et son premier roman. La parution de ce livre a provoqué une enquête, demandée par le Garde de Sceaux au procureur général. Ce dernier juge que le livre n'est pas immoral, et ne doit donc pas être poursuivi à ce titre. Il note toutefois la crudité du langage, ce qu'il considère aussi comme du cynisme.
Zola aura l'occasion, pendant toute sa carrière à faire face à ces accusations d'immoralité, à être perçu comme choquant et provocateur.
Le livre est écrit à la première personne. Claude est un jeune homme venu de province à
Paris, pour se consacrer à la carrière littéraire, et qui survit tant bien que mal. Ce qui n'est pas sans évoquer le parcours de l'auteur lui-même. Un peu par hasard, il fait la rencontre d'une jeune femme, Laurence, qui vit dans le même immeuble que lui. Elle se prostitue, et mise à la porte de sa chambre, s'installe chez Claude. Très réticent sur cette liaison, qui lui semble avilir ses idéaux, il finit par tomber amoureux, alors qu'elle semble plutôt indifférente, installée dans cette liaison faute de mieux. Dans le même immeuble, Claude retrouve un ancien camarade, Jacques. Ce dernier à l'opposé de Claude, est très pratique : il fait consciencieusement ses études, qui vont pouvoir lui assurer une bonne position, tout en vivant avec une toute jeune femme, Marie, parce qu'il lui faut bien une maîtresse, qu'il n'aura aucun scrupule à abandonner, une fois qu'il passera à l'étape suivante de son existence. Lorsque Marie tombe malade, il la loge dans une autre chambre que la sienne, pour être tranquille. Claude s'attache à la malade, dont il pressent la fin prochaine, une intrigue semble se nouer entre Jacques et Laurence, qui fait connaître toutes les affres de la jalousie à Claude.
Malgré les aspects réalistes du roman ;
Zola n'embellit pas la misère, et fait même le reproche de l'avoir fait à certains de ses prédécesseurs ; le roman garde un aspect romantique, en particulier dans l'écriture, dans une forme d'idéalisme aussi, des rapports sociaux, de l'amour etc. C'est visiblement le roman d'un jeune homme, sans doute lié eux expériences vraiment vécues par
Zola, pendant la période qui a suivi son double échec au bac, les petits boulots, les premières tentatives d'écriture. C'est encore un peu univoque, les personnages féminins en particulier, et surtout Laurence sont tout d'une pièce, il y a encore un manque d'empathie du narrateur, qui voit les choses de son point de vue, avec sa sensibilité exacerbée centrée sur lui-même, et pas mal de jugement moral. Il manque un tableau social plus large, qui permettrait de mieux comprendre la situation et les partis pris des protagonistes.
Ce premier roman est surtout intéressant pour suivre le cheminement de
Zola. Même si son écriture lyrique et poétique en fait une lecture agréable, l'auteur n'a pas encore vraiment trouvé sa voie propre dans cette tentative, sans doute sincère, mais encore un peu maladroite, et par moments un peu agaçante, en particulier dans ses jugements des « femmes perdues » quelques peu moralisateurs.