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sur 5781 notes

L'histoire que nous raconte Zola dans ce roman est celle d'un couple amoureux passionné, pris d'une folie éperdue de vouloir vivre enfin ensemble, après avoir été frustrés pendant des mois juste parce qu'ils ne se sont pas rencontrés au bon moment ni au bon endroit.

Dit comme cela, on imagine un jeune couple romantique, éperdument amoureux, prêt à tous les sacrifices pour vivre pleinement sa passion. Cela aurait pu être tragique, poignant, nous aurions versé des larmes sur le sort cruel qui s'abat sur les amants contrariés. Un superbe effet romantique était possible.

Au lieu de cela, nous observons froidement les deux héros, Thérèse et Laurent, aux prises avec leur destin. Destin, dont il faut bien admettre qu'ils ne sont pas les victimes comme dans la tragédie mais bien plutôt les acteurs. Et ils n'auront droit à aucune empathie de la part du lecteur, en tous cas de beaucoup de lecteurs, juste effarés de tant d'inconscience, de tant de médiocrité, de tant d'avidité.

Laurent, un jeune homme tout en muscles qui consomme les femmes comme des objets, tout juste bonnes à satisfaire ses impérieux appétits sexuels. Un balourd mais pas si innocent que cela, bien capable de viser à satisfaire ses intérêts y compris financiers. Car paresseux avec cela, il n'est jamais si content que lorsqu'il n'a pas à gagner son pain.

Thérèse, orpheline, mariée tristement à son cousin germain, claquemurée au fond d'un sinistre passage parisien dans une mercerie où elle siège comme une statue avec pour toute compagnie sa belle-mère (et sa tante) qui ne se remet pas de la mort de son fils Camille, purement et simplement éliminé par le couple.

Car le mari de Thérèse, Camille, est mort et bien mort, grâce aux bons soins de sa cousine et néanmoins épouse aidée de son amant, le mufle Laurent.

Alors que faire ? Se précipiter pour vivre un amour si chèrement gagné serait imprudent. Donc, attendre.

Mais les amants n'avaient sans doute pas prévu que leur crime leur procurerait des angoisses terribles, la vie leur devient impossible, ils ne peuvent ni s'aimer au grand jour, ni attendre sagement que le délai du deuil soit passé.

Un autre mal, bien pire que la frustration s'empare d'eux et les ronge : une véritable terreur, non pas de leur crime ni de possibles sanctions, mais une peur irraisonnée, qui prend une couleur fantastique, avec des terreurs fantastiques, comme si le mort se vengeait. Il est partout, il menace partout, il s'empare des pensées des deux coupables.

Zola fait ici un roman quasi fantastique qui à aucun moment ne rend ses personnages sympathiques. la noirceur semble être la marque des personnages, aucun ne suscite notre sympathie, pas même le mari assassiné ni même sa mère, enfermée dans un silence menaçant.

Un roman d'une noirceur remarquable, qu'on n'oublie pas. L'adaptation pour l'écran de Marcel Carné en a quelque peu modifié la teneur tout en préservant l'essentiel des caractéristiques des personnages.
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Zola sera vivement critiqué avec cette oeuvre et jugé « d'écrivain putride et pornographique ». Il faut dire qu'il dépeint avec minutie la psychologie de ses personnages et leurs travers, sans se soucier de la morale de l'époque.
Thérèse Raquin est pour Zola une analyse dans laquelle il s'est perdu dans la pourriture humaine. Je n'avais pas pris aux mots ce dernier dans sa préface, et quelle erreur de ma part !

Thérèse, jeune orpheline va être recueillie par sa tante Madame Raquin qui élève seule son fils chétif et maladif Camille. Son avenir est déjà tracé, sa tante la marie à Camille car elle voit en Thérèse une protectrice pour son fils malade.
Las de leur existence dans le Vernon, Camille souhaite déménager à Paris où il rêve de travailler dans une administration. Désemparée à l'idée de voir son fils choyé quitter ses jupons, Madame Raquin vend sa maison et achète une mercerie à Paris, où ils pourront travailler et habiter. La famille Raquin mène une morne existence, Thérèse s'ennuie et dépérit en silence. Mais ce quotidien lugubre va être chamboulé lorsque Camille lui présente un ami d'enfance, qui travaille avec lui, Laurent.
C'est le coup de foudre immédiat pour Thérèse, cet homme représente l'opposé de Camille, il est fort, grand, épais. Pour Laurent, l'idée qu'il devienne son amant germe rapidement car cette liaison lui apporterait bon nombre de bénéfice. Fainéant, oisif et paresseux, en devenant l'amant de Thérèse il aurait le gîte et le couvert, et pourrait assouvir ses désirs charnels. Laurent et Thérèse sombrent dans l'adultère et la passion qui anime les amants va les conduire à commettre l'irréparable : le meurtre de Camille. Mais la culpabilité de cet acte sans nom, va rapidement transformer leur quotidien en un véritable calvaire.

Je ressors de cette lecture écoeurée par la nature de Thérèse et Laurent, leur descente aux enfers certes méritée, n'en est pas moins une torture pour celui qui lit. Les différentes phases émotionnelles par lesquelles passent les amants sont poussées à l'extrême, on y décèle tous les vices les plus perfides qu'ils cumulent en eux. Dénués de toute moralité, ils n'hésitent pas à suivre leur instinct, à infliger le pire à Madame Raquin. Quels odieux personnages, j'en ai rarement croisé d'aussi détestables ! Là est d'ailleurs tout le talent de Zola pour montrer ce qu'il y a de pire en l'humain.
Je regrette néanmoins certaines répétitions aux environs du tiers du livre, les descriptions concernant les désordres psychologiques des protagonistes deviennent redondantes. L'ambiance me paraissait suffisamment glauque et pesante pour en rajouter une couche. Cela a entaché mon appréciation du livre, mais pas complètement compte tenu de l'effet qu'il a produit sur moi. C'est sans nul doute un monument de la littérature, on ressent largement les prémices de la fresque des Rougon-Macquart que Zola commencera à écrire quelques années plus tard.
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Je n'avais plus lu Zola depuis que j'avais tourné la dernière page du Docteur Pascal, vingtième et dernier roman des Rougon-Macquart; c'était en 2010.

Et que dire de Thérèse Raquin si ce n'est que j'ai énormément aimé, que j'étais ravie de retrouver la plume de Zola après tout ce temps.

Thérèse Raquin est le troisième roman écrit par Émile, alors jeune écrivain. Et c'est déjà bien abouti. En à peu près 210-215 pages, il nous narre la passion dans ce qu'elle a de plus mortifère, à tous points de vue.
Thérèse, jeune orpheline, est élevée au côté de son cousin Camille, par une soeur de son père, madame Raquin. Et c'est tout naturellement que sa tante pense à marier son fils chéri à sa nièce et jeune pupille. Thérèse s'en accommode tant bien que mal jusqu'à l'arrivée de Laurent qui, peu à peu, s'immisce dans la vie du couple et dans l'esprit de Thérèse. Les deux jeunes gens deviennent rapidement amants et, bientôt, ourdissent un bien funeste dessein... Mais bien mal acquis ne profite jamais comme on dit. Car Thérèse et Laurent ne s'en remettront pas, leurs esprits restant emmurés dans leurs corps pourtant bien vivants et libres, en réponse à ce que deviendront Camille et Mme Raquin.

Dans ce roman j'ai retrouvé ce qui a fait le succès de Zola, et ce qui m'avait plu dans sa fresque Rougon-Macquartienne, soit l'étude des tempéraments guidés par le milieu social et la prédestination, notamment le physique. Il est plus que jamais l'écrivain du naturalisme. En 200 pages, la lectrice que je suis est passée par tous les sentiments, ou presque, ayant tour à tour de la peine, du dégoût, de l'admiration, de la pitié pour ce personnage qu'est Thérèse Raquin, pauvre âme devenue meurtrière par désir plus que par amour, par bêtise plus que par méchanceté.

Et la plume de Zola , son écriture, sa gouaille presque; sans oublier son cynisme, un bijou.

Un classique plutôt court qui est une bonne porte d'entrée pour initier les collégiens et lycéens aux écrivains du XIXème.


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Voilà bien longtemps que je n'avais pas lu cet auteur et c'est avec grand plaisir que j'ai découvert une autre de ses oeuvres.

L'égoïsme est ici un thème omniprésent chez chacun des personnages. Mme Raquin impose ainsi à Thérèse de se marier avec Camille pour prendre soin de son fils ; Michaud, le commissaire de police insuffle à Mme Raquin qu'il faut marier Laurent et Thérèse afin que les soirées du jeudi perdurent et reprennent un peu de gaieté, etc.
Les descriptions de la ville et des activités des personnages donneront véritablement l'impression aux lecteurs d'accompagner partout Thérèse et Laurent. Les relations entre les personnages ainsi que leurs pensées évoluent très vite dans ce roman, ce qui permet de ne jamais s'ennuyer.
L'ambiance du roman est toujours glauque et s'assombrit de plus en plus au fil des pages. Néanmoins difficile de faire durer cette lecture car dès les premières pages il est impossible de s'arrêter.
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Thérèse vit avec sa tante et son mari Camille qui est aussi son cousin. Elle a accepté de se marier sans opposition mais sans amour. Camille est un être influençable, constamment malade qui ne peut en aucun cas satisfaire Thérèse. Lorsqu'elle rencontre Laurent le "sanguin", un désir immédiat s'empare d'eux. Ils assassinent Camille et se marient. Mais leur amour fondé uniquement sur le désir sexuel meurt quand ce dernier s'étiole. Le couple se décompose devant la tante de Thérèse (et donc mère de Camille) jusqu'à la fin atroce. Ils n'ont pas vraiment de remords, de regrets au sens moral mais ce sont plutôt leurs instincts qui refont surface.
Chez Zola, pas d'analyse psychologique mais davantage une étude des caractères, tempéraments marqués par l'hérédité qui finit toujours par réapparaître. Il voulait adopter une démarche scientifique qui apparaît aujourd'hui très déterministe, montrant le lien entre les hommes et les lieux de vie, la supériorité du physique, du milieu, de l'hérédité sur la personnalité individuelle.
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Un très bon roman de Zola que j'ai trouvé palpitant du début à la fin. Il nous montre que la culpabilité peut parfois être plus forte que tout. On peut parvenir à ses fins dans les actions mais ne pas pouvoir se détacher psychologiquement de celles-ci pour en profiter. Certes Laurent et Thérèse sont réunis dans les faits mais ils ne pourront jamais profiter de leur amour rongés par le spectre de Camille qui plane sur eux.
Beauté dans l'écriture, les métaphores. Fluidité dans le récit. Un régal à lire.
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Quelle sinistre aventure...

Deux personnages prédestinés à vivre dans la crasse noire et humide, dans le vice tour à tour salvateur et pernicieux.
Prédestinés à vivre dans ce passage du Pont-Neuf, avec ses dalles jaunies qui suintent misérablement et ses boutiques pleines de ténèbres qui "sont autant de trous lugubres dans lesquels s'agitent des formes bizarres". Prédestinés à y vivre, ou à y mourir?

Il est question d'un crime, comme vous pouvez le deviner au fil des critiques. Pas la peine d'en dire plus.

L'écriture est méticuleuse, pleine de sang-froid glacial. Ce n'est pas les Rougon Macquart, c'est un vrai roman d'épouvante doté d'une sombre peinture de caractères. On pressent les grands romans sociaux, mais on est surtout très surpris de l'intrusion du fantastique chez Zola. C'est un roman éprouvant, fascinant, incroyablement inquiétant, mais c'est très bon!
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A l'époque où est sortie cette oeuvre, les critiques se sont acharnées sur E. Zola, l'accusant de pornographie, de non-psychologie et j'en passe. Mais si seulement certains critiques pouvaient peser leurs mots aussi bien que Zola pèse les siens, autant dire que ce serait fantastique.
Comment peut-on dire que le seul but de Zola, lors de l'écriture de Thérése Raquin, était de dépeindre des scènes monstrueuses? L'analyse psychologie que l'auteur fait (ou fait faire aux lecteurs) du personnage éponyme n'est-elle pas assez évidente? Lorsque Zola parle, dans l'une de ses préfaces, « des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair», n'est-ce pas suffisamment clair une fois encore?
De mon point de vue, Zola allie parfaitement rigueur scientifique et profondeur sentimentale dans cette oeuvre, nous procurant d'un seul trait une analyse parfaitement ancrée dans son époque (où l'on voit le caractère décomposé en différentes parties (bile, sang...), où l'on voit le début de la psychiatrie et de la psychanalyse freudienne...) et des émotions avec un choix des mots brillant et des personnages plongés entre folie et désespoir. Un oeuvre de qualité donc, pour découvrir ou tout simplement apprécier tout le talent de Zola.
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Le livre qui m'a fait aimer la lecture! Merci Zola.
un must pour moi.
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Thérèse a épousé son cousin Camille, un jeune homme malade et souffreteux. Dans sa vie d'épouse frustrée, elle contient ses désirs. le jour où elle rencontre Laurent, sa nature profonde fait surface et elle se jette à corps perdu dans la passion. Pour s'abandonner totalement à l'adultère, il n'est qu'une solution: éliminer Camille et faire taire les soupçons de sa mère.

Magistral! Définitivement, et depuis longtemps, conquise par l'oeuvre de Zola, je salue ce livre que j'ai redécouvert après une première lecture bien lointaine. L'auteur sait si bien dépeindre les affres de la souffrance, physique et morale. le portrait est toujours juste. Je conseille ce livre, comme je conseille tout Zola!
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