Aussi instructive qu'un livre d'histoire, mais passionnante comme un roman, cette biographie de
Marie Stuart prouve que Zweig n'était pas seulement un bon romancier : c'était aussi un excellent biographe.
Stefan Zweig ne nous parle pas seulement de
Marie Stuart : c'est toute une époque et qu'il nous conte. Il évoque aussi la grande rivale de
Marie Stuart : Elizabeth I, que tout oppose à la malheureuse reine d'Ecosse. Et Elizabeth ne sort (malheureusement) pas grandie du portrait qu'en dresse Zweig, puisqu'il la décrit comme une mégère hystérique, jalouse, vieille avant l'âge et terriblement indécise. A certains moments, j'ai eu un peu de mal à croire toutes les horreurs qui nous sont contées au sujet d'Elizabeth… Au fil des pages, Zweig pare
Marie Stuart de toutes les vertus : beauté, intelligence, humour, douceur, gentillesse, courage, et j'en passe. Ses pires défauts sont toujours excusés : ce n'est jamais sa faute si elle commet un meurtre ou une bévue diplomatique, car ces « incidents de parcours » sont dus à son jeune âge, à son inexpérience, à l'influence que d'autres ont exercé sur elle. Bizarre, d'autant qu'à d'autre moments, Zweig décrit
Marie Stuart comme une femme forte et décidée… Une telle reine peut-elle subir l'influence des autres au point de prendre tous les risques en se laissant pousser à commettre un meurtre ? A l'inverse, Elizabeth est personnellement responsable de ses erreurs : sous la plume de Zweig, la reine d'Angleterre n'a jamais aucune excuse, au contraire de la douce Marie.
Manque d'honnêteté intellectuelle/historique ? Je n'irais pas jusqu'à l'affirmer, car
Stefan Zweig est très grand auteur. Mais j'ai quand même eu l'impression qu'il était un grand admirateur de
Marie Stuart et un grand détracteur d'Elizabeth et qu'au fil des pages, ses sentiments pour les deux femmes prenaient parfois le dessus.
Cette biographie était toutefois extrêmement intéressante et passionnante, car loin de dresser le portrait d'une reine, elle nous raconte un pays, le Royaume-Uni, et les grands personnages qui l'habitaient à l'époque (Marie, Elizabeth, Murray,
Maitland, Cecil, Walsingham, etc.) Les intrigues dans lesquelles sont plongées tout ce beau monde sont relatées avec beaucoup de verve par Zweig et les personnages semblent presque reprendre vie sous sa plume.
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