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Critique de metreya


La pièce est courte, mais son propos fait mouche. Fourès est celui qui dénonce, l'inconfort du peuple qui doit se soumettre aux puissants et ces élites que rien ne gêne, pour qui tout est permis et qui ne s'embarrasse par des péquins qui les suivent et les servent. À l'encontre de la Boétie, Zweig nous affirme bien que l'esclavage des peuples est dû à la dictature de ceux qui ont le pouvoir. Se dresser contre eux c'est signer son arrêt de mort !
Il y a d'ailleurs un véritable fossé entre M et Mme Fourès. Autant madame est soumise, seul personnage féminin, qui subit son sort, qui crie à son mari qu'elle n'a pas pu aller contre la volonté de Bonaparte, autant monsieur démontre que l'on peut toujours (essayer) de contrer leur volonté, même seul.

Cette lecture est intéressante, car elle résonne toujours aujourd'hui. Les puissants de ce monde n'ont toujours pas de vertu ni de discipline et le pouvoir reste une drogue qui émascule ceux qui ne l'ont pas et qui font croire à ceux qui le possèdent qu'ils sont supérieurs.
Le point d'achoppement dans cette sulfureuse question du pouvoir est bien mis en avant par Zweig : moins qu'une soumission à ceux qui le possèdent, c'est le regard d'admiration qu'on leur porte qui fait notre malheur. L'exemple ici de Bonaparte est important : homme d'exception, être doué d'une volonté sans borne, il subjugue ceux qui le côtoie. Mais les hommes ou les femmes de pouvoir sont des humains, rien que des humains : ils mangent, ils chient, ils pleurent, ils souffrent comme tous les autres ! Ils ne sont rien d'autre que nos égaux et ils n'ont rien de plus que nous et leur pouvoir n'existe que du moment où on les regarde comme des êtres à part. Rien n'exaspère plus un homme de pouvoir quand quelqu'un se comporte avec lui comme avec n'importe qui ! Pauline Fourès dite Bellilote signe son malheur quand elle croit qu'elle ne peut que se soumettre à Bonaparte, car c'est Bonaparte… Et François Fourès se trompe quand il pense qu'il doit s'élever contre l'injustice que Bonaparte lui a faite parce que c'est Bonaparte… 

L'indifférence est le remède contre le pouvoir. Indifférence au pouvoir lui-même, et indifférence à ceux et celles qui s'en réclament.
Lien : https://metreya.org/2018/08/..
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