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Critique de Arakasi


Nous sommes au début du siècle dans un charmant recoin de la campagne anglaise. Un couple de citadins, désireux de fuir le bruit et le désordre des grandes villes, viennent d'aménager. Des gens charmants, vraiment ! Elle, douce et discrète, une parfaite petite femme au foyer, et lui, cordial et plein de vie, toujours prêt à se précipiter pour rendre service à son prochain. Peut-être un peu trop même… Car, à toujours s'enthousiasmer pour tout et n'importe quoi, John Limpley épuise son entourage, à commencer par sa malheureuse épouse qui n'en peut plus de supporter les extravagances de son conjoint. Afin d'offrir un peu de distraction à la pauvre jeune femme, une voisine a l'idée de lui donner un chiot, un adorable petit bulldog prénommé Ponto. Bien entendu, à peine l'animal introduit dans le cercle familial, Limpley s'en entiche ridiculement : rien n'est assez beau, aucun soin n'est assez aberrant pour Ponto, cette perle des chiens, ce phénix de la gente canine ! Petit à petit, le bulldog devient le véritable maître de maison, tous les occupants se pliant à ses moindres désirs et caprices.

Jusqu'au jour où tout change. Jusqu'au jour où, soudain, tout le monde semble se désintéresser de Ponto. Plus personne ne se soucie de l'épouiller, d'hacher sa viande et de le couvrir de caresses respectueuses. Tous, au contraire, se pressent autour de Madame Limpley et de son ventre curieusement arrondi. Quelque chose arrive, quelque chose de vicieux, de secret, d'incompréhensible, quelque chose qui tente de chasser Ponto de sa place légitime. Et ceci, jamais l'animal ne l'acceptera…

« Un soupçon légitime » est mon premier livre de Stefan Zweig et, bien qu'un peu déçue par sa courte longueur (l'édition de poche est, au passage, une franche arnaque : cent trente pages pour une nouvelle qui n'en fait en réalité pas même soixante !), j'avoue avoir pris beaucoup de plaisir à sa lecture ! La plume de Zweig est précise, recherchée, tout en étant tout à fait accessible pour le lecteur peu féru d'extravagances stylistiques. L'auteur fait preuve d'un don frappant pour la dissection des comportements humains, grattant sous la surface des apparences pour en faire ressortir les côtés les plus malsains et les plus dissimulés. J'ai particulièrement apprécié la façon dont Zweig exacerbait chez ces personnages certaines qualités universellement admirées, comme l'altruisme ou la franchise, jusqu'à les transformer en vices. Petit bémol sur la caractérisation de Ponto, le tyrannique bulldog, peut-être un peu trop humanisé pour être réaliste, mais je suppose que l'on peut y voir une métaphore de l'être humain quand celui-ci est livré à ses pulsions les moins civilisées et se mue en barbare despotique. le tout donne une nouvelle à l'humour grinçant et au suspense bien dosé qui, si elle ne s'avère pas être un véritable coup de coeur, ne m'en donne pas moins envie de découvrir le reste de l'oeuvre de Zweig.
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