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Alzir Hella (Traducteur)
EAN : 9782253153535
220 pages
Le Livre de Poche (15/10/2002)
4.03/5   669 notes
Résumé :
- Brûlant secret
- Conte crépusculaire
- La Nuit fantastique
- Les Deux Jumelles

Comment le désir et la passion, enracinés au fond de chaque être, peuvent le révéler à lui-même et bouleverser son destin : tel est le secret que tentent de percer les quatre récits qui composent ce volume. L'éveil de la jalousie chez un garçon de douze ans, qui a innocemment rapproché sa mère et le jeune vacancier oisif dont l'amitié l'emplissait ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (85) Voir plus Ajouter une critique
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Une nouvelle bien signée ! Quel plaisir de retrouver, une fois de plus, ce style inimitable, qui nous fait pénétrer la tête des protagonistes avec une puissance indicible.

Chaque pensée est disséquée avec finesse, et malgré une époque révolue, l'analyse reste contemporaine. Un enfant et sa mère, le lien mère-fils, la culpabilité qui plane souvent et joue à cache-cache, tout est là, dans ces lignes.

Zweig sait se faire enfant, mère, tante, ami, tout à la fois, et nous aussi.
Je brûle d'admiration pour cet auteur,
et ce n'est plus un secret !
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Afin de tromper son ennui, un jeune baron en villégiature dans un hôtel isolé des Alpes autrichiennes décide de séduire par jeu une femme accompagnée de son fils convalescent de douze ans, Edgar. Pour parvenir habilement et rapidement à ses fins, il se lie hypocritement d'amitié avec Edgar, flatté d'attirer l'intérêt d'un adulte.

Passée la phase d'approche, de l'amitié naissante, le séducteur tente d'éloigner l'enfant, qui trompé par son nouvel " ami ", va tout faire pour perturber les sorties du couple et leurs tentatives de rapprochement. Sa mère, progressivement charmée, hésite entre l'aventure amoureuse et la raison, périlleux dilemme.
Tout se joue donc - il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit au départ d'un jeu - entre un séducteur manipulateur, une mère indécise et un jeune garçon encore très innocent mais clairvoyant. le tout dans un milieu bourgeois d'une époque révolue...en apparence.

Les désirs de chacun s'entremêlent d'abord délicieusement, puis s'entrechoquent brutalement pour finir en feu d'artifice incontrôlable ! de la tension, du suspens, un rythme agréable de courts chapitres font de cette nouvelle un très bon moment de lecture.
Stefan Zweig excelle comme toujours à analyser avec finesse et précision la psychologie humaine et plus particulièrement ici celle d'un jeune adolescent imprévisible dont les sentiments exacerbés oscillent entre amour et haine. Car c'est bien Edgar le héros du récit, le détenteur du brûlant secret, que je vous laisse le plaisir de découvrir.
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J'avais envie d'une gourmandise, aussi j'ai repris avec plaisir une petite viennoiserie.
Des nouvelles de monsieur Zweig : un délice toujours renouvelé.

Quatre nouvelles composent ce livret. Elles ont en commun le désir et la passion. Vous savez comment monsieur Zweig sait si bien en parler. Et bien ici, il ne déroge pas à la règle.

La première, Brûlant secret, a pour héros un jeune garçon d'une douzaine d'années, partagé entre le désir d'être déjà un adulte et celui d'être encore un enfant. Des pages magnifiques dans lesquelles l'enfant gonflé de l'importance que lui donnent les paroles d'un adulte, se rend compte qu'elles ne lui servent d'alibi que pour approcher sa mère. Une fausse amitié, une trahison qui lui ouvrira les yeux sur le monde des hommes, sur la vie et sur l'amour maternel. Et ce final sur l'amour maternel, un vrai bonheur de lecture qui a enflammé mon coeur de lectrice !
« Ce n'est que plus tard, beaucoup d'années plus tard, qu'il reconnut dans ces larmes muettes la promesse de la femme vieillissante de n'appartenir désormais qu'à son enfant, le renoncement à l'aventure, l'adieu à tous ses désirs égoïstes. Il ne savait pas qu'elle lui était aussi reconnaissante de l'avoir sauvée d'une aventure stérile et que dans ces baisers elle lui laissait en héritage, pour sa vie future, le fardeau à la fois amer et doux de l'amour. L'enfant ne comprenait pas cela, mais il sentait tout l'enivrement de cet amour qui déjà le mettait en rapport avec le grand secret de l'univers. »

La seconde, Conte crépusculaire, est une histoire d'amour. le premier amour vécu par un jeune homme d'une quinzaine d'années, mais qu'il ne comprit pas, croyant aimer et être aimé de sa cousine Margot alors que c'est la soeur de celle-ci , son autre cousine Elisabeth, qui l'aimait. Une histoire d'amour perdu qui le laissa à jamais dans une profonde mélancolie.

La nuit fantastique, troisième nouvelle de ce livret, permet à notre héros de découvrir la vie, la vraie, celle des autres. Jusqu'au moment où il « vole » un ticket au champ de courses, où l'a mené sa vie d'oisiveté de fils de « bonne société », il vivait sans passion, sans intérêt pour aucune chose ni aucun amour. Sa vie passait, lisse, sans but et sans attrait. Il menait alors une vie contemplative. Mais ce geste, cette folie, va le mener vers d'autres lieux, d'autres gens, d'autres pensées et lui révéler un monde inconnu mais ô combien vivant.
« Ainsi donc, en moi aussi, dans cet atome palpitant d'univers que j'étais, brûlait encore ce germe volcanique de toute existence terrestre qui parfois s'épanouit sous la pression tourbillonnante du désir. Moi aussi, je vivais, j'étais vivant, j'étais un être humain, avec des envies mauvaises et pleines d'ardeur. »
Et ici, il faut marquer un arrêt car moi qui n'ai jamais assisté aux courses hippiques, j'étais aux premières loges tant notre auteur sait rendre l'atmosphère de ce lieu bruyante, vibrante, enivrante et trépidante. Des pages brillantes !

Enfin pour terminer, Stefan Zweig, invite le lecteur à découvrir un conte drolatique « les deux jumelles. »
Une petite histoire (drolatique ?) mettant en scène deux jumelles d'une beauté inégalée et d'un orgueil incommensurable qui au lieu de s'accorder, s'opposent. L'une épouse le vice et l'autre la vertu. Mais, au fil du temps, une certaine connivence leur viendra…

Il est facile de se laisser emporté(e) par l'écriture de Stefan Zweig, c'est toujours brillant, d'une grande érudition, finement ciselé. Les personnages sont toujours très finement et méticuleusement travaillés, les sentiments scrutés à la loupe, l'âme décortiquée. de la belle ouvrage !
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Une centaine de pages, c'est le format du succès pour Zweig: "Le joueur d'échecs", " La confusion des sentiments", "La lettre d'une inconnue", "La peur", "24heures...

Effectivement, c'est aussi le cas avec les 100 pages de "Brûlant secret", pas de déception, le récit demeure toujours aussi prenant et rythmé. Ici, en de courts chapitres.

Au début, le personnage principal semble être un jeune baron célibataire, en vacances dans un hôtel de montagne autrichienne au Semmering; un séducteur à la recherche d'aventures féminines sans lendemain. Il jette son dévolu sur une femme d'une bonne trentaine d'années. Une femme distinguée accompagnée de son fils Edgar, 12 ans. Mais pour approcher la jolie dame, il use de perfides moyens en donnant l'illusion au garçon qu'il est son ami. Edgar pressent en effet que l'on abuse de sa naïveté et c'est ce garçon qui devient le personnage central intrigué par ce qu'on lui cache: un brûlant secret.

Quel brûlant secret peut-on lui cacher à ce garçon de 12 ans au point de lui mentir et de l'éloigner quand sa mère et ce baron veulent discuter ensemble?

Implicitement, Zweig dénonce l'hypocrisie des adultes, de l'école, de la famille et de la morale officielle quant à l'enseignement de la sexualité à la jeunesse.

L'auteur met en place un suspense magistral à la mesure des changements qui s'opèrent dans la tête de ce garçon trahi par les adultes. L'imprévisibilité de ses réactions est le moteur de cette intrigue.
Encore un bijou d'orfèvre.
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J'ai eu un coup de coeur pour cette nouvelle très aboutie, dense et parfaite dans son écriture.

Le récit prend le parti de nous faire glisser peu à peu d'une aventure amoureuse assez banale, un flirt dans un grand hôtel, à une réflexion profonde sur la signification de cette même aventure pour le jeune garçon, Edgar, qui se retrouve dans un trio bien embarrassant avec sa mère, assez froide et peu maternelle, et le baron, chasseur de femmes comme cela a été dit plus haut. Alors qu'il se faisait une joie d'avoir un ami en la personne du baron, et se sentait grandir, devenir presque adulte, en sa pré-adolescence, il se sent vite trompé, car une fois que le baron, purement calculateur, s'est introduit grâce au fils dans les bonnes grâces de la mère, Edgar commence à déranger, et on lui suggère d'aller s'occuper seul quelque part ailleurs.

Surtout, il ne supporte plus que l'on fasse sans cesse référence à son statut d'enfant, alors que l'orgueil commençait à le gagner : il n'en était plus un, il comprenait bien plus de choses à présent. Pourtant, l'initiation n'est qu'entamée, et le garçon va subir plusieurs péripéties, épier ce qui se passe, essayer de s'imposer, pour finir par haïr sa mère et le baron, qui, il en est sûr, lui cachent un secret... Brûlant secret qui, s'il le surprend, lui permettra d'accéder au monde adulte. C'est donc une autre chasse qui se joue à présent, dont la mère d'Edgar est l'enjeu.

J'ai dévoré cette nouvelle de 69 pages, riche en réflexions sur la séduction, la conduite des adultes lorsqu'ils se laissent mener par leurs désirs et commencent à mentir, la déception liée à la tromperie et au mensonge, et bien sûr, ce moment troublant entre l'enfance et l'âge adulte, l'ambivalence de ce seuil, où l'on anticipe ce qui vient après, mais on ne voudrait pas perdre l'innocence de l'enfance, la protection des personnes aimées.

Une fois encore, l'écriture déploie à merveille des scènes, des paysages, parfois exaltants, parfois inquiétants ; la nature est un personnage à part entière, qui se prête complaisamment aux ambiances et aux ressentis des hommes qui la peuplent, et pourtant, elle reste irréductible et autonome dans son propre mystère. Un parc au printemps peut abriter aussi bien des couples qui se réfugient dans la sensualité de la nuit, qu'un enfant seul et agité, comme abandonné de tous. Zweig crée autour de nous un monde aux accents d'hier, au bord de l'abîme, et déjà étonnamment moderne, dans lequel nous trouvons toujours notre juste place.
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Citations et extraits (168) Voir plus Ajouter une citation

Mais, j’en suis bien certain, je n’ai jamais aimé la vie avec plus de passion et je sais à présent que tout homme commet un crime (le seul qui existe !) en se montrant indifférent devant n’importe laquelle de ses formes et de ses incarnations. Depuis que j’ai commencé à me comprendre moi-même, je comprends aussi une infinité d’autres choses : le regard d’un être plein de désir devant un étalage peut me bouleverser, les cabrioles d’un chien m’enthousiasmer. Désormais, je fais attention à tout, rien ne m’est indifférent. Je lis dans le journal (qu’autrefois je ne feuilletais que pour y chercher des distractions et des ventes aux enchères) mille faits quotidiens qui m’émeuvent ; des livres qui m’ennuyaient me révèlent soudain leur intérêt. Le plus remarquable, c’est que je peux à présent parler aux gens, même en dehors de ce qu’on appelle la conversation. Mon valet de chambre, que j’ai depuis sept années, m’intéresse ; je
m’entretiens souvent avec lui ; le concierge devant qui autrefois je passais sans faire attention, comme devant une sorte de pilier mobile, m’a raconté ces jours derniers la mort de sa petite fille et j’en ai été plus ému que par les tragédies de Shakespeare. Et cette métamorphose (bien que, pour ne pas me trahir, je continue extérieurement à vivre dans les milieux où règne un ennui de bon ton) semble peu à peu transparaître. Nombre d’êtres humains sont tout à coup devenus cordiaux avec moi ; pour la troisième fois cette semaine des chiens inconnus sont venus vers moi dans la rue. Des amis me disent, avec une certaine joie, comme à quelqu’un qui a triomphé d’une maladie, qu’ils me trouvent rajeuni.
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Ainsi que la conversation le montrait, Edgar était très intelligent, un peu précoce même, comme la plupart des enfants maladifs qui sont restés longtemps dans la société des adultes, et ses sympathies ou ses antipathies atteignaient un degré de passion extraordinaire. Il ne paraissait jamais garder la mesure ; il parlait de chaque personne ou de chaque objet soit avec enthousiasme, soit avec une haine si violente qu’elle tordait son visage et lui donnait presque un aspect méchant et hideux. Quelque chose de sauvage et de primesautier, qui provenait peut-être de la maladie qu’il venait de surmonter, mettait dans ses paroles une ardeur fanatique et il semblait que sa gaucherie n’était qu’une crainte, péniblement refrénée, de sa passion.
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Il était conscient de sa totale incapacité à la solitude. Non désireux de faire plus intimement sa propre connaissance, il redoutait le face-à-face avec lui-même et évitait soigneusement pareil tête-à-tête. Il savait qu'il avait besoin de se frotter aux gens pour faire briller ses talents, sa nature chaleureuse et cordiale, et seul, il se sentait inutile et sans flamme comme une allumette dans sa boîte.
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Elle était à cette époque décisive de la vie où une femme commence à regretter d'être demeurée fidèle à un époux qui, en réalité, n'a jamais été aimé, et où le pourpre coucher du soleil lui laisse encore un dernier choix (pressant!) entre la maternité et la féminité. A cette minute la vie, qui paraissait depuis longtemps déjà avoir été réglée d'une façon définitive, est de nouveau remise en question; pour la dernière fois l'aiguille magnétique de la volonté oscille entre la passion et la résignation à jamais. Une femme a alors à prendre la dangereuse décision de vivre sa propre destinée ou celle de ses enfants, d'être femme ou mère.
(Brûlant secret)
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C’était un de ces hommes qui doivent beaucoup de bonnes fortunes à leur joli visage et chez qui, à chaque moment, tout est prêt pour une nouvelle rencontre, une nouvelle expérience amoureuse ; un de ces hommes qui sont toujours au potentiel voulu se précipiter dans l’inconnu d’une aventure, que rien ne surprend, parce que, sans cesse à l’affût, ils ont tout calculé ; qui ne manquent aucune occasion parce que leur premier regard pénètre inquisiteur dans la sensualité charnelle de chaque femme, sans faire de différence entre l’épouse de leur ami et la servante qui leur ouvre la porte. Lorsque, avec un certain dédain superficiel, on donne à ces gens-là, en Autriche, le nom de « chasseurs de femmes », c’est sans savoir combien de vérité positive incarne ce mot, car, effectivement, tous les instincts passionnés de la chasse, le flair, l’excitation et la cruauté mentale, s’agitent dans l’attitude de ces hommes constamment sur le qui-vive. Ils sont toujours chargés de passion, une passion qui n’est pas celle de l’amant, mais du joueur, la passion froide, calculatrice et périlleuse.
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Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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