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Hélène Denis-Jeanroy (Traducteur)Raymond Jeanroy (Préfacier, etc.)
EAN : 9782253149187
218 pages
Le Livre de Poche (19/06/2000)
3.65/5   43 notes
Résumé :
Saisir les traits essentiels d'une personnalité, concentrer en quelques pages le sens d'une destinée : c'est en quoi excelle Stefan Zweig, dans les brefs portraits rassemblés ici, articles de journaux, préfaces, textes écrits à l'occasion d'un décès ou d'un anniversaire.
Lui-même a connu certains des personnages évoqués : ainsi Romain Rolland, Joseph Roth, Rainer Maria Rilke, Rabindranath Tagore, qu'il côtoya ou qui furent des amis. Sur d'autres, rencontrés ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Marseille le 8 mai 2001,

Cher Monsieur Zweig,

C'est après avoir lu "Hommes et destins" que je me rends compte du talent inné que vous avez à dépeindre le destin des hommes célèbres. Plus que de simples biographies, vos portraits sont aussi le reflet de votre personnalité. Quelle chance avez-vous eu de vous entretenir avec ces grands hommes ! Nombreux sont les gens qui ont côtoyé intimement ces personnes mais peu d'entre eux ont su transcrire avec autant de justesse l'essence même de leur existence. Pensiez-vous être un jour considéré comme l'un des plus grands écrivains autrichiens ?

Nouvelle, théâtre, poésie, roman, essai, biographie, y aurait-il un style littéraire que vous n'ayez essayé ? Savez-vous que votre travail de portraitiste constitue un témoignage inestimable pour la compréhension de ces hommes aujourd'hui disparus ? S'il est vrai que certains furent vos amis et qu'en conséquence votre travail d'écrivain était facilité, j'imagine que votre travail de recherche n'en était pas moins important. Mais qu'en est-il de Paul Verlaine que vous avez décrit à mon goût, avec sévérité ? Entre nous, il est vrai que Verlaine était un alcoolique invétéré. Vous avez d'ailleurs parfaitement situé le contexte de son oeuvre mais j'aime beaucoup le pauvre Lelian ainsi qu'il aimait à s'appeler. Et bien qu'il n'ait eu de véritable vocation que pour la bouteille, le portrait que vous en avez fait m'a chagrinée. Pourtant je sais que vous aimez sa poésie et pour autant, je ne remets pas votre étude en question car grâce à vous, j'ai pu compléter ma connaissance du personnage.

J'apprécie par ailleurs l'acuité avec laquelle vous avez étudié les personnalités de Romain Rolland, Jean Jaurès, Proust ou encore Nietsche et tous les autres, et il va sans dire que votre oeuvre a toute sa place dans nos bibliothèques. Et je conseille vivement la lecture d'"Hommes et destins" à tous ceux qui voudront bien le lire. C'est donc dire si j'ai aimé "Hommes et destins".

Enfin, je voudrais juste ajouter une dernière chose : l'indulgence dont vous faites preuve à l'égard de Sigmund Freud est sûrement liée à votre amitié. Mais savez-vous concernant son travail sur la psychanalyse qu'on le traite toujours autant de charlatan, menteur et usurpateur ? Vous qui le connaissiez personnellement, j'aurais vraiment été curieuse de connaître votre avis sur la question. Évidemment, il est trop tard pour en parler. Ce sera donc à moi de me faire ma propre idée...

Quoique qu'il en soit, sachez que votre livre est un véritable trésor. Je compte d'ailleurs, si j'en ai l'occasion, me pencher sur votre biographie sur Marie-Antoinette. Elle fait partie des titres phares de vos fervents admirateurs et je ne saurais passer à côté.

Avec mes meilleurs compliments,

Alcapone
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En brossant ces portraits d'hommes qu'il admirait, Stefan Zweig nous place évidemment face à la mort. Parmi les textes rassemblés ici, se trouvent en effet l'éloge funèbre de Sigmund Freud, celui de Joseph Roth, le récit des vies tragiques de Paul Verlaine, Otto Weininger, John Drinkwater, Gustav Mahler...
Mais la mort n'est pas seule à s'avancer vers nous sous la plume de Zweig. le deuxième mot qui ressort le plus puissamment est sans aucun doute "amour". Zweig nous parle d'amitié, d'admiration, d'inspiration, mais il emploie aussi ce terme d'amour pour plusieurs de ces hommes. Bien sûr, certains des textes rassemblés ici affichent une certaine emphase. L'origine de celle-ci peut se trouver dans le style propre à Zweig, pourtant toujours aussi limpide et mélodieux, mais aussi dans la nécessité de fournir la dose de lyrisme attendue quand il s'agit de tresser des lauriers à de respectables défunts (lors de leur enterrement ou dans une préface de leurs oeuvres) ou à de vénérables vivants (comme Romain Rolland ou encore Arthur Schnitzler, à l'occasion de son 60e anniversaire). Pour autant, l'usage du mot "amour" par Zweig échappe à cet emballement commandité. Amoureux des mots, de la musique, de l'entente entre les peuples, de l'humanité, Zweig ne rougissait pas d'affirmer aussi son amour pour des artistes ou des penseurs de son temps ou des décennies précédentes. Il pourrait nous servir d'exemple : ne sommes nous pas plus prompts à affirmer nos haines et nos dégoûts que notre amour et notre admiration ?
Cependant, la mort et l'amour ne sont pas les deux seules forces qui traversent ce livre. La troisième, évidente et tellement indissociable de la personnalité de l'auteur, est son humanisme. Dans les textes sur Jean Jaurès, Albert Schweitzer ou Lafcadio Hearn, Greco-anglais qui a fini sa vie au Japon, Zweig réaffirme son attachement aux valeurs de partage, d'engagement, de coopération. Partage d'idées entre artistes de toutes nationalités, engagement pour la paix, coopération entre les peuples européens (et au-delà de l'Europe), ce sont des idées que Zweig a soutenues toute sa vie. Elles apparaissent clairement dans ce recueil, faisant alors écho à ce chef-d'oeuvre en forme de testament que constitue le Monde d'hier. Tous les textes de ce recueil, de longueur et d'époque de rédaction très diverses, ne sont pas de la même trempe que ce grand récit historique, mais certains sont puissants, comme ceux sur Rilke ou Jaurès, et justifient que l'on s'intéresse à ce volume.
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Stéphan zweig nous présente dans cet ouvrage un certain nombre de portraits d'hommes qu'il admire, qu'il connaît, qu'il analyse. Même si on ne connaît pas les protagonistes, la plume de l'auteur nous rend toutes ces vies intéressantes.
En tout cas, il m'a donné envie de relire un certain nombre d'auteur et surtout de me plonger dans les biographies écrites par l'auteur.
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Avant tout, c'est du Sweig. Il est partout, dans tous les portraits, dans tous les hommages. Comme c'est indiqué dans l'introduction, Sweig aime admirer, sans borne, sans limite, un être pour lui porteur de quelque chose de divin.
Il est à noter qu'il n'y a aucun portrait de femme .....hummmm misèèèère, quelle honte. J'ai fait des bons quand j'ai lu dans le portrait de Verlaine cette phrase qui débute par " C'est réagir en femme, c'est se tromper par excès de sentimentalité "
Alors tous les portraits ne m'ont pas plu, certains émergent comme celui de Jaurès et de Freud ( magnifique hommage ) d'autres m'ont déconcerté comme celui de Verlaine.
On retrouve l'esprit Européen de Sweig mm si par moment, il ne peut s'empêcher de vanter telle "qualité " du peuple Allemand ... tel défaut ou telle différence du peuple Français avec une théorie très compliquée, ds le portrait de Jaurès, sur ce qu'est une personnalité Française....là, j'ai trouvé ça tiré par les cheveux mais je pense qu'il s'agit d'un ressenti de l'époque.
Il y a dans certains portraits un décalage avec notre époque, ds les termes choisis qui m'a parfois agacé . Je pense qu'il faut lire ces portraits un par un et non pas à la suite. le fait qu'ils soient regroupés dans un livre ne doit pas conditionner la lecture. Un par un ces portraits sont un témoignage magnifique d'une époque. J'ai également découvert des personnages, ce qui m'a donné envie de creuser pour en savoir un peu plus . Rien à voir non plus avec le Balzac de Sweig.
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Ce livre réussit un tour d'exploit: saisir en quelques pages l'essentiel d'une personnalité, une vingtaine de portraits étant rassemblés ici. Textes, articles de journaux, préfaces, différents supports sont utilisés dans ces portraits.
Stefan Zweig a lui-même connu plusieurs des personnalités évoquées comme Romain Rolland, Joseph Roth, Rainer Maria Rilke, Rabindranath Tagore.
A travers ces personnages très variés représentés artistes, écrivains (Proust), musiciens (Mahler), hommes politiques (Jaurès) scientifiques (Freud), c'est tout un pan du 20ème siècle qui se déroule devant nous.
Au final, un bel autoportrait du grand écrivain autrichien.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
" Vous avez le don de comprendre par l’amour. Vous êtes un de ces généreux esprits européens dont notre époque a besoin et dont j’attendais la venue depuis vingt ans. "

Lettre de Romain Rolland à Zweig du 4 mai 1915
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Une question maintenant pour le psychologue: qu'est-ce qui l'emporte chez Marcel Proust? Si cet homme malade, inapte à la vie, mène pendant quinze ans cette existence de snob stupide et futile, est-ce simplement en raison du plaisir intime qu'elle lui procure et ces notes ne sont-elles qu'accessoires? Ou bien va-t-il dans les salons uniquement comme un chimiste dans un laboratoire, un botaniste dans une prairie, afin d'accumuler discrètement la matière d'une oeuvre exceptionnelle? Se déguise-t-il ou est-il lui-même? Flâne-t-il par plaisir ou par calcul? Sans doute ces deux aspects étaient mêlés de façon si géniale, si magique que jamais la pure nature de l'artiste n'aurait trouvé à s'exprimer en lui si le destin ne l'avait d'une main ferme, arraché soudain à l'univers factice et insouciant de la conversation pour le placer dans la sphère voilée, obscure de son propre univers, éclairée seulement par une lumière intérieure.
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A propos de Verlaine
à dix-sept ans, déjà plus radical que Nietzsche à la fin de sa vie, Rimbaud, l'amoralisme en personne, lui enseigne l'anarchie, le mépris de la littérature, le mépris de la famille, le mépris des lois, le mépris du christianisme. Avec ses paroles tendues, dures, sarcastiques, et pourtant d'une puissance irrésistible, il l'extirpe de sa terre molle. Il le déracine.
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Jaurès les dominait tous, il ne voulait pas la révolution, car elle aussi ne pouvait être gagnée qu'en versant le sang, ce dont il avait horreur. En bon disciple de Hegel il croyait à la raison, à un progrès sensé, fruit de la persévérance et du travail. Pour lui le sang était sacré et la paix des nations était son credo. Le travailleur vigoureux et infatigable qu'il était avait pris sur lui la charge la plus lourde: rester pondéré dans un pays saisi par la passion, et à peine la paix fut-elle menacée qu'il se dressa comme d'habitude, sentinelle sonnant l'alarme dans le danger.
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C'est à son contact que j'ai, pour la première fois, commencé à entrevoir ceci: tout véritable intérêt reste toujours dissimulé, le secret du public allemand (le meilleur du monde quant aux choses de l'esprit) est que les habitués des premières, des salons, importent peu face à ceux pour qui l'ombre est sacrée – gens ordinaires, solidement établis dans le quotidien, chez qui l'exaltation de la jeunesse est simplement recouverte par une écorce, une croûte apparente – leur gagne-pain – et qui ont su préserver intacte en eux leur soif d'idéal envers la nouveauté, la créativité. (En souvenir d'un Allemand)
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Vidéo de Stefan Zweig
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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