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Critique de camati


Je le confesse : j'ai toujours un a priori favorable lorsque j'ouvre un livre de Stefan Zweig . « La confusion des sentiments » n'est pas un roman mais on peut le classer dans la catégorie des nouvelles car il ne fait que 126 pages.
Je me suis d'emblée demandé s'il s'agissait d'un texte autobiographique, même si le narrateur s'appelle Roland et non Stefan. En effet, il est sous-titré « notes intimes » et est écrit à la première personne du singulier. L'auteur a-t-il voulu nous révéler quelque chose le concernant? ou est-ce de la pure fiction ? ou encore pour utiliser une expression nouvelle de l'auto-fiction ?
Ensuite, j'ai eu le sentiment que l'auteur ne s'adressait pas qu'au lecteur, mais également à lui-même. Il vient ici confier l'importance de celui qui a tout déclenché dans sa vie d'écrivain et révéler un « secret » le concernant que personne ne connaît.
Lorsqu'il était jeune, le narrateur rejetait tout ce que son père, proviseur, aimait ou représentait ; assez classique, me direz-vous, pour un adolescent. A l'opposé de celui-ci, il voulait devenir officier, marin ou ingénieur. le compromis auquel il a pu parvenir avec lui, c'est de faire des études d'anglais. La personne qui a eu une telle importance dans sa vie, c'est un professeur qui l'a captivé et lui a fait découvrir William Shakespeare. Cela lui a redonné le goût de l'étude, lui a ouvert des fenêtres sur la littérature et la vie. Il l'appelle « mon maître » et lui voue une grande adoration. Il dit de lui qu'il est la personne qu'il a le plus aimée au monde. Ils ne sont pas que professeur et étudiant, ils deviennent amis, au point d'habiter dans le même immeuble.
Son maître est marié à une femme, plus jeune que lui, et jolie. Leur relation est très étrange, ni chaleureuse, ni complice, à l'image du comportement du professeur qui peut parfois disparaître pendant plusieurs jours sans crier gare. D'un tempérament très changeant, il peut être chaleureux, affectueux, mais également repousser froidement le jeune homme, qu'il plonge alors dans la plus grande confusion de sentiments. Sous l'influence de S.Freud, il cherche à analyser ces sentiments et comprendre ce comportement. L'étude psychologique des personnages est la marque de fabrique de Stefan Zweig.
Il est sûr que pour un texte publié en 1927, il est très moderne par cette analyse psychologique, mais également le côté presque cinématographique ; en effet, il s'agit ici d'un flash-back puisque le narrateur est âgé lorsqu'il remonte l'horloge du temps pour raconter cette rencontre cruciale. Et enfin, certains points abordés sont audacieux, je ne veux pas en dire plus afin de ne pas déflorer la fin ni gâcher le plaisir du futur lecteur. Je vous laisse découvrir ce petit livre tout en disant que vous ne risquez pas d'être vraiment déçu, cet auteur est à mon sens une des valeurs littéraires les plus sûres. Bonne lecture !
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