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EAN : 9782228915335
92 pages
Payot et Rivages (16/03/2016)
4.07/5   34 notes
Résumé :
« À présent, les deux filles sont couchées dans leur chambre, toutes lumières éteintes… »

Quelque chose s’est passé. Moins sévère, moins joueuse, Mademoiselle les délaisse. Qu’arrive-t-il donc à leur gouvernante ? Pour le savoir, deux fillettes vont enquêter… Publiée en 1907, cette nouvelle de Stefan Zweig, à laquelle fait écho l’admirable « Eros matutinus », sans doute le plus beau passage du Monde d’hier, nous parle d’un temps où la vie érotique ét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La gouvernante écrite en 1907, alors que Stefan Zweig n'a que vingt-six ans, et Eros matutinus - en fait un chapitre du Monde d'hier, sorte de mémoires parues à la fin de sa vie - se font écho pour affirmer la position de l'auteur contre « la morale du silence et de la dissimulation » qui prévaut dans les familles quant à l'éveil à la sexualité des jeunes gens avant 1914.

Pour illustrer sa pensée, Stefan Zweig met en scène deux petites filles effrayées par la violence de la réaction de leurs parents qui découvrent la grossesse de leur gouvernante. Le silence, qui suit le renvoi et la disparition mystérieuse de celle qu'elles aiment, ajoute à leur désarroi une perte de confiance dans le monde des adultes. Une épreuve qui détruit irrémédiablement leur innocence d'enfant : « Elles sont devenues des ennemies pour leur entourage, des ennemies résolues qui ne pardonneront plus – car depuis le veille, elles ne sont plus des enfants. Cet après-midi-là, elles ont vieilli de plusieurs années. »

Dans l'Eros matutinus, l'eros matinal, celui de la puberté, Stefan Zweig prolonge sa réflexion sur les jeunes adultes, privés d'éducation sexuelle, qui découvrent que la sexualité doit rester invisible selon une morale et des conventions bourgeoises, imposées par des gens qui ne s'y conforment pas. Une hypocrisie intolérable qui engendre beaucoup de souffrance, méfiance et rancoeur de la part de la jeunesse : « Dès que nos yeux se sont ouverts, nous avons senti instinctivement qu'avec sa dissimulation et ses mystères, cette morale déloyale voulait nous prendre une chose qui appartenait de droit à notre âge, et qui sacrifiait notre besoin de sincérité à une convention depuis longtemps dépassée. »

Des pages magnifiques sur la nécessité de l'éducation et de la liberté sexuelles et sur les dangers de leur carence.
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Nouvelle "La Gouvernante" :

J'ai beaucoup apprécié cette nouvelle qui, en l'espace d'une quinzaine de pages, nous narre un drame familial étouffé, tel que surpris par deux fillettes, qui tentent de comprendre, parce qu'elles aiment leur gouvernante, ce qui se trame contre cette dernière. En effet, "Mademoiselle", d'habitude stricte, lorsqu'elle les instruit, ou alerte et gaie lorsqu'elle les emmène en promenade, a changé : elle soupire, paraît lointaine, perdue dans des pensées tristes.

Les deux enfants sentent qu'un drame se prépare, et qu'on ne leur dit rien : elles commencent à épier, surveiller les faits et gestes de tous dans la maison, et de fil en aiguille apprennent l'essentiel : mademoiselle attend un enfant d'Otto, un cousin plus âgé qui vit chez son oncle le temps de ses études. Ce n'est pas pour rien qu'il les accompagnait partout ces derniers temps... Seulement, celui-ci ne compte pas donner suite à ses responsabilités, et éconduit la demande d'aide de la jeune femme.

Les fillettes restent rêveuses et entrevoient un peu de ce qu'est la vie. En ce moment où le destin de leur gouvernante risque de basculer, elles ne savent pas comment lui montrer leur attachement et l'aider ; de plus, tout le monde les laisse livrées à elles-mêmes. le drame se noue et elles se sentent impuissantes à comprendre, à agir, mais surtout elles perdent leur confiance en leurs parents, elles se sentent environnées de mensonge et de méchanceté.

La trame de l'intrigue n'est pas très originale, mais Stefan Zweig a réussi à nous présenter ce moment initiatique du point de vue de deux enfants, sur le seuil de la féminité, et à nous faire ressentir, avec une grande finesse psychologique et sensibilité, ce qui arrive lorsque des enfants sont confrontés à des secrets adultes, et qu'ils apprennent le mensonge et l'hypocrisie sociale, au lieu de l'amour et du respect. Il aborde avec humanisme la situation de cette jeune femme piégée par sa condition, en détresse et aux abois, en butte à la lâcheté d'Otto, à l'incompréhension et à la cruauté méprisante de son employeuse, qui condamne sans rien savoir. C'est un récit triste et éprouvant, mais une belle réussite de style et d'analyse psychologique. On ne peut qu'y croire et se laisser emporter, souhaitant aux deux fillettes une meilleure entrée dans la vie adulte par la suite.

Note : je n'ai pas lu la nouvelle dans cette collection, aussi ma critique ne porte que sur "La Gouvernante".
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Dans cette collection, on va retrouver la nouvelle « la gouvernante » suivi d'un chapitre du « monde d'hier » qui va donner une vision particulière à notre nouvelle. Je ne vous ferais pas l'affront de vous présenter Stefan Zweig ou ce qu'il représente pour moi. Je pense avoir été suffisamment clair par rapport à mon admiration pour cet homme, ainsi que pour ma passion pour son roman « le joueur d'échec ». Si vous êtes nouveau, je ne dirais que cela : je suis une très grande fanatique de l'ensemble de son oeuvre !

Ici l'auteur nous livre un texte tout en nuance sur la place de la sexualité au sein d'une famille bourgeoise lors du début du siècle. le sujet est d'autant plus fort, car il nous est présenté du point de vu de l'enfance. On se retrouve donc avec l'innocence de l'enfant qui tente de comprendre avec ses réflexions ce qui se déroule.

C'est à travers la domestique que l'on va se rendre compte du manque de liberté sexuelle et surtout des conséquences que cela pouvait impliquer à l'époque. Un texte très juste qui met en relation l'innocence de l'enfance face à une sexualité cachée et pourtant omniprésente. Nos deux enfants vont entendre des conversations et en tirer leur propre conclusion. On appréciera la finesse de ces réflexions, d'un côté l'enfant qui ne peut pas encore comprendre tout ce que cela implique et de l'autre, l'impartialité des adultes qui ne veulent pas comprendre. On retrouve donc une dualité complexe entre deux mondes. Stefan Zweig se place du côté de l'enfant pour accentuer la situation et dénoncer ouvertement le manque de recul par rapport à la situation.

Dans le chapitre qui va suivre, on découvre « Eros Matutinus », un chapitre tiré de son livre « le monde d'hier ». Dans celui-ci, l'auteur nous présente un tableau très riche de l'évolution des moeurs dans la société. Avec une jeunesse sexuellement active mais moralement dangereuse. L'auteur nous présente la fausse moralité vis-à-vis de cette sexualité débordante. L'époque, ainsi que la société ne savent pas comment faire face à la sexualité de la jeunesse. Avec beaucoup d'intelligence, l'auteur nous livre un constat sur ses jeunes hommes dont on tait une sexualité libérée et ouvertement active. En comparaison à toutes les jeunes femmes qui se retrouvent bien inexpérimentée et surtout dépourvue de jugement lors de leur nuit de noce.

Un texte extrêmement bien construit qui nous permet de voir les limites de la société par rapport à la sexualité plus ou moins libérée de l'époque.
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Dans ce livre très court comportant une nouvelle de 47 pages et un chapitre de son ouvrage « le monde d'hier » d'environ 45 pages, on peu voir toute la vie de Stefan Zweig.
La gouvernante, en effet, a été écrite en 1907, alors qu'il avait à peine 26 ans, alors qu'Eros Matutinus est tiré d'un espèce de mémoire qu'il a commencé à écrire en 1934 et qu'il a envoyé à son éditeur 1 jour avant son suicide.
Malgré le grand nombre d'années qui séparent ces deux textes, je n'ai pas trouvé de grande évolution, ni dans l'écriture ni dans les pensées.
Zweig dénonce, peut être de manière plus abrupte dans Eros matutinus que dans la gouvernante, l'ignorance des jeunes en matière de sexualité.
Que ce soit les deux fillettes qui découvrent que leur gouvernante a une relation avec leur cousin, se méprennent sur certaines confidences entendues à travers une porte, puis assistent à des scènes que personne ne leur explique et qui les conduisent à considérer les adultes comme autant d'ennemis chargés de leur mentir sur toute chose, ou les adolescents, presque des adultes, privés d'éducation sexuelle, quelque soit leur sexe d'ailleurs. Alors que le garçon, s'il a un père « attentif » ou des amis plus âgés et plus au fait de ces choses là, aura tôt fait de s'instruire dans les maisons de tolérance, la jeune fille reste ignorante jusqu'à ce qu'elle apprenne brutalement la chose dans son lit de noce. Imaginez le traumatisme que cela doit être pour elle !
Zweig déplore ce maintien dans l'ignorance au nom d'une soi disant bienséance et pense, à juste titre d'ailleurs, que cette absence d'éducation ne peut qu'apporter des dérives. Il pense surtout aux jeunes garçons, qui inconscient des danger des prostituées de rues, n'ayant pas forcément leurs entrées dans des maisons de tolérance plus sûre mais beaucoup plus chère, n'osant pas s'ouvrir de leurs tourments et interrogations à leurs pères, se mettent en position de contracter ce que l'on appelait les « maladies honteuses » pour lesquelles, à l'époque, on ne connaissait guère de traitement.
Il n'a pas tort quand il laisse entendre qu'une éducation sur ce sujet, même succincte, épargnerait beaucoup de doutes, d'erreurs et de souffrance à la jeunesse en passe d'entrer dans l'âge adulte.
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Un tout petit livre qui nous amène dans les us de l'éducation sentimentale et sexuelle d'antan. C'est appréciable d'avoir les deux textes de Zweig, écrit à des période différentes ils traitent du même sujet et il nous ramène aussi à des tabous qui sont encore présent dans certains milieu/cercle/famille...
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
(...) peut-on concevoir qu'un roman aussi objectif que Madame Bovary ait été interdit pour obscénité par un tribunal français ? Qu'au temps de ma jeunesse, les romans de Zola étaient considérés comme pornographiques et qu'un poète épique néoclassique aussi sage que Thomas Hardy ait fait naître des tempêtes d'indignation en Angleterre et en Amérique ? Si réservés qu'ils soient, ces livres avaient déjà révélé une trop grande part de la réalité.

Extrait de Eros matutinus
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Cette façon de se coller aux portes, de fouiller dans les coins, d'épier, d'être à l'affût de tout est devenu pour elles une seconde nature. Elles ne perçoivent plus ni la laideur ni la témérité de leur attitude, elles n'ont plus qu'une idée en tête : s'emparer de tous les secrets dont on voudrait se servir pour voiler leur regard. Elles écoutent. Mais n'entendent qu'un murmure de mots chuchotés. Elles tremblent de tout leur corps. Elles craignent que tout ne leur échappe. (La gouvernante)
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Elles savent tout maintenant. Elles savent qu'on leur a menti, que tous les humains peuvent se révéler ignominieux et mauvais. Elles n'aiment plus leurs parents, elles ne croient plus en eux. Elles savent qu'à aucun des deux elles ne pourront plus accorder leur confiance, c'est sur leur frêles épaules que la vie pèsera désormais de son poids monstrueux. De la tranquillité joyeuse de l'enfance, elles ont basculé dans un abîme.
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Extrait de Eros Matutinus de Stephan Zweig :

Mais, comme l'a joliment dit un jour Friedrich Hebbel : « tantôt, il manque le vin, tantôt il manque la coupe. » Les deux sont rarement donnés à une même génération. Quand la coutume laisse l Homme libre, l'Etat l' étrangle. Quand l'État lui laisse la bride sur le cou, la coutume cherche à à la serrer. Nous avons plus et mieux connu le monde que les jeunes d'aujourd'hui, mais ils vivent davantage, et plus consciemment, leur jeunesse.
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Elles préfèrent rester seules. Comme deux hirondelles dans une cage trop petite, elles vont et viennent, oppressées par cette atmosphère de mensonge et de dissimulation. (La gouvernante)
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Vidéo de Stefan Zweig
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
Stefan Zweig et tous les grands auteurs sont sur www.lire.fr
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