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Critique de Lutopie


Comment une partie d'échecs se dispute-t-elle sans matériel adéquat, sans cases, sans pions, sans adversaires ? Il suffit d'avoir un livre qui propose une représentation du jeu, au lieu du jeu lui-même. La stratégie du joueur d'échecs se forme à partir de parties déjà jouées, perdues d'avance, à partir d'études du jeu, puisqu'il ne se présente que sous sa forme plus abstraite : il n'y a sur la page que des chiffres et des lettres. Le joueur d'échecs comprend petit à petit comment se repérer, comment se déplacer, en fonction des mouvements des pions, qui passent d'une case à l'autre. Il se déplace entre quatre murs et son corps se déplace entre ces murs comme dans une cage, comme dans une case. Est-ce qu'il s'identifie aux deux joueurs qui s'affrontent, condamné à se battre contre lui-même, à gagner contre lui-même, à perdre, aussi ? Est-ce qu'il ne s'apparente pas aussi au roi, qui doit mourir, et aux autres pièces, comme le fou ? N'est-il pas son propre pion ?

La monomanie y est décrite de manière précise, chirurgicale. C'est tout de même incroyable comment le jeu, ce remède contre la folie, y mène.

C'est mon oeuvre préférée de Zweig parce qu'il n'y a rien de plus tragique que la rencontre de ces solitudes qui s'affrontent autour d'un jeu de stratégie, de ces joueurs si particuliers qui se rencontrent autour d'un jeu de société.
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