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Critique de Chocolatiine


Sur un grand paquebot allant de New York à Buenos Aires, un ami du narrateur aperçoit le célèbre Czentovic. Ce personnage est inconnu au narrateur, aussi son ami lui raconte-t-il l'étrange histoire de ce champion du monde d'échecs. Fils d'un pauvre batelier slave, confié à un prêtre, il semblait n'être bon qu'à obéir bêtement aux ordres, jusqu'au jour où il révèle sa miraculeuse capacité pour le jeu de stratégie.
Cette célébrité voyage donc sur le paquebot et le narrateur se met en tête de le rencontrer. Pour cela, il convint son épouse de jouer aux échecs avec lui dans l'un des salons, ce qui attire d'autres joueurs et le champion finit par s'approcher. L'un des joueurs, MacConnor, obstiné et sanguin, accepte de payer deux-cents cinquante dollars pour une partie de tous contre Czentovic. Les amateurs se font bien entendu écraser. La revanche semble devoir se passer de même lorsqu'un inconnu intervient pour empêcher MacConnor de jouer un coup.
C'est cet inconnu-là qui m'a semblé être le "Joueur d'échecs". Son histoire constitue presque la moitié du petit roman. M. B... est Autrichien et dirigeait une étude d'avocats. Il gérait la fortune de plusieurs membres de la famille impériale, administrait les biens de grands couvents, etc. Arrêté par la gestapo, il ne fut pas envoyé dans les camps de concentration mais subit un traitement bien pire, d'après lui : on l'enferma dans une chambre d'hôtel relativement confortable, seul, totalement seul. Pendant plusieurs mois, il vécut dans une solitude écrasante, entrecoupée seulement des visites du gardien pour apporter les repas, et les interrogatoires. Un heureux jour, le 27 juillet, alors qu'il commençait à sombrer dans la folie, il parvient à voler un livre ! Une grande frustration le prend lorsqu'il réalise qu'il s'agit d'un manuel d'échecs... puis il se prend au jeu. Il rejoue, apprend par coeur les parties de maîtres, d'abord en utilisant le quadrillage de ses draps et des morceaux de mie de pain, puis dans sa tête. Désespoir ! Arrive le jour où il connait toutes les parties ! Il doit donc jouer seul, lui contre lui-même, il est à la fois les blancs et les noirs, il attaque et se défend, se houspille quand il ne joue pas assez vite. Et la folie le rattrape.

Ce roman est fascinant ! Nous avons d'une part un crétin absolu capable des plus grandes prouesses aux échecs. Si je n'avais pas entendu des histoires réelles racontant ce genre de choses, je jurerais que c'est impossible... Et pourtant.
D'autre part, il y a M. B... Les échecs, après l'avoir sauvé, l'ont rendu fou. La dissociation d'esprit qu'il s'est imposé, un côté noir et un côté blanc, a fait de lui comme un possédé. A la fin du roman, il s'en faut de peu que ses antécédents le rattrapent.
Pour un premier contact avec l'écriture de Stephan Zweig, je suis conquise !

Challenge Petits Plaisirs 2014/2015
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