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Critique de Allantvers


« Le monde d'hier » s'ouvre sur une constatation douloureuse : avoir grandi dans un monde de paix porté par la foi dans le progrès n'en rend que plus amer le délitement qui s'en suit vers l'entre soi et la violence d'un univers qu'on croyait naïvement éternel.

S'il y a une chose que je ne m'attendais pas à trouver dans ces mémoires de Stefan Zweig, c'est cette résonnance entre sa génération et la mienne en matière de ressenti de l'époque ! Foudroyante entrée en matière donc, même si les similitudes s'arrêtent là, n'étant ni rentière, ni fine lettrée, ni autrichienne, et n'ayant pas eu la chance de pouvoir parcourir à loisir comme lui l'Europe et le monde à la rencontre des plus purs esprits de ce temps.

En dépit d'un certain élitisme, non pas lié au propos mais au parcours de vie, j'ai pris un très grand plaisir à ce voyage dans le temps sous la plume incisive, empathique et sensible de Stefan Zweig : c'est tout le 20ème siècle qui défile sous les yeux, de l'Autriche compassée mais si riche de culture et d'insouciance des années 1910 au Paris littéraire des années 20 (Zweig aimait Paris et ça se lit !), du fléau de la première guerre à la montée d'Hitler après l'épisode dévastateur de l'hyper inflation allemande.
Certes, Zweig vit dans une bulle et semble passer à travers les événements comme le nanti qu'il était, mais l'acuité compatissante de son regard (même si de là où il parle ce regard ne porte pas jusqu'au fond des sociétés qu'il observe), la puissance de ses convictions européennes et de fraternité forcent le respect. On compatit à sa souffrance de citoyen rendu apatride et d'homme de lettres blessé, et on se surprend même à une certaine nostalgie d'un temps où la force d'une pensée semblait encore avoir le pouvoir d'élever les âmes, et où l'on pouvait prendre le temps. Aurais-je vieilli ?
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