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Critique de JeanPierreV


Ce n'est sans doute pas le livre le plus connu, sans doute pas le livre auquel on pense immédiatement quand on évoque le nom de Zweig, et pourtant c'est sans doute celui qui permet de mieux connaître Zweig, de connaître un peu plus l'homme, bien qu'il ne se livre que très peu, mais surtout le citoyen autrichien parcourant le monde, le penseur, ses interrogations, et enfin le réfugié fuyant pour sauver sa vie...
Au moment où il l'écrit en 1941, depuis le Brésil où il est réfugié, il n'est plus rien, plus personne: "Mon oeuvre littéraire, dans sa langue originelle, a été réduite en cendres, dans ce pays même où mes livres s'étaient fait des amis de millions de lecteurs. C'est ainsi que je n'ai plus ma place nulle part, étranger partout, hôte en mettant les choses au mieux ; même la vraie patrie que mon coeur s'est choisie, l'Europe, est perdue pour moi depuis que pour la seconde fois, courant au suicide, elle se déchire dans une guerre fratricide."
Comment en est-on arrivé là ?
Depuis sa scolarité dans Vienne, ville de culture d'avant la première guerre mondiale, jusqu'à l'agonie de la paix, à la fin des années 30, Zweig décrit dans une quinzaine de chapitres thématiques, cette lente érosion des libertés, cette lente montée en puissance dans toute l'Europe de la violence, de l'antisémitisme féroce qui l'obligera à quitter l'Europe. Plusieurs autres thèmes sont évoqués depuis ses origines familiales, sa scolarité, les enseignants qu'il dût subir, en passant par ses premiers émois sexuels, Paris, la guerre de 14-18, Hitler, la Russie, Moscou, les rencontres qui marquèrent sa vie, sa proximité avec Romain Rolland, ses mariages, mais aussi les Etats-Unis où il se rendit..
"Le monde d'hier" est à la fois un livre de souvenirs de l'auteur, dans lequel il livre ses émotions, ses indignations, et également un formidable livre d'observations de plus de 40 ans d'Histoire du monde et surtout de l'Europe centrale, depuis les dernières années du XIXème siècle jusqu'à 1941, année au cours de laquelle le livre fut achevé, peu avant le suicide de l'auteur. Son monde s'est progressivement délité, et également libéré de bien de tabous. L'Europe de cet européen avant l'heure fut bousculée par des guerres meurtrières, son monde des dernières pages connaît d'autres extrémismes. Un grand bonheur pour tout amateur d'Histoire. Ce livre rédigé au Brésil, permet ainsi de mieux comprendre pourquoi l'auteur, désespéré en arriva à ce geste funeste aux côtés de sa nouvelle épouse.
N'espérez pas y trouver de nombreuses confidences personnelles sur sa vie, les siens, ses relations sauf celles avec d'autres intellectuels, notamment Romain Rolland, Bernard Shaw et H.G. Wells, sa vie d'auteur. Ce n'est pas le sujet essentiel.
On aurait apprécié que Zweig nous livre plus d'informations quant à la genèse de ses ouvrages, revienne sur son travail d'auteur préparant et rédigeant ses titres, les situant dans les époques. Ce n'était pas son propos. Il ne le fait pas, volontairement sans doute, préférant s'attacher à d'autres considérations sociologiques, politiques touchant l'évolution de l'Europe, la genèse de la violence qui bousculait ce monde jusqu'en 1941.
À plusieurs reprises, il évoque une question qui, sans doute le taraudait : d'ou venaient les uniformes neufs, les véhicules neufs des jeunes gens qui s'étaient engagés en Italie derrière Mussolini, ou ceux des jeunesses hitlériennes, alors qu'Hitler n'était pas encore chancelier ? Qui les avait financés ?
Cette question a été, depuis plusieurs fois posée sous d'autres cieux, d'autres latitudes, avec d'autres dirigeants politiques.
Le monde est un éternel recommencement...."Un monde d'hier" bien actuel.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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