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Critique de ElizaLectures


Dans une pension sur la côte d'Azur, Madame Henriette, mariée et mère de deux petites filles, s'enfuit avec un jeune inconnu rencontré la veille. Ce fait divers alimente les conversations les plus vives, chacun s'accordant à condamner l'épouse insensible et inconstante, tous persuadés que la fuite était préparée de longue date. Seul le narrateur prend sa défense, arguant qu'il est tout à fait possible pour une femme de vivre en une journée un bouleversement entraînant sa fuite. Sa position attire sur lui l'attention de Mrs C., une vieille Anglaise qui décide alors de lui raconter un épisode similaire de sa vie, vingt-quatre heures qui ont définitivement changé son âme.

La construction de cette longue nouvelle est tout à fait surprenante : comme des poupées russes, on y trouve trois récits emboîtés les uns dans les autres : celui du narrateur, puis celui de Mrs C., qui se confie au narrateur, et enfin celui d'un jeune homme rencontré par Mrs C. Mais seuls les deux premiers sont à la première personne. L'utilisation du « je » crée une proximité immédiate avec le lecteur. Dans le premier récit, on a l'impression d'observer les petits défauts de la société de la pension avec une certaine distance, renforcée par le fait que le narrateur est seul contre tous dans les discussions. En revanche, la deuxième partie est une véritable confession, et en cela, rappelle la Lettre d'une inconnue. le récit de Mrs C. montre tout le talent de Zweig : c'est une reconstitution minutieuse des passions humaines – le jeu, la peur, le désespoir, l'amour, la gratitude, la beauté, la colère, la folie, le remords. Mrs C. a plus vécu durant ces vingt-quatre heures que durant tout le reste de sa vie. Son récit est donc un concentré d'émotions, chaque mouvement de l'âme de Mrs C. est amplifié par le caractère extra-ordinaire de la situation.

L'auteur met par ailleurs en scène avec Mrs C. un jeune homme (dont nous ne saurons même pas le nom) dont le visage, les mains et tout le corps, sont éminemment expressifs. Ce personnage donne l'occasion à Zweig de déployer une grande maîtrise de la description. La scène de la rencontre entre Mrs C. et ce jeune homme est à ce titre incroyable : pendant plus d'une heure, Mrs C. ne voit d'abord que ses mains, sur le tapis de jeu d'un casino. Simplement en regardant ces mains, elle sait s'il perd ou s'il gagne, s'il est fébrile ou angoissé. Ces mains sont comme douées d'une vie propre et pourtant, elles ne sont qu'un moyen d'expression du jeune homme.
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