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Critique de StCyr


Dans une pension de la Riviera à la clientèle cosmopolite, se produit un vif échange entre le narrateur et deux couples, sur la question de juger si une femme respectable peut, sans le vouloir, être subitement entraînée par la passion dans une aventure semblant impossible, sans qu'on puisse l'en blâmer. le narrateur qui défendait chaudement la mansuétude et le respect pour la femme qui commettrait un tel acte, noue une relation d'estime et de confiance avec une vieille dame anglaise qui avait apaisé la discussion; il provoque ainsi les confidences nocturnes de cette personne, sur un épisode de sa vie qui dura vingt-quatre heures et dont le souvenir l'obsède et la tourmente depuis longtemps.

Issue d'un milieu aisé et tôt mariée, elle a connu le veuvage précocement alors que ses deux fils avaient déjà quitté la maison. Cette solitude subite, cette vie sans emploi, inutile, à marqué le début d'une existence nomade la menant à Monte-Carlo et à son casino; c'est dans ce lieu que se passe l'épisode en question. Elle observe avec excitation les manifestations corporelles de la passion du jeu chez les autres - elle qui ne sent que vacuité dans son âme-, et en particulier les mouvements de leur mains qui trahissent plus sûrement leur état d'âme que leur visage, occupés qu'ils sont à en maîtriser l'expression. Un beau jeune homme dont la fièvre du jeu innerve toute la personne,attire toute son attention. L''expression de ce jeune homme revêt une qualité hypnotique pour l'observatrice fascinée : dans l'intervalle du jeu de la roulette tous les stades de la vie semblent passer en lui. le spectacle saisissant de ce joueur ayant tout perdu,quittant, tel un homme ivre, la table de jeu,l'entraîne de manière irrésistible et irréfléchie à le suivre; elle pressent que cet individu à bout de ressources pourrait commettre l'irréparable. Elle est prise d'une furie de le sauver et malgré elle se retrouve dans une chambre d'hôtel avec l'inconnu. Cette femme qui avait renoncé à la vie, se sent revivre de par la mission dont elle se croit chargée, par cette sensation que l'existence de quelqu'un dépend d'elle. En vingt-quatre heure de tension elle apprend plus sur la vie qu'en quarante ans de vie respectable. Elle se réjouit de cette forme de parturition nouvelle que représente à ses yeux cette nuit de lutte avec un homme pour le rendre à la vie. Elle est poussée par une pulsion mystique et le fait ensuite jurer dans une église de ne plus exposer sa vie et son honneur à cette dépravation du jeu et de ne jamais tenter de porter atteinte à ses jours; hélas le démon du jeu est bien puissant.

Cette oeuvre veut illustrer un fondement de la psychanalyse : la puissance de libération, par la verbalisation, de l'obsession du passé causée par des traumatismes. Mais c'est surtout la géniale exposition de l'addiction au jeu avec ses troubles pathologiques et les risques réels inhérents à cette activité qui fait tout le sel de ce récit.





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