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Critique de CDemassieux


Ceci est une nouvelle qui, par sa densité, vaut bien un roman.
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme est d'abord une réminiscence : la fuite amoureuse d'une femme du monde, en villégiature dans un hôtel de la Côte d'Azur, avec un jeune homme à peine entrevu, qui, en même temps qu'elle réveillera de leur torpeur les clients, précipitera une autre femme dans son passé. En la personne du narrateur, elle rencontrera une oreille bienveillante.
La passion défiant la raison, telle est la substance de cette histoire qui fouille avec autant de délicatesse que de profondeur les caractères humains. Car Zweig ne bride jamais les sentiments de ses personnages. Il les décrit pour ce qu'ils sont, sans en ôter les errements. On peut ici parler d'addiction puisqu'à la passion amoureuse de Mrs C. répond celle du jeu qui ronge son jeune homme, dont elle est déraisonnablement éprise et qu'elle tente d'aider…en vain.
Il y a aussi chez elle un amour quasi maternel pour cet « enfant » torturé par la dépendance au poison du jeu, une autre passion. Après tout, Mrs C. est une mère de famille.
Ce vieux souvenir, inopinément exhumé par l'inconduite d'une semblable à des années de distance, réveille enfin le poids de la culpabilité. Auprès du narrateur, Mrs C. se confesse de son erreur – elle parle de trahison à l'égard des siens. Ne sera-t-elle pas, à la fin de son histoire, soulagée d'avoir pu parler sans détour, libérant son âme par l'aveu, comme on se lave de ses péchés au confessionnal ?
Récit si féminin, je veux dire dépouillé des automatismes romanesques masculins qui étudient souvent le beau sexe comme des chercheurs de laboratoire. Evidemment, cette lecture amusera les adeptes du cynisme qui considèrent, sans doute, Les Méditations de Lamartine comme une pleurnicherie ! Quant aux happy few, ils connaîtront cette Confusion des sentiments – pour reprendre un autre titre de l'auteur – si admirablement racontée.
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