Un voyage dans les travées de l'imaginaire de Cizia qui ne laissera personne indemne.
Certains aimeront, d'autres détesteront et trouveront le style minable, mais un partie sera fascinée par ces descentes aux enfers de gens aux abords normaux.
un titre simple pour des histoires simples, sans détours ni artifices.
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L’alcool ! Ce damné alcool !
De tous les cadeaux que les Blancs avaient amenés aux Aborigènes, c’était l’un des pires, sans conteste. Les Aborigènes aimaient rêver et ils avaient immédiatement adoré se saouler. Le problème, c’était qu’ils n’avaient jamais su contrôler leurs doses. Ils buvaient sans mesure.
Ces rêveries sans lien ni logique me permettent d’oublier toute angoisse.
L’angoisse. Ce sentiment oppressant, infiniment désagréable, prêt à monter en moi à chaque instant.
Il fait froid. Malgré le feu et les couvertures, notre situation n’a rien de douillet, ni même de confortable. Nos haleines produisent de la vapeur. Je suis souvent parcouru de tremblements et mon nez s’est mis à couler en permanence.
Le plus difficile – et Dieu sait que je n’y aurais pas pensé –, c’est de s’extraire de son cocon et d’affronter l’extérieur le temps nécessaire pour pisser.
Pour le reste, c’est encore pire. Heureusement, avec le peu de choses que nous mangeons, le besoin s’en fait rarement ressentir.
De jour en jour, il haïssait les marmots dont il avait la charge.
Il haïssait leurs farces stupides, leurs manières vulgaires d’enfants de péones, leurs chahuts et leurs quolibets grossiers !
Vermines !
Il haïssait leur saleté.
Leur bêtise.
La saleté, la bêtise et la cupidité.
Et leurs mères !… Les matrones du village à la voix de crécelle, qui venaient en fin de matinée lui recommander leur progéniture à grands cris. L’assommer de conseils sur l’éducation des fruits pourris de leurs entrailles.
Il haïssait leurs robes noires douteuses. Leurs odeurs âcres de transpiration. Leurs bouches rouges. Leurs haleines chargées d’alcool quand elles étaient passées chez Raco, le café de la place, les jours de marché.
Dieu, quelles souffrances était-il obligé de supporter, lui, l’humble et pieux maestro de village !
La crasse et la stupidité envahissaient le monde !
Ce sont des mauvaises herbes qui bordent nos claies de tomates ? Aurais-tu oublié qu’on ne doit jamais laisser aux plantes nuisibles le loisir de profiter de notre bonne terre, sous peine d’être bientôt envahi par elle ?… Je compte sur toi pour les faire disparaître.
J’aimerais avoir des livres. C’est ce qui me manque le plus.
Ou un jeu de société, des mots croisés, un code pénal ou même les Œuvres complètes de Karl Marx. N’importe quoi qui puisse faire passer plus vite les heures.
Le programme des journées tient en quelques lignes. Nous sommes allongés sur nos lits, Pluto roulé en boule sous mes jambes, et nous ne bougeons pratiquement pas.
« Alma », la bande-annonce. L'ultime roman inédit de Cizia Zykë.
Une petite fille aux étranges pouvoirs vient au monde. Autour d'elle, c'est l'Espagne du Moyen Âge, barbare autant que raffinée, à la fois religieuse et brutale, où la reine Isabelle la Catholique s'apprête à chasser tous les Juifs du royaume. La petite Alma, celle qui parle avec Dieu, deviendra-t-elle le guide dont son peuple a besoin, ou bien sera-t-elle comme tant d'autres balayée par le vent mauvais de l'Histoire ? L'épouvante se mêle au comique, les destins s'enchevêtrent, aussi grandioses que pitoyables, dans un récit haletant, à la force d'une légende.
Roman disponible le 6 septembre 2018 (papier & numérique).
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