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Jean-Pierre Aoustin (Traducteur)
EAN : 9782715226630
352 pages
Le Mercure de France (13/09/2007)
4.2/5   20 notes
Résumé :

Qu'est-ce qu'un bel édifice ?
Quelle influence peut avoir l'architecture sur notre humeur ? Une maison peut-elle apporter le bien-être ou la sérénité ?
Dans la plupart de ses livres, Alain de Botton s'intéresse à notre bonheur et cherche les moyens de nous rendre la vie plus harmonieuse. Il se penche ici sur notre cadre de vie et sur l'architecture des lieux où nous vivons et travaillons.
En quoi l'un et l'autre influent sur notre mode d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ouf! Enfin un livre qui me justifie et crédibilise les heures que j'ai passées devant les émissions déco de M6: non, l'intérêt que nous portons à la couleur d'un carrelage ou à la forme d'un robinet n'a rien de futile. Car en vérité il n'est question ni de robinet ni de carrelage : c'est de notre âme qu'il s'agit.
Après ce préambule désinhibant, j'ai donc parcouru avec le plus grand intérêt cet essai richement illustré et plaisamment didactique (ben si, c'est possible). Après avoir rappelé que l'architecture fut longtemps synonyme de décorum, Alain de Botton s'amuse des principes fonctionnalistes de le Corbusier en rappelant que la villa Savoye cumula les catastrophes en commençant par son fameux toit plat propice aux infiltrations. Malgré toute sa rhétorique, Le Corbusier n'est pas plus rationnel que Viollet-le-Duc: il contribue lui aussi à créer un état d'âme, à exprimer une certaine idée du bonheur, même s'il est clair que leurs conceptions sur ce point divergent.
Alors, qu'est-ce qui nous rend heureux ? Quel est le chez-soi idéal ? Nous voulons un décor non qui nous ressemble mais qui soit le rappel permanent de ce à quoi nous aspirons. Ainsi, quand Le Corbusier (encore lui!) construisit à Pessac des lotissements pour des ouvriers, ce n'est pas par manque de goût que ses occupants ajoutèrent volets et nains de jardins aux volumes épurés voulus par le génial architecte : c'est juste que eux étaient suffisamment mal payés par le constructeur automobile qui les employait pour refuser, une fois rentrés chez eux, de vanter la modernité déshumanisante dans laquelle l'usine les jetait.
Nous voulons donc que notre intérieur nous offre ce qui nous manque, ou ce qui manque à la société dans laquelle nous vivons. L'architecture, comme tout art, est affaire de rééquilibrage.
Il existe néanmoins des vertus qui transcendent les besoins particuliers. L'ordre, tout d'abord, qui nous rappelle que notre liberté individuelle doit parfois s'effacer pour atteindre un but collectif plus élevé et qui nous rassure par sa régularité prévisible. L'équilibre, également, qui nous assure que chaque aspect de notre personnalité est nécessaire à son harmonie. La cohérence par laquelle nous affirmons notre appartenance à notre siècle. L'élégance qui choisit de résoudre les problèmes sans affectation. Et enfin, last but not least, la connaissance de notre humanité réfractaire aux rigidités et aux solutions tranchées.
Bref, c'est un petit livre épatant, qui a la politesse de ne jamais rien évoquer sans nous fournir l'illustration adéquate et qui nous rend plus intelligent sans trop d'effort. J'aurais parfois préféré suivre une pensée en train de se former, plutôt que cet impeccable produit fini qui laisse peu de place à la réflexion personnelle.
Mais bon, ma réflexion personnelle n'aurait pas volé si haut.
Alors je regarde devant moi et je contemple ravie la projection de mon moi idéal que figure ma bibliothèque aux étagères qui ploient (parce que me ruiner en planches chez Leroy-Merlin plutôt que d'engraisser Ikea m'aide à me sentir meilleure, j'assume). Et consciente de ce que ma maison doit refléter ce vers quoi je dois tendre, j'ouvre résolument le dernier numéro de Rustica.
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L'auteur relie ainsi habilement la notion de bonheur a celle de beauté (« L'espace autour de nous est l'un des facteurs de cette bonne vie »), analysant la façon dont l'homme projette son idéal de vie, d'épanouissement, sur ce qui lui semble beau, accueillant (me faisant instantanément penser à Keats et son « A thing of beauty is a joy forever »). Il forge son identité sur ce qui l'entoure –ou au contraire tente de s'en couper, ne cherchant que l'utile avant l'élévation spirituelle.

Mais qu'est-ce que la beauté d'un édifice ? Comment cette notion de beauté a-t-elle évolué, de l'Antiquité aux réalisations de le Corbusier ? Comment des styles aussi différents que le néo-palatin et le gothique peuvent-ils cohabiter dans les rues de Londres ? Qu'est-ce qui préside à l'élaboration d'un édifice ? Faut-il rénover la beauté des constructions anciennes ou le temps les magnifie-t-elle ? Autant d'interrogations qui m'ont beaucoup interpellée, car, revenant de Venise où il m'a semblé vivre au jour le jour dans un écrin de beauté élévatrice (tant la moindre façade, même simple, est émouvante par sa couleur et les reflets que l'eau lui renvoie), le retour à une ville de banlieue parisienne, même aussi coquette que la mienne, grandement épargnée par les barres d'immeubles qui fleurissent à quelques kilomètres de mon clavier, a été difficile. Ce petit essai, abondamment illustré et d'un style fluide et agréable, me semble donc essentiel à qui s'interroge sur son environnement et son rapport à la beauté au/du quotidien.
Lien : http://www.delitteris.com/in..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La maison semble prendre plaisir à sa solitude temporaire. Elle se rajuste après la nuit, désengorgeant ses conduits et faisant craquer ses articulations. Cette digne et mûre créature, avec ses veines de cuivre et ses pieds de bois enfouis dans un lit d'argile, a beaucoup enduré: ballons rebondissant sur ses flancs, portes furieusement claquées, enfants essayant de faire le poirier dans ses couloirs, le poids et les soupirs des appareils ménagers et les mains de plombiers inexpérimentés dans ses entrailles.
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C'est dans un dialogue avec la souffrance que beaucoup de belles choses acquièrent leur valeur. Une certaine expérience du chagrin s'avère être une des conditions les plus insolites de l'appréciation de l'architecture. Nous pouvons, en dehors de tout autre condition requise, avoir besoin d'être un peu tristes pour que des bâtiments nous touchent vraiment.
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Qualifier de "belle" une œuvre architecturale ou de design, c'est reconnaître en elle une expression de valeurs essentielles à notre épanouissement, une incarnation de nos idéaux personnels dans un support matériel.
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Bien que nous appartenions à une espèce qui passe une partie inquiétante de son temps à détruire des choses, de temps en temps nous ressentons le besoin d'ajouter, sans aucune raison pratique, des gargouilles ou des guirlandes, des étoiles ou des volutes à nos édifices. Dans les plus belles de ces fioritures, nous pouvons voir des signes de bonté dans un registre matériel, une forme de bienveillance figée. Nous y voyons une manifestation de ces côtés de la nature humaine qui nous permettent de nous épanouir plutôt que de simplement survivre. Ces touches élégantes nous rappellent qui nous ne sommes pas exclusivement pragmatiques ou raisonnables : nous sommes aussi des créatures qui, sans possibilité de profit ou de pouvoir, sculptent parfois des moines dans la pierre et des anges sur des murs. Pour ne pas nous moquer de tels détails, nous avons besoin d'une culture assez assurée de son pragmatisme et de sa force pour pouvoir aussi accepter les exigences contraires de vulnérabilité et de jeu - une culture qui se sente assez peu menacée par la faiblesse et la décadence pour permettre des célébrations visibles de tendresse.
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Nous aimons certains édifices pour leur aptitude à rééquilibrer ce qu'il y a de bancal en nous et à encourager des émotions que nos engagements prédominants nous contraignent à sacrifier.
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Vidéo de Alain de Botton
Splendeur et misère du travail Marque-page 01-04-2011
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