Un étrange roman bien difficile à analyser reçu grâce à Masse Critique.
De prime abord, la quatrième de couverture qui évoque des tensions entre pays Baltes et Russie et la couverture illustrée où un sous marin côtoie Vladimir Poutine font penser à un roman d'espionnage traditionnel. le lecteur habitué du genre révise par avance l'équation : sous marin + espionnage égale
Tom Clancy et action.
Tout faux.
Le livre commence comme un rapport géopolitique sur les conditions de l'indépendance lettone en janvier 1991 et la situation actuelle de la minorité russe en Lettonie, qui représente prés de 25 % de la population sans bénéficier de la nationalité lettone. La thématique de ce livre est justement fondée sur l'intérêt pour Moscou de jouer sur les minorités russes dans les ex pays soviétiques.
Sur le plan de la prose, cette présentation tient pas mal du rapport administratif. Ne comptez pas non plus sur le livre pour vous faire la visite touristique du centre ville de Riga (magnifique par ailleurs...).
On n'est clairement pas dans du James Bond, mais plus dans du concret, quoique...
En fait de Friberg imagine une savante machination, mise en place il y a des années, et invente à partir de cela, en plaçant de nos jours une révolte russophone en Lettonie. La politique fiction est un art difficile. Il faut garder de la crédibilité et parvenir à intéresser le lecteur. A ce sujet, un peu de vraie action ne ferait pas de mal aux déplacements plan-plan du héros, chef de la DGSE, mais qui passe son temps sur le terrain à tenir des réunions ou à rencontrer des contacts en Lettonie et en Suède.
Manquent à la moisson de données contenues dans ce livre quelques éléments de base : la Lettonie est membre de l'Union Européenne, elle a adoptée l'euro, membre de l'OTAN, son espace aérien est surveillé par les avions de l'Alliance, y compris par moments ceux de la République Française. Sa situation est grandement différente de celle de l'Ukraine avant la sécession des provinces de l'Est. L'idée selon laquelle l'indépendance lettone pourrait être bradée par l'Occident est peu crédible.
Le lecteur est donc face à un roman de politique fiction, vaguement mâtiné d'espionnage, sans James Bond girl, ni matériel high-tech, qui demande pour pleinement y adhérer d'accepter le concept de départ.