Peut être est ce pour cette raison que nos émissions de télé réalités ont tant de succès.
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Depuis sa plus tendre enfance, sa vie consistait en une lutte permanente entre le bien, ses parents, et le mal, lui. Pour son bonheur futur, voire éternel, le bien lui était inculqué sous forme de taloches, gifles, interdits et punitions. En fait, le mal était tout ce qu’il faisait, surtout s’il y prenait plaisir. Capable de dépenser en babioles dix sous qu’un naïf lui aurait donnés ou de faire le cochon pendu sur le portique du voisin malgré l’interdit maternel ou encore de préférer, par temps de canicule, un steak grillé à un poisson de l’avant-veille, ce garçon était toujours et en tout lieu présumé coupable.
Leur prospérité était l’œuvre d’Honorine, de son opiniâtreté, de sa rouerie aussi. La fabrique, c’était elle ! Malgré une dizaine d’années de mariage, elle subjuguait encore son mari par son esprit aigu. Par sa beauté, aussi. Son visage avait gagné en sérénité ce qu’il avait perdu en fraîcheur. La maturité et les épreuves avaient tracé des petites rides aux coins de ses yeux. Dans son regard de femme, une gravité nouvelle s’était installée, qui se muait parfois en dureté ou en douleur. Pourtant elle n’avait que trente-deux ans…
Alice, en rentrant de l’école, faisait maintenant ses devoirs en s’appliquant de son mieux. C’était austère. Fernande, malgré toute sa bonne volonté, ne parvenait pas à l’aider. La pauvre regrettait plus que jamais de n’avoir jamais appris à lire. Mais il était écrit qu’Alice avait de la chance. De façon improbable, elle découvrit l’attrait de la perfection, qui transforma son pensum quotidien en occasions renouvelées de satisfaction.
Il serra sa ceinture pour couper sa faim et somnola la moitié de l’après-midi. De son observatoire élevé, il admira le moutonnement des montagnes douces, huma les odeurs de résine des pins chauffés par le soleil et celles de sous-bois des sapins. L’immensité du paysage reflétait son enivrant sentiment de liberté. Il était heureux. Dommage qu’il eût faim.
Arsène chérissait ses deux tantes, leurs époux et leurs enfants. Il avait connu le bonheur chez eux lors des congés scolaires, jusqu’à ce qu’il déclare péremptoirement, à l’âge de sept ans, son ambition de devenir paysan. Le propos avait sonné le glas de ses vacances campagnardes pourtant économiques.