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EAN : 9782714458681
336 pages
Belfond (05/03/2015)
3/5   34 notes
Résumé :
Berlin, de nos jours.
À quatorze ans, Nini et Jameelah sont inséparables. La journée, elles se cachent dans les toilettes du lycée pour boire leur « lait de tigre », 1/3 de brandy, 1/3 de jus de fruit de la passion, 1/3 de lait, le tout caché dans une bouteille de Müllermilch. Quand l'école est finie, elles enlèvent leur pantalon, enfilent des bas résilles, et partent aguicher les passants le long du Ku'Damm. Le soir, elles traînent sur le terrain de jeu en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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sur 34 notes
Vous ignorez ce qu'est le lait de tigre ? Et bien c'est simple, il s'agit d'un cocktail composé d'un « peu de lait […], de beaucoup de jus de fruit de la passion et d'une bonne dose de Mariacron », une marque de brandy allemand bon marché. Enfin, ça c'est la version concoctée par Nini et Jameelah qui, à quatorze ans, se considèrent comme des femmes, boivent et fument en cachette à l'école et enfilent leurs bas résilles pour aller racoler le soir sur la Kurfürstenstrabe...

Pour ces deux adolescentes élevées dans les cités berlinoises, au milieu des tours de béton et d'un terrain de jeux sordide, par des parents souvent absents, c'est enfin les vacances d'été. Deux mois de liberté qui sonnent le temps des excès, des expériences en tout genre et de l'apprentissage de l'amour pour ses deux amies d'enfance, malgré la menace d'expulsion en Irak qui pèse au-dessus de Jameelah et de sa mère… Comme toutes les adolescentes de leur âge, elles s'imaginent que leur amitié est invincible, jusqu'à cette terrible nuit qui va venir piétiner leurs rêves d'enfant et leur innocence…


Roman de la jeunesse allemande, « Lait de tigre » cristallise tout le mal être d'une génération en manque de repères, de rêves et d'espoirs. Une génération de laissés-pour-compte, issue des classes les plus pauvres de la société, qui a grandi dans un climat où règnent bien souvent la violence, l'alcool et la drogue et qui ne croit plus en l'égalité des hommes. A travers le portrait de Nini et de Jameelah, Stefanie de Velasco nous plonge au coeur de cette jeunesse borderline, livrée à elle-même, qui ne connait que ses propres lois et tente malgré tout de trouver sa place.

L'amitié entre les deux jeunes filles est au centre du roman et illumine l'histoire par son intensité. Leur relation est passionnée, exclusive et sincère, faite d'admiration, d'attentes, mais aussi de déchirements. Des sentiments exaltés, comme seuls peuvent l'être les premiers émois adolescents. A travers ces deux portraits hauts en couleurs, l'auteur dresse un tableau vivace et fracassant de la jeunesse allemande.

Néanmoins, malgré cette luminosité du texte et le rythme enlevé du roman, entrecoupé de nombreux dialogues, je dois dire que j'ai été plutôt déçue par ma lecture… En dépit des rebondissements, j'ai trouvé qu'il ne se passait pas grand-chose, que les personnages étaient un peu creux et les situations trop improbables… Je n'ai pas réussi à m'attacher aux deux adolescentes, même s'il m'est arrivé d'être touchée par leurs sursauts de candeur et de naïveté, malgré une attitude qui se veut adulte. L'auteur aborde de nombreux thèmes, tels que l'exclusion, l'immigration, la mixité, l'alcool, la drogue, la prison, mais effleure chaque sujet et semble toujours rester en surface. Il m'a manqué davantage de profondeur pour être vraiment touchée…


Je tiens tout de même à remercier vivement Babelio et les éditions Belfond pour ce partenariat !

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Quand on a 14 ans, comme à 17 chez Rimbaud, on n'est pas sérieux. Quand on est ado à Berlin Ouest, on fait n'importe quoi des fois, juste parce qu'on se sent vivant et invincible. Et ça les adultes ne s'en rappellent que quand ça les arrange, comment ils étaient eux aussi à 14 ans. Cette envie de bouffer le monde, de vivre libre, de faire des trucs "démonts", de parler un langage spéciale et marrant, car rire c'est important et évident, comme respirer, comme aimer. Mais ça déjà, ça devient un truc d'adulte, aimer...
On peut s'entrainer à faire l'adulte, faire semblant, mais c'est drôle un moment, comme d'aguicher les hommes et faire semblant d'être une femme qui connait les choses du sexe, ça va un moment. Heureusement on a que 14 ans, et sur la grande horloge, il nous reste encore pas mal de temps avant de sauter le pas.
Pour nous y aider on a le Lait de Tigre - un truc inventé par Jameelah, ou peut-être par Nini - un tiers lait, un tiers jus de fruit, un tiers Mariacron, cet alcool de vin allemand à 36°, et avec ça dans le bide toute la journée, on se sent bien, on se sent fortes pour faire nos conneries et pour en rigoler.
On se retrouve avec les autres au Planète, ou à l'aire de jeux, et on traine avec Amir, Jameelah, Nico, Lukas. Jameelah est amoureuse de Lukas, et Nini et Nico, ça pourrait se faire depuis le temps qu'ils se connaissent.
Et puis il y a le ténébreux Tarik, le grand-frère d'Amir, et Jasna, leur demi-soeur, qui veut trop faire la belle avec Dragan le serbe. Et ça ça plait pas à Tarik... Ils sont bosniaques eux.
Pour Jameelah et sa mère, réfugiées d'Irak, ça sent pas bon non plus : risque de retour au pays à cause de l'immigration.
Cet été est chaud, dans tous les sens du terme, et en plus, on devient adulte sans s'en apercevoir... c'est traitre, on voit rien venir, alors qu'on s'est préparé.

Lait de Tigre est un grand roman. On pense à tout un tas de livres et de films en le lisant - dans le désordre : Ghost World ; Cours Lola, cours ; Lila dit ça ; moi Christiane F. ; L'herbe bleue ; une pointe de John Fante, de Djian, de Bukowski même... -.
Ce récit, si vivant, si vibrant de jeunesse et de justesse m'a profondément émue.
Le style simple, presque enfantin, révèle et met en valeur un contenu très profond, avec une vision très universelle des choses.
C'est le récit d'une ado qui devient femme, mais aussi d'une génération qui a perdu ses illusions et ne croient plus en la logique des adultes, et qui se tourne vers des valeurs sûres comme l'amitié et la créativité pour réinventer un monde à sa mesure.
Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Belfond pour m'avoir fait découvrir ce livre et cette auteure.
Mention spéciale aussi pour la traductrice Mathilde Sobottke qui a su rendre plausibles et cohérents les jeux de mots de Nini et Jameelah.
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Nini et Jameelah sont des amies inséparables depuis leur plus tendre enfance et n'ont pas grandi dans le coton. Depuis que le père de Nini est parti, il y a des années, sa mère passe le plus clair de son temps à dormir sur le canapé et ne se préoccupe pas beaucoup de sa fille. Jameelah est une réfugiée irakienne dont le père et le frère ont été tués pendant la guerre. Bien que sa mère soit plus attentive, ça ne l'empêche pas de faire des conneries.
C'est le début de l'été, les deux filles en profitent pour se livrer à leurs activités favorites: flâner et chaparder, tout en sirotant leur fameux lait de tigre. Ce cocktail si doux, si sucré est pour elles une potion qui les grise mais aussi leur donne du courage, qui les rend invincibles.
Car du courage elles en ont besoin quand elles s'assoient sur le tableau électrique de la Kurfürstenstraße pour devenir Stella Stardus et Sophia Saturna. Elle racolent le mâle solitaire pour se préparer à la première fois, pour plus tard, pour la vraie vie. Elles veulent savoir comment ça se passe et accessoirement gagner un peu d'argent. Totalement inconscientes des dangers qu'elles encourent, elles ne veulent pas attendre pour grandir. Jusqu'au jour où elles seront les témoins d'un drame qui va changer leur vie à jamais. Et ce qu'elles ont vu, aucune quantité de lait de tigre ne pourra en atténuer l'horreur. La gravité de la situation les obligera à faire face à des choix difficiles qui les les propulseront brutalement dans la douloureuse réalité du monde des adultes qui les attend. Plus question de jouer et faire semblant...

Lait de tigre n'est pas un roman pour le lecteur prude, non, le livre de Stefanie ( Nini ? ) de Velasco est une excursion dans la jungle urbaine de Berlin où les deux gamines avec leurs façons aguichantes peuvent mettre mal à l'aise.
L'auteure a beaucoup de tendresse pour Nini et Jameelah sur lesquelles elle pose un regard dénué de tout jugement. Et c'est vrai qu'elles sont terriblement attachantes, si innocentes malgré leur comportement, un mélange subtil de naïveté et de provocation.
Curieusement ce roman sur fond d'alcool, de drogue, de prostitution et de crime ne tombe jamais dans le sordide. Il est à la fois drôle, choquant et tragique. Son écriture percutante et le langage direct et cru sont le reflet de la réalité d'une certaine jeunesse que l'on ne connaît pas forcement, celle des cités que se soit en Allemagne ou partout ailleurs en Europe.
Stefanie Velasco a dédié son livre "pour les filles" et j'espère qu'elles seront nombreuses, quelque soit leur âge, à apprécier ce roman car il le mérite.
Pour moi Lait de tigre a été une réelle bonne surprise et je remercie les éditions Belfond de me l'avoir envoyé à l'occasion d'une opération masse critique
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Roman recu dans le cadre de masse critique et offert par les éditions Belfond. C'est un roman initiatique comme tant d'autres qui a des défauts et des qualités, avant d'y aller plus en avant, juste une précision, pour les héros du livre je suis un vieux con (hihi).

Commençons par le moins, oui j'assume d'être un vieux con.

Ce sont des ados avec tous les clichés que cela implique, les parents sont cons, l'école c'est de la merde, un majeur est en apprentissage alors il peut acheter de l'alcool, les filles sont amoureuses, elles me font peur, car elles se barrent de la maison pour aller faire le trottoir. le style n'est pas la qualité première de ce premier roman est ressemble à beaucoup de coup de gueule de cette génération.
Du coup c'est comme lire un livre contre le racisme, un livre écrit par un amoureux du foot, un livre sur les champignons, sur la peinture etc etc

D'autres auteurs jeunes m'avaient plus impressionnés, je pense notamment à Phil Klay, Tristan Egolf et plus proche de ce bouquin Ismir Prcic.

et pourtant

IL y a du positif, ici on parle de cultures mêlées, bien plus sombre et torturé que chez Zadie Smith, à Berlin, y a aussi la zone, le plein emploi c'est du pipeau, y a donc de gamines qui ont des histoires de gamines, elles aiment, elles détestent, pour des raisons diverses, elles n'ont que des hybrides parentales, soit ils sont morts ou absents, mais ils ne sont pas là, l'enseignante débite des cours et part en vacances tandis que la gosses restent livrés à eux-mêmes, et ca boit, ca fume, ça se prostitue (2 fois) pour le fun.

Même si c'est inégal, je trouve, c'est quand même au-dessus de certaines daubes qui sortent régulièrement.

On est plus dans kids de Larry Clark que dans American pie, plus dans No Fun que dans une production Walt Disney.

C'est sale et poisseux comme un album des Ramones, c'est le portrait d'une certaine jeunesse berlinoise qui a de belles valeurs : l'amitié,l'entraide, la compassion, l'empathie mais qui ne se prend que des modèles abscons et dépassés (à leurs yeux ?) dans la gueule.

Et puis il y a toujours cette injustice, là nous sommes loin des standards du genre, quelqu'un stresse car peut-être il va se faire virer d'Allemagne, la cour de récré s'est agrandie, elle est à l'échelle d'un pays voire du monde.

Gardez cette rage, putain ca fait envie.

Ado est une très belle insulte.

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Nini et Jameelah, 14 ans, sont liées par une forte amitié. Elles vivent dans un quartier sordide de Berlin. Les jours défilent avec des tracas bien ciblés : Nini s'englue dans une famille recomposée où la mère, dépressive, ne joue plus son rôle et la famille de Jameelah risque d'être renvoyée en Irak. Les deux amies sont obnubilées par le sexe et trouvent dans l'alcool un petit plaisir quotidien. Cette existence cahoteuse va être troublée par un crime d'honneur qui touche leur groupe d'amis et qui, par un concours de circonstance, concernera particulièrement les deux jeunes filles.

Lait de tigre se veut rebelle, témoin d'une génération en quête d'identité, dixit la quatrième de couverture. Personnellement, je l'ai trouvé un peu pâle, plus « laiteux » que « félin ».
Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, ils manquent un peu de nuances. L'histoire n'est pas très originale et je n'y ai pas trouvé quelque chose de particulier qui permet de parler de « révélation littéraire » comme promis sur la jaquette.
Si je n'avais pas eu en mémoire le superbe « D'acier » de Silvia Avallone, peut-être que j'aurais apprécié plus pleinement ce roman. Hélas, il ne tient pas la comparaison. L'histoire est moins aboutie, l'écriture moins ciselée et il ne dégage pas la même puissance.

Néanmoins, portée par les nombreux dialogues, je l'ai lu avec un certain plaisir et il n'a pas traîné dans mes mains. L'auteur a évité le piège d'en faire trop, ce n'est pas sordide, ni exagéré. La trame, simple, permet de le lire avec facilité. Un roman plaisant donc, mais pas un coup de coeur.

Je remercie Babelio et les éditions Belfond pour m'avoir offert ce livre dans le cadre de « Masse critique ».

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critiques presse (1)
LesEchos
01 avril 2015
Dans un style direct et fluide, Stefanie de Velasco a écrit un grand roman d'apprentissage au féminin, qui s'inscrit dans la lignée des « Ragazzi » de Pasolini et de « L'Attrape-coeur » de Salinger.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
- Višegrad, je dis, c'est plutôt beau. Comme vie et grave.
- Oui, dit Amir, c'est ce qu'on croit. Mais c'est toujours comme ça, les lieux où ils s'est passé des choses horribles ont toujours de beaux noms, soit drôles, soit beaux, tu l'avais pas remarqué ?
- Oui, c'est ce que j'ai pensé de Fukushima.
- Ou Dachau, dit Amir. Dachau, ça ressemble à "T'as chaud", non ? Ça rend la chose encore pire, tu vois, c'est comme pour la poésie, ce qui est grave et ce qui est drôle se mélangent, la vie aime ce genre de choses.
- Tu crois ?
- Oui, c'est fait exprès. C'est comme ça, la vie. Quand quelque chose est beau, il faut qu'il y ait autre chose qui le détruise, sinon c'est pas la vie.
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A vrai dire, maman est toujours allongée sur le canapé. En général, elle a les yeux fermés, mais quand je rentre à la maison, il lui arrive de les ouvrir et de demander : « Où étais-tu ? » Lorsqu’elle ouvre les yeux, elle a toujours l’air terriblement fatiguée, comme si elle avait fait un très long voyage et atterri par hasard sur le canapé, chez nous, dans le salon. Au fond, je crois qu’elle n’attend pas vraiment de réponse ; Moi, au contraire, j’aimerais bien savoir où elle était, où elle part toujours en voyage derrière ses yeux fermés, pendant toutes ces heures qu’elle passe allongée seule sur le canapé. Le canapé de maman est une île sur laquelle elle vit. Et cette île a beau se trouver au milieu de notre salon, un épais brouillard l’enveloppe. On ne peut pas accoster l’île de maman.
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(...) les mots existent seulement parce qu'on y croit, sinon ils n'existeraient pas, ovni c'est comme Dieu, et Dieu existe seulement parce que les gens y croient. p.55

Sauf que parfois il faut que la musique soit forte, même si après on a les oreilles qui sifflent pendant des jours et des jours, la musique n'est jamais assez forte, parce que parfois elle doit empêcher qu'on entende la vie, et aujourd'hui je n'ai vraiment pas envie d'entendre la vie. p. 164

Et je me demande si c'est possible que ce ne soit pas le temps qui s'écoule qui nous fait vieillir, mais plutôt les choses qui nous arrivent, celles qui nous font désespérer et que nous devons malgré tout laisser nous traverser, que nous le voulions ou non, parce qu'elles sont simplement plus grandes et plus fortes que nous, parce que la vie est toujours plus grande et plus forte, je me demande si ce n'est pas tout ça qui nous fait vraiment vieillir. p.203
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Noura dit toujours qu'il faut vivre de manière à ce que rétrospectivement notre vie ressemble à un poème. Elle n'a jamais dit que ce devait être un poème joyeux, juste un poème.
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« J’ai un caillou dans ma chaussure. J’aime bien avoir un caillou dans la chaussure, c’est comme si quelqu’un m’accompagnait, quelqu’un qui parcourt le monde avec moi. »
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Video de Stefanie de Velasco (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stefanie de Velasco

MP 2015-04-07-958-003048BDD2D9.mp4
Payot - Marque Page - Stéfanie de Velasco - Lait de tigre.
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