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Rémy Lambrechts (Traducteur)
EAN : 9782267018752
203 pages
Christian Bourgois Editeur (02/11/2006)
4.16/5   60 notes
Résumé :

Un professeur de lycée se voit soudain confronté, dans sa classe, à l’idéologie nazie montante et décide de se ranger de ce côté-là, pour voir. Pour conserver son gagne-pain, aussi. L’un des élèves est tué au cours d’un camp pascal d’entraînement militaire… Un meurtre qui sera le révélateur implacable d’une société tout entière. Il ne trouve ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Encore une lecture que je dois a Danilo Kis qui, dans la nouvelle "L'apatride", racontait les errances et la Mort d'Odon von Horvath. Je te remercie, Danilo. Benie soit ta memoire.


Un prof d'histoire-geo dans une Allemagne qui commence a se nazifier. Ses eleves sont influences par les slogans que tonnent partout les haut-parleurs du regime. Ils veulent servir la patrie, se preparer a la guerre. Un prof mal vu, pointe du doigt pour avoir soutenu que les noirs ne sont pas des "infrahumains". Mais il s'accroche a son poste: il faut bien vivre. Il accompagne ses eleves en colonie de vacances, qui est en fait un camp d'entrainement para-militaire. Un des eleves y est assassine mysterieusement, et le prof est implique. Il s'evertuera a trouver le coupable et y arrivera finalement, mais marque comme "antipatriotique", il ne pourra continuer a enseigner et devra s'exiler en Afrique, chez "ses" noirs.


Un court roman ou Horvath essaie d'expliquer la genealogie du nazisme, comment tout un peuple se livre corps et ame a une ideologie raide, autoritaire, butee, comment il idealise un plebeien moyen, eleve au rang de "plebeien supreme" (le titre dont Horvath affuble le dictateur sans nom). Comment ce peuple s'abetise, plus, se bestialise. Et c'est ecrit en 1937!


Horvath ecrit dans un style simple, epure, sans fioritures, en courtes phrases. Quand il transmet les pensees de son heros c'est par une sorte de court dialogue interieur, par questions-reponses, par affirmations succintes, tres loin des monologues interieurs ou courants de conscience auxquels d'autres nous ont habitues. Je qualifierais son ecriture de naive, sachant quel travail, quelle intelligence, quel art, requiert ce semblant de naivete. Et cette simplicite, cette economie de moyens servent tres pertinemment le dessein de l'auteur.


Ecrit en 1937, ce livre ne peut etre publie a Vienne, ou habite Horvath. Il doit s'exiler, le faire paraitre en Hollande, puis rejoindre Paris, comme nombre de ses compatriotes. C'est la qu'un jour d'orage une branche de marronnier s'abat sur lui et le tue, dans les Champs Elysees. C'etait en juin 1938. Il n'avait pas 38 ans.


Jeunesse sans Dieu est un livre de combat. Cela suffirait pour que je le conseille. En plus il est ecrit admirablement, en une prose qui se veut maigre mais n'est jamais ni plate ni dessechee, une prose qui sert, epaule et soutient le message de l'auteur, qui enrichit ce message. Une prose qui, sans flatter le lecteur, est a meme de le seduire. Un style tres special, que j'ai trouve fascinant. C'est donc pour lui aussi que je conseille ce livre.
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C'est un nouveau coup de coeur que je viens de terminer !
Je ne connaissais pas Ôdön von Horvath, son nom m'était inconnu jusqu'alors... et quel tort ! Sa plume ne fait pas grand bruit, mais pourtant quelle pertinence !

Ce livre a été écrit en 1938 en Allemagne, le narrateur est un jeune professeur qui est en proie a un violent décalage avec ses élèves. En plein questionnement sur sa "foi" (après avoir vécu une guerre), il doute que la jeunesse croie encore en quelque chose... Montée du nihilisme, ou d'un idéalisme assez singulier...
Ce roman fait écho en nous, ne serais-ce que pour l'attitude des générations précédentes à l'égard d'une jeunesse que l'on ne comprend pas, qui nous est étrangère...

A lire sans plus tarder, les chapitres sont très courts (le plus long fait 9 pages !) et l'histoire vaut le détour. La réflexion sur Dieu peut en irriter certains, cependant en cette période troublée de l'histoire cela offre une clé de lecture pour la pensée de l'époque.

Bref, à lire d'urgence !
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Il ne s'agit pas de la révolte de l'enseignant d'une jeunesse fanatisée. Pas de stéréotypes dans ce texte qui n'a rien de la fresque historique, le propos est dense, intimiste, sans pathos. Il se fait révélateur de situations et d'une période troubles – comme le sera ce meurtre, aux mobiles qui n'ont rien de politique au sens strict -, révélateur de cette société allemande entre crise économique, nationalisme et racisme. Il se fait annonciateur de jours froids, de la damnation d'un peuple, de la quête de rédemption d'un homme.

Ni l'époque ni le pays ni la doctrine nazie ne sont nommés explicitement, le lecteur sait – par l'intervention de personnages secondaires plus âgés que le narrateur y faisant référence en précisant qu'ils sont de la génération l'ayant vécue – que les faits se déroulent environ une dizaine d'années après la Grande Guerre.

Amère et cruelle lucidité dans ce roman rédigé en monologue rythmé par des chapitres courts, une narration particulière tant sont prégnantes les angoisses et les questions du narrateur : l'écriture, exigeante et incisive, néanmoins parfaitement limpide, parvient à rendre le paradoxe entre cette acuité, ce réalisme social et la forme de démence dans laquelle ces scènes, ces dialogues, semblent entraîner parfois le narrateur. Mais cette folie n'est pas la sienne. C'est en cela que son enquête sur l'assassinat de l'élève durant un camp de plein air ( d'entraînement militaire ), ses choix de vérité, se font quête. Pourtant, Ödön von Horvath ne donne pas de sens à son récit – y-a-t-il encore du sens ? « Les hommes ont perdu la tête et ceux qui ne l'ont pas perdue n'ont pas le courage de passer la camisole des fous » -, il prononce une sentence : pour jugement, l'enfer qui attend les adolescents de cette génération et leurs parents, filant non pas la métaphore du mouton mais celle du poisson, de la métamorphose en poisson, hors humanité ce corps froid au regard rond, impavide. Métamorphose, oui, il y a quelque chose de kafkaïen dans les angoisses du narrateur aux prises avec son monde, son temps.
Un roman écrit en exil en 1938 qui raconte l'égoïsme, la bêtise, la misère, la lâcheté ordinaires, le nazisme au quotidien sans le nommer, « la peste brune » qui contamine les esprits. Bien-sûr le meurtre, mais la violence de ce roman est finalement ailleurs, plus complexe malgré l'évidence, elle est grouillante, grondante. Ce malaise, le malsain, les âmes perdues, encore quelques unes avec des idéaux face à l'idéologie quelques jeunes, dans cette classe ils sont quatre, déjà, encore… Rien de sensible dans ce roman au sens premier du terme, pourtant une perspicacité au coeur des hommes, dérangeante tant elle semble juste. Et universelle.
Lien : http://www.lireetmerveilles...
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Cela change du style des vieux emmerdeurs. La jeunesse sans Dieu libère aussi des idéaux littéraires qui ne plaisent qu'aux esthètes, c'est-à-dire, à ceux qui n'aiment pas l'humain qui se cache parfois derrière l'écrivain. Les temps le nécessitaient : il fallait démystifier. Il était urgent de faire tomber un certain style d'imaginaire qui précipitait un réel effroyable.


La disparition de Dieu entraîne la prévalence d'autre chose, par exemple un demi-dieu, un dictateur. Je me demande ce qui succède au demi-dieu : la demi-merde ?
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Un récit à lire aujourd'hui pour comprendre la mécanique des changements de mentalités, l'automatisation des pensés et la mise en place d'une norme dont on peut difficilement échapper.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Etrange : je crois au diable, mais pas au Bon Dieu.
Vraiment pas ?
Je ne sais pas. Si, je sais ! Je ne veux pas croire en lui ! Non, je ne veux pas.
C’est mon libre arbitre.
Et la seule liberté qui me reste : le droit de croire ou de ne pas croire.
Mais officiellement bien sûr, faire comme si.
Selon les circonstances : tantôt oui, tantôt non.
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Eh oui, le malheur de la jeunesse d’aujourd’hui est qu’elle ne vit plus une puberté correcte –l’érotique, le politique, l’éthique, tout a été tripoté et frelaté, tout dans le même sac ! Et par-dessus le marché, trop de défaites ont été célébrées comme des victoires, trop souvent les sentiments les plus profonds de la jeunesse ont été manipulés au profit de fantoches, tandis que d’un autre côté on leur rendait la vie facile : ils n’ont qu’à recopier les imbécilités qu’ânonne la radio pour recevoir les meilleures notes.
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Par mon libre arbitre, je voulais déranger un calcul, mais le calcul était déjà effectué depuis longtemps.
Je voulais nous sauver tous, mais nous étions déjà noyés. Dans l’océan éternel de la faute.
Mais à qui la faute si la serrure s’est faussée ? Si elle n’a plus voulu se reverrouiller ?
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Je me lève avec précaution et vais à la fenêtre.
Il fait encore nuit. Je ne vois rien. Ni rue, ni maison. Rien que du brouillard. Et la lueur d'un lointain réverbère tombe sur le brouillard et le brouillard ressemble à de l'eau. Comme si ma fenêtre était sous la mer.
Je ne veux plus regarder dehors.
Sinon, les poissons viendront se coller à la fenêtre et regarder dedans.
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Des armées de canailles sous le commandement de crétins. Au pas cadencé.
Ils chantent des chansons où il est question d’un petit oiseau qui gazouille sur la tombe d’un héros, d’un soldat qui suffoque dans les gaz, des jeunes filles noires et brunes qui bouffent ce qu’il reste de pourriture dans la maison, et d’un ennemi qui, en réalité, n’existe pas.
C’est ainsi que les faibles d’esprit et les menteurs glorifient le jour où est né le plébéien en chef.
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Extraits de la pièce Don Juan revient de guerre, joué par la compagnie Nova
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