Il l'avait appris : les choix se font en l'espace de quelques secondes et se paient le reste du temps.
Car ils étaient unis par un fil.. qui ne pouvait exister qu'entre deux individus de leur espèce, deux individus qui avaient reconnu leur solitude dans celle de l'autre.
Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes. Ils occupent leur place dans la série infinie des nombres naturels, écrasés comme les autres entre deux semblables, mais à un pas de distance. Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires, raison pour laquelle Mattia les trouvait merveilleux. Il lui arrivait de se dire qu’ils figuraient dans cette séquence par erreur, qu’ils y avaient été piégés telles des perles enfilées. Mais il songeait aussi que ces nombres auraient peut être préféré être comme les autres, juste des nombres quelconques, et qu’ils n’en étaient pas capable. Cette seconde pensée l’effleurait surtout le soir, dans l’entrelacement chaotique d’images qui précède le sommeil, quand l’esprit est trop faible pour se raconter des mensonges
Les autres furent les premiers à remarquer ce qu'Alice et Mattia ne comprirent qu'au bout de nombreuses années. Ils pénétrèrent dans la pièce main dans la main. Ils ne souriaient pas, leurs regards suivaient des trajectoires différentes, mais on aurait dit que leurs corps coulaient l'un dans l'autre à travers leurs bras et leurs doigts joints.
Le contraste prononcé que formaient les cheveux clairs d'Alice autour de son visage trop pâle et les cheveux foncés de Mattia retombant sur ses yeux noirs s'anéantissait dans cet arc subtil. Il y avait entre eux un espace commun dont les confins n'étaient pas bien tracés, où rien ne semblait marquer et l'air paraissait inerte, tranquille"...
..."Ils avaient l'air ébahis, comme s'ils venaient d'un endroit lointain qu'ils étaient seuls à connaître
Il y avait entre eux un espace commun dont les confins n'était pas bien tracés, où rien ne semblait manquer et où l'air paraissait inerte, tranquille.
Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes. Ils occupent leur place dans la série infinie des nombres naturels, écrasés comme les autres entre deux semblables, mais à un pas de distance. Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires, raison pour laquelle Mattia les trouvait merveilleux. Il lui arrivais de se dire qu’ils figuraient dans cette séquence par erreur, qu’ils y avaient été piégés telles des perles enfilées. Mais ils songeait aussi que ces nombres auraient peut être préféré être comme les autres, juste des nombres quelconques, et qu’ils n’en étaient pas capable. Cette seconde pensée l’effleurait surtout le soir, dans l’entrelacement chaotique d’images qui précède le sommeil, quand l’esprit est trop faible pour se raconter des mensonges.
A son cours de première année, Mattia avait appris que certains nombres premiers ont quelque chose de particulier. Les mathématiques les appellent premiers jumeaux : ce sont des couples de nombres premiers voisins, ou plutôt presque voisins, car il y a toujours entre eux un nombre pair qui les empêche de se trouver vraiment. Des nombres tels que le 11 et le 13, tels que le 17 et le 19, le 41 et le 43. Si on a la patience de continuer, on découvre que ces couples se raréfient progressivement. On tombe sur des nombres premiers de plus en plus isolés, égarés dans cet espace silencieux et rythmé, constitué de seuls chiffres, et l’on a le pressentiment angoissant que les couples rencontrés jusqu’alors n’étaient qu’un fait accidentel, que leur véritable destin consiste à rester seuls. Mais au moment où l’on s’apprête à baisser les bras, découragé, on déniche deux autres jumeaux, serrés l’un contre l’autre. Mattia pensait qu’Alice et lui étaient deux nombres premiers jumeaux, isolés et perdus, proches mais pas assez pour se frôler vraiment. (Chapitre 21 p 149 – éditions points)
...il se sentait stupide, comme chaque fois qu'on pense au temps qu'on gaspille à souhaiter être ailleurs.
Cette pensée l’effleurait surtout le soir, dans l’entrelacement chaotique d’images qui précède le sommeil, quand l’esprit est trop faible pour se raconter des mensonges.
Il l'avait appris : les choix se font en l'espace de quelques secondes et se paient le reste du temps.
De nombreuses années plus tôt, il avait essayé d'enjamber ce gouffre et était tombé dedans. Voilà pourquoi il se contentait maintenant de s'asseoir au bord, les jambes pendant dans le vide.