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EAN : 9782070749829
588 pages
Gallimard (24/02/1998)
4/5   9 notes
Résumé :
Romantique, rêveuse, sentimentale, débonnaire : c'est pour corriger et compléter cette image idéalisée de l'allemagne, répandue depuis mme de staël, que heine a entrepris ce livre, destiné d'abord aux français.
" romantique défroqué ", heine ne cède au charme des légendes venues du fond des âges que pour mieux mettre en garde contre le goût du passé et de la mort qui s'en dégage. et si, d'un même mouvement, il salue l'émancipation de la religion par le protes... >Voir plus
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Oh, les femmes ! Nous devons leur pardonner beaucoup, car elles ont beaucoup aimé. Leur haine n'est au fond qu'un amour qui a tourné casaque. Parfois aussi elles cherchent à nous faire du mal, parce qu'elles croient par là faire du bien à un autre. Quand elles écrivent, elles ont toujours un oeil dirigé sur le papier, et l'autre sur un homme quelconque ; et ceci s'applique à toutes les femmes auteurs, à l'exception de la comtesse Hahn-Hahn qui n'a qu'un seul oeil. Nous autres, hommes auteurs, nous avons également nos prédilections, nos sympathies préconçues, et nous écrivons pour ou contre une cause, pour ou contre une idée, pour ou contre un parti ; mais les femmes écrivent toujours pour ou contre un seul homme, ou, pour mieux dire, à cause d'un seul homme. Ce qui les caractérise, c'est un certain cancan, qu'elles transportent aussi dans la littérature, et qui m'est plus insupportable que les plus grossières calomnies des écrivains de mon sexe. Nous autres hommes, nous mentons quelquefois, et nos mensonges sont peu délicats. Les femmes, comme toutes les natures passives, savent rarement inventer ; mais elles ont le talent de défigurer les faits existants d'une manière si perfide, que ces falsifications raffinées sont plus nuisibles que les inventions grossières des hommes. Je crois que feu mon ami Balzac avait véritablement raison, quand il me dit un jour d'un ton très affligé : "La femme est un être dangereux". (p. 430)

Deuxième partie, X , Aveux de l'auteur .
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On a conçu en France une idée aussi fausse de la réformation que du principal personnage qui y figurait. La principale cause de ces erreurs est que Luther ne fut pas seulement le plus grand homme, mais qu'il est aussi l'homme le plus allemand qui se soit jamais montré dans nos annales ; que son caractère réunit au plus haut degré toutes les vertus et tous les défauts des Allemands, et qu'il représente réellement tout le merveilleux de l'esprit germanique. Il avait en effet des qualités que nous voyons rarement réunies, et que nous regardons d'ordinaire comme incompatibles les unes avec les autres. C'était à la fois un rêveur mystique et un homme d'action. Ses pensées n'avaient pas seulement des ailes, elles avaient encore des mains. Il parlait, et, chose rare, il agissait aussi ; il fut à la fois la langue et l'épée de son temps. En même temps Luther était un froid scolastique, un éplucheur de mots et un prophète exalté, ivre de la parole de Dieu. Quand il avait passé péniblement tout le jour à s'user l'âme en discussions dogmatiques, le soir venu il prenait sa flûte, et contemplant les étoiles, il se mettait à fondre en mélodies et en pensées pieuses. Le même homme qui pouvait engueuler ses adversaires comme une poissarde, savait tenir un tendre et suave langage, comme une vierge amoureuse. Il était quelquefois sauvage et impétueux comme l'ouragan qui déracine les chênes, puis doux et murmurant comme le zéphyr qui caresse légèrement les violettes. [...]
Que dirai-je ? Il avait quelque chose de primesautier, d'originel, de miraculeux, d'inconcevable ; il avait ce qu'ont tous les hommes providentiels, quelque chose de terriblement naïf, quelque chose de gauchement sage ; il était sublime et borné.

Chapitre I - De l'Allemagne jusqu'à Luther, p. 67 - 68
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Ce n'est point Bacon, ainsi qu'on l'enseigne ordinairement, mais René Descartes qui est le père de la philosophie moderne, et nous allons démontrer fort clairement quel est le degré de filiation de la philosophie allemande par rapport à lui.
René Descartes est un Français, et c'est encore à la grande France qu'appartient ici la gloire de l'initiative ; mais la grande France, la terre bruyante, agitée et babillarde des Français, n'a jamais été un sol propice à la philosophie, et celle-ci n'y réussira peut-être jamais. C'est bien ce que sentit René Descartes, et il s'en fut dans les Pays-Bas, dans le pays calme et taciturne des Trekschuites et des Hollandais.
Chapitre II - De Luther à Kant, p. 79
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La nature et la société donnent aux femmes une grande habitude de souffrir, et l’on ne saurait nier, ce me semble, que de nos jours elles valent, en général, mieux que les hommes. Dans une époque où le mal universel est l’égoïsme, les hommes, auxquels tous les intérêts positifs se rapportent, doivent avoir moins de générosité, moins de sensibilité que les femmes ; elles ne tiennent à la vie que par les liens du cœur, et lorsqu’elles s’égarent, c’est encore par un sentiment qu’elles sont entraînées : leur personnalité est toujours à deux, tandis que celle de l’homme n’a que lui-même pour but. On leur rend hommage par les affections qu’elles inspirent, mais celles qu’elles accordent sont presque toujours des sacrifices. La plus belle des vertus, le dévouement, est leur jouissance et leur destinée ; nul bonheur ne peut exister pour elles que par le reflet de la gloire et des prospérités d’un autre ; enfin, vivre hors de soi-même, soit par les idées, soit par les sentiments, soit surtout par les vertus, donne à l’âme un sentiment habituel d’élévation.

Dans les pays où les hommes sont appelés par les institutions politiques à exercer toutes les vertus militaires et civiles qu’inspire l’amour de la patrie, ils reprennent la supériorité qui leur appartient ; ils rentrent avec éclat dans leurs droits de maîtres du monde : mais lorsqu’ils sont condamnés de quelque manière à l’oisiveté, ou à la servitude, ils tombent d’autant plus bas qu’ils dévoient s’élever plus haut. La destinée des femmes reste toujours la même, c’est leur âme seule qui la fait, les circonstances politiques n’y influent en rien. Lorsque les hommes ne savent pas, ou ne peuvent pas employer dignement et noblement leur vie, la nature se venge sur eux des dons mêmes qu’ils en ont reçus ; l’activité du corps ne sert plus qu’à la paresse de l’esprit ; la force de l’âme devient de la rudesse et le jour se passe dans des exercices et des amusements vulgaires, les chevaux, la chasse, les festins qui conviendraient comme délassement, mais qui abrutissent comme occupations. Pendant ce temps les femmes cultivent leur esprit, et le sentiment et la rêverie conservent dans leur âme l’image de tout ce qui est noble et beau.
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En posant comme thèse que sa doctrine devait être discutée ou réfutée au moyen de la Bible ou par des notions tirées de la raison, Luther accorda à l'intelligence humaine le droit de s' expliquer les saintes Écritures, et la raison fut appelée comme juge suprême dans toutes les discussions religieuses. De là résulta en Allemagne la liberté de l'esprit ou de la pensée, comme on voudra la nommer. La pensée devint un droit et les décisions de la raison devinrent légitimes.
Chapitre 1 - De l'Allemagne jusqu'à Luther, p. 71
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Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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