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EAN : 9782070546121
191 pages
Gallimard (15/09/2003)
4.09/5   926 notes
Résumé :
«Je l'ai fait pour qu'on m'arrête», répond Emma après avoir volé des biscuits dans un supermarché. Que se cache-t-il derrière ses mots, sa maigreur extrême, sa beauté douloureuse ? Quelle est l'origine de son anorexie : l'indifférence de ses parents, le silence, les mensonges savamment entretenus ? Emma veut savoir. Emma veut comprendre. La découverte d'un vieux cahier fera bientôt surgir du passé d'épouvantables secrets.


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Critiques, Analyses et Avis (190) Voir plus Ajouter une critique
4,09

sur 926 notes
J'étais en quête de romans pour ados de 15,16 ans....Ma recherche est fructueuse avec "Sobibor" !
L'écriture fluide de Jean Molla nous mène dans l'enfer de l'anorexie et parallèlement, du camp d'exterminatin de Sobibor et des atrocités qui s'y sont passées. Il y a donc une histoire dans l'histoire : d'abord la fille de 17 ans raconte comment elle en est arrivée à ne plus manger, et puis à s'empiffrer (même de nourriture pour chats...) et puis à vomir...La description de son état physique également est particulièrement effroyable !
Et puis elle découvre un cahier secret, car dans sa famille, il y a un GRAND secret. Et là, cela va déclencher une crise encore plus grave. Car outre l'horreur du camp, elle se rend compte que cela touche sa famille.
Vraiment, je recommande ce roman à tous les profs, à tous les parents d'ados entre 15 et 17 ans, ils vont découvrir un univers complètement étranger à leurs préoccupations quotidiennes, et un autre qu'ils côtoient peut-être...
Dans tous les cas, pour eux, cela provoquera une fameuse prise de conscience !
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Je ne ferai pas un long commentaire car tout a été dit déjà !
Comment ne pas être terriblement ému(e) à la lecture de ce récit prenant , poignant , sensible qui questionne sur le poids des non- dits dans les familles, l'indifférence terrible, les faux - semblants et les MENSONGES !
Il aborde deux thématiques très différentes, l'une le devoir de mémoire, le silence, la deuxième guerre mondiale et des secrets de famille enfouis épouvantables, l'autre : l'anorexie et la boulimie, un problème douloureux , difficile , délicat , qui entraîne tant de dégâts chez les jeunes filles , très rarement abordé en littérature , une annihilation de son corps, une sorte de victoire absurde de pureté et de triomphe sur l'image de soi , ( on se trouve belle ) avec toutes les conséquences désastreuses sur la santé, (souvent les parents ne s'en rendent pas compte..du moins , au début )
C'est une oeuvre magnifique lue d'une traite : captivante , glaçante, exemplaire , que chacun devrait lire, à conseiller à des ados , peut- être mais pas avant 15_ 16 ans .......Et pour tous les âges, bien sûr .
Je croyais avoir lu pas mal de livres sur les camps d'extermination ........
Un Ouvrage que je ne connaissais pas ........dont le titre m'a interpellée à la médiathéque !
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Au centre de cette histoire brûle un secret de famille. Un secret caché dans le journal d'un nazi ayant participé à l'oeuvre d'extermination du peuple juif au camp de Sobibor.

Emma souffre d'anorexie mentale. On suit le déclenchement de ses crises et en parallèle le parcours qui la mène vers la découverte de l'horreur. « Est-ce qu'on peut savoir ce qu'on ignore ? » le corps d'Emma prouve que oui. Les mots tus creusent un vide et ce vide dénonce.

« Ce n'est pas ma fonction qui me dicte ce que je dois faire. » Ce sont les mots du directeur du supermarché où Emma vole des paquets de gâteaux. Alors que d'autres, pendant la Shoah, exerçaient leur fonction de SS, perdant toute humanité, étouffant leur conscience, en se laissant dicter leur conduite.

« Zakhor ! » : « Souviens-toi » en hébreu. Mot qu'un vieil homme juif prononce regardant le SS froid et implacable dans les yeux. Des mots qui se plantent dans le regard de l'homme à l'uniforme impeccable. Et des mots qui traversent les générations pour ne pas oublier.
Ne pas oublier comment on fabrique des monstres. Des monstres qui sont aussi capables d'aimer, de se fondre dans l'oubli, la négation. Si on oublie, les monstres reviennent.

Comme le dit Emma : « Mais la plupart du temps, mon esprit devient de glace et reste à la surface des mots. Je peux réciter mais je ne comprends rien. » Il faut continuer à en parler, même si les mots sont incapables de traduire dans toute leur noirceur les faits, pour que Sobibor, et tous les autres camps, existent encore dans les mémoires.

« Voici le jour en trop : le temps déborde »
Le passé déborde sur le présent, il nous fait mal, mais il raconte ce que nous sommes capables de faire, ce que nous devons éviter à l'avenir.

Un très bon roman sur la mémoire, le mensonge, le silence.
Le dossier à la fin du livre est intéressant.
J'aime particulièrement la planche de Tardi parue dans le quotidien Libération (27 janvier 2000), illustrant l'ouverture à Stockholm du forum international sur l'holocauste et la mémoire.
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Je vais me permettre une lecture psy. de ce livre avec la théorie de Serge Tisseron sur les secrets de famille :

La première génération est dans l'indicible , Jacques Desroches et Anna , Jean Lachaval et Mamouchka, auteur de crimes et complice. Ils ne disent rien de leur passé. En tout cas verbalement, mais ils expriment des choses, par la musique, par leurs expressions corporelles (en particulier Mamouchka qui montre de la douleur et se ferme aux questions), par le choix des prénoms, par les lapsus, les rêves...etc... le secret filtre, il suinte et se transmet.

La seconde génération est dans l'innommable, ils ne sont d'ailleurs pas nommés à aucun moment. le père d'Emma, médecin, a un don exceptionnel pour ne jamais poser de question, aucune interrogation sur ce qui arrive à sa fille, sur un symptôme qu'il devrait pourtant au moins pouvoir définir, mais il y a là comme une zone vide, d'impossibilité à nommer. Et Emma pointe bien que le silence de sa mère est lié à l'attitude son père.

La troisième génération est dans l'impensable. Puisqu'elle ne peut pas penser, le symptôme s'installe et donne un sens à tous les éléments que malgré eux les grands parents et parents ont transmis de leur histoire.

Emma dit bien, et c'est important, que chaque histoire est singulière et qu'il ne s'agit de poser le postulat que tous les enfants anorexiques ont eu des grands parents bourreaux
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Un livre touchant et très bouleversant! On part d'une adolescence anorexique vers les traumatismes plus profonds de la Shoah...
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Citations et extraits (90) Voir plus Ajouter une citation
Un beau jour d'avril, je lui ai demandé, par bravade, comment il me trouvait vraiment. (...)
- Tu es peut-être un peu ronde...
Je l'ai haï.(...) Je lui ai jeté comme un défi que, bientôt, il ne me reconnaîtrait plus. J'allais perdre mes kilos superflus, mes bourrelets. Et je le ferais pour lui ! (...)
J'ai minci très rapidement. Ma métamorphose était spectaculaire. Je suis devenue svelte, conforme à l'image de celle que j'avais rêvée. (...) J'éprouvais un plaisir indicible à maîtriser mon appétit. Ce tiraillement constant du côté de mon estomac était devenu une véritable présence, un vide consenti, une brèche que j'ouvrais dans mon corps, avec le sentiment aigu de tout dominer, de savoir exactement ce que je faisais et où j'allais. Ne plus manger ou manger moins me procurait une brûlure exquise au ventre (...) Bientôt, la brûlure m'est devenue plus délicieuse que la satisfaction. J'avais le sentiment d'être habitée. (...)

Rapidement, c'est devenu ma drogue : j'avais besoin de manger rien. (...)J'éprouvais une jouissance démesurée à me laisser remplir de cette absence. Mon estomac vide était le signe de ma liberté. Je n'étais plus asservie à cette dépendance animale qui me faisait horreur.(...)

Je n'avais évidemment pas conscience que la situation m'échappait...Je n'ai pas su m'arrêter. Mon poids ne n'est pas stabilisé et j'ai continué à fondre. En quelques semaines, mes seins se sont effacés, mon visage s'est creusé, mes désirs se sont affadis. (...)J'avais voulu entreprendre ce régime pour plaire à mon ami. Maintenant que j'avais atteint mon but, je sentais que je me détachais de lui, que je ne l'aimais plus.(...)

Fin octobre, le cancer de Mamouchka s'est brutalement aggravé et mon indifférence à l'égard de la nourriture a viré à l'aversion. J'étais fatiguée, déprimée, inapte à fournir le moindre effort physique ou intellectuel.(...) Pour la première fois, on a nommé ma maladie. (...)

Un matin de novembre, le téléphone a sonné. Mamouchka venait de mourir. (...) La panique m'a envahie. Il fallait que je me calme, que je fasse taire mon chagrin, n'importe comment. J'ai couru au frigo. J'ai avalé des cornichons, du chocolat, de la mayonnaise, du fromage, du jambon, les restes du repas, tout ce qui me passait à portée de main. J'ai englouti.
Bientôt, j'ai dû m'arrêter, au bord de l'explosion. J'ai senti une nausée irrépressible monter. (...)J'ai couru aux toilettes. J'ai introduit deux doigts dans ma bouche, le plus loin possible et j'ai poussé très fort.
Je me suis libérée.(...)
Ma grand-mère était morte. Une part de moi le savait avec une lucidité déconcertante, me laissant écrasée de tristesse.
Mais dans le même temps, une découverte fortuite venait de m'ouvrir de nouveaux horizons. J'avais trouvé le moyen de me délivrer de mes craintes, de mes angoisses. J'avais trouvé le moyen d'exercer un contrôle absolu sur moi-même. J'avais trouvé le moyen de maîtriser ce qui entrait et sortait de moi.
J'étais libre : mon corps m'obéirait désormais.
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8 juin 1942.
[...] La procédure est désormais immuable et fort proche de celle employée par nos homologues de Belzec et Treblinka. Les gardes ukrainiens réceptionnent le matériel humain sur la rampe d'accès de la gare de Sobibör et le conduit à l'intérieur du camp. Tout est fait pour rassurer les arrivants, car il est impératifs qu'ils ne se doutent de rien !
La rapidité d'exécution et une des clés de notre réussite.
En traversant le camp 1 , ils peuvent apercevoir des jardins joliment entretenus, des ateliers. Les gardes les invitent à laisser leurs sacs et affaires puis leur conseille de bien repérer l'endroit où ils les déposent afin de pouvoir les retrouver plus tard. L' Oberscharführer Hermann Michel, suppléant de Stangl, accueille les nouveaux venus et s'excuse pour les pénibles conditions de transport qu'ils ont eu à supporter. Il leur explique avec beaucoup de conviction qu'ils viennent d'arriver dans un camp de transit et qu'ils vont être rapidement déplacés vers l'Est. Les Juifs, ajoute-t-il non sans humour, devront désormais devenir des membres productifs de la société et se rendront en Ukraine pour y vivre et y travailler. Hermann leur annonce alors qu'ils vont devoir se soumettre à une désinfection dans le but de prévenir tout risque d'épidémie. Il organise les groupes, les hommes séparés des femmes et des enfants . Ordre leur est ensuite donné de se déshabiller et de confier aux gardes leurs objets de valeurs qui seront enfermés dans un coffre et leur seront rendus ultérieurement en échange d'une reçu officiel que nous leur remettons . La bonne bouille d'Hermann inspire naturellement la confiance et pas un songe à protester. Bien au contraire , il faut voir le contentement qui s'affiche sur leurs faces. Pour peu, certains danseraient de joie. Hermann est un merveilleux comédien!
Je n'en dirais pas autant des subalternes qui ont pour mission de conduire les arrivants jusqu'aux cabines de "désinfection". Ce sont des rustres grossiers et brutaux, Ukrainiens et Lituaniens pour la plupart , d'une arrogance crasse mais absolument parfaits pour exécuter les tâches qui leur sont imparties.
Une fois les juifs déshabillés et leurs vêtements soigneusement pliés, deux cas de figure se présentent: les vieillards, les handicapés, les malades, tous ceux qui sont incapables de marcher sont rassemblés à part afin d'être conduits au Lazarett, l’hôpital du camp. Ils sont en réalité conduits en charrette jusqu'aux fosses. Là, ils sont liquidés d'une balle dans la nuque et ensevelis.
Les Juifs valident sont emmenés jusqu'au camp 3. Nous commençons par traiter les hommes puis vient ensuite le tour des enfants et des femmes. Les Ukrainiens font entrer tout se petit monde dans les douches et Fuchs met le moteur Diesel en marche.
Environ six cent personnes sont traitées à la fois. Au bout de trente minutes, les détenus juifs aèrent les chambres à gaz et évacuent les corps par la porte arrière. Ont arrache leurs dents en or, s'ils en possèdent, puis on entasse les dépouilles dans des tranchées de cinquante mètres sur dix environ, où elles sont bien recouvertes de terre.
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On a séparé les hommes, les femmes et les enfants. On a détaché de ses bras Simon, qui ne voulait pas l'abandonner. J'imagine leurs pleurs, leurs cris, les ordres aboyés. L'odeur de sueur, la peur sur les visages, les coups, le désespoir. Eva a vu son fils partir avec une petite colonne de gamins. Mais, comme ils tournaient au coin d'un bâtiment, Simon s'est sauvé et a couru vers elle. Eva s'est précipitée et l'a pris dans ses bras. Un homme s'est avancé alors en jurant et leur a ordonné de retourner à leurs places respectives. Ce n'était pas un Allemand. Eva, machinalement, a relevé son accent étranger. Elle a supplié l'inconnu de ne pas les éloigner l'un de l'autre. Simon s'accrochait à elle comme un qui se noie. L'homme a arraché l'enfant à sa mère, a sorti son arme et, sous les yeux de celle-ci, l'a abattu.
Il souriait.
J'imagine Eva. Je la vois. Je suis Eva. Au-dedans d'elle, il y a un grand vide soudain. Le monde s'est tu. Devant elle, il y a une petite forme recroquevillée qui était son amour, sa vie. Devant elle, il n'y a plus rien.
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Ce tiraillement constant du côté de mon estomac était devenu une véritable présence, un vide consenti, une brèche que j'ouvrais dans mon corps, avec le sentiment aigu de tout dominer, de savoir exactement ce que je faisais et où j'allais. Ne plus manger ou manger moins me procurait une brûlure exquise au ventre, comme une attente que je savais pouvoir combler quand j'en aurais le désir. Bientôt, la brûlure m'est devenue plus délicieuse que la satisfaction. J'avais le sentiment d'être habitée. Je n'étais plus du plein recouvert de peau. Je découvrais en moi des abîmes inexplorés, tout un monde d'attentes, d'espaces infinis qui ne m'effrayaient pas le moins du monde, peuplés qu'ils étaient par d'obscurs gargouillis, des protestations de viscères à qui j'apprenais ma loi.
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"Le mien est une histoire de squelette remisé au placard, comme il y en a dans tant de familles.
Il se trouve qu'un vilain jour le placard s'est entrouvert.
Pas suffisamment pour que j'en voie le contenu, suffisamment cependant pour que j'y entrevoie une silhouette malingre, la silhouette d'une jeune femme amaigrie par les souffrances et les privations .
Une jeune femme qu'on a fait voyager dans un wagon dans des conditions indignes d'un être humain.
Qui a vu son mari s'éteindre sous ses yeux.
Qui a dû rester à côté du cadavre jusqu'à ce que l'on s'en débarrasse comme d'une charogne .------une femme que l'on a privée de tout espoir, de toute dignité de toute espérance ..--------.et tant d'autres comme elle ! ..
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Video de Jean Molla (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Molla
Jean Molla - "Plus tard" .Portrait de l'écrivain Jean Molla, Prix du livre en Poitou-Charentes, réalisé par les Yeux d'IZO.© Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes - 2011
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