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Albert Bensoussan (Traducteur)
EAN : 9782070425549
83 pages
Gallimard (02/10/2002)
3.23/5   164 notes
Résumé :
Les chiots, ce sont ces jeunes garçons turbulents de la banlieue de Lima qui tentent de s'affirmer, de devenir adultes. Parmi eux, Cuéllar, cruellement surnommé Petit-Zizi dans un monde où règne le mythe de la virilité. En grandissant, les différences se font plus sensibles, les jeux plus violents et Cuéllar se retrouve en marge. Son innocence est broyée par les rouages implacables de la société péruvienne.
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
3,23

sur 164 notes
Petit mais costaud! Ce roman qui se lit en deux heures à peine nous fait entrer dans la jeunesse d'un groupe de garçons dans un collège religieux, à partir de l'arrivée d'un nouveau venu: Cuéllar.
Cuéllar, plus petit et frêle que les autres, devient vite le meilleur de la classe, le plus attendrissant, le plus drôle et et le plus persévérant: pour être admis dans l'équipe de foot de sa bande de copains, il passe l'été à un entraînement intensif, oubliant plages et jeux pour être au top à la rentrée.
C'est ainsi qu'il se rapproche du groupe de garçons mais aussi qu'il se retrouve, dans les vestiaires, agressé par le chien Judas; Des séquelles de cet accident, il gardera le surnom "petit zizi". Si l'handicap dont il souffre n'est jamais nommé, on suit, au moment de la puberté, la lente déchéance agressive et pitoyable de Cuéllar qui ne peut se résoudre à "lever une fille" tout comme ses copains, le tout toujours par le regard de l'un des garçons.
Le récit est à la fois dur et émouvant et la narration très originale, tout en discours indirect libre passant du "ils" au "nous" dans une même phrase, créant un chaos et une urgence qui rythment l'oralité.
Un vrai travail d'écriture à la fois impressionnant et bouleversant.
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Je me souvenais de la cruauté de ce court roman tragique mais non pas de sa forme expérimentale. Je l'ai relu avec plaisir et intérêt.

Le roman (1967) raconte l'histoire d'une petite bande de garçons de Miraflores, un quartier résidentiel de Lima depuis leur enfance jusqu'au début de l'âge adulte. Au collège mariste Champagnat, ils accueillent Cuéllar le petit nouveau. Il est fortiche en classe et pas fayot du tout, il les étonne, leur permet de copier, leur donne des friandises. En plus il s'entraine tellement dur l'été qu'il trouve enfin sa place dans leur équipe de foot. Mais, après un match, alors que Lalo et Cuéllar prennent une douche, Judas le chien danois se faufile par la porte du collège et les attaque. Lalo peut s'échapper mais Cuéllar est émasculé. Après une très courte période de compassion silencieuse, Celui-ci se heurte aux railleries des autres qui le surnomment « Petit zizi » ; à la protection intéressée des Frères qui redoutent le père du garçon ; aux interventions maladroites de celui-ci. Et puis très vite aux allusions, aux questions ingénument perfides des petites amies des copains...

L'histoire est racontée d'emblée par une "voix plurielle" selon les propres mots de l'auteur. On passe d'une narration extérieure à une narration intérieure :
« Ils portaient encore culotte courte cette année, nous ne fumions pas encore, de tous les sports ils préféraient le football, nous apprenions à courir les vagues, à plonger du second tremplin du Terrazas, et ils étaient turbulents, imberbes, curieux, intrépides, voraces. Cette année où Cuéllar entra au collège Champagnat. »
Les discours direct et indirect alternent dans une même phrase et on saute allègrement du présent au passé.
C'est assez spécial comme style mais quand même beaucoup plus facile à suivre que du Gadda rassurez-vous ! le récit est très court, clairement composé et le langage est vivant, percutant et épouse l ‘âge des protagonistes. La forme est toujours au service du propos. On comprend comment peu à peu l' individu différent est déchiqueté, broyé, rejeté. Chacun des jeunes devient un élément d' une société machiste, cruelle et finalement indifférente. Nous sommes informés avec de plus en plus de distance des pathétiques et vaines  tentatives de Cuéllar, alias Petit Zizi pour se faire remarquer, pour se faire aimer. Mais Ils l'ont presque oublié et s'ils se souviennent de lui c'est par pure convention sociale.
Le livre est vraiment fort et audacieux.
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Le style particulier de Vargas Llosa est encore bien accentué, entre autres par sa ponctuation quelque peu en roue libre et qui sert parfaitement la narration de cette nouvelle.

C'est un petit roman d'adieu à la jeunesse et aux illusions qui laissent croire que l'on peut dévorer le ciel lorsqu'on est jeune.
Le fil de la mémoire se déroule entre l'espoir de la jeunesse, ses, éclats, sa beauté, la résignation et l'oubli.

Il y a toujours des lignes vers ailleurs dans les écrits de Mario Vargas Llosa.
Dans cette très courte nouvelle l'auteur péruvien nous livre une sorte de court-métrage, témoignage affolant de malice et de tendresse sur le passage à l'âge adulte.

Il s'attache à des individus en quêter d'identité, oscillant avec doigté entre comédie et tragédie.


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La lecture est un voyage. Comme dans le voyage, il existe des étapes fixées à l'avance et d'autres ajoutées après des rencontres, au hasard de notre route.

En 2021, je découvrais les challenges Babelio avec joie : sortir de sa zone de confort, être attentifs aux critiques des autres et échanger permet de lire des oeuvres plus adaptées à nos goûts et donc de ne pratiquement plus jamais être déçus ou mitigés sur une lecture. Inscrite déjà à deux challenges annuels, je ne peux en ajouter plus, mais je me suis fixée en parallèle pour objectif de découvrir, ou redécouvrir, chaque année cinq oeuvres d'auteurs ayant reçus le prix Nobel de littérature, car ce prix de notoriété internationale ne me laisse jamais indifférente : sur cinq lectures 2021, deux font partie de mon top cinq et une de mon flop cinq. Et même si nous ne sommes encore qu'au premier semestre 2022, ma lecture de la peste d'Albert Camus sera sans doute dans les plus marquantes de l'année. La découverte d'un autre auteur à qui a été décerné le prix Nobel était ici l'étape fixée à l'avance dans le voyage. Mon choix s'est porté sur Mario Vargas Llosa.

Puis, la semaine dernière, Pancrace a rédigé une critique, comme toujours avec beaucoup d'humour, sur le livre de l'auteur au double Goncourt, ce qui normalement est impossible : Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable de Romain Gary. Ce roman pose la question de la virilité masculine face à l'âge qui avance. Je ne crois pas avoir déjà abordé ce thème en littérature : c'était donc l'occasion de dévier des prévisions initiales pour découvrir une nouvelle de 80 pages de Mario Vargas Llosa, Les chiots. Contrairement au roman de Romain Gary, ce n'est pas ici la perte de la virilité, mais son acquisition qui pose problème.

Cuéllar concentre tous les ingrédients pour avoir un futur heureux dans cette banlieue de Lima : fils unique de parents aimants et qui ont de l'argent, très bon élève et pugnace, également camarade apprécié et très bon joueur de football, beau et intelligent… Mais, il y a forcément un « mais », car sinon pas d'histoire : un jour dans les vestiaires, débarque en trombe, Judas, un Danois vif aux dents acérées… Que se passe-t-il ? du sang, une opération, un surnom « Petit-Zizi » et une vie différente à une époque et dans un monde où la virilité était fondamentale…

Première rencontre réussie avec Mario Vargas Llosa même si son style avec un mélange des « nous » et « ils » peut dérouter au départ et si le sujet était risqué ! Je continuerai le voyage !

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Intéressant mais frustrant – Histoire tragique d'une dérive

Longue nouvelle (ou court roman c'est selon) de l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, les chiots nous raconte l'histoire de la lente dérive du jeune Cuéllar.

Paru initialement en 1967 au Pérou, le récit débute lors de l'enfance de Cuéllar et nous raconte la genèse de ce personnage par la voix d'un de ses camarade et ami. Initialement, le petit Cuéllar a semble-t-il toutes les cartes en main pour s'assurer d'un bel avenir. Ce jeune garçon est sympathique, bon camarade, sportif et en classe comme lors de ses entrainements au football, il se démarque par une détermination consciencieuse dans tous les domaines qui force l'admiration de ses camarades et de ses professeurs. le point de bascule est un accident aussi tragique que contingent : un molosse danois s'échappe et surprend Cuéllar et ses camarades alors qu'ils se douchent. L'enfant n'a pas le temps de fuir… Les morsures du chien atteignent les parties génitales de Cuéllar et l'estropient.

Pour quelques années encore, celui-ci continue de passer une enfance assez classique et semble-t-il plutôt heureuse si ce n'est qu'il écope du surnom plutôt vexant de « Petit-Zizi ». Hélas, l'âge passant le fossé semble se creuser peu à peu entre Cuéllar et le reste de ses pairs. A la fin de son adolescence son comportement change drastiquement, il devient taciturne, jaloux, querelleur, commet quelques folies et se met en marge du groupe. Happé par un profond mal-être vis-à-vis d'un handicap jugé honteux et par ses dépits amoureux, il débute une quête viriliste et adopte des comportements de plus en plus dangereux et autodestructeurs à l'âge adulte… Comme on peut s'y attendre, le dénouement n'est guère heureux.

Coté forme Mario Vargas Llosa adopte deux choix assez radicaux : le premier concerne l'écriture assez « expérimentale » qui alterne notamment la première et troisième personne du pluriel et mêle dialogue et narration pour un rendu très spontané et oral. Si cela peut désorienter un peu sur les toutes premières pages, le rendu est assez fluide et donne un aspect de discussion informelle au récit comme si c'était un vieil ami qui donnait des nouvelles de Cuéllar au lecteur à la terrasse d'un café. le second choix est celui d'une narration extérieure qui semble provenir d'un des amis d'enfance de Cuéllar alors même que le sujet du livre est intime. Cela amène renforce le caractère fluide de l'histoire et amène après coup à se poser des questions sur l'objectivité du récit (L'histoire donne le beau rôle au groupe de garçons entourant et soutenant Cuéllar quand ce dernier semble se mettre de son propre chef en marge. Mais le narrateur n'enjolive-t-il pas la situation afin de se dédouaner des souffrances et du destin tragique de Cuéllar ?). Cette forme de narration et le format court portent en eux les limites du récit et représentent le seul reproche que je ferais à cette lecture : on nous parle d'un drame intime tout en restant à la surface des choses, sans nous laisser entrer un instant dans la tête du héros. Cette « superficialité » est bien frustrante !

La lecture du livre interroge sur la notion de handicap, de déformation, de désavantage et de ce qu'ils engendrent. Pourquoi certains sont-ils pris au sérieux tandis que d'autres sont des sujets de plaisanteries (sinon de brimades) pour le commun des mortels ? Pourquoi se moque-t-on toujours de l'idiot, du laid ou ici de « l'émasculé » quand il est devenu impensable pour la majorité de railler le trisomique ou le manchot ?

Mais ce que le livre aborde avant tout ce sont les implications du regard extérieur pour l'homme (avec un petit h) qu'il soit celui de ses coreligionnaires ou de la gent féminine et interroge sur la construction de la masculinité (construction ici empêchée par cette incapacité tenue plus ou moins secrète dont on suppose qu'elle l'entrave sexuellement). On retrouve sans surprise les comportements déviants et dangereux et que je dois bien reconnaitre comme plutôt typiques du sexe masculin : accès de violence, alcoolisation à outrance, conduite automobile dangereuse etc. La quatrième de couverture évoque un mythe de la virilité et un contexte spécifiquement péruvien mais j'ai malheureusement l'impression que l'essentiel du récit aurait pu facilement se transposer en ce début de XXIème siècle sous nos latitudes.

Merci à Marie-Hélène (mh17) et à sa critique du mois de juin pour m'avoir fait connaitre ce petit livre qui me donne envie de découvrir davantage l'oeuvre de Mario Vargas Llosa. En dépit de la légère frustration évoquée plus haut, ce fut une lecture aisée, plaisante et intéressante.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
C’étaient des hommes mûrs maintenant et nous avions tous femme, bagnole et enfants qui étudiaient au Champagnat, à l’Immaculée ou au Santa Maria, et ils se faisaient construire une résidence secondaire à Ancon, Santa Rosa ou sur les plages du Sud, et nous commencions à grossir et à avoir des cheveux blancs, avec de la bedaine, des chairs molles, à porter des lunettes pour lire, à sentir des lourdeurs d’estomac après avoir mangé et bu et sur leur peau apparaissaient déjà quelques taches de rousseur, certaines petites rides.
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C’étaient des hommes mûrs maintenant et nous avions tous femme, bagnole et enfants qui étudiaient au Champagnat, à l’Immaculée ou au Santa Maria, et ils se faisaient construire une résidence secondaire à Ancon, Santa Rosa ou sur les plages du Sud, et nous commencions à grossir et à avoir des cheveux blancs, avec de la bedaine, des chairs molles, à porter des lunettes pour lire, à sentir des lourdeurs d’estomac après avoir mangé et bu et sur leur peau apparaissaient déjà quelques taches de rousseur, certaines petites rides.
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Ses folies lui donnèrent mauvaise réputation et Ouistiti, frérot, il faut que tu changes, Fufu, Petit-Zizi, tu deviens antipathique, Marlou, les filles ne voulaient plus se joindre à lui, elles te prenaient pour un bandit, un snob et un casse-pieds. Lui, parfois l'air triste, c'était la dernière fois, il allait changer, parole d'honneur, et parfois l'air provocant, bandit, ah oui ? c'est ce qu'elles disaient de moi ces petites connes ? il s'en foutait, les pimbêches il en avait ras le bol, jusqu'ici.
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Mais il y eut quelque chose : Cuéllar commença à faire des folies pour attirer l'attention. Ils l'applaudissaient, nous l'encouragions, chiche que je tape la bagnole du vieux et nous nous payions les virages de la Costanera, les gars ? chiche que non frérot, et il sortait la Chevrolet de son père et ils s'en allaient à la Costanera ; chiche que je bats le record de Bobby Lozano ? chiche que non frérot, et lui bzzzt sur le Front de mer bzzzt de Benavides jusqu' la Quebrada bzzzt den deux minutes cinquante, je l'ai battu ? oui et Marlou se signa, tu l'as battu, et toi qu'est-ce que t'as eu les foies, poule mouillée [...].
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" Eux aussi, Cuéllar, au début on faisait gaffe, mec, ça leur échappait, vieux , pas fait exprès, frérot, not' pote, soudain Petit-Zizi et lui, tout rouge, quoi? ou pâle toi aussi, Ouistiti? les yeux écarquillés, excuse-moi mon vieux, voulais pas te blesser, lui aussi, son ami aussi?
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