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Arrien (Éditeur scientifique)Emmanuel Cattin (Éditeur scientifique)Laurent Jaffro (Préfacier, etc.)
EAN : 9782080707970
160 pages
Flammarion (02/04/1999)
  Existe en édition audio
4.06/5   428 notes
Résumé :
L'oeuvre. Ce petit ouvrage résume en peu de pages les principales règles de la philosophie stoïcienne. Dans un style clair et concis, il permet de comprendre rapidement et directement les notions principalement des stoïciens. Il influencera beaucoup de penseurs chrétiens (Pascal, Descartes) et se retrouve plus que jamais d'actualité aujourd'hui. La nouvelle traduction, que nous vous proposons ici, a été étudiée dans le respect total du texte original, pour la plus g... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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Je reprends le clavier sur Babelio après une longue césure, en ce jour si particulier pour toute l'humanité de noël 2020. Dans chaque coin de la planète, cette année, qui culmine et s'achève avec la conjonction de Saturne et Jupiter aura été celle du triomphe du petit.

En rappel à nos rêves stériles de grandeur, à nos égoïsmes, à notre désir insatiable de tout tout de suite, et même à nos tentatives de transcendance de cette volonté de puissance dans de grandes causes, de grandes luttes, la nature s'est rappelé à nous par l'invisible, l'imprévu, le non contrôlable.

En cette année si particulière, chacun de nous aura pu prendre conscience -par la privation- de ces petites choses du quotidien qui fondent notre sentiment d'être libre, nourrissent notre existence sociale, notre existence au monde, et participent ainsi de notre bien-être intérieur en tant qu'humain.

Comme vous, comme nous tous peut-être, mes émotions m'ont porté de soumission en rébellion, du désoeuvrement à l'expérimentation de champs nouveaux, de la poursuite éperdue de lien social à la découverte des vertus de la solitude, et en tous les cas à l'abandon des certitudes.

Les femmes et hommes modernes que nous sommes, passé la torpeur du 1er choc, ont aujourd'hui l'opportunité de se reconnecter non de manière intellectuelle, mais très concrète. Nous ne pouvons plus être dupes des postures, rôles sociaux, systèmes, médias, qui nous bercent d'irréel.

L'environnement se rappelle à nous, et nous force à prendre conscience que ce que nous croyons être est tout petit face à ce grand tout. L'environnement, pas seulement planétaire, mais celui de notre proximité immédiate, traversée de peurs, de haines de l'autre, de pertes, de souffrances économiques et sociales, est venu nous bousculer dans notre choix paresseux de l'aveuglement, ou de la passivité coupable, qui revient au même.

Par le recours à l'infiniment petit, à des bourrades de cour de récré, si petites finalement face aux forces sauvages que la nature est capable de déployer, ces temps de pandémie mondiale nous ont déjà appris la valeur de la résilience, qui tient finalement à si peu de choses, pourtant essentielles. Ils nous invitent à présent à cesser de subir en esclaves plaintifs la volonté des dieux, des puissants ou de forces sans anima, et à concentrer l'énergie de cette vie donnée, si petite, courte et fragile, et en même temps si précieuse, pour re-devenir acteurs de notre propre transformation.

Face à ce retour aux questions fondamentales du vouloir, de la liberté, de l'interdépendance et de l'impermanence, il n'est peut-être pas inutile de (ré-)interroger la sagesse des anciens :
Le Manuel d'Epictète est à ce titre un modèle de synthèse et de clarté.

S'il s'agit de simplement le lire, cela vous prendra une heure tout au plus, mais s'il s'agit de le méditer, de l'intégrer, personnellement j'en ai fait mon compagnon durant quatre mois, et si enfin l'ambition -la seule qui vaille finalement- est de le pratiquer, des générations de stoïciens -malheureusement en voie de disparition parmi nos intellectuels et décideurs contemporains- vous diront qu'une vie n'y suffira pas... d'où l'urgence de commencer dès maintenant...

La longue introduction de Pierre Hadot étant remarquable, nourrie par les commentaires d'Arien, Simplicius , Marc-Aurèle ou Cicéron, je conclurai cette critique par des extraits choisis du texte lui-même :

Extraits du Manuel d'Epictète. Arien.
Traduit et commenté par Pierre Hadot.Classiques de Poche.

"Parmi les choses qui existent, les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous. Dépendent de nous jugements, valeurs, impulsions à agir, désir, aversion. Ne dépendent pas de nous le corps, nos possessions, les opinions que les autres ont de nous, les magistratures.
Les choses qui dépendent de nous sont par nature libres, sans empêchements, sans entraves. Les choses qui ne dépendent pas de nous sont dans un état d'impuissance, de servitude, d'empêchement, et nous sont étrangères.

Si tu veux, ayant un désir, ne pas le manquer, tu le peux, à condition de désirer une chose qui dépend de toi, c'est-à-dire par exemple de pratiquer telle ou telle vertu. Exerce toi donc dans les choses dont tu es capable. Mais est maître de chaque homme celui qui a pouvoir sur les choses que cet homme veut, ou bien ne veut pas, soit pour les lui procurer, soit pour les lui enlever. Quiconque veut être libre ne doit ni vouloir ni refuser quoi que se soit des choses qui dépendent des autres.Sinon il est nécessaire qu'il soit esclave."

Joyeux noël 2020 et prenez soin de vous.
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Ce manuel d'Epictète peut constituer une excellente introduction dans le monde de la philosophie : court (une petite heure suffit pour le lire), simple et clair, avec beaucoup d'exemples pratiques, et directement utile, puisque centré sur la question « Comment organiser sa vie pour être heureux ? »

La réponse d'Epictète est assez simple : ne se préoccuper que des choses sur lesquelles on a réellement prise, savoir supporter avec résignation toutes les autres. Notre vie est toute tracée, nos gesticulations inutiles n'y changeront rien, il faut vivre le rôle qui nous est assigné du mieux que l'on peut.

Ce déterminisme peut parfois agacer, surtout que le courant dominant de notre époque enseigne l'exact opposé : avec suffisamment de volonté, on peut venir de tous les obstacles et réaliser tous ses rêves. Epictète a le mérite de nous forcer à réfléchir sur ce qu'on peut vraiment contrôler. Car si l'on place les conditions de notre bonheur dans les mains des autres, il ne faut pas s'étonner que ça puisse de temps en temps mal tourner.
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J'adore ce mec : )
Encore un chouette livre de philo !
Epictète, esclave phrygien ( actuelle Turquie) né en +50, est vendu à un affranchi romain. Il sera lui-même affranchi, étudiera et enseignera le stoïcisme.
Le manuel enseigne 53 lois destinées aux gens qu'il appelle "ceux qui commencent à se former" à la philosophie [ stoïcienne ].
Son principe est le suivant : on peut influencer ce qui est à notre portée : la réflexion, l'impulsion, l'aversion, la maîtrise, l'endurance, la patience, la volonté, afin d'acquérir la liberté et le bonheur. Comment ? Par la réserve, la confiance, la fermeté, l'absence de peine, l'absence de crainte et l'ataraxie ( Tranquillité de l'âme, notamment chez les épicuriens et les stoïciens ).
Il est inutile d'essayer de changer ce qui est hors de portée : le corps, la possession, la réputation, les enfants.

Le livre fait 150 pages de blablas presque inutiles de grands pontes qui se font mousser, au milieu desquelles les 25 pages d'Epictète ( Manuel ) récupérées par Arrien sont une pépite, avec une volonté d'efficacité éthique : l'oeuvre.
Et encore, je trouve la traduction très moyenne, car certaines phrases ne me semblent pas correctes.

La notion de "rendre" est importante : on ne nous vole pas, nous rendons. Je pense que notre société matérialiste du XXIè siècle a tout faux : nous pleurons sur nos biens, alors que nous n'avons pas honte de notre comportement malpoli et non éthique.

Par ailleurs, quand on est provoqués, mais... c'est par nous-mêmes, car c'est notre jugement de valeur de penser que l'autre qui provoque profère une insulte.
Nos jugements de valeur sont nuisibles, car se faire insulter est l'affaire de celui qui profère, et là, je suis entièrement d'accord : )

La plupart des jugements de valeur condamnent en Bien ou mal, mais il faut nuancer, quantifier et non qualifier. Car qu'est ce que le vrai ? le faux ? L'auteur fustige à plusieurs reprises l'évaluation, qu'il qualifie de jugement de valeur. Sur cette question, il a, à mon avis une sensibilité différente des autres philosophes.
Bon, l'évaluation est un jugement inutile, un commérage : cependant, je pense qu'il en faut un minimum pour recruter quelqu'un.

Enfin, Epictète termine par une éloge de Socrate et une nécessité d'appliquer la philosophie sur le terrain, au lieu de blablater sur la philosophie, un peu comme font Cattin et Jaffro sur son Manuel, d'ailleurs !

Je pense que la philosophie, comme la religion, vise la paix de l'âme. Mais la religion fait du prosélytisme forcené et souvent intrusif ou évaluateur : qui sont les prêtres pour condamner "l'hérétisme" d'un individu ? Au contraire, la philosophie, adepte la liberté de penser, ne force surtout pas les gens....pas assez, à mon avis, car apprendre aux jeunes à penser est formateur.

NB : un exemple d'ataraxie.
Quand Epictète était esclave, son maître "s'amusait" à lui faire mal, à lui tordre la jambe. le philosophe le prévint : "Tu vas la casser".
Ce qu'il fit.
"Je t'avais prévenu."
Epictète boita toute sa vie.
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Tout commence par la constatation simple du fait que : « Des choses qui existent, les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous », avec la précision suivante que dépend de nous, tout ce qui est effet de notre activité – comme l'impulsion, le désir, l'aversion – par opposition au corps, à la propriété, à la considération… qui ne dépendent pas de nous.

Un manuel, au sens grec du terme Enkheiridion : ce que l'on garde sous la main ; pour un usage quotidien.

Pas de grande théorie, ici, « simplement » un condensé de la pensée stoïcienne qui mène au bonheur et à la sagesse dans la mesure où elle est une aide à la démarche qui consiste à apprendre à distinguer ce qui dépend de soi de ce qui n'en dépend pas : appréhender la fatalité telle qu'elle est afin de se trouver dans la position d' être indifférent aux événements extérieurs qui ne dépendent pas de soi, et d'agir au mieux dans les domaines qui dépendent de soi.

Un petit opuscule dont Arien de Nicomède, un de ses disciples, fit l'un des huit livres de son recueil de la pensée d'Epictète.
Un manuel pratique, qui dans l'édition en ma possession (Editions d'art Edouard Pelletan Helleu et Sergent de 1920, exemplaire N° 1518), est complété par : « Entretien de Pascal avec M. de Saci, sur Epictète et Montaigne, d'après le récit de Nicolas Fontaine (1655) », de moindre intérêt à mon goût…

Un livre, qu'en tant que bibliophile, on est (je suis) heureux de posséder…
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Ce manuel de philosphie active stoique très prisé des amateurs faisait la part belle à Marc Aurel , empereur , dans l'édition précédante .
Je voudrai attirer l'attention sur le texte de ce receuil dont l'auteur n'est pas moins brillant que l'Auguste empereur .

Epictète , esclave ( d'humble extraction ) d'un affranchi de Neron .
Son maître à en croire Diogène laèrce était cruel .
Consideront cette anecdote :
Le maître pour punir Epictète , lui place la jambe dans un instrument de torture . L'esclave lui sourit et il lui dit : " attention tu vas la casser " . Et la jambe cassa et Epictete de rajouter : ne t'avais-je pas dit que tu allais la casser ? "

Il sera acheté par un homme genereux qui finnancera sa formation philosophique . Bannit de la ville éternelle , il enseignera malgré tout , la jeunesse de Rome , mais en Grèce autour de sa pauvre demeure. Aussi pauvre domus , qu'il devint riche .

Epictete est le philosophe de la liberté . de la vraie liberté , car il traitait de la liberté des gens enchaînés que nous sommes tous .

La liberté se tient dans le jugement que nous portons sur nos chaînes .
Sa pensée est pragmatique et très concrète . Elle s'attache aux questions en premier lieu . Car l'examen du réel prime sur l'idée subjective que l'on se fait des chaînes et de la liberté .

Epictete un homme libre, c'est un esclave libre .

Je lui ai attribué cette épitaphe : Epictete invictus : Epictete l'invaincu .
La pensée de l'auteur repose sur l'idée que le monde est bon à defaut d'être juste .

Pour mesurer ce texte à sa juste valeur , deux choses :
Les mots sont faussement simples .
C'est la pensée d'un homme qui à triomphé des traitements les plus abjectes .
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Citations et extraits (101) Voir plus Ajouter une citation
Si l’on vient te dire qu’un tel dit du mal de toi, ne cherche point à te justifier sur ce qu’on te rapporte ; réponds seulement : « Il faut qu’il ne soit pas au courant de ce qu’on peut encore dire sur mon compte ; autrement il ne se serait pas borné là. »
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S’il t’arrive un jour d’accorder du poids aux objets extérieurs par désir de plaire à quelqu’un, sache que tu réduiras à néant tes principes de vie.
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Face à quelqu'un qui te fait du tort par sa conduite ou ses propos, souviens-toi que s'il agit ainsi, c'est qu'il pense avoir raison. Il ne lui est pas possible de régler sa conduite sur ta façon de penser : c'est la sienne qui le guide, et, si elle est erronée, il se fait du tort à soi-même en demeurant dans son erreur. En effet, si une vérité complexe passe pour un mensonge, ce n'est pas la complexité qui est en faute, mais bien celui qui se trompe. En te fondant sur ce principe, tu garderas ton sang-froid face à ceux qui t'insultent : chaque fois, tu n'auras qu'à te dire : « C'est ce que lui pense. »

765 - [Mille et une Nuits n° 52, p. 32]
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Etat et caractère de l'ignorant : il n'attend jamais de lui-même son bien ou son mal, mais toujours des autres. Etat et caractère du philosophe : il n'attend que de lui-même tout son bien et tout son mal.
Signes certains qu'un homme fait du progrès dans l'étude de la sagesse : il ne blâme personne, il ne loue personne, il ne se plaint de personne, il n'accuse personne, il ne parle point de lui comme s'il était quelque chose ou qu'il sût quelque chose. Quand il trouve quelque obstacle ou quelque empêchement à ce qu'il veut, il ne s'en prend que lui-même. Si quelqu'un le loue, il se moque en secret de ce louangeur, et, si on le reprend, il ne cherche pas à se justifier ; mais, comme les convalescents, il se tâte et s'observe, de peur de troubler et de déranger quelque chose dans ce commencement de guérison, avant que sa santé soit entièrement fortifiée. Il a supprimé en lui tout désir, et il a transporté toutes ses aversions sur les seules choses qui sont contre la nature de ce qui dépend de nous. Il n'a pour toutes choses que des mouvements peu empressés et soumis. Si on le traite de simple et d'ignorant, il ne s'en met pas en peine. En un mot, il est toujours en garde contre lui-même comme contre un homme qui lui tend continuellement des pièges et qui est son plus dangereux ennemi.
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Quand tu fais quelque chose, après avoir reconnu qu’il le faut faire, ne crains pas d’être vu le faisant, quelque défavorablement que le vulgaire en doive juger. Si tu as tort de le faire, évite l’action elle-même ; si tu as raison, pourquoi crains-tu ceux qui auront tort de te blâmer ?
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Vidéo de  Épictète
Dans la collection "sagesses du monde" . Textes d'Epictète Musique de Pierre Diaz Lu par Isabelle Wlodarczyk Editions Babouche à oreille www.baboucheaoreille.com

Nous sommes une maison d'édition et produisons des livres en musique; Roman, albums. Nous produisons aussi des livres audio téléchargeables sur notre site www.baboucheaoreille.com ou sur les plateformes Audible, Book d'oreille, Kobo et Munki. Nous réalisons des lectures concerts, vidéo, musique et textes, issues de nos livres ou de grands classiques.
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