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Fabien Olicard : apprenez à maîtriser votre temps

Interview : Fabien Olicard à propos de Votre temps est infini

 

Article publié le 25/06/2020 par Nicolas Hecht

 

Vous courez après sans réussir à le prendre, il vous manque sans arrêt jusqu'à ce que vous vous souveniez qu'il passe décidément vite. Derrière cette énigme digne (?) du Père Fouras se cache votre meilleur ami et votre pire ennemi : le temps. Le très énergique et touche-à-tout Fabien Olicard (que vous connaissez sans doute pour sa chaîne YouTube, ou ses spectacles) lui dédie un livre à la promesse très claire, paru aux éditions First : Votre temps est infini. Mais encore faut-il vous donner les moyens de le maîtriser, et ne plus le laisser filer entre vos doigts.

 

C'est justement la mission que se donne cet essai, lauréat du Prix Babelio catégorie Non-Fiction en 2020 : vous faire prendre conscience de vos objectifs, et vous donner une méthode claire et efficace pour bien organiser votre temps, avec votre mantra bien en tête. Si vous partez de zéro et vous sentez complètement désorganisé, rassurez-vous : Fabien Olicard lui-même confesse tout au long du livre ses difficultés, en tant que procrastinateur, à bien utiliser ses journées. Et vous transmet des années d'expérimentations dans ce livre...

 

 

Vous vous confiez beaucoup dans votre dernier livre Votre temps est infini. On vous découvre procrastinateur (alors qu'on vous imagine plutôt déborder d'énergie et vivre des journées de 40 heures), et surtout on suit vos démarches pour gagner du temps au fil de vos projets. Auriez-vous pu écrire un livre sur ce sujet si vous n'aviez pas fait l'expérience vous-même de cette mauvaise utilisation de votre temps ? Comment avez-vous appréhendé l'écriture de ce livre par rapport à vos précédents ?

Non, je n'aurais pas pu écrire un livre sur ce sujet si je n'en avais pas fait l'expérience. Tout ce que j'ai écrit, ce que je fais dans mes vidéos sur YouTube, et ce que je vais écrire dans le futur (mon prochain livre est en préparation) part toujours de mon expérience, des problèmes que j'ai rencontrés et des solutions que j'ai pu trouver – mais aussi parfois des solutions qui me manquent. C'est à mon avis ce qui fait tout l'intérêt de ce livre : je n'étais pas bon dans ces domaines pour lesquels j'ai dû trouver des solutions. Je trouvais ça intéressant de partager ça, ensuite.

Votre deuxième question est très intéressante : puisque mes précédents livres étaient chapitrés en fonction d'astuces très précises, je n'avais pas encore l'expérience d'écrire un essai structuré. Donc je me suis libéré de ça, et j'ai écrit le premier jet en 30 jours, avec 30 jours de retouches, sur tout ce que j'avais envie de dire, sans essayer de catégoriser ou trier ; je me suis d'ailleurs aperçu en cours de route que j'avais parfois fait deux fois les mêmes chapitres, ou en tout cas traité plusieurs fois des sujets connexes. Ensuite, j'ai essayé de faire une structure, de ranger tout ça dans des cases et de retoucher. C'était plus simple pour moi que de faire une structure au préalable.

Quelle place tient l'écriture dans votre activité aujourd'hui ? Comment décidez-vous que certains sujets méritent un approfondissement dans un livre, et que d'autres pourront être traités via une vidéo, ou lors d'un spectacle ?

L'écriture de livres représente aujourd'hui un tiers de ma vie. Ca prend donc beaucoup de temps et c'est quelque chose qui me plaît beaucoup. Les vidéos et les spectacles resteront toujours du divertissement et du survol, on ne peut effectivement pas aller plus loin. Partant de là, il y a 1000 livres que j'ai envie d'écrire, parce qu'il y a 1000 sujets que j'aimerais approfondir. Mais je suis obligé d'en choisir un par an parce que je n'arrive pas à en écrire plus d'un par an (et je ne crois même pas que ce soit nécessaire). Donc pour le moment je prends ceux qui me tiennent le plus à cœur et que je ne pourrais pas aborder sur scène ou en vidéo – par exemple, une vidéo sur le temps devrait faire au minimum une heure pour que je puisse dire ce que j'ai envie de dire sur ce sujet.

Au début du livre, vous invitez l'apprenti-maître du temps à bien définir ses objectifs avant d'entrer dans le vif du sujet. Pourquoi est-ce une étape absolument cruciale de votre méthode ?

Simplement, parce qu'on ne peut pas se dire, par exemple : « J'ai envie de gagner de l'argent pour être heureux. » Il va falloir déterminer ce qui vous rend heureux, avant ça. Et donc en définissant ses objectifs on sait pourquoi on va vouloir maîtriser le temps, c'est à dire savoir ce qu'on va faire de son temps, et pourquoi on se sent en carence de temps. Une fois qu'on a fait ce travail, on a posé une sorte de fondation sur laquelle pourra s'appuyer notre recherche. Et notre vision sera toujours liée à la transversalité de notre objectif final, et de nos vraies envies.

Deux principes de vie vous sont particulièrement chers, et guident vos décisions au quotidien : la liberté et l'autonomie. Pourquoi chérissez-vous particulièrement ces deux notions ?

Je ne sais pas, et on ne peut pas le savoir. En fait ça n'est pas très important, ce « pourquoi ». L'important, c'est de déterminer ces principes, à travers la méthode des mantras qu'on peut retrouver dans ce livre. Quels sont vraiment nos buts dans la vie ? Qu'est-ce qui nous fait nous sentir bien ? Heureux ? On ne sait pas pourquoi c'est ça plutôt qu'autre chose. Mais est-ce vraiment nécessaire de le savoir ?

Durant le confinement, beaucoup d'employés ont été confrontés au télétravail de manière régulière pour la première fois. Or, ce type d'organisation professionnelle semble particulièrement propice au mélange des différents temps identifiés dans votre livre, mélange que vous assimilez à du temps perdu. Avez-vous mis en place de nouveaux processus pour rester efficace pendant ces quelques semaines très particulières ?

De mon côté non, pas de nouveau processus car je suis déjà habitué à travailler comme ça. A faire des bulles de différents temps pour qu'ils ne se chevauchent pas. Mais je suis persuadé que pendant le confinement il y a eu des surcharges mentales, sûrement à cause de temps professionnel mélangé à du temps personnel, mélangé à du temps obligatoire.

 



Votre livre réussit le pari d'être à la fois accessible au plus grand nombre, ludique (vous proposez une vraie méthode et de nombreux exercices), pédagogique, mais aussi tout à fait déculpabilisant. En quelques mots, comment construit-on une bonne pédagogie sur un sujet donné, selon vous ?

Là encore, je n'ai pas la réponse. Mais je pense qu'il est déculpabilisant parce que j'ai commencé en étant très imparfait sur ce sujet-là, au début de ma vie, et c'est en luttant contre mes imperfections que j'ai trouvé ma méthode. Durant tout le fil de ce livre, on découvre que je ne suis vraiment pas efficace au départ. Et donc que si j'ai pu réussir à changer, tout le monde le peut. Mais surtout ça n'est pas grave, et je n'impose pas mes idées au lecteur avec supériorité, loin de là.

Que diriez-vous aux sceptiques qui ne croient pas aux méthodes d'organisation de la vie ? Si vous deviez garder un seul conseil pour leur donner envie de prendre leur temps en main et de lire Votre temps est infini, lequel serait-ce ? On pense notamment aux notions « 1 vaut mieux que 0 », « pas le time », ou encore « pas de tour à vide »...

Je leur dirais qu'ils n'ont pas besoin de croire à la perte de temps pour que celle-ci existe. La plupart du temps, ceux qui ne croient pas aux méthodes d'organisation les assimilent à quelque chose de productif. L'argument qu'on pourrait me donner, c'est « Oui mais moi j'ai envie de prendre mon temps, de faire ce que je veux, et pas de me speeder. » Dans Votre temps est infini, je propose au contraire d'identifier votre temps, de le comprendre, de le maîtriser pour en faire ce que vous voulez. Il ne s'agit pas d'en faire plus que les autres ou de n'être que dans le temps professionnel. Mais plutôt de se dire que si j'ai envie de faire cinq heures de méditation par semaine, je vais trouver ce temps.

Donc on fait bien ce qu'on veut de son temps, mais le temps perdu est lié à l'énergie, et l'énergie perdue ne se rattrape jamais. Quel dommage ! Un vrai temps perdu par exemple, c'est se dire : « je vais travailler », et on se retrouve à actualiser son fil d'actu sur les réseaux sociaux. Du coup on n'est ni en pause (donc on ne profite pas de ce type de temps), ni dans un temps de travail, et en plus on culpabilise que ce ne soit pas le cas. Autant prendre une vraie pause, ça c'est une bonne gestion du temps.

Si je devais garder un seul conseil, je leur dirais effectivement que 1 vaut mieux que 0, c'est mon leitmotiv. Si on gagne une heure de temps perdu dans sa journée, on a une heure en plus pour voir nos amis, lire un bouquin, regarder un film, jouer aux jeux vidéo, apprendre ce qu'on a toujours voulu apprendre, etc. Alors ça n'a pas l'air dingue juste une heure en plus, mais 1 c'est mieux que 0.

Vous remportez cette année le Prix Babelio dans la catégorie Non-Fiction pour Votre temps est infini. Félicitations ! Les lecteurs ont voté massivement pour votre livre : avez-vous un mot pour eux ? Pour Babelio ?

Je suis doublement ravi : c'est mon premier prix littéraire, et en plus c'est un prix de lecteurs ! Je sais en plus que sur Babelio on a affaire à de vrais lecteurs, qui prennent le temps de bien lire avant d'écrire leurs critiques et de donner leur avis. C'est donc très touchant et valorisant pour moi, et j'étais déjà ravi de faire partie de la sélection Babelio.

Comme vous l'avez dit précédemment, c'est un livre qui ne ressemble pas vraiment à ce que j'avais fait jusque-là, donc j'appréhendais énormément sa sortie et les retours sur celui-ci. Donc pour moi c'est une magnifique récompense.


Fabien Olicard à propos de ses lectures

Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire ?

Aucun spécifiquement. J'ai toujours eu envie d'écrire, parce que j'ai toujours eu un rapport très fort à la lecture. Petit, j'allais déjà à la bibliothèque avant de savoir lire parce que j'aimais cet univers-là.

Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Alors il y en a eu plusieurs, mais ça restera quand même Bernard Werber en 1991 avec Les Fourmis, puis la trilogie, puis Les Thanatonautes. C'est la première fois que je m'accrochais à tel point à un univers.

En parallèle je lisais aussi du Stephen King, qui a eu cette même résonance pour moi. A peine un livre fini, on a envie d'en lire un autre du même auteur. Ca permet de s'attacher à un style et à un genre.

Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

En fiction, c'est Le Petit Prince. Et dans un tout autre domaine : L'Art de la guerre de Sun Tzu.

Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Je n'ai pas fini de lire Le Seigneur des anneaux, alors que je suis très attaché à cet univers. Il est vraiment dans la description en permanence, et je n'ai pas réussi à le terminer. Il est compliqué à lire, donc il y a un peu de honte derrière.

Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Il y a un livre que j'ai adoré étant ado : Le Voyage de Théo de Catherine Clément. C'est un livre pédagogique, initiatique, sur toutes les religions. Je l'ai lu à une époque où je me demandais en quoi consistent les religions – même si je ne suis pas assimilé à une religion. C'est l'histoire d'un enfant qui est malade et demande à ses parents de découvrir les religions du monde car il a peur de ce qui peut se passer pour lui ensuite. Il visite donc les différents pays pour rencontrer des personnes qui représentent ces religions. C'est passionnant.

Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Je n'en ai pas. Ca me l'a fait pour des grands classiques du cinéma, mais pas pour de la littérature.

Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Je n'ai pas de citation fétiche, mais j'ai beaucoup de phrases qui sont inspirées de L'Art de la guerre. Et « 1 vaut mieux que 0 » trouverait tout à fait sa place dans ce livre.

Et en ce moment que lisez-vous ?

Je lis Votre empire dans un sac à dos, parce que je connais l'auteur, Stan Leloup, et c'est un très bon livre pour ceux qui ne savent pas à quoi ressemble une entreprise digitale aujourd'hui.

 

 

Découvrez Votre temps est infini de Fabien Olicard publié aux éditions First

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